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Sénèque

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Message par Arabella Mar 1 Aoû - 8:47

Sénèque


Sénèque Synyqu10



Très inspiré de Wikipédia

Sénèque (en latin Lucius Annaeus Seneca), né à Corduba, dans le sud de l'Espagne, entre l'an 4 av. J.-C. et l'an 1 ap. J.-C., mort le 12 avril 65 ap. J.-C., est un philosophe de l'école stoïcienne, un dramaturge et un homme d'État romain du Ier siècle. Il est parfois nommé Sénèque le Philosophe, Sénèque le Tragique ou Sénèque le Jeune pour le distinguer de son père, Sénèque l'Ancien.
Conseiller à la cour impériale sous Caligula et précepteur de Néron, Sénèque joue un rôle important de conseiller auprès de ce dernier avant d'être discrédité et acculé au suicide. Ses traités philosophiques comme De la colère, De la vie heureuse ou De la brièveté de la vie, et surtout ses Lettres à Lucilius exposent ses conceptions philosophiques stoïciennes.
Ses tragédies sont les seules du théâtre tragique latin conservées en entier, elles  nourriront le théâtre européen à partir de la Renaissance, italien d’abord, puis français du XVIe et XVIIe siècle.

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Message par Arabella Mar 1 Aoû - 8:49

Phèdre



J'avais déjà lu un certain nombre de pièces de Sénèque, il y a 15-20 ans, et j'avoue d'emblée que j'avais eu beaucoup de mal à comprendre comment elles avaient pu être si réputées, et avoir eu une telle influence sur tant d'auteurs. J'ai gardé le souvenir de quelque chose d'un peu ennuyeux et poussiéreux, pas très bien construit d'un point de vue dramaturgique, dans une langue qui ne m'avait vraiment pas séduite. Alors que le théâtre grec antique m'avait enchanté, et m'enchante toujours.

M'étant lancé dans des nombreuses lectures du théâtre français du XVIe et XVIIe siècle depuis quelque mois, le nom de Sénèque y revenait sans cesse comme modèle incontournable. J'ai donc voulu refaire une autre approche, en essayant aussi de lire un peu autour, pour peut être mieux comprendre, me donner quelques clés qui me permettraient peut être de pénétrer cet univers.

Je ne suis en aucun cas une spécialiste, je vais juste résumer quelques éléments qui ont retenu mon attention et qui m'ont paru pertinents, et cela essentiellement pour pouvoir en garder trace pour moi-même.

J'ai découvert qu'on ne savait pas tant de choses que cela sur ce théâtre latin, pourtant plus récent que le théâtre grec. Les seules tragédies conservées en entier, sont justement les tragédies de Sénèque, ce qui fait que l'on manque de points de comparaison pour évaluer son oeuvre dramatique.

Il y avait deux sortes de tragédies latines. La fabula cothurnata d'une part, d'inspiration grecque, des sortes d'adaptation de sujets ou pièces grecques par les auteurs latins, et d'autre part la fabula praetaxta, avec un sujet latin, donc spécifiquement latine. Malheureusement, il ne reste qu'une pièce entière appartenant à cette seconde catégorie, Octavia, attribuée à Sénèque pendant un temps, mais cette attribution est très contestée actuellement, cette pièce ne figure plus dans les éditions des pièces de l'auteur. Les seuls pièces que nous ayons donc de lui, sont celles à thématiques grecques, et pour lesquelles il est difficile de ne pas le comparer à ses devanciers hellènes.

Ilsetraut Hadot, dans l'article consacré à Sénèque dans L'Encylopediae Universalis, développe l'idée que Sénèque a conçu ses pièces comme une sorte de propédeutique philosophique. Il s'agissait de s'adresser à un large public, celui qui n'était pas forcément capable de comprendre un discours philosophique, la poésie devient un outil pour développer ce discours d'une façon plus accessible, une préparation à la philosophie. L'art permet de faire admettre des idées, c'est un outil de l'éducation. Il s'agit d'inspirer l'horreur du vice, et provoquer de l'enthousiasme pour le bien. Il s'agirait donc de tragédies « philosophiques » avec un contenu didactique.

Cela dit, il semble y avoir une certaine difficulté à dégager des interprétations relativement univoques de ses pièces, en particulier parce que les dates de leurs compositions ne sont pas connues. Or pour Phèdre par exemple, j'ai rencontré diverses possibilités, en fonction du moment de la vie de Sénèque où il aurait pu la composer : en exil en Corse, pendant sa période de faveur auprès de Néron, après sa mise à l'écart par ce dernier….Sa vison et ce qu'il aurait pu vouloir transmettre aurait pu dépendre de sa situation et aussi de ceux à qui ils destinait sa pièce.

Un autre sujet qui semble faire débat, est de savoir si ces pièces étaient destinées à des véritables représentations et si ces représentations ont eu lieu, ou plutôt à des séances de déclamation. Cette deuxième hypothèse pouvant justifier les longues monologues, et le peu de véritables échanges entre les protagonistes, leur caractère relativement statique.

J'ai aussi appris que le théâtre latin, a évolué progressivement vers le spectaculaire, que ce soit en ce qui concerne le décor, la machinerie, les éclairages, les bruitages, la présence de nombreux figurants...Ce spectaculaire est aussi allé jusqu'à représenter vraiment les scènes violentes : tortures, meurtres, viols etc se rapprochant ainsi des spectacles de cirque de l'époque. La parole n'est plus forcément centrale, il ne s'agit pas de suggérer, mais de montrer de la façon la plus directe, d'impressionner.

La conception du monstrueux, matière des tragédies semble aussi très différent chez les Grecs et les Romains. Pour le Grec, il était en quelque sorte tapi dans chaque homme, pouvant s'éveiller chez chacun. C'est une sorte de composante de la nature humaine. Les Latins l'envisagent autrement. le héros de la tragédie, pour une raison ou une autre (perte, blessure…) entre dans l'état de dolor (intense souffrance morale et physique). Cet état de souffrance (vue très négativement par les Romains) le fait accéder à un état de furor qui les exclut littéralement de l'humanité. On pourrait presque rapprocher cet état terriblement violent de folie, mais une folie passagère. le personnage atteint du furor n'est plus responsable juridiquement de ses actes. Et dans cet état, il va être amené à commettre le nefas (ou scelus nefas), le crime indicible. On le voit, le monstrueux est ici la conséquence d'un état ou le héros ne s'appartient plus à lui-même, ou il n'est plus vraiment un être humain, et cela pour s'être abandonné à sa dolor.

Pour en venir à Phèdre, le sujet de la pièce est très connu. Sénèque a eu différents modèles, et en premier lieu Euripide, qui était le tragique grec le plus apprécié des Romains. Euripide a donc écrit deux pièces sur le sujet, Hippolyte voilé, pièce perdue aujourd'hui, et qui a donné lieu à un scandale lors de sa représentation, suite auquel Euripide a écrit une seconde pièce, Hippolyte porte couronne, qui elle a remporté le premier prix aux Grandes Dionysies en -428, et qui nous est parvenue. Sophocle aussi a traité le sujet, malheureusement cette pièce aussi est perdue. Enfin, Ovide s'est aussi intéressé à cette thématique.

La pièce de Sénèque commence par un prologue, dans lequel Hippolyte exprime en quelque sorte sa philosophie de la vie. Puis nous assistons à un échange entre Phèdre et la Nourrice. Phèdre évoque son amour pour Hippolyte, le fils de son mari, la Nourrice lui fait la morale et essaie de lui faire abandonner sa passion interdite. Mais devant l'état de Phèdre, qui parle de mourir, elle finit pas lui conseiller de parler à Hippolyte (Thésée, le mari de Phèdre se trouvant enfermé aux Enfers où il était parti pour essayer d'enlever la reine des lieux). Hippolyte dit à la Nourrice sa détestation des femmes, et devant l'aveu de Phèdre, menace de la tuer, puis s'enfuit. Phèdre, aidée par la Nourrice, se plaint d'avoir été victime d'un viol de la part de son beau fils, s'appuyant sur la preuve du glaive abandonné. Thésée, revenu à ce moment, lorsqu'il apprend l'affaire demande à Neptune de tuer Hippolyte. Un messager vient faire le récit de sa mort atroce. Phèdre avoue avoir menti, et se tue. Thésée après avoir aussi envisagé le suicide, organise les funérailles.

Cette lecture ne m'a pas plus convaincue que la précédente. J'ai eu la sensation d'être devant quelque chose de très didactique. Par exemple, lorsque la Nourrice après l'aveu de Phèdre lui fait la morale, lui dit de vaincre sa passion interdite, à coup de sentences. Elle balaie complètement l'idée de la responsabilité divine, du dieu de l'Amour en occurrence, c'est bien Phèdre seule, incapable de se dominer qui est responsable. On voit bien la leçon morale dispensée, mais cela vide quand même la pièce de son contenu tragique (dans le sens de l'homme confronté à des forces qui le dépassent, au tragique de la condition humaine), nous sommes un peu dans un manque d'auto-discipline. Cela rend aussi le personnage de la Nourrice incohérent, car après une opposition aussi marquée, elle change d'attitude en un tour de main, et pousse Phèdre à exprimer ses sentiments à Hippolyte. Nous ne sommes pas devant des personnages très crédibles, et absolument pas attachants.

Les descriptions sont très explicites, en particulier sur des aspects violents, la mort de Hippolyte étant un sommet. Il y a une sorte de délectation à décrire un corps déchiqueté. Cette violence extrême et qu'il est difficile de ne pas trouver un peu gratuite, se retrouve ailleurs : dans la pièce, pour pouvoir épouser Phèdre, Thésée a tout simplement tué la mère d'Hippolyte. Ce que personne n'a l'air de trouver vraiment condamnable. En même temps, tout cela reste étonnamment froid, peut être parce qu'il est difficile de s'intéresser aux personnages, de les considérer comme des vrais êtres humains.

Et j'ai vraiment du mal avec l'écriture, j'ai pourtant consulté alternativement deux traductions différentes, espérant trouver mon bonheur dans l'une des deux, ce qui n'a pas été le cas.

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