Donald Ray Pollock

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Donald Ray Pollock, né le 23 décembre 1954 à Knockemstiff, est un écrivain américain. En France, il remporte notamment le grand prix de littérature policière en 2012 et le prix Mystère de la critique en 2013 avec son premier roman intitulé Le Diable, tout le temps (The Devil All The Time).

Knockemstiff (nouvelles), 2008
Le Diable, tout le temps (roman), 2011
Une mort qui en vaut la peine (roman), 2016

Knockemstiff (2008)

Un petit avis mitigé, pour changer !

Des nouvelles, liées les unes aux autres. Le problème, dans Knockemstiff, c'est que tous les personnages ne pourraient en être qu'un seul. La même vie de merde, d'alcool, de drogue, de virées en bagnole pour s'occuper, de sexe crade, de caravane moisie, de boulots merdiques, de mariages forcés par le temps qui passe et l'enfant qui nait... Du coup, quand je passais à une autre histoire, j'essayais de trouver qui étaient les personnages, si je les avais déjà vus, et dans quel contexte. Parfois Pollock glisse une phrase ou deux qui aiguillent, quand il ne le fait pas, jsuis paumée, et j'arrive pas vraiment à m'imprégner de l'histoire en tant qu'unité propre.
Peut-être aurais-je dû laisser tomber, et les prendre comme des histoires distinctes ? Les lire de manière plus espacées ?
Peut-être aurais-je dû faire des allers-retours pour situer régulièrement qui est qui ?

Bref.
Pollock, je trouve, ne sait pas faire des nouvelles qui se tiennent dans un tout (des personnages d'un même bled, qui se croisent, qui vivent des expériences liées entre elles, voir qu'on retrouve quelques années plus tard). Un "vrai" roman aurait été plus fort.

En plus de cela, c'est très répétitif. Et dans une surenchère qui finit presque par rendre l'horreur de ces vies merdiques "faciles à exploiter".

Pourtant, quand je me laissais aller dans une histoire, à m’imprégner de l'atmosphère et des gens, d'un coup, je ne pouvais que reconnaître le talent de Pollock pour donner une gueule à ses personnages, pour installer un décor bien glauque, morbide. A avoir l'impression de sentir les sales odeurs des lieux où le désespoir et la mort sont prédominants. Avec ses gens qui parlent sans arrêt de partir, mais qui sont comme enchaînés à ce bled où les magasins vont fermer peu à peu, où le temps va en faire une ville fantôme d'elle-même.

Et puis Pollock utilise parfois des métaphores qui font mouche, un style très imagé qui te plonge immédiatement le nez dans la mélasse. A ne pas en sortir indemne.

Une Amérique sombre, sale, violente, qui broie les mœurs et pisse sur les lois. Qui a mal. Qui finira mal.


N'empêche, son nom m'est resté en mémoire. J'ai vu récemment la couverture de son dernier livre, et ça m'a donné envie de tenter. C'est un roman, ça ira peut-être mieux qu'avec les nouvelles ?

Une mort qui en vaut la peine






Ce livre est une sorte de road movie qui se déroule principalement dans l'état de l'Ohio au début de la première guerre mondiale. C'est l'histoire de trois frères qui, à la mort de leur père, deviennent des bandits de grands chemins à cause d'un livre retraçant les aventures imaginaires d'un héros téméraire  et la misère dans laquelle leur père les a fait vivre en les affamant pour d'obscures raisons religieuses.
Braquages de banque, de magasins, tuerie, poursuite.. c'est un vrai western que nous offre Donald Ray Pollock dans ce livre. Nos trois héros sont tour à tour touchants et empathiques, antipathiques et et horribles.
Chacun rêve d'un idéal : une vie bien rangée entourée de livres, une vie remplie de femmes , de la nourriture en abondance...Des personnages hauts en couleurs gravitent autour d'eux.
J'ai adoré suivre tout ce petit monde pas à pas et j'ai été tenue en haleine jusqu'au bout. Un bon livre que je conseille.

Ça donne envie !

J'ai passé tout mon temps de lecture à être attirée par un autre livre qui me faisait très envie mais j'ai été incapable de lâcher celui ci. Je le trouve bien réussi. 
Mais je te rejoins quand tu parles de "vies merdiques faciles à exploiter". J'ai senti ça aussi pour un ou deux personnages.
Il m'a fait penser à Pottsvillle 1280 habitants écrit par Jim Thompson au début du XXème siècle. Il faut que je vous en parle...

Le diable, tout le temps


Premier roman de cet auteur, après son recueil de nouvelles cité plus haut. Il a obtenu de nombreux prix.


"C'est un roman monstrueux qui se subit comme un fléau biblique dans une langue d'un autre temps. On n'a rien lu d'aussi dévastateur depuis des années". Nicolas Ungemuth, Le Figaro Magazine
"L'Amérique de Pollock ressemble à la fin du monde. Le romancier n'excuse ni rejette ses personnages, il les regarde simplement s'empêtrer dans une existence qui commence mal et finit dans la sauvagerie". C. Ferniot, Télérama.

L'histoire se déroule entre 1945 et 1965. On y suit divers personnages, dont la plupart sont assez monstrueux. Tout y est, du fanatisme religieux, au couple de serial-killers, en passant par un pasteur amateur de jeunes filles, un shérif ripoux...
Vers le milieu du livre, j'avoue avoir eu un doute... Les personnages sont tellement déglingués que ça donne une impression de "trop, c'est trop".
Et puis, les choses se mettent en place. Et au milieu de tout ça, un des personnages semble vouloir prendre une autre voie.

Au final, j'ai bien aimé. L'écriture est belle, la force de l'auteur est finalement de ne presque pas décrire les - nombreux - crimes de ses personnages. Tout est surtout suggéré, ce qui est encore plus fort. Ce ne sont pas les actes des personnages qui nous sont montrés, mais leurs âmes. Pire ? Peut-être...
Au bout du compte, la construction du roman est pertinente. Tout finit par se croiser dans une accélération du rythme dans le dernier quart du roman, pour le grand malheur de certains protagonistes évidemment...

Je n'ai pas lu les nouvelles, mais d'après ce que Queenie nous en dit, je pense qu'elles annonçaient "Le diable, tout le temps".
D'ailleurs, le lieu de départ du roman n'est autre que... Knockemstiff.

Ca semble prenant, si on passe le premier stade. Décapant en tout cas..

A vous lire, je pense à Hubert Selby Junior, ce côté déglingué, sombre et extrême tout en restant dans l'empathie envers les personnages.

Ca pourrait me plaire! Merci pour ton avis, Nightingale

Oui, à, tenter en tous les cas. Je ne connais pas du tout cet auteur. Mais ce que vous en dites donne envie de le découvrir.