Erskine Caldwell

© Margaret Bourke-White


Erskine Caldwell est un écrivain américain, né le 17 décembre 1903 près de Moreland, Géorgie, et mort le 11 avril 1987 à Paradise Valley, Arizona.

Avec sa femme Margaret Bourke-White, photographe célèbre, il a publié en 1937 You have seen their Faces, documentaire sur la misère rurale aux États-Unis pendant la dépression.


source et suite

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Tobacco Road / La route au tabac

Résumé
Le succès viendra pour Erskine Caldwell en 1932, avec La Route au tabac, récit composé d'épisodes burlesques, tous construits autour du fermier Jeeter Lester et de sa famille. Ada, sa femme, malade, la grand-mère dont personne ne s'occupe, Ella May, la fille nymphomane au bec de lièvre, le fils Dude et la petite soeur âgée de douze ans, déjà mariée au voisin. Le seul fil conducteur du livre est la faim et tous les stratagèmes imaginés par la famille pour tenter de la combler.

La réalité décrite par Caldwell, à peine déformée, est une vision du Sud très proche de celle de Faulkner, sur fond de modernisation et d'expropriation du monde rural. Mais, chez lui, l'angoisse est diffuse, non dite, comme si les personnages n'avaient aucune conscience de leur état. Ce qui donne au livre sa grande force et son côté le plus étonnant.
Stellio Paris

La première fois que j’ai entendu le nom de cet auteur, c’était dans le film Double Exposure: The Story of Margaret Bourke-White, la photographe étant sa deuxième femme.

Par après j’ai lu l’un et l’autre de ses romans, mais je n’avais pas encore fait la connaissance de cette route au tabac.

Voyant que cela se déroule en Géorgie, un Etat qui manquait encore sur ma mappe des voyages au Etats-Unis, c’était parfait pour embarquer.

J’ai lu quelque part que lors de la parution il y a eu des voix critiques qui mettaient en doute la valeur littéraire de ce roman. Heureusement aujourd’hui on ne peut plus dénier l’importance de ce texte dans la littérature américaine.

En effet, le livre se construit surtout à partir de dialogues, surtout tenus par Jeeter. Un personnage haut en couleur et tout à fait fascinant.

Pour tous ceux qui connaissent les photos qui ont été pris pour la Farm Security Administration (FSA), voici le roman qui illustre ces images à merveille.

J’ai en tout cas adoré ce roman. Avec une certaine distance, il arrive à montrer cette misère et surtout cette faim. Une réalité que lui et Margaret Bourke-White ont vu lors de leur voyage dans les Etats atteints par les effets désastreux de la dépression des années 30.
 

Oui un bon auteur Erskine Caldwell !  Je l'avais découvert il y a longtemps avec Le petit arpent du bon dieu, très bon lui aussi.

Le petit arpent du Bon Dieu  (God's little acre) - 1933





A la lecture de la préface d'André Maurois, on apprend que ce roman a été poursuivi pour obscénité à sa sortie. Les poursuites ont finalement été abandonnées, après l'intervention de 45 écrivains américains qui ont protesté contre ce procès.

Premier roman d'Erskine Caldwell que je lis. Il semble qu'une grande partie de son œuvre soit consacrée à ces pauvres blancs du sud, dont le quotidien n'était guère plus enviable que celui des noirs qu'ils employaient. Ils possédaient de petites fermes et peinaient à vendre leur tabac ou leur coton.
Nous voici donc dans la ferme du vieux Ty Ty Walden, un personnage haut en couleur, qui vit avec deux de ses fils et ses deux filles. Mais depuis 15 ans, il n'a de cesse de creuser tout autour de la maison pour chercher de l'or (qu'il n'a jamais trouvé). Du coup, il a totalement laissé à l'abandon l'exploitation de sa ferme, et le terrain est constellé de trous !Sans ressources, il peine à nourrir tout le monde, y compris les deux familles de noirs qu'il emploie (à creuser des trous !).
Le quotidien de cette famille est dépeint dans un langage populaire, qui donne lieu à des scènes souvent cocasses et des dialogues absurdes par moment. On sent toutefois dans cet humour un profond cynisme. Le langage est cru. Le regard des personnages masculins sur les femmes, et leur convoitise, c'est quelquechose !
Puis progressivement, aux deux-tiers du roman, tout bascule, le ton change. Sur fond de crise, de chômage et de désirs sexuels, le drame se noue.

Un roman surprenant, d'une grande qualité littéraire, qui n'est pas sans évoquer de grands noms tels que Steinbeck. A découvrir ou redécouvrir...

Nightingale a écrit:Un roman surprenant, d'une grande qualité littéraire, qui n'est pas sans évoquer de grands noms tels que Steinbeck. A découvrir ou redécouvrir.

Ah oui, quand même...A retenir donc.

(Drôle que ce livre ait été poursuivi pour obscénités, à l'époque )

Tu as raison @Nightingale c'est un roman de grande qualité littéraire, je l'ai lu il y a bien des années et il m'a laissé une impression durable. Un grand roman du sud américain qui nous donné tant de grands écrivains! Tu me donnes envie de découvrir d'autres titres de Caldwell.

 
 
 

Ton commentaire évoque carrément ce que j'ai ressenti à la lecture du Petit arpent du bon Dieu. Cette noirceur, mêlée au burlesque, avec ce ton que tu qualifies bien de "tragi-comique", c'est tout à fait ça.
Et ce que tu en dis en conclusion (nausée, mal à l'aise), me fait aussi penser à Earl Thompson.

Il faut que je me penche sur d'autres œuvres de Caldwell.
Merci pour ce commentaire.

Tel que vous le décrivez, cet auteur semble en effet particulier. Et ton commentaire accroche, @Domreader.

Il faudra trouver le temps de le lire!

Cela fait une éternité que je me dis que je dois le lire...Et j'ai ce livre dans ma PAL...Il n'y a plus qu'à....

-La route au tabac-




@Domreader a fait un tableau complet de ces personnages hauts en couleurs et la première scène nous met directement dans l'ambiance. Lov le voisin ramenant son sac de navets acheté à Augusta, la ville la plus proche, et tentant de le cacher lorsqu'il passe devant la maison des Lester, dont la plus jeune fille lui a été vendue pour quelques dollars, de crainte d'en être délesté. D'entrée le burlesque s'impose. Dans ce sud de la Géorgie où la crise a fait des ravages et laissé des terres arides à quelques métayers ruinés, tout s'évalue, tout a un prix (excepté la vie humaine semble t'il) Chacun s'efforce de survivre par tous les moyens, la faim ronge les coeurs autant que les corps et la décence est un luxe qu'ils ne peuvent s'offrir.  

Incroyable plongée dans l'univers bien glauque de Erskine Caldwell où la misère flirte avec le sordide et qu'il nous projette de manière abrupte, sans concession aucune, sous l'aspect déformant de la satire se doublant de cet effet comique, caricatural jusqu'à l'absurde.
 
Plusieurs scènes vont me rester ainsi en mémoire, frappantes par leur noirceur autant que leur ridicule. L'équipée sauvage de Bessie aux côtés de Jeeter et de Dude, enragé sur son klaxon, au volant de leur voiture toute neuve (et vite délabrée) pour vendre du bois de chêne noir dont personne ne veut est aussi désespérément triste que désopilante. Ou encore la fin énormissime, digne d'un film de Tarantino, de la vieille Lester oubliée dans un recoin de la cour. On reste ébahi, un peu mal à l'aise mais le but est bien là, marquer les esprits.

Caldwell dénonce ici, de façon radicale mais efficace, la misère de ces familles oubliées du monde et proies des prédicateurs ou des fourbes. Ils sont comme résignés, ne paraissent même pas être conscients de leur déchéance tant leur survie ne tient qu'à un fil, enfermés qu'ils sont dans leurs obsessions: Quelques semences de guano pour Jeeter, du tabac à priser pour Ada, des miettes pour la grand mère.. 

Merci à Dom d'avoir fait remonter le fil de cet auteur, inconnu de ma part, mais dont je vais surement continuer à découvrir d'autres livres. La forme est simple, très cash, mais la profondeur de ce qui est suggéré sous le côté farce n'en a que plus de puissance. Un grand roman à lire, c'est certain, comme l'a dit aussi @Kenavo

Je suis contente que tu l' aies aimé, je n'était pas sûre du tout que ce soit un livre pour toi. Trop bizarre, trop noir, avec quand même une sacrée dose de cynisme malgré le burlesque.

domreader a écrit:je n'était pas sûre du tout que ce soit un livre pour toi

tout comme Domreader, j'aurais pensé que tu n'allais pas aimer... contente de te lire

kenavo a écrit:

domreader a écrit:je n'était pas sûre du tout que ce soit un livre pour toi

tout comme Domreader, j'aurais pensé que tu n'allais pas aimer... contente de te lire

Eh ben, vous me connaissez mal les filles! J'ai plus qu'aimé, même..

Le côté cynique au travers du burlesque, j'adore. Je vais le faire tourner autour de moi, et lire Le petit arpent du Bon Dieu si je le trouve.

Aeriale a écrit:Eh ben, vous me connaissez mal les filles!

il me semble, oui...