Gianni Rodari

Gianni Rodari est un écrivain italien né le 23 octobre 1920 à Omegna, petite ville du Piémont. Instituteur de 1938 à 1943, il s'engage ensuite dans la Résistance et adhère au parti communiste italien. Après la guerre, il quitte l'enseignement pour le journalisme et signe grands reportages, chroniques d'actualité et littéraires, billets humoristiques pour L’Unità et Paese Sera. Il est également un pédagogue militant, participant infatigablement à des colloques et animations dans les écoles. A partir de 1950, il publie une trentaine de volumes, contes, romans, nouvelles, poésie, théâtre, ouvrages pédagogiques (notamment sur la créativité et les ateliers d'écriture, comme sa Grammaire de l'Imagination) qui lui valent une grande popularité en Italie, aussi bien auprès des enfants que des adultes, et de nombreux prix littéraires dont le prix Andersen en 1970.
Il meurt à Rome en 1980.
Dans le monde, de nombreuses associations pédagogiques et culturelles se réclament de sa pensée.




La tarte volante
La torta in cielo, 1966

Ce livre jeunesse encore très populaire et étudié dans les écoles a connu de nombreuses éditions et couvertures. Je l'ai relu récemment chez Le Livre de Poche jeunesse, mais nostalgie oblige, je mets l'édition vintage dans laquelle je l'ai découvert avec délices vers 1980.

Un matin d'avril, vers six heures, dans une banlieue de Rome nommée le Trullo, les passants qui attendaient le premier autobus pour le centre découvrirent dans le ciel un gigantesque objet circulaire de couleur sombre. L'objet avait pris la place des nuages à plus de mille mètres au-dessus des toits. Il y eut quelques "Oh!", quelques "Ah!", puis quelqu'un cria:
"Les Martiens!"
Ce fut à la fois un signal et un mot d'ordre. Les gens se mirent à hurler et à courir de tous côtés.

Et voilà pourquoi à chaque fois que je vois ça:

...je pense irrésistiblement à la Tarte Volante (et je soupçonne fortement Roland Emmerich d'y avoir puisé son inspiration).

Bien sûr la population de Rome est en émoi et particulièrement la police et l'armée, dépêchant avions et hélicoptères survoler l'immense soucoupe volante, prêts à réprimer à coups de missiles l'invasion des Envahisseurs, suspectant même une Cinquième Colonne au sein de la population ! Mais quand un morceau de la soucoupe s'écrase sur leur balcon, Paolo et Rita, les deux enfants de l'agent de police Meletti, plus futés que leur père, ne sont pas longs à deviner la nature du vaisseau: il s'agit d'un gâteau géant, et fait de chocolat de toute première qualité!
Et lorsque la soucoupe va se poser sur une colline, les deux enfants, accompagnés de leur chien Zorro, arrivent à déjouer les barrières de l'armée et à approcher le vaisseau...
Pour découvrir qui sont ses mystérieux occupants, il va falloir creuser un tunnel dedans, mais cela n'est pas un problème pour Paolo et Rita  :

Le gâteau s’ouvrait docilement sous les coups pelle comme la jungle sous la machette de l’explorateur. Les deux enfants traversèrent sans difficultés plusieurs veines de crème au chocolat, de crème fouettée et de pâte d’amande. Ils sautèrent des ruisseaux de sabayon, s’enfoncèrent jusqu’aux genoux dans des mares de sirop de groseille, éclairèrent de leur lampe de petites grottes creusées dans les entrailles du gâteau par des courants de liqueur.
De temps à autre, des cerises confites grosses comme des citrouilles leur bloquaient le passage. Paolo, que la hâte de la découverte poussait en avant comme en cyclomoteur se contentait de les contourner. Rita, elle, s’en emplissait la bouche. D’une main elle contribuait distraitement à la percée du tunnel; de l’autre, elle explorait les parois de marrons glacés, portait à sa bouche une noix farcie aussi grosse qu’une courge, faisait l’inventaire des pierres fort curieuses sur lesquelles elle marchait, qui étaient pour la plupart des amandes grillées et des cacahuètes.

Alors ça, si ce n'est pas un rêve de gosse, de se frayer un passage dans un gâteau géant, de se régaler, de s'empiffrer en toute liberté sans se rendre malade !  C'est surtout cet aspect qui m'enchantait dans cette histoire, et en le relisant 30 ans plus tard je n'ai pas été déçue par les aventures des très débrouillards Paolo et Rita ! Bien sûr à un lecteur adulte, la morale finale peut sembler naïve (il vaut mieux fabriquer des gâteaux que des bombes atomiques). Mais il peut aussi voir que ce roman plein de fantaisie et d'humour volontiers insolent (la police, l'armée et les faiseurs de bombes en prennent pour leur grade) célèbre le pouvoir de l'imagination, la liberté et le sens du partage de façon tout à fait allègre et intelligente! Et gourmande bien entendu.

Illustrations : Béatrice Veillon


La tarte volante

Présentation de l’éditeur
Terreur dans la banlieue de Rome: les Martiens débarquent ! Devant l'immense soucoupe volante, la police et l'armée sont sur les dents. Mais les enfants ont déjà fait leur enquête: le chocolat martien est dé-li-cieux. Quant au vieil extraterrestre qu'ils surprennent sous une montagne de crème, de glace et de sirop, il a l'air plus ennuyé que méchant.

Ce livre ne se trouve pas sur la liste de Hayao Miyazaki, mais l’auteur y est.

Et puisque @Merlette en avait parlé il y a si longtemps de cette tarte volante, je voulais aussi déguster un bout de cette pâtisserie martienne

Quel délice !

Publié en 1966, l’histoire se trouve tout à fait dans la veine de ces temps. La peur des extraterrestres, les théories autour des OVNI, voilà que Gianni Rodari a inventé des événements qui font saliver pendant la lecture.

Je ne pouvais pas faire autrement que de sourire pendant ma lecture, tellement c’est bien écrit et l’aspect des enfants qui savent mieux interpréter le phénomène dont les adultes se méfient, est un joli atout.

Même si je n’ai jamais vu le film de Roland Emmerich, Independance Day, dont Merlette faisait allusion – cette tarte volante va à tout jamais rester dans ma mémoire comme le plus délectable OVNI !

Illustrations : Clotka


Les aventures de Tit’Oignon

Présentation de l’éditeur
Tit'Oignon plongea la main dans sa poche gauche et en sortit un petit miroir qui lui servait à chasser les alouettes. Il le tendit devant la trogne du Chevalier. - Voici le bandit que vous cherchiez, Excellence : prenez votre temps pour bien l'examiner. Tomate, intrigué, regarda dans le miroir. Que croyait-il donc y découvrir ? Evidemment, il ne vit rien d'autre que sa tête rouge écarlate, aux yeux minuscules et à la bouche méchante. Il comprit enfin que Tit'Oignon se moquait de lui, et il entra dans une grande fureur... Dans une langue savoureuse, Rodari nous raconte l'affrontement entre un prince despotique et un garçon malicieux. Un roman plein de fantaisie et d'humour qui célèbre l'amitié et la solidarité.

Après mon enthousiasme pour La tarte volante, je voulais aussi découvrir le livre qui se trouve sur la liste de Hayao Miyazaki.

Et j’en ressors encore plus conquise. Non mais quel ingénieux qu’était ce Gianni Rodari !

Une belle histoire d’aventures, des idées loufoques qui font bien rire et qui ne semblent même pas si étranges après quelques pages.

Les bons contre les méchants, tout jeune lecteur devrait adorer cet petit héros et ses amis.

Excellent… un monde qui me plait et l’univers de Gianni Rodari est envoûtant…

Contente que tu aies découvert et apprécié son univers plein de fantaisie!

Histoires au téléphone

Présentation de l’éditeur
Monsieur Bianchi, représentant de commerce au siècle dernier, raconte chaque soir au téléphone des histoires extraordinaires à sa petite fille. Histoires au téléphone ne semble pas subir les outrages du temps. Les pays visités par Giovanninno Perdigiorno, la minuscule Alice Cascherina, les personnages anti-conformistes, les événements imprévisibles et les avenues pavées de chocolat témoignent de l’intarissable capacité d’inventer et de jouer avec l’imagination qui caractérise l'œuvre de Gianni Rodari.

Piste de lecture trouvée chez Manuele Fior :

Le travail hebdomadaire avec Alessandro Baricco pour la rubrique « Mon monde en cinquante livres » du journal La Repubblica a été très amusant. Les délais d’un quotidien sont extrêmement serrés, et il arrivait souvent que le teste que je devrais illustrer ne soit pas encore prêt. Alors Alessandro me téléphonait et avec son talent de narrateur, il me parlait du livre qu’il entendait recenser.
J’avais l’impression d’être l’enfant des Histoires au téléphone de Gianni Rodari. Plus d’une fois, à la fin du coup de fil, j’aurais voulu dire : encore.


Ceux qui me connaissent savent qu’il ne me fallait pas plus pour aller à la découverte

Et j’ai  a-d-o-r-é  ces histoires au téléphone et j’ai envie de dire tout comme Manuele Fior : encore.

Gianni Rodari avait une imagination débordante. Chacune des histoires (et il y en a plein) est différente de l’autre, tous sont soit farfelus, soit plein d’humour, jamais ennuyeuses…

Une fois de plus conquise par cet auteur !


Une des histoires :

Conte défait, ou il n’y a plus de grands-pères

- Il était une fois une petite fille qui s’appelait Le Petit Chaperon Jaune…
- Non, Rouge !
- Ah oui, Le Petit Chaperon Rouge. Sa maman l’appela et lui dit : « Ecoute, Petit Chaperon Vert… »
- Mais non, Rouge !
- Ah oui, Rouge. Donc, sa maman lui dit : « Va porter à la tante Ursule cette épluchure de pomme de terre… »
- Non ! Elle lui dit : « Va porter cette galette à ta grand-mère. »
- C’est vrai. Alors la petite fille s’en alla dans le bois et rencontra une girafe…
- Quelle salade !... Elle rencontra un loup, pas une girafe !
- D’accord. Le loup lui demanda : « Combien ça fait six fois huit ? »
- Pas du tout ! Le loup lui demanda : »Où vas-tu ? »
- Tu as raison. Le Petit Chaperon Noir répondit…
- Rouge ! Rouge ! Le Petit Chaperon Rouge !
- Bon. Elle répondit : « Je vais au marché acheter de la sauce tomate. »
- Jamais de la vie !... : »Je vais chez ma grand-mère qui est malade, mais j’ai perdu mon chemin. »
- C’est juste. Alors le cheval lui dit…
- Quel cheval ? C’était un loup !
- Bien sûr. Donc il lui dit : « Prends l’autobus numéro 75, descends place de la Cathédrale, tourne à droite : tu trouveras trois marches d’escalier et un sou par terre. Ne t’occupe pas des marches d’escalier, ramasse le sou et achète-toi un chewing-gum… »
- Grand-père, tu ne sais vraiment pas raconter les histoires, tu t’embrouilles tout le temps !... Tant pis, ça ne fait rien, achète-moi quand même le chewing-gum !
- Parfait. Tiens, voilà un sou.
Et le grand-père se remit à lire son journal.

Ah oui c'est pas mal du tout Gianni Rodari et en plus à peu près à ma portée en vo.

silou a écrit:Ah oui c'est pas mal du tout Gianni Rodari et en plus à peu près à ma portée en vo.

c'est toujours bien si on peut lire en vo... et un livre de Gianni Rodari de temps en temps fait en effet pas de mal

Illustrations: Judith Gueyfier


La couverture du papa soldat

Présentation de l'éditeur
Gennaro a perdu son papa soldat, qui, comme seul héritage, lui a légué la couverture de ses années de guerre. Ce morceau d’étoffe va lui apporter réconfort et chaleur dans sa vie pleine de rebondissements, mais aussi lui faire découvrir la puissance de l’imaginaire : chaque jour, Gennaro va puiser la force de s’inventer toujours de plus belles histoires, bien au chaud dans sa couverture !

Tout d’abord : grand coup de cœur pour l’histoire de Gianni Rodari.

Mais il fait de toute façon partie des auteurs pour la jeunesse que j’adore.

Les illustrations de Judith Gueyfier sont extraordinaires. Je ne comprends pas comment elle a pu m’échapper aussi longtemps.

Mais voilà, je l’ai trouvé… et je ne vais plus la lâcher.

Il y a 100 ans que naissait Gianni Rodari… en voila la bonne occasion pour faire la lecture d’un de ses livres...



Il était deux fois le baron Lambert

Présentation de l’éditeur
Le baron Lambert est un homme très très âgé, il a quatre-vingt-treize ans, très très malade, il a vingt-quatre maladies et très très riche, il possède vingt-quatre banques.
Il vit au milieu du Lac d’Orta avec Alfred, son fidèle serviteur. Le baron Lambert a un secret, il a trouvé l’élixir de jeunesse ! Le voilà qui rajeunit à vue d’œil, ses cheveux repoussent, sa peau fripée se tend comme celle d’un tambour et ses muscles retrouvent toute leur vitalité d’antan. Désormais, le baron Lambert fait le tour de son île à la nage, court comme un cabri et frappe avec énergie dans son punching ball ; un vrai champion !
Mais en ce bas monde, rien n’est simple. L’immortalité a un prix, et tout se complique quand une bande de vingt-quatre bandits prend en otage le baron. Pendant ce temps, Eugène, son unique neveu, ne rêve que de dépouiller son «vieil oncle ».

On retrouve dans ce roman enlevé le monde imaginaire de Gianni Rodari. Un monde où les mots flirtent avec l’absurde, le comique de situation et les références littéraires. Autant de qualités qui font de cette œuvre singulière une référence en littérature de jeunesse.

Pour fêter cet anniversaire, je n’aurais pas pu choisir meilleur livre que celui-ci.

C’est tout l’univers de Gianni Rodari – histoire loufoque, personnages extraordinaires qui peuplent tout le livre, dénouement positif… on y passe un si bon moment !

Dommage qu’il est considéré par bon nombre de lecteurs comme auteur de jeunesse et n’y touchent donc pas. Il vaut vraiment le détour.

J’ai en tout cas encore deux autres romans de lui sur me étagères… je pense que la fête va continuer encore un peu…

Images: Silvia Bonanni


Il faut une fleur

Présentation de l’éditeur
Le cycle de la vie et de la nature présenté de façon poétique. Pour faire une table, il faut une fleur. Vraiment ?
Bois, arbre, graine, fruit... démonstration à l'appui, en photographies et collages.

Le nom de Gianni Rodari m’a amené vers cet album, mais la bonne surprise fut en effet Silvia Bonanni.

J’adore les collages qu’elle fait, extra !

Le texte de Rodari est très court, mais c’est l’idée qui compte. Et montrer le cycle de vie à partir d’une table pour laquelle il a fallut une fleur… oui, c’est génial.

Très bel album en grand format.

Illustrations : Beatrice Alemagna


Les embrouillaminis des histoires de papi

Présentation de l’éditeur
Il était une fois une petite fille qu’on appelait le petit chaperon jaune. Mais non, rouge ! Tandis qu’elle se promenait dans la forêt, elle rencontra une girafe. Ou alors… un cheval ? Mais non, un loup ! Et il lui demanda : « Combien font six fois huit ? »
En racontant cette histoire, papi s’est mélangé les pinceaux, et c’est parfait comme ça. Il ne faut pas forcément corriger toutes les erreurs : Gianni Rodari nous enseigne que, parfois, elles peuvent devenir une fantastique occasion d’inventer de nouvelles histoires...

En voilà deux artistes que j’adore, quoi de plus beau que de les voir dans un album ?!

Comme d’habitude je suis sous le charme de l’histoire de Gianni Rodari, il arrive toujours à me faire sourire. Je pense que ses histoires sont le meilleur moyen contre la mauvaise humeur.

Et Beatrice Alemagna a transformé les mots dans des images extras qui s’associent si bien avec l’atmosphère du livre.