Philippe Lançon

Lecture éprouvante, surtout dans la première partie où l'auteur décrit chaque minute, seconde, de l'attentat de Charlie Hebdo vécu de l'intérieur. Attentat qui nous a tous glacés et dont chacun de nous se souvient précisément l'heure et le moment, ce que l'on faisait quand on a appris l'impensable.

Philippe Lançon a choisi de nous en parler sans détour, avec le maximum de sincérité, sans se mentir et en abordant la douleur de manière frontale. Une mise à nu au travers de laquelle il tente de se retrouver, en analysant avec le plus de clairvoyance possible ce que ce massacre a fait de lui: Une nouvelle personne détruite tant physiquement que moralement et avec laquelle il va devoir composer.

C'est un long parcours de résilience, d'humilité et de courage, que ces mois passés à la Salpêtrière, entre opérations (17 au moment de la parution) de reconstruction orchestrées par sa "fée" Chloé, chirurgienne stomato, et encadré de "ses anges", les soignants et gardes armés, auxquels il rend un bel hommage.

Lançon mettra du temps pour rejoindre "le monde du dehors", établir de nouveaux contacts tout en préservant le maximum de choses du passé qui l'aideront à recoller ses morceaux de vie. Pour ne rien oublier, et continuer.

L'art, les livres, Proust et Thomas Mann, la musique et le jazz lui serviront de vecteur émotionnel et tout cela formera un matériau sur lequel il s'appuiera pour venir à bout de son enfer, de ce recommencement.

Très puissant, très juste, merveilleusement écrit. Mais difficile. Il faut être bien armé pour s'y attaquer, j'avoue que j'ai souffert.

« J'avais tissé mon cocon de petit prince patient, suintant, nourri par sonde et vaseliné autour d'un frère, de parents, de quelques amis et des soignants. Je ne voulais plus sortir du cocon, je m'en sentais incapable. La seule idée de quitter l'enceinte de l'hôpital m'effrayait. Ce n'était pas le lieu où j'étais tout-puissant ; c'était le lieu où mon expérience était vivable. »

Ca a l'air vraiment puissant, Ovalire a beaucoup aimé aussi m'a-t-il dit.

merci pour ton commentaire, très beau comme d'habitude
chapeau bas pour son témoignage, mais j'avoue que je ne vais pas avoir le courage de lire ce livre...

domreader a écrit:Ca a l'air vraiment puissant, Ovalire a beaucoup aimé aussi m'a-t-il dit.

Ça ne m'étonne pas! Le livre m’a marquée ( même s’il est dur) au point de me le racheter après l'avoir rendu ( lecture en partage) 

kenavo a écrit:chapeau bas pour son témoignage, mais j'avoue que je ne vais pas avoir le courage de lire ce livre...

C’est ce que je me disais avant, et même durant toute une partie du roman, mais sincèrement il en vaut la peine. 

Après, c’est vrai que je ne suis pas sûre pour toi, Kena?

Aeriale a écrit:mais sincèrement il en vaut la peine.

je n'en doute pas du tout...