Lectures

Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais j'aime beaucoup assister à des lectures, entendre un texte, connu ou inconnu. Pas à la place de la lecture solitaire, du papier et de l'encre, mais comme une autre approche, une autre façon d'appréhender le texte par le vecteur de la voix, d'une présence aussi, d'une interprétation du texte. Qui peut d'ailleurs donner envie de s'y replonger, d'une autre façon ou pas.

Alors lorsque j'ai l'occasion, j'essai d'aller assister aux lectures proposées dans certains lieux.

J'espère ne pas être la seule, et ne pas ouvrir ce fil pour moi toutes seule....

Le musée Guimet propose pour la troisième saison un cycle de lectures autour de l'Asie. J'aime beaucoup ce musée à taille humaine, où en plus de belles collection, il y a une sorte d'ambiance paisible et amicale, dans un joli lieu qui semble habité.J'assiste donc régulièrement en fonction de mes disponibilités à ces lectures, et à part une expérience mémorable, mais qui était dans un tout autre registre, proposée par Francis Huster (dont j'ai parlé ailleurs et je sais que certains s'en souviennent) j'ai pour l'instant eu de belles expériences et émotions dans le cadre du hôtel d'Heidelbach

Au programme de ce vendredi, le premier chapitre des Belles endormies de Kawabata, lu par Nicolas Briançon et Anne-Sophie Nallino. Le vieil Eguchi se rend pour la première fois dans une maison très particulière, qui propose aux vieillard de dormir avec une jeune femme, profondément endormie. Cette expérience ramène de nombreux souvenirs au vieil homme.

Même si j'aime en général beaucoup les oeuvres de Kawabata, celle-ci est l'une de celles qui m'ont moins intéressées. Mais cette lecture, particulièrement réussie, dans laquelle les deux comédiens arrivaient à fonctionner dans une vraie complémentarité, tout en subtilité, en sensualité et mélancolie, m'a donné envie de revenir au livre.

Tu peux donner envie ! Je n'ai jamais essayé. Il y a eu bien sûr Luchini, Bohringer père et fille, qui m'ont intéressée (sans que j'y aille) mais on parle peu des autres. C'est donc bien qu'il y ait un fil dédié aux lectures, qui semblent finalement assez nombreuses. Merci de te lancer — et de nous faire part de tes précédentes expériences…

Arabella a écrit:Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais j'aime beaucoup assister à des lectures, entendre un texte, connu ou inconnu. Pas à la place de la lecture solitaire, du papier et de l'encre, mais comme une autre approche, une autre façon d'appréhender le texte par le vecteur de la voix, d'une présence aussi, d'une interprétation du texte. Qui peut d'ailleurs donner envie de s'y replonger, d'une autre façon ou pas.

J'ai peu d'occasions à vrai dire, ici. Mais je sais que des lectures se proposent au CUM (Centre universitaire méditerranéen) il suffit de s'inscrire.
Comme tu le dis, cela permet une autre approche, une autre vision selon la sensibilité du lecteur. Et créer de nouvelles envies (on en manque, c'est vrai )

Merci pour ce fil, Arabella, j'essaierai d'y participer en fonction des thèmes proposés par ce biais!

Musée Gustave Moreau / Le roi au masque d'or - Marcel Schwob

Dans le cadre du musée Gustave Moreau, demeure de l'artiste pendant sa vie, et où se trouvait son atelier, et qu'il a pensé comme musée consacré à son oeuvre, s'est déroulée une lecture, d'une nouvelle de Marcel Schwob, donnant son titre au recueil "Le roi au masque d'or" paru en 1892.

La lecture a eu lieu au premier étage, profitant du cadre privilégié, en particulier du merveilleux escalier qui relie le premier et le deuxième étage :


Le texte de Marcel Schwob, raconte l'histoire d'un roi, dans un pays imaginaire, dans lequel le roi lui-même et tous ceux qui l'approchent, portent des masquent qui correspondent à leur situation. Un jour, un mendiant aveugle au visage nu surgit devant le roi et sa suite, et assène que ce que cachent les masquent est sans doute très différent des réalités qu'elles représentent. Le roi est insidieusement amené à vouloir connaître ce que cachent tous ces masques, et en premier lieu le sien, le masque d'or des rois....

Un texte allégorique, qui flirte avec le fantastique, dans une langue somptueuse. La lecture a été effectuée par Jérémie Le Louët, de la compagnie Des Dramaticules, dans le sens d'un jeu, les différents personnages et surtout leurs dialogues, fortement dramatisés et personnifiés. La prestation du comédien étant soutenu par des sons, musiques imaginés par Simon Denis. Dans le cadre du musée, dans la pénombre, cela faisait un effet assez saisissant et très réussi. Compte tenu de la taille des lieux, l'assistance était peu nombreuse, ce qui contribuait à créer une atmosphère très particulière, étrange et forte.

Une très belle expérience.

Le cycle de lectures du Musée Guimet s'est poursuivi avec une lecture tibétaine, en lien avec l'exposition Alexandra David-Néel : Une aventurière au musée en ce moment à l'affiche du Musée. Il s'agissait de deux nouvelles du recueil Neige de Pema Tseden, connu surtout comme cinéaste, mais dont ce livre est disponible en français, chez Philippe Picquier.

Tania Torrens a d'abord lu la nouvelle qui donne son titre au recueil, un peu en forme de conte, de deux enfants trouvés dans la neige, dont ils portent le prénom. Féerique et tendre, tout en laissant entrapercevoir une réalité plus actuelle de la vie dans la région.

La deuxième nouvelle, lue  par  Loïc Mobihan, est le récit d'un jeune homme dont le camarade du primaire a été désigné comme un lama incarné, Les Dents d'Urgyän. Les changements de relation entre les deux garçons entraînés par le changement de statut d'Urgyän sont racontées d'une façon très drôle, mais en même temps une spiritualité, et une émotion sont aussi présentes.

Les deux comédiens très investis dans leurs lectures en ont fait un très beau moment, et cela donne très envie de lire le livre en entier.

tout d'abord merci pour ce fil et le partage de ces lectures... je ne réagis pas à chaque fois, mais je te lis et c'est un plaisir de découvrir à travers tes écrits ces moments de bonheur

Arabella a écrit:cela donne très envie de lire le livre en entier.

j'ai bien aimé ce livre

Merci d'avoir ouvert le fil par ailleurs Kenavo. 

J'aime de plus en plus ces moments. Et à Guimet, ils évoluent très bien. Après des classiques, ils ouvrent maintenant à des littératures moins connues, ce qui permet des découvertes intéressantes.

C'est vrai que c'est tentant! Une bien chouette manière d'aborder des textes qui nous resteraient probablement inconnus sinon. Merci pour le topo, Arabella! 

Et dans ces cadres, ça fait rêver ;-)

Les dates programmées cette années ne m'ont permis de revenir aux lectures du musée Guimet avant ce mois de mars, cela m'a manqué, et ce fut un un plaisir de pouvoir assister à la deuxième nouvelle de ce recueil d'Eileen Chang, un auteur que j'apprécie beaucoup.

Lu par Florence Muller et Laurent Spielvogel, ce court texte, drôle, mordant, cruel, prend encore plus de relief. Cela commence ainsi :

« Retrouvez chez vous, s’il vous plaît, un vieux brûle-parfum de famille tout constellé de vert-de-gris, allumez-y des copeaux d’aloès et écoutez-moi vous raconter une histoire du Hongkong d’avant-guerre : lorsque les copeaux auront fini de brûler, mon histoire, elle aussi, sera terminée. »

Suit l'histoire d'une journée de mariage, qui finira en désastre. La plume d'Eillen Chang, pleine de charme, mais très acérée, nous raconte une société britannique de Hong-Kong, engoncée dans ses préjugés et hypocrisies. Les personnages sont disséqués au scalpel, peu de mots suffisent à l'auteur en dresser le portrait, définitif constat.

La lecture était suivie d'une rencontre avec la traductrice, Emmanuelle Péchenart, qui nous a parlé d'Eillen Chang, de sa vie, et de son oeuvre littéraire. Passionnant. 

merci pour ce partage, tu me donnes envie de retrouver sa plume, j'ai noté ce titre

Pas grand chose de disponible en français d'elle, pour toi cela doit être plus facile, surtout en anglais. Emmanuelle Péchenart nous a dit qu'en Chine en revanche, c'était un des auteurs les plus lus actuellement.

oui, tout à fait, en anglais on a un peu plus de choix...
mais j'essaie quand même toujours de rester en contact avec vous tous, du coup je me concentre surtout sur tout ce qui existe déjà en traduction, même si parfois je m'absente dans d'autres langues

Arabella a écrit:

Les deux brûle-parfums / Eileen Chang / Musée Guimet

La lecture était suivie d'une rencontre avec la traductrice, Emmanuelle Péchenart, qui nous a parlé d'Eillen Chang, de sa vie, et de son oeuvre littéraire. Passionnant. 

Chouettes, tes escapades au Musée Guimet!

Celui ci je l'avais lu et bien aimé aussi. Je vais rechercher mes impressions ...

kenavo a écrit:mais j'essaie quand même toujours de rester en contact avec vous tous, du coup je me concentre surtout sur tout ce qui existe déjà en traduction, même si parfois je m'absente dans d'autres langues

Ca c'est sympa, Kena 

Je note Eilinn Chang alors. ... Ça a l'air trop bien ces lectures au Musée Guimet. Vivement la retraite pour avoir le temps. I Can't wait !