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Endô Shusaku

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Message par eXPie Sam 10 Déc - 23:03

Endô Shusaku  Endo10
Endo Shusaku (1923-1996).

Endô Shûsaku est le fils d'une Japonaise catholique. Très jeune, ses parents l'emmènent en Mandchourie. Ils divorcent en 1933, et le petit Shûsaku repart avec sa mère à Kobe.
Il est baptisé en 1935. Son appartenance à cette religion est très importante pour son oeuvre (il y a un prêtre ou un personnage catholique dans presque toutes ses histoires). Il faut bien voir qu'être catholique dans les années 30-40 au Japon n'était pas très bien perçu.

Après des études à l'Université Keio, il part étudier à Lyon en 1950 où il étudie le roman catholique français (Bernanos, Claudel, Mauriac...). Mais après trois ans, il tombe gravement malade (problème aux poumons) et doit interrompre ses études. Il rentre au Japon, où il reste alité pendant un an. C'est à cette occasion qu'il écrira ses premiers textes. Il aura de graves maladies tout au long de sa vie (il est encore hospitalisé longuement en 1960), d'où un autre thème récurrent dans son oeuvre : les hôpitaux, la maladie. Plusieurs interrogations traversent son oeuvre et lui donnent une grande homogénéité (en tout cas dans les livres traduits en français et que j'ai lus, car il a également écrit des livres plus humoristiques) :
- Il cherche à comprendre comment peuvent cohabiter dans un même être le bien et le mal, comment quelqu'un de bon peut également prendre du plaisir dans le mal. Dans sa recherche des causes du mal, il évoquera à plusieurs reprises le rôle du Japon dans la Seconde Guerre Mondiale et les horreurs commises par des Japonais ordinaires sur le continent.
- Il se pose des questions liées au christianisme : y a-t-il une place pour le christianisme au Japon ? que vaut la foi face à la menace de la douleur physique ? un croyant lâche sera-t-il damné ?
Il y a parfois quelque chose de dostoïevskien chez Endô - d'ailleurs cet auteur est cité dans la nouvelle Un homme de soixante ans (dans Une Femme nommée Shizu) : l'auto-dénigrement, le double maléfique...

L'homogénéité d'une grande partie de son oeuvre (surtout celle traduite en français) fait que si on accroche à un de ses livres, on peut lire les autres en confiance. L'inconvénient est qu'il a parfois tendance à se répéter : les anecdotes développées pendant vingt ou trente pages dans ses nouvelles se retrouvent très fréquemment dans ses romans - où elles occupent moins de place, mais servent de substrat pour le développement de l'histoire. Mais chez certains écrivains, les nouvelles sont le "laboratoire" d'où sortent les romans.

Prix Akutagawa en 1955 pour l'Homme Blanc.
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Message par eXPie Sam 10 Déc - 23:03

Endô Shusaku  Endo-s10
- Silence (Chinmoku). Prix Tanizaki 1966 (qui aurait pu être mentionné, par exemple en quatrième de couverture). Traduit de l'anglais par Henriette Guex-Rolle, folio. 297 pages.
Nous sommes au XVII° siècle.
L'avant-propos de l'auteur commence ainsi :
"Les nouvelles parvinrent à l'Eglise de Rome. Christophe Ferreira, envoyé au Japon par la Compagnie de Jésus portugaise, après avoir subi le supplice de « la fosse » avait apostasié à Nagasaki. Missionnaire tenu en haute estime, il avait passé trente-trois ans au Japon, occupé la position élevée de provincial et avait été une source d'inspiration tant pour les prêtres que pour les fidèles.
C'était aussi un théologien très averti et, pendant les persécutions, il s'était clandestinement rendu dans la région de Kamigata, afin d'y poursuivre son apostolat.
" (page 9).
Il est "impensable qu'un tel homme pût trahir sa foi, si terribles que fussent les circonstances devant lesquelles il fut placé" (page 9).
Les persécutions ont commencé en 1587, avec une série de crucifixions. "Partout ensuite, et dans tout le pays, les chrétiens furent chassés de leurs foyers, torturés et cruellement mis à mort." (page 10).
Tous les missionnaires sont expulsés en 1614... tous, sauf trente-sept prêtres (dont Ferreira) qui restèrent cachés.
Feirreira a-t-il abjuré ?
"En 1635, quatre prêtres se réunirent à Rome autour du père Rubino. Ils projetaient de se rendre au Japon, de se frayer une voie dans les affres de la persécution, d'y mener un apostolat clandestin et de racheter l'apostasie de Ferreira qui avait si profondément blessé l'honneur de l'Eglise." (page 14).
C'est quasiment une mission-suicide... "D'autre part, le Japon était, depuis le temps de François Xavier, le pays où le bon grain avait été le plus largement semé, il était impensable de laisser sans chefs et d'abandonner à leur sort les chrétiens." (page 15). Le feu vert, qui n'existait pas encore à cette époque, est néanmoins donné à cette mission.
Le livre relate, essentiellement à travers des lettres envoyées par Sébastien Rodrigues, qui est le personnage principal, leurs aventures, comment ils vont entrer au Japon, les épreuves qu'ils auront à y subir, comment les chrétiens japonais se sont organisés pour continuer à vivre leur foi le plus discrètement possible.
"A vrai dire je n'ai pas l'impression que nous nous ferons prendre. L'homme est une étrange créature. Quelque part en son coeur, un optimisme lui assure qu'il passera impunément à travers le danger, tout comme, un jour de pluie, il imagine un faible rayon de soleil illuminant une lointaine colline. Je ne puis, pour l'instant, me représenter le moment où je serai arrêté par les Japonais." (page 58).


Le Japon sera totalement fermé en 1640.

C'est un excellent roman (et un des plus connus de l'auteur) qui pose de nombreuses questions sur la nature de la foi, sur ce que l'on est prêt à faire ou pas pour elle... Faut-il/peut-on abjurer pour sauver sa vie et, par la suite, se racheter ? Et pour sauver une autre vie que la sienne ? (problème déjà posé, je crois et entre autres, par Dostoïevski dans Les Frères Karamazov).
"Si forte que soit la foi, la crainte physique peut avoir raison de nous." (page 98).

Abjurer ne signifie pas, bien sûr, ne plus croire...
Et quelle attitude adopter face aux plus faibles ?
"De quelle nature fut l'émotion du Christ lorsqu'il congédia son traître ? Etait-ce colère ou ressentiment ?" (page 117).

Mais un autre problème se pose, plus grave, et qui donne son titre au livre :
"Pourquoi notre Seigneur inflige-t-il cette torture et cette persécution à de pauvres paysans japonais ? Non... Kichijiro cherchait à exprimer une pensée différente, plus révoltante encore. Le silence de Dieu." (page 88).

Et plus loin :
"[...] le silence de Dieu... le sentiment qu'alors que les hommes crient d'angoisse, Dieu, les bras croisés, se tait." (page 96-97).

La traduction de l'anglais n'est pas visible, exception faite d'un "minimaliser" au lieu de "minimiser" (page 232).

Le film de Scorsese, qu'on attendait depuis très longtemps, va enfin sortir dans peu de temps (date française actuellement prévue : février 2017).

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Message par Arabella Dim 11 Déc - 7:25

Le fleuve sacré


Une sorte de roman qui peut aussi se voir comme un mélange de nouvelles. Nous suivons un groupe de touristes japonais venus en Inde, en principe sur une sorte de sentiers de temples bouddhistes, mais chaque participant du groupe a en fait des raisons personnelles pour venir dans ce pays, que nous découvrons soit avant soit après le voyage. Il y a l'homme qui vient de perdre sa femme qui lui a annoncé sa réincarnation. L'ancien combattant qui veut une cérémonie religieuse. L'homme qui veut libérer un oiseau semblable à celui qui lui a apporté un grand bonheur. La femme à la recherche sans l'être vraiment d'un ancien condisciple amant souffre douleur, devenu prêtre catholique. Tous recherchent quelque chose, qui finalement revient à un questionnement de l'ordre de la spiritualité.

Malgré quelques passages qui m'ont accrochée, je n'ai pas vraiment adhéré à ce livre dans son ensemble. La réunion de tous ces personnages a quelque chose de très artificiel et de pas très crédible. Les questionnements des héros sont aussi à mon sens quelque peu convenus : l'ancien combattant, la femme incapable d'amour et malheureuse, le petit garçon qui n'a connu l'affection qu'auprès du boy chinois et d'un chien, le mari complètement déboussolé par la perte de sa femme à qui il n'a montré aucune affection pendant leur vie commune….

Peut être aussi que la quête spirituelle qu'ils entreprennent tous d'une façon ou d'une autre me paraît très loin de mes préoccupations et que je n'ai pas adhéré à cet aspect essentiel du livre. Cela dit, la quatrième de couverture cite Grahma Green, et dans ce genre La puissance et la gloire est un livre que j'ai trouvé autrement plus puissant et dense, même si le sujet était aussi loin de moi. 

Ce n'est peut être pas le livre de l'auteur le plus essentiel, je ferrais peut être encore une autre tentative, parce qu'il y a quand même quelques passages intéressants, mais je trouve que le mélange de toutes ces histoires ne prend pas vraiment. 

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Message par eXPie Dim 11 Déc - 8:15

Le Fleuve, c'est le dernier roman de l'auteur (il date de 1993), et ce n'est clairement pas son meilleur livre, on croirait par moment une compilation de nouvelles, il reprend un grand nombre de thèmes qui lui sont chers... Mieux vaut commencer par un autre livre.
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Message par Arabella Dim 11 Déc - 9:34

C'est trop tard, c'est ce que j'ai fait. Mais en effet, il faut que lui donne une deuxième chance. Le silence, le thème m'avait un peu rebuté à priori, mais je pense que je vais le lire.

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Message par eXPie Dim 11 Déc - 9:39

Dans un style différent (mais il existe aussi toute une veine humoristique chez Endo, que je n'ai pas encore lue), j'avais bien aimé Scandale.
Je copie/colle un ancien post.

Endô Shusaku  Endo-s11

- Scandale (1986, disponible dans Le Livre de Poche, 283 pages, traduit du japonais par Catherine Ancelot).
Suguro, un romancier catholique bien installé - et visiblement le double de Endô -, ayant du succès et un lectorat fidèle, glose sur la nature du Bien et du Mal lors de conférences et à la télévision.
Il en a fait le thème principal de ses romans : selon lui, les péchés commis sont toujours une façon de résoudre une contradiction pour trouver un nouveau départ. Mais il est vu dans les quartiers de plaisirs, dans des peep-shows, ou bien sortant d'hôtels spécialisés dans les activités sado-maso, etc.
Est-ce vraiment lui, ou bien un sosie ?
Un journaliste, que le côté moralisateur de Suguro exaspère au plus haut point, veut faire éclater le scandale en prouvant qu'il s'agit vraiment de l'écrivain. Suguro, enquêtant également, sera amené à croiser toute une galerie de personnages intéressants et pas très simples psychologiquement parlant (l'infirmière bénévole qui se dévoue le jour et qui s'adonne à des actes sado-maso la nuit - encore que tout n'est pas aussi simple, parce que ce qui est perçu comme du dévouement est en fait de sa part une façon de s'avilir, et visiblement elle aime ça). Suguro va être amené à se poser des questions sur sa vie, sa femme, ses motivations profondes, pourquoi le Mal peut être une tentation pour des gens apparemment normaux. On notera que l'on retrouve le personnage de l'infirmière dans Le Fleuve Sacré.

Il y a quelque chose de fascinant dans ce roman crépusculaire, l'auteur se livrant à une sorte d'incroyable strip-tease masochiste ; il se remet brutalement en cause sur le tard : se serait-il fourvoyé depuis tant d'années ? le christianisme l'aurait-il empêché de voir ce qu'est vraiment l'homme, dans toute sa noirceur ? n'aurait-il pas été hypocrite tout au long de sa vie ?
Très bon livre.
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Message par Arabella Dim 11 Déc - 9:41

Cela m'attire plus que Le silence, alors peut être ce sera celui-ci le suivant.

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