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Mordecai Richler

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Message par Masque sur Mesure Sam 25 Fév - 22:56

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Mordecai Richler




Mordecai Richler est né en 1931 dans un quartier populaire de Montréal, Mile End, plus précisément rue Saint Ubin, où vit une importante communauté juive (lui-même est Juif et anglophone) et qu'il évoquera dans plusieurs de ses romans.
Il quitte le Canada en 1950, pour la France d'abord, puis pour l'Angleterre, d'où il publie ses premiers romans. Sa notoriété s'établit en 1959 avec Les Années d'apprentissage de Duddy Kravitz.
Richler revient au Canada en 1972 et s'installe dans les Cantons-de-l'Est (au Québec). Parallèlement à sa carrière de romancier (il publiera en tout une dizaine de romans), il exerce une carrière de journaliste et d'essayiste, ne dédaignant pas la polémique, en particulier contre la politique linguistique du Québec qu'il attaque avec une rare virulence.
En 1989, il publie Solomon Gurski was here, considéré comme son chef d'oeuvre.
Mordecai Richler est mort en 2001.
Sources :
Wikipedia, article de Radio-Canada.ca

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Message par Masque sur Mesure Sam 25 Fév - 23:50

L'apprentissage de Duddy Kravitz


Duddy Kravitz est un jeune Juif de Montréal qui, au début des années 1950, "a un but dans la vie", ainsi qu'il aime à la répéter : acheter les terres entourant un lac sauvage dans la région des Laurentides afin d'y bâtir un complexe hôtelier. En effet, comme le lui a dit un jour son grand père adoré : "un homme qui ne possède pas de terre n'est personne". Mais il a un long chemin à parcourir pour en arriver là : son père est chauffeur de taxi et vaguement proxénète, et s'il a bien un oncle chef d'entreprise, ce dernier n'aide que le frère aîné de Duddy, Lennie, l'espoir de la famille (il a entrepris des études de médecine.) De l'avis de tous, en effet, Duddy est un bon à rien. Seul son grand père, l'austère Simcha, qui a fui la Pologne pour s'établir au Canada, croit en lui.
Mais Duddy a de l'énergie à revendre, il est plein d'imagination, beaucoup moins de scrupules. Il monte une société de films pour immortaliser les Bar-Mitsvas des rejetons des riches familles juives de Montréal, approche le sulfureux Dinglemann, importe illégalement des flippers des Etats-Unis, etc. Cette agitation frénétique inquiète les deux rares personnes qui l'aiment : Yvette, son assistante et maitresse, et Virgil, un jeune Américain épileptique qui le vénère. Mais Duddy, qui pourtant recherche éperdument l'amour et la reconnaissance, se rend à peine compte de leur présence.


Richler, qui est fréquemment comparé à Philip Roth (je ne saurais me prononcer sur la pertinence de ce rapprochement, ayant peu lu Roth et détesté ce que j'ai lu), est un maitre de la satire, tout en sachant être émouvant. Et il sait créer des personnages qui s'imposent avec la force de l'évidence. Duddy, sa famille, Yvette, Virgil sont tous des personnages marquants (même si tous ne sont pas forcément attachants.) pour autant, Richler n'est pas un adepte du roman psychologique : ce sont par leurs actions et, plus encore, par leurs paroles, qu'ils s'incarnent dans l'esprit du lecteur. Les dialogues sont en effet abondants dans ce roman, ce qui rend sa lecture plutôt rapide. Heureusement, Richler est un grand dialoguiste.
On trouve néanmoins quelques scènes qui sont de véritables morceaux de bravoure : le défilé des élèves dans la rue Saint Urbin, la description du film sur la Bar-Mitsva du fils du premier client de Duddy (filmé par un cinéaste américain raté, communiste et alcoolique, qui s'est inspiré de Jean Rouch et du Sang des bêtes de Franju pour le réaliser), la transcription intégrale d'un numéro de la revue de Virgil pour la défense des intérêts des épileptiques (parce que, y est-il candidement expliqué, "les Juifs, les négros et même les tapettes se sont organisés pour se défendre, alors pourquoi pas les handicapés de la santé" ?) 
Le personnage de Duddy  est complexe. Ignoble adolescent au début, héros picaresque souvent attachant dans la suite du roman (à l'exclusion de la dernière partie), la fin laisse le lecteur seul juge de ce qu'il est devenu une fois atteint l'âge adulte. Comme le lui écrit son oncle : "un garçon peut avoir en lui deux, trois,voire quatre personnalités différentes. Mais un homme n'en a qu'une. Les autres, il les liquide." Savoir quel homme deviendra Duddy Kravitz est l'un des enjeux principaux de cet apprentissage. 

Même s'il n'a pas la virtuosité de construction ni l'ampleur épique de Solomon Gursky, L'Apprentissage de Duddy Kravitz est à mon humble avis un superbe roman.

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Message par Arabella Dim 26 Fév - 7:57

Bon commentaire MsM. Je ne suis pas sûre que ce soit un livre pour moi, même si je serais curieuse du film sur la Bar-Mitsva.

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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
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Message par Aeriale Dim 26 Fév - 9:28

Le personnage de Duddy  est complexe. Ignoble adolescent au début, héros picaresque souvent attachant dans la suite du roman
Merci pour ce commentaire MsM, le sujet m'intrigue.

J'aime bien ce genre de personnage satirique carrément imprévisible et souvent immoral, dont on ne peut savoir à l'avance de quel côté ils vont finir. Je retiens!
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Message par kenavo Dim 26 Fév - 9:58

J'ai fait deux lectures de cet auteur, un roman, Barney's Version (Le monde de Barney) et un essai, On Snooker: The Game and the Characters Who Play It

En ce qui concerne le roman... il m'a laissé un peu sur ma faim, je me rappelle que je le trouvais un peu trop... lent (pour ne pas dire ennuyeux, mais j'assume, ce n'était peut-être pas le bon moment de le lire)

Et puisque je suis une grande adepte du Snooker j’ai sauté sur l’occasion de lire un livre sur ce sport… là j’ai trouvé tout mon plaisir, il décrit le sport, les joueurs, le suspense et l’enthousiasme qu’il y a autour des parties.
malheureusement il s’était choisi un autre héros que moi et en plus il n’arrêtait pas de dénigrer mon favori… depuis le nom de Mordercai Richler est banni de mes étagères Razz

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Message par Moune Dim 26 Fév - 11:02

Masque sur Mesure a écrit:
L'apprentissage de Duddy Kravitz


On trouve néanmoins quelques scènes qui sont de véritables morceaux de bravoure : le défilé des élèves dans la rue Saint Urbin, la description du film sur la Bar-Mitsva du fils du premier client de Duddy (filmé par un cinéaste américain raté, communiste et alcoolique, qui s'est inspiré de Jean Rouch et du Sang des bêtes de Franju pour le réaliser), la transcription intégrale d'un numéro de la revue de Virgil pour la défense des intérêts des épileptiques (parce que, y est-il candidement expliqué, "les Juifs, les négros et même les tapettes se sont organisés pour se défendre, alors pourquoi pas les handicapés de la santé" ?) 
Le personnage de Duddy  est complexe. Ignoble adolescent au début, héros picaresque souvent attachant dans la suite du roman (à l'exclusion de la dernière partie), la fin laisse le lecteur seul juge de ce qu'il est devenu une fois atteint l'âge adulte. Comme le lui écrit son oncle : "un garçon peut avoir en lui deux, trois,voire quatre personnalités différentes. Mais un homme n'en a qu'une. Les autres, il les liquide." Savoir quel homme deviendra Duddy Kravitz est l'un des enjeux principaux de cet apprentissage. 
Même s'il n'a pas la virtuosité de construction ni l'ampleur épique de Solomon Gursky, L'Apprentissage de Duddy Kravitz est à mon humble avis un superbe roman.
Est-ce aussi drôle qu'on peut le penser à la lecture du commentaire ? Je note. Very Happy
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Message par Queenie Dim 26 Fév - 12:11

Je ne connais pas du tout, ça pourrait bien me plaire ce type de personnage. Je ne sais pas si c'est approprié mais ça me fait penser à Karoo... Aller savoir.

Kenavo a écrit:
malheureusement il s’était choisi un autre héros que moi et en plus il n’arrêtait pas de dénigrer mon favori… depuis le nom de Mordercai Richler est banni de mes étagères Razz

J'ai intérêt à faire gaffe, de quoi vais-je me faire bannir, à critiquer Woody Allen ou Clint Eastwood.

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Message par Epi Dim 26 Fév - 12:23

Ca pourrait m'intéresser, je le note !

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Message par Masque sur Mesure Dim 26 Fév - 18:23

@ Kenavo : Je n'ai pas lu Le Monde de Barney, mais en ce qui concerne les deux romans de Richler que j'ai lus (Duddy Kravitz, donc, et Solomon Gursky), la lenteur n'est pas la caractéristique qui me serait venue spontanément à l'esprit, bien au contraire. Après, il y a une part de subjectivité dans cette appréciation (le rythme me semble particulièrement rapide en regard des romans que je lis habituellement.) Par ailleurs, les deux romans que j'ai lus sont des publications récentes (Duddy Kravitz a paru ce mois-ci), dans une nouvelle traduction (les anciennes étaient parait-il défectueuses, mais c'est ce que les éditeurs disent à chaque fois) : je suppose que ce sont les meilleurs qui sont proposés les premiers au public.

@ Moune : c'est effectivement drôle par moments, moins que Solomon Gursky néanmoins (mais sur tous les plans c'est un peu moins abouti - sauf peut-être la fin). Le fond est toutefois assez sombre : Duddy apprend qu'on ne peut s'élever dans la société sans briser des vies, et toute la question qui se pose à lui est de savoir s'il est prêt à payer ce prix ; il reçoit à ce sujet des conseils contradictoires. Le fait qu'il soit Juif n'est pas non plus anodin : à travers son frère et quelques autres personnages, la question se pose de l'avenir des Juifs au Canada pour cette génération qui est née à la fin des années 1930. Le frère de Duddy hésite ainsi entre "l'assimiliationnisme" (c'est-à-dire le fait de "renoncer à la mentalité du ghetto", comme il dit, autrement dit renoncer à sa judéité, voire la renier), et l'émigration en Israël. Mais il s'agit d'un questionnement qui se situe à l'arrière-plan du roman (qui, il faut le rappeler, a été publié en 1959.)

@ Queenie : je ne pourrais pas dire : je n'ai pas lu ce roman, et mes références en matière de littérature nord-américaine récente sont très restreintes.

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Message par Moune Dim 26 Fév - 18:48

Masque sur Mesure a écrit:

@ Moune : c'est effectivement drôle par moments, moins que Solomon Gursky néanmoins (mais sur tous les plans c'est un peu moins abouti - sauf peut-être la fin). Le fond est toutefois assez sombre : Duddy apprend qu'on ne peut s'élever dans la société sans briser des vies, et toute la question qui se pose à lui est de savoir s'il est prêt à payer ce prix ; il reçoit à ce sujet des conseils contradictoires. Le fait qu'il soit Juif n'est pas non plus anodin : à travers son frère et quelques autres personnages, la question se pose de l'avenir des Juifs au Canada pour cette génération qui est née à la fin des années 1930. Le frère de Duddy hésite ainsi entre "l'assimiliationnisme" (c'est-à-dire le fait de "renoncer à la mentalité du ghetto", comme il dit, autrement dit renoncer à sa judéité, voire la renier), et l'émigration en Israël. Mais il s'agit d'un questionnement qui se situe à l'arrière-plan du roman (qui, il faut le rappeler, a été publié en 1959.)

Ça me fait un peu penser à des romans d'Albert Cohen que j'ai lus il y a longtemps, avec des côtés drôles et d'autres tragiques, et également des problèmes de judéité — livres publiés entre les années 20 et les années 70.
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Message par Masque sur Mesure Dim 26 Fév - 22:58

Il est vrai que la façon dont j'ai présenté les choses peut inviter à faire ce rapprochement, mais il s'agit en fait de deux auteurs sensiblement différents : Richler ne montre pas de tendresse pour ses personnages, et son style est très éloigné du lyrisme d'Albert Cohen.

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Message par Moune Lun 27 Fév - 0:07

Masque sur Mesure a écrit:Il est vrai que la façon dont j'ai présenté les choses peut inviter à faire ce rapprochement, mais il s'agit en fait de deux auteurs sensiblement différents : Richler ne montre pas de tendresse pour ses personnages, et son style est très éloigné du lyrisme d'Albert Cohen.
Oui, je vois. Merci !
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Message par kenavo Lun 27 Fév - 5:45

Queenie a écrit:J'ai intérêt à faire gaffe, de quoi vais-je me faire bannir, à critiquer Woody Allen ou Clint Eastwood.
non, non, aucun soucis Wink


Masque sur Mesure a écrit:en ce qui concerne les deux romans de Richler que j'ai lus (Duddy Kravitz, donc, et Solomon Gursky), la lenteur n'est pas la caractéristique qui me serait venue spontanément à l'esprit, bien au contraire
en principe je n'aime pas juger un auteur après seulement un livre, surtout si la rencontre n'était pas si bonne...
si l'occasion se présente, je vais y jeter un oeil

et en ce qui me concerne, pas de soucis pour les traductions, auteurs anglophones et germanophones, je les lis dans l'original Wink

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