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Thomas Bernhard

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Message par Arabella Mer 24 Jan - 21:50

Thomas Bernhard (1931-1989)



Thomas Bernhard Bernha10





Source : Théâtre contemporain.net


Né le 9 février 1931 à Heerlen, aux Pays-Bas, il vit d'abord chez ses grands-parents à Vienne, avant que sa mère ne revienne en Autriche en 1932. Il ne connaîtra jamais son père naturel.

La vie de Thomas Bernhard est immédiatement marquée par une grande précarité (financière, mais aussi affective et physique). Il passe sa jeunesse à Salzbourg, principalement sous l'aile de son grand-père, l'écrivain Johannes Freumbichler, (reconnu tardivement, mais qui recevra en 1937 le prix national de littérature). Son grand-père lui donne le goût de l'art et de l'écriture. En 1948, Thomas Bernhard a 17 ans. Atteint par une grippe, il est donné perdu par tous les médecins et placé dans un hôpital auprès de son grand-père malade. Son grand-père meurt la même année, mais Thomas Bernhard s'en sort miraculeusement et prend dès lors la décision de devenir écrivain. Après son séjour à l'hôpital, il est transporté dans un sanatorium où il est finalement contaminé par la tuberculose. Il perd sa mère en 1949 et apprendra sa mort de la même manière qu'il a appris celle de son grand-père : par hasard dans le journal. Thomas Bernhard quittera définitivement les hôpitaux en 1951.

Il fait alors des études au Conservatoire de musique et d'art dramatique de Vienne ainsi qu'au Mozartheum de Salzbourg. Après des expériences dans le journalisme et la critique, il écrit son premier roman, Gel en 1962, mais se concentre de plus en plus sur des oeuvres théâtrales. La vie de Thomas Bernhard est marquée par la succession de scandales que ses livres provoquent. La relation paradoxale que Thomas Bernhard entretient avec l'Autriche et ses contemporains est inscrite dès la première phrase de La Cave : « Les autres êtres humains, je les rencontrais dans le sens opposé. »

Le scandale absolu est atteint en 1968, lorsqu'on lui remet un prix national de littérature pour Frost. Le ministre de l'Éducation et tous les responsables quittent la salle alors que Thomas Bernhard tient un discours attaquant frontalement l'État, la culture autrichienne et les Autrichiens. Mais le plus gros scandale est sans doute l'oeuvre elle-même, inclassable et géniale. Dans l'éructation et la répétition obsessionnelle, on ne pourra guère aller plus loin, comme en font foi ses principaux romans, Le Naufragé (sur Glenn Gould), Beton ; Oui ; Des arbres à abattre ou Extinction, qui tous se présentent sous la forme de longs monologues et de « phrases infinies ». En 1969 il se lie d'amitié avec le metteur en scène Claus Peymann, qui sera un grand soutien tout au long de sa carrière. En 1970 il obtient le prix Georg Büchner. Entre 1975 et 1982 paraissent ses cinq récits autobiographiques, L'Origine, La Cave, Le Souffle, Le Froid et Un enfant. Thomas Bernhard souffre toute sa vie d'un souffle court et meurt en 1989, trois mois après la première de Place des Héros, dans sa vieille ferme de Haute-Autriche, le 12 février, comme son grand-père... Il était alors âgé de cinquante-huit ans. Dans son testament, il interdit la diffusion et la représentation de ses oeuvres en Autriche ("quelle que soit la forme") pour les cinquante années suivant sa mort. Ses héritiers annuleront cette clause du testament. À sa demande, son cadavre est enveloppé d'un tissu blanc et placé dans un cercueil le plus simple possible, « comme les Juifs orthodoxes ». Seuls trois membres de la famille seront présents à l'enterrement, l'annonce officielle de sa mort sera faite par la suite seulement.
Thomas Bernhard a écrit 250 articles, 5 recueils de poésie, 23 grands textes en prose et nouvelles, 18 pièces de théâtre.

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Message par Arabella Mer 24 Jan - 21:51

Goethe se mheurt

Il s'agit d'un recueil de quatre nouvelles, parues en volume à titre posthume, si tout au moins deux des textes avaient parus précédemment dans Die Zeit (1982). La première édition française ne comportait que ces deux textes, que Bernhard souhaitait voir éditer ensemble, le volume en poche y adjoint deux autres nouvelles.

Le premier texte, qui donne son titre au volume, évoque, à l'occasion du 250e anniversaire de la mort de Goethe, justement les derniers moments du plus célèbre des écrivains allemands. Bien évidemment il le fait à la manière de Thomas Bernhard, c'est à dire iconoclaste, remettant en cause le statut d'icône de Goethe. Il s'agit même d'une sorte d'uchronie : Goethe souhaite ardemment, avant sa mort, rencontrer Ludwig Wittgenstein, qu'il appelle son fils spirituel, et avec qui il voudrait débattre du « doutant et du non-doutant », un exemplaire du Tractus logico-philosophicus sous l'oreiller. Or Wittgenstein est né une cinquantaine d'années après la mort de Goethe… C'est donc une manière de désacraliser la figure du grand écrivain, jusqu'à transformer de manière irrévérencieuse ses dernières paroles. Encore une fois il s'agit de déboulonner l'idole, d'alléger le poids du grand héritage, se libérer de l'héritage des pères.

Les trois textes suivants traitent de la famille, de son horreur, de son rejet. de la manière dont elles brisent, mutilent. Dans « Montaigne. Un récit. » le narrateur a le soutien des textes de Montaigne. « Je n'ai jamais eu ni père ni mère, mais j'ai toujours eu mon Montaigne ». le texte est étrangement poignant, il dit une souffrance, mais aussi une consolation, celle de cette philosophie, de la littérature, des textes qui ne sauvent peut-être pas, mais qui permettent au moins, de rendre les choses plus supportables, dans quelques instants de grâce.

Les deux derniers textes, peuvent sembler des sortes d'imprécations. Retrouvailles, vis-à-vis de la famille, et Parti en fumée vis-à-vis d'un ancien ami, et aussi comme souvent vis-à-vis de l'Autriche, son pays natal. C'est drôle et féroce, mais terriblement douloureux aussi. Comme rarement chez Bernhard s'exprime une souffrance, les imprécations, les cinglantes ironies, les condamnations sans appel, paraissent être, de manière explicite causées par ces blessures, ces cruelles expériences, que le narrateur, si proche de l'auteur, laisse entrapercevoir. Il y a une tristesse un peu crépusculaire dans ces textes, très touchante.

Il y a dans quatre nouvelles un résumé de l'oeuvre de Bernhard, même si ce ne sont sans doute pas ses oeuvres les plus abouties, elles sont quand même excellentes. Et peut-être plus faciles pour une première approche, premièrement parce que relativement brèves, et aussi à cause de cette expression d'une souffrance qui adoucit la rage et la férocité qui habitent les oeuvres de Thomas Bernhard.

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Message par Arabella Mer 24 Jan - 21:52

Ecrits autobiographiques

Il s'agit de cinq écrits autobiographiques, des écrits courts, chacun faisant environ 100 pages. le premier, L'origine raconte les années d'internat de l'auteur, entre 1943 et 1946. D'abord soumis à l'idéologie nationale socialiste, sous la coupe d'un maître d'études sadique, il revient ensuite sous la tutelle catholique, avec le même genre de pratiques, et la même souffrance chez l'adolescent qui raconte ces années terribles.
Le deuxième récit La cave, narre la façon qu'a trouver le jeune homme d'échapper à cet enfer, en effectuant un apprentissage dans un magasin alimentaire dans un quartier misérable, travail pénible, fatiguant, mais paradoxalement c'est à cette période de son enfance et adolescence qu'il semble avoir été le plus heureux, ou le moins malheureux.
Mais cette époque s'achève par l'entrée dans la maladie, d'abord une grave pleurésie, suite au travail dans le froid et à un défaut de soin, puis contaminé il devient tuberculeux, placé dans une institution spécialisée, ce qu'il raconte dans le souffle et le froid. Soumis à des médecins incompétents et presque sadiques, il vit là des années terribles, entouré par la mort.
Dans Un enfant nous retournons dans la petite enfance, chronologiquement nous sommes avant que ne débute L'origine.

J'avais déjà lu deux livres de Thomas Bernhard et assisté à deux pièces de théâtre, je connaissais donc déjà son écriture, et un peu son univers. Mais ce cycle de cinq récits a été une véritable révélation. C'est très sombre, désespéré, noir, mais en même temps le grand talent, l'écriture incroyable, circulaire, en volutes, de l'auteur m'a fait passé de merveilleux moments, avec un plaisir infini. le plaisir d'être en contact avec une oeuvre essentielle, écrite tout simplement parce qu'elle ne pouvait pas ne pas l'être, chaque mot, chaque phrase procèdent d'une nécessité, coulent l'une de l'autre. de la véritable littérature écrite par un homme infiniment blessé, confronté à des expériences terribles qui les transmute en mots, qui en fait quelque chose de magnifique, et qui ne peut que toucher et faire réagir le lecteur. Sincère et construit, spontané et pensé, son art est vraiment singulier, difficile d'en trouver un équivalent.

Un très très grand moment de lecture.

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Message par domreader Jeu 25 Jan - 8:08

Je vais voir si je le trouve à la médiathèque la prochaine fois que j'irai.

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Message par Liseron Jeu 25 Jan - 16:03

Oh ! ce que tu dis de ce dernier livre, donne très envie et malgré la noirceur, je vais essayer de le trouver aussi. Je n’ai jamais lu cet auteur. Merci  @Arabella pour ce fil, je suis toujours épatée par tes commentaires, extrêmement fouillés et précis !

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Message par Arabella Jeu 25 Jan - 22:38

Merci @Liseron. Thomas Bernhard est un grand auteur et ces livres sont une bonne porte d'entrée pour le découvrir. J'espère que vous allez l'aimer.

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