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Le langage - Le style - L'écriture - Le familier.

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Message par Queenie Ven 29 Jan - 9:08

Je suis toujours titillée lorsque je vois que l'on met tout de suite dans le vulgaire - ordurier le langage usuel, argotique, d'une partie de la population.

Ô bien sûr, une personne qui parle avec un accent banlieue en glissant du verlan, des mots comme boloss, bicrave, prank... etc... à un entretien d'embauche, on lui explique gentiment qu'il va falloir quand même rentrer dans le moule si elle ne veut pas être ostracisée. (et là, encore, parfois, quand même, je me trouve très culculpouetpouet)

Mais dans un roman, qui parle de ces gens, c'est logique d'essayer de trouver leur langage, expression, mots. Et au fond, aussi, permettre à la personne qui lit de se dire "ce personnage parle "mal" mais je vois plus loin que ça.".

Je viens de voir les mots sur Gabacho d'Arabella, de Liseron sur le Tallent, qui font écho à cette critique de la langue "vulgaire".
Je viens de lire deux livres écrit dans cette langue là, et pour l'un vraiment, à fond, l'oralité des banlieues.

Il y a une incroyable brutalité dans ce langage, souvent. Presque quelque chose de physique.
On sent que ce sont des gens qui prennent des coups, et qui ont pris armes et armures pour les rendre (ou au moins se défendre).
Il y a aussi, une réelle inventivité, des néologismes, des emprunts, des mélanges.

J'aime bien que la langue bouge, soit bousculée. Et pour moi, c'est aussi le propre de la littérature, d'aller fourailler dans les entrailles de l'écriture, de l'oralité.

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Message par Liseron Ven 29 Jan - 9:55

Je te comprends car j’avais lu avant Mais leurs yeux dardaient sur Dieu et cette langue si particulière restituée par l’auteure ne m’a pas empêchée de rentrer dans le bouquin mais dans le Tallent, ça m’a vraiment dérangée par contre, va savoir pourquoi unknow

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Message par domreader Ven 29 Jan - 17:22

Je pense que lorsque la langue colle aux personnages et aux situations, elle n'est pas gênante. Elle devient une gêne quand elle est plaquée aux personnages, c'est alors qu'elle devient gênante, artificielle, c'est là qu'on remarque la vulgarité oj la trop grande sophistication, ou autre chose. Sinon tout peut passer, les mots dits vulgaires comme le reste.

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Message par Nightingale Ven 29 Jan - 17:33

Je pense qu'il faut aussi distinguer le style du contenu. 
Par exemple, dans Gabacho (que je n'ai pas encore lu, mais j'en ai parcouru quelques extraits), effectivement c'est tout le style du roman qui semble assez fleuri. Alors que dans Absolute darling, le style d'écriture est "normal" disons, mais les propos et attitudes (du père en particulier) sont effectivement très crus. C'est peut-être aussi cette ambiance particulièrement glauque et dérangeante, qui a pu gêner Liseron, je présume.

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Message par Arabella Ven 29 Jan - 21:13

Je n'ai pas utilisé le mot vulgaire, ce n'est pas forcément un langage cru ou parlé qui me gêne s'il fait sens pour moi dans l'histoire. Ce qui m'a surtout gêné dans Gabacho, c'est que je l'ai senti un décalage entre ce choix de langue censé coller à un récit réaliste, et la structure narrative du récit, qui est celui d'un conte.

Le héros est un personnage tout en bas de l'échelle sociale (clandestin), orphelin, de surcroit ayant eu une marraine (marâtre) persécutrice. Il vit des épreuves initiatiques, qu'il surmonte grâce à son coeur pur et à sa profonde bonté. Il est récompensé, certes il ne devient pas roi, ce n'est plus de saison, mais il est promu star des réseaux sociaux et champion sportif en devenir. Et comme il est bon et généreux, il répand des bienfaits autour de lui (le toit réparé du foyer, la miteuse librairie transformé en lieu superbe etc).

Pourquoi pas, plein de gens ont utilisé ce type de structure narrative, ont joué avec. Mais une lange crue n'en fait certes pas un récit qui reflète la vie et la situation de clandestins, ni n'en donne une image réaliste.

C'est la confusion des genres qui m'a posé problème. Raconter une histoire au final rassurante (le brave garçon s'en sort, en dépit de la vraisemblance, mais le lecteur est heureux en renfermant le livre, tout cela est bien réconfortant et moral, parce qu'il le mérite bien) et utiliser un langage en décalage pour laisser penser que cela est une image fidèle de ce qui se passe dans la vraie vie, puisque qu'on parle la vraie langue des vrais gens.

Alors qu'on a pas appris grand chose sur les manière dont les clandestins sont exploités, les réseaux des passeurs, la violence dans laquelle certains vivent (les tabassages ultra violents laissent en général bien plus de traces que quelques égratignures), rien sur la drogue, les violences sexuelles etc. Ni sur les raisons du départ, la situation économique, politique. Pas la moindre analyse, juste une façon de provoquer l'émotion, avec certaines scènes spectaculaires, mais sans jamais franchir un certain seuil, pour que cela ne soit pas vraiment insupportable.


Le style appartient à chaque auteur, quel qu'il soit il peut être intéressant. C'est évidemment un challenge que de faire parler des gens différents de l'univers de l'auteur, essayer de saisir un langage "populaire" quand ce n'est pas vraiment le sien est éminemment délicat. Je trouve pour ma part qu'il faut qu'il ait une adéquation entre la forme et le fond. Que la langue utilisée soit une nécessité par rapport à ce que l'on raconte.

Mais c'est mon ressenti, il y a toujours quelque chose d'irrationnel dans le fait d'aimer ou de détester un livre.

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Message par Arabella Ven 29 Jan - 23:10

En fait, on a déjà eu ce genre de discussion, et le style ou le langage sont à mon avis secondaire dans cette affaire. C'est comme pour Barbara Kingsolver ou Richard Wagamese. Des livres qui reposent sur l'émotion, sur une forme d'empathie, qui doit être complète, et qui pour moi demandent de laisser tout esprit critique pour une forme d'adhésion totale. Et j'y arrive pas, j'ai la sensation d'une forme de manipulation.


Paradoxalement, un livre pour émouvoir doit aussi parler à ma raison. S'il est juste sur le sentiment, cela ne marche pas. Et là, ma raison s'offusque, et dans celui-ci le langage participe à ce que je ressens comme une manière de me forcer la main à croire ce qui n'est pas croyable objectivement parlant.

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Message par Queenie Lun 8 Fév - 8:52

Moi qui pensais qu'en vous laissant avec une telle amorce de débat, j'aurais des tonnes de pages à lire à mon retour !

De mon côté, je vais poser tout ça quelques temps, et trouver un moment pour mettre mon petit grain.

Globalement, le mélange des genres je trouve ça plutôt enrichissant.

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Message par Liseron Lun 8 Fév - 11:45

Queenie a écrit:Moi qui pensais qu'en vous laissant avec une telle amorce de débat, j'aurais des tonnes de pages à lire à mon retour !

De mon côté, je vais poser tout ça quelques temps, et trouver un moment pour mettre mon petit grain.

Globalement, le mélange des genres je trouve ça plutôt enrichissant.
Moi, j’attends une prochaine rencontre  clap

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Message par Nightingale Lun 8 Fév - 12:31

Queenie a écrit:Moi qui pensais qu'en vous laissant avec une telle amorce de débat, j'aurais des tonnes de pages à lire à mon retour !


Parce que tu crois que tu peux nous laisser des exercices à faire, comme ça, pendant que tu te reposes ?!!???! sulktongue

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Message par Aeriale Lun 8 Fév - 17:16

domreader a écrit:Je pense que lorsque la langue colle aux personnages et aux situations, elle n'est pas gênante. Elle devient une gêne quand elle est plaquée aux personnages, c'est alors qu'elle devient gênante, artificielle, c'est là qu'on remarque la vulgarité oj la trop grande sophistication, ou autre chose. Sinon tout peut passer, les mots dits vulgaires comme le reste.
Volià, Dom a tout bien dit. Et pour ce qui est de Gabacho, même si j'ai mis du temps à y rentrer (et que cela m'a génée aussi) elle ne m'a pas paru si artificielle que ça.

Liseron a écrit:Moi, j’attends une prochaine rencontre  clap
Bien joué pour Liseron qui botte en touche  Le langage - Le style - L'écriture - Le familier. 177985974  

Nightingale a écrit:
Queenie a écrit:Moi qui pensais qu'en vous laissant avec une telle amorce de débat, j'aurais des tonnes de pages à lire à mon retour !
  Parce que tu crois que tu peux nous laisser des exercices à faire, comme ça, pendant que tu te reposes ?!!???! sulktongue
mdr

Arabella a écrit:Alors qu'on a pas appris grand chose sur les manière dont les clandestins sont exploités, les réseaux des passeurs, la violence dans laquelle certains vivent (les tabassages ultra violents laissent en général bien plus de traces que quelques égratignures), rien sur la drogue, les violences sexuelles etc. Ni sur les raisons du départ, la situation économique, politique. Pas la moindre analyse, juste une façon de provoquer l'émotion, avec certaines scènes spectaculaires, mais sans jamais franchir un certain seuil, pour que cela ne soit pas vraiment insupportable.
Là on parlerait d'un autre livre, Arabella, c'est certain! Disons que ce roman n'était pas du tout pour toi, je me demande même comment tu as eu l'idée de le lire?
Je crois que si le sujet t'avait plus intéressée, tu n'aurais pas remarqué ces travers pour toi, côté langage.

Par contre je te comprends mieux quand tu dis
Je n'ai pas utilisé le mot vulgaire, ce n'est pas forcément un langage cru ou parlé qui me gêne s'il fait sens pour moi dans l'histoire. Ce qui m'a surtout gêné dans Gabacho, c'est que je l'ai senti un décalage entre ce choix de langue censé coller à un récit réaliste, et la structure narrative du récit, qui est celui d'un conte.
Cela m'a rappelé ce que j'ai ressenti dans Buveurs de vent. Un aspect factice, trop appuyé, on n' y croit pas...Et manifestement tu n'es pas rentrée dedans!
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Message par Queenie Mar 9 Fév - 10:20

En fait, pour Gabacho, je trouve qu'il y a quelque chose du "réalisme fantastique" des écrivain.es de l'Est ou du Sud. Sauf qu'au lieu de lyrisme poétique, j'y vois du lyrisme urbain.
Je ne trouve pas le style d'Aura Xilonen fabriqué. J'ai plongé dans ce livre comme j'ai pu plongé dans des livres où la langue, la force qu'elle transmet, les émotions qu'elle véhicule, comptent plus que le réalisme de l'histoire. C'est plus de l'ordre du symbolisme, de la métaphore.

Et c'est par cet aspect, en voyant que tu te lançais dans cette lecture, que j'ai pensé que tu pourrais accrocher.
Mais évidemment, si tu partais sur un a priori de récit réaliste ça a tout faussé.

Après, c'est une langue très moderne, inventive, qui cherche l'impact du mot, qui bouscule la syntaxe, le langage.
Ce qui arrive, au fond, assez peu avec la majorité des livres.
Même les plus formidables.
C'est aussi une histoire qui s'intéresse aux sentiments amoureux passionnels et obsessionnels qui envahissent le coeur des adolescents et des jeunes adultes d'une façon si totale, brutale, irraisonnée.

Pour moi ça colle aussi au style.

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Message par Queenie Mar 9 Fév - 10:26

Pour le côté général.

J'ai lancé ce sujet, car souvent, lorsqu'un auteur ou une autrice prend le parti pris d'avoir une langue qui sort du classicisme, qui essaye de retranscrire un langage parlé, jeune, réaliste, j'entends beaucoup de lecteurs et lectrices sortir le drapeau de la vulgarité, d'une style pauvre, artificiel. Alors que ce sont des styles en recherche de quelque chose de vrai (dans l'histoire, dans le contexte ou dans les pensées, émotions...).

Que ces langues et styles déplaisent, mais qu'ils soient souvent dénigrés... là... quand même... Je ne le comprends pas.
J'en lis des bouquins, et beaucoup qui ne sont pas forcément des choix personnels, alors j'en lis des trucs aux écritures passables - sans imagination, sans rythme, sans style, sans chair. Et certains ont beaucoup de succès.
Il est, à mon sens, beaucoup plus osé pour un auteur. une autrice, et derrière un éditeur.rice, de travailler et publier un texte avec un langage différent : cela, forcément, signifie qu'il y a travail, et non gratuité, ni effet de genre pour attirer le chaland. Car ces styles n'attirent pas le chaland.

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Message par Queenie Mar 9 Fév - 10:27

Je crois que je suis légèrement sortie du sujet.

Mais voilà !

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Message par Queenie Mar 9 Fév - 11:19

Je trouve ça beau. fort. parlant.

Aura Xilonen, Gabacho a écrit:
Je sais pas pourquoi, mais je me mets à larmoyer. Va savoir. Moi, je chiale pas, je chiale jamais, mais là, j'ai des larmes qui sortent toutes seules, comme si c'était la tronche de quelqu'un d'autre et pas la mienne, comme si c'était pas mes yeux. J'ai des larmes qui me coulent sur la face, qui se glissent dans ma bouche, et qui bien entendu dégoulinent jusque dans mon coeur ; des larmes salées, aussi infinies que la mer. En plus, impossible de me les sécher avec les énormes gants que je me trimballe. Je suis une pauvre tache qui navigue au milieu du Merdistan. Y a rien de pire que d'admirer tous les jours l'amour de sa vie et de pas pouvoir le toucher. L'embrasser. L'étreindre. Oui, s'allonger sur elle et la laisser faire ce qu'elle veut de moi.

Marin Fouqué, 77 a écrit:
C'est qu'il fallait devenir à la fois dur dans le corps, mais aussi dans l'esprit. C'était entier comme formation. Un esprit sain dans un corps sain, il disait  avant de préciser : Un esprit dominant dans un corps dominant. Parce que c'était ça, le fin mot de l'histoire : devenir un dominant. Je ne sait pas trop s'il avait prévu à l'avance la formation et toute sas théorie ou bien s'il l'inventait au fur et à mesure que je ne montais pas dans le car pour rester avec lui. Moi j'aimais ça. Quelqu'un me montrait comment exister. J'avais qu'à suivre. Et pas pour rêver à un quad imaginaire et ses chevauchées dans le vide. Pas pour un fusil à pompe qui ne tire que des billes. Pas pour un pauvre Jésus, pas pour la poussière d'un hangar pourri, pas pour de sales vers dans la bouche, pas pour une hypothétique mer ou une trahison par le feu, non. Pour devenir un homme, un vrai. Grandir. A coups de pompes, à coups de shit, à coups de kicks et de droites dans la gueule, ça faisait partie de la formation. Et plus c'était dur, et plus je me sentais grandir. On se battait. Enfin, lui me battait. La violence, pas très important comment ça commence. Suffit d'un grand silence, une dernière taffe sur un joint, la nationale au loin, l'immensité de marron la pression des pylônes, peut-être le tracteur du père Mandrin qyu laboure quelque part et les sillons qui rythment le paysage, l'odeur de la terre encore humide qui remonte de partout, et puis soudain : un coup. Bref. Un premier. Dans les côtes.

Niviaq Korneluissen, Homo sapienne a écrit:J'ai envie de lui répondre que je ne suis pas un bébé, arrête de me parler comme ça, mais quand il prend ma main, je prends sa main, quand il me donne son coeur, je le tiens, quand il m'offre son coeur, j'ai envie de le détruire, parce que ceux qui s'offrent meurent, d'ailleurs c'est bientôt l'heure d'aller au lit, je suis sur le point d'avoir survécu à un jour de plus, j'ai assez de forces, je peux, j'irai mieux après avoir dormi, je pourrai survivre à un jour de plus si je rêve de vie cette nuit, peut-être y a-t-il une nouvelle vie demain, peut-être une vie différente, peut-être pas, peut-être encore un jour comme aujourd'hui, sûrement, l'espoir ne sert à rien, l'espoir est déjà mort, a été recouvert d'une pierre tombale, Espoir, comme tu n'apparaissais toujours pas, j'ai réalisé que tu n'étais plus parmi nous, enfin on est presque revenus à la maison, l'air frais ne m'a pas fait du bien, je suis juste mouillée, non, pas ma chatte, mais à cause de la neige fondue et de la pluie, la chatte toute sèche, j'espère vraiment qu'il ne va pas essayer ce soir, iggu, de quoi as-tu envie une fois à la maison, et il me fait un clin d'oeil, ça me confirme qu'Espoir est déjà parti, je suis tellement fatiguée que je vais me coucher, iggu, je vais te faire un massage, bon d'accord, je me brosse les dents et me mets au lit sans avoir sommeil, il me fait un massage, ça va un peu mieux, mon amour, merci beaucoup, je vais mieux, et il se couche sur moi avant que j'aie fini ma phrase, merde, quelque chose de dur touche mon corps[...]

Caroline De Mulder, Manger Bambi a écrit:Elle se cogne un putain de mal de tête. Le monde entier s'en prend à elle. Et là elle n'a envie de voir personne mais quand même, il faut aller à la convocation. S'occuper de ce bouffon de dirlo et en douceur, et faut que ça tombe aujourd'hui, alors qu'elle a ce mal de tronche phénoménal et à ses côtés pas l'ombre d'un frère. Dans la chambre voisine, sa mère dort toujours, Bambi allume, l'ampoulenue lui prend la tête encore pire, "Allez maman, c'est l'heure, faut y aller."Elle secoue sa mère, longtemps, follement patiente. Lui prend les deux mains, la tire, la hisse, c'est qu'elle est lourde pour être si maigre. Enfin assise, mais toujours endormie. Bambi la secoue encore, "Allez maman, s'il te plaît, un bon geste." Suant d'effort, la lève enfin. L'entraîne avec précaution dans la salle de bains, sous le puits de lumière. Maman est docile, l'examine avec attention, recoiffe de la main ses cheveux maigres, un meuble précieux qu'on dépoussière, mais ça ne suffit pas. Bambi récupère son sac d'école, où elle garde son maquillage,"On va t'arranger un peu. Parce que là, ça fait pas sérieux. Tu comprends, une maman ça s'inquiète et quand il faut voir le dirlo ça veut faire bonne impression parce que ça aime sa fille, même quand elle fait des conneries. Tu vois ? Faut la défendre bec et ongles, ta Dada, si tu la défends bien, j'aurai un cadeau pour toi, un beau, vraiment beau cadeau de cinq litre."

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Message par Arabella Mar 9 Fév - 20:45

Je cerne mieux la question grâce à toi Queenie. Ce qui m'a agacé, c'est que j'ai vu plein de gens écrire que le livre était réaliste, rendait compte, alors qu'on est aux antipodes du réalisme. On peut parler peut-être de fable urbaine, plutôt que conte. Pourquoi pas rattacher ça au réalisme magique, qui en passant me tombe des mains à chaque fois. Je suis complètement allergique à ce type de choses. J'appelle ça aussi des livres doudous. Ce ne peut pas être vrai, mais c'est réconfortant.

Ou alors il faut que le style m'emporte, que toute possibilité d'une confusion avec le réel disparaisse, que je sois clairement ailleurs. Ce qui n'empêche pas une possibilité de toucher au vrai, mais d'une autre manière.


Ici c'est une sorte d'entre deux, et là je ne marche pas.

La question de style c'est vraiment complexe. Un style, ce n'est évidemment pas de faire des belles phrases dans le sens d'une bonne syntaxe et des mots corrects voire rares. Il faut quelque chose de personnel, d'unique, et adapté, qu'il ait une sorte de fusion entre le récit et les mots qui le disent. Utiliser un langage parlé, cela peut aussi bien être de l'ordre du cliché que d'utiliser un langage très académique. Tout dépend la manière dont on le fait, et à quel point cela correspond à une nécessité intérieure. Mais c'est difficile à objectiver. Il y a aussi une sorte d'affinité entre un lecteur et une écriture, ou pas d'affinité. Là j'en ai éprouvé zéro.

Mais le livre a visiblement des adeptes convaincus, donc un intérêt. On ne va pas se convaincre, il y a quelque de très subjectif dans le fait d'aimer ou détester un livre. Il y avait quelque chose d'épidermique dans ma réaction, et c'est pour ça que j'ai aussi conseillé aux gens qui ont aimé ce livre de ne pas lire mon commentaire.

C'était une lecture "imposée" dans ma boîte Kube, spontanément et fort sagement, je n'aurais pas fait ce choix. D'où sans doute aussi encore plus d'agacement.

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