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Leïla Slimani

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Message par Luciole Lun 5 Déc - 18:49

Leïla Slimani  A3243

Leïla Slimani née le 3 octobre 1981 à Rabat au Maroc, d'une mère franco-algérienne et d'un père marocain, est une journaliste et écrivain franco-marocaine. Elle a à la fois la nationalité française et la nationalité marocaine.

Biographie
Élève du Lycée français de Rabat, Leïla Slimani grandit dans une famille d'expression française. Son père, Othman Slimani, est banquier; sa mère est médecin ORL, mi-alsacienne, mi-marocaine. En 1999, elle vient à Paris pour ses études où elle est diplômée de l'Institut d'Etudes Politiques (IEP) de Paris.
Elle s'essaie au métier de comédienne, puis décide de compléter ses études à l'ESCP Europe pour se former aux médias. À cette occasion, elle rencontre Christophe Barbier, alors parrain de sa promotion, qui lui propose un stage au magazine L'Express. 
Finalement, elle est engagée au magazine Jeune Afrique en 2008 et y traite des sujets touchant à l'Afrique du Nord. Elle démissionne de la rédaction de ce magazine en 2012, afin de se consacrer à l'écriture, tout en restant pigiste pour le journal.
En 2014, elle publie son premier roman aux éditions Gallimard, Dans le jardin de l'ogre. Le sujet (l'addiction sexuelle féminine) et l'écriture sont remarqués par la critique et l'ouvrage est sélectionné dans les cinq finalistes pour le prix de Flore 2014.
Son deuxième roman, Chanson douce, obtient le Prix Goncourt 2016.


Bibliographie

La Baie de Dakhla : itinérance enchantée entre mer et désert
Dans le jardin de l’ogre
Chanson douce
Le diable est dans les détails

Source : Wikipédia au 05.12.2016 - 18:43:41

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Message par Aeriale Lun 5 Déc - 21:56

Dans le jardin de l'ogre

Leïla Slimani  Jardin10


"Une semaine qu'elle tient. Une semaine qu'elle n'a pas cédé. Adèle a été sage. En quatre jours, elle a couru trente-deux kilomètres. Elle est allée de Pigalle aux Champs-Elysées, du musée d'Orsay à Bercy. Elle a couru le matin sur les quais déserts. La nuit, sur le boulevard Rochechouart et la place de Clichy. Elle n'a pas bu d'alcool et elle s'est couchée tôt. Mais cette nuit, elle en a rêvé et n'a pas pu se rendormir. Un rêve moite, interminable, qui s'est introduit en elle comme un souffle d'air chaud. Adèle ne peut plus penser qu'à ça. Elle se lève, boit un café très fort dans la maison endormie. Debout dans la cuisine, elle se balance d'un pied sur l'autre. Elle fume une cigarette. Sous la douche, elle a envie de se griffer, de se déchirer le corps en deux. Elle cogne son front contre le mur. Elle veut qu'on la saisisse, qu'on lui brise le crâne contre la vitre. Dès qu'elle ferme les yeux, elle entend les bruits, les soupirs, les hurlements, les coups. Un homme nu qui halète, une femme qui jouit. Elle voudrait n'être qu'un objet au milieu d'une horde, être dévorée, sucée, avalée tout entière. Qu'on lui pince les seins, qu'on lui morde le ventre. Elle veut être une poupée dans le jardin de l'ogre".



Adèle l'héroïne, journaliste à temps partiels, est mariée depuis presque dix ans à Richard, chirurgien reconnu. Ils donnent tous deux l'image de la réussite sociale: beaux, jeunes et parents d'un petit garçon.Tout semble lisse, mais derrière tout ce confort apparent, la jeune femme s'ennuie. Les premières lignes dévoilent d'emblée sa maladie: un frénétique besoin d'inconnus qu'elle consomme comme d'autres dévorent le chocolat, les remords en moins. "Dans son amnésie flotte la rassurante sensation d'avoir existé mille fois à travers le désir".

Récit déroutant d'une addiction avilissante, où Adèle cherche par tous moyens à exister, à combattre le vide de son existence, et dans laquelle bien sûr, elle se perd encore plus. L'écriture est  nerveuse et précise, on est saisi d'entrée par ce personnage atypique, car l'auteure n'use pas de langue de bois, tout en évitant le scabreux. Un style très authentique qui arrive à interpeller tant la désespérance suinte au bout de tout ça. Une sacrée plume, une auteure à retenir!
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Message par Aeriale Lun 5 Déc - 21:58

Leïla Slimani  CVT_Chanson-douce_782

 Au départ, un fait divers sordide dont Leila Slimani a tiré une oeuvre sombre et glaçante, mais O combien captivante. Un jeune couple un peu bobo, Myriam et Paul, pris dans le tourbillon de la vie, et dépassés par les tâches quotidiennes, finissent par se reposer entièrement sur leur nounou qui s'avère être une perle rare. Omniprésente et d'une efficacité sans failles, elle va peu à peu s'insinuer dans leur foyer, établir un climat d'extrême dépendance qui va dérégler l'ordre des choses et aboutir à l'inéluctable.

Autant le dire d'emblée, le début est hard. L'auteure nous prend de front et annonce la couleur: Le double crime. Une fois ce passage plus ou moins digéré (très court heureusement) on assiste à une chronologie diabolique. Comment une pauvre fille, veuve et solitaire, totalement dévouée à ces bambins qu'elle considère comme les  siens, en vient elle au plus odieux des actes? Leila Slimani, de son écriture tranchante et précise (parfois entrecoupée d'une grâce surréaliste) met en place les données et décortique les éléments du drame. Pauvreté et carence affective face au désir de réussite, au bonheur affiché. Deux mondes en parallèle qui ne se croisent que dans cette intimité de tous les jours, où chacun peine à garder la bonne attitude. Inquiétés par moments de faits troublants, mais freinés par les scrupules d'un rôle qu'ils ne veulent pas vraiment assumer, Myriam et Paul vont être pris au piège d'une manipulation qui m'a rappelée celle D'après une histoire vraie de De Vigan. Au travers d'une montée en puissance redoutable, où la menace s'insinue par petites touches, Chanson douce est comme un poison que l'on distille en goutte a goutte. Il faut être prévenu, mais quel talent pour décrire la folie. Scotchant, encore! Quelle rentrée  Exclamation
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Message par Queenie Mar 6 Déc - 12:21

Chanson douce.

Je trouve qu'on en fait tout un Pataquès pour pas grand chose. Ça me confirme l'idée, que moi et les Goncourt...

Cela dit, je suis d'accord avec toi Aériale, son écriture tranchante et précise met en place une ambiance prenante, on tourne les pages vite, on veut savoir. C'est hyper fluide (lu en deux jours). Elle ne s’embarrasse pas trop de psychologie. Les personnages sont survolés, caricaturaux (et pourtant crédibles).

On colle à son personnage principal.
La montée de sa folie. Ses maniaqueries. Ça colle des petits frissons sur la nuque.
L'égoïsme et l'aveuglement des gens, ça donne envie de petites tapes sur la tête.
J'y ai cru à cette histoire.

Mais...
Je ne suis pas enthousiaste. Quelque chose de trop léger, trop distant, trop posé. J'aime quand ça me cogne aux tripes.




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Message par Luciole Dim 11 Déc - 10:15

Chanson douce


Lu les 5 et 6 décembre 2016
Prix Goncourt 2016


L'entrée dans le livre est directe, efficace, on comprend tout de suite que l'on va suivre la genèse d'un malheur.

Leïla Slimani écrit de façon fluide et simple, à la manière des funambules dont les capacités cachent les performances épatantes par leur étonnante facilité de mouvement.

Les personnages qui entourent Louise ne sont finalement que prétexte à nous faire découvrir la psychologie de cette femme, d'une quarantaine d'année, seule, ayant déjà été hospitalisée pour mélancolie délirante dans le cadre de ses troubles de l'humeur.

p29 "Elle a le regard d'une femme qui peut tout entendre, tout pardonner. Son visage est comme une mer paisibledont personne ne pourrait soupçonner les abysses."
Mais, au fil des pages, Louise s'enfonce un peu plus dans la solitude, encore un peu plus dans la tristesse; elle se laisse aller à un rêve complètement irréaliste...

J'ai vraiment bien aimé ce livre. Sauf....

Le seul bémol : la stigmatisation. Le personnage central souffre manifestement de troubles bipolaires. Il est à mon sens dommageable de renforcer la croyante populaire erronée selon laquelle les personnes souffrant de troubles psychiques sont violents voire assassins. La réalité est toute autre. Ce sont les personnes fragiles qui sont plus victimes de crimes et délits que la population générale. Cet aspect m'a vraiment gênée.

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Message par Aeriale Dim 11 Déc - 10:57

Queenie a écrit:Mais...
Je ne suis pas enthousiaste. Quelque chose de trop léger, trop distant, trop posé. J'aime quand ça me cogne aux tripes.

Ca aurait été trop dur, pour moi, sans cette distance. J'ai préféré qu'elle garde son regard de journaliste sans rentrer plus dans la psychologie du personnage. Mais tu n'es pas la seule à regretter ce point, d'autres l'ont trouvé trop clinique..
Luciole

J'ai vraiment bien aimé ce livre. Sauf....

Le seul bémol : la stigmatisation. Le personnage central souffre manifestement de troubles bipolaires. Il est à mon sens dommageable de renforcer la croyante populaire erronée selon laquelle les personnes souffrant de troubles psychiques sont violents voire assassins. La réalité est toute autre. Ce sont les personnes fragiles qui sont plus victimes de crimes et délits que la population générale. Cet aspect m'a vraiment gênée.


Ba, j'avoue que je n'ai pas pensé faire un amalgame. Es tu sûre qu'elle soit présentée comme bipolaire dans le roman, d'ailleurs, Luciole? Ca ne m'a pas frappée...


Dernière édition par Aeriale le Dim 11 Déc - 11:00, édité 1 fois (Raison : liste,)
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Message par Luciole Dim 11 Déc - 11:18

Aériale,

Tant mieux si tu ne l'as pas spécialement perçu ! 
Je vais rechercher les passages, les quelques phrases, qui me semblent sans équivoques.
Mais j'ai lu ces indices avec mon filtre personnel bien sûr.

C'est intéressant cet échange, permettant de percevoir les regards des uns et des autres.

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Message par Queenie Dim 11 Déc - 11:47

Aeriale a écrit:
Queenie a écrit:Mais...
Je ne suis pas enthousiaste. Quelque chose de trop léger, trop distant, trop posé. J'aime quand ça me cogne aux tripes.

Ca aurait été trop dur, pour moi, sans cette distance. J'ai préféré qu'elle garde son regard de journaliste sans rentrer plus dans la psychologie du personnage. Mais tu n'es pas la seule à regretter ce point, d'autres l'ont trouvé trop clinique..

J'aimais beaucoup plus les passages où on apprend sur Louise, où on la suit dans ses déambulations, chez elle. Quand ça se rapportait plus à l'intime.
Là où Slimani fait bien son job, c'est qu'elle amène vraiment les choses graduellement (alors que sa phrase de départ est une vraie claque !
Spoiler:
).
Et surtout, Louise, on ne peut ni la condamner ni lui pardonner. Ni la repousser, la secouer, ou la soutenir. On oscille entre tout ça.

Ce sont vraiment des tas de moments plus en surface, factuels, qui m'ont déçus. Y'a un truc journalistique presque, dans cette narration.



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Message par Queenie Dim 11 Déc - 11:48

Je n'ai certainement pas les bagages scientifiques ou psychologiques pour pouvoir mettre des mots sur la maladie de Louise. Du coup, je ne vois pas l'amalgame. Pour moi, c'est plus un personnage pris dans une spirale. C'est un livre qui, chirurgicalement, nous raconte cette spirale.

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Message par Aeriale Dim 11 Déc - 14:35

Luciole a écrit:Aériale,

Tant mieux si tu ne l'as pas spécialement perçu ! 
Je vais rechercher les passages, les quelques phrases, qui me semblent sans équivoques.
Mais j'ai lu ces indices avec mon filtre personnel bien sûr.

C'est intéressant cet échange, permettant de percevoir les regards des uns et des autres.

Oui, je veux bien, ça m'intrigue du coup. Et tout comme Queenie, je n'ai pas de connaissances suffisantes sur ce genre de troubles pour pouvoir aussi faire une confusion!

Pour moi c'est également une personne fragilisée et en grand manque affectif qui se retrouve prise dans les filets de la folie..


Queenie a écrit:
Aeriale a écrit:
Queenie a écrit:Mais...
Je ne suis pas enthousiaste. Quelque chose de trop léger, trop distant, trop posé. J'aime quand ça me cogne aux tripes.

Ca aurait été trop dur, pour moi, sans cette distance. J'ai préféré qu'elle garde son regard de journaliste sans rentrer plus dans la psychologie du personnage. Mais tu n'es pas la seule à regretter ce point, d'autres l'ont trouvé trop clinique..

J'aimais beaucoup plus les passages où on apprend sur Louise, où on la suit dans ses déambulations, chez elle. Quand ça se rapportait plus à l'intime.
Là où Slimani fait bien son job, c'est qu'elle amène vraiment les choses graduellement (alors que sa phrase de départ est une vraie claque !
Spoiler:
).
Et surtout, Louise, on ne peut ni la condamner ni lui pardonner. Ni la repousser, la secouer, ou la soutenir. On oscille entre tout ça
 C'est ce qui m'a épatée! En gardant cette distance, et en se bornant à construire son récit autour des faits déclenchants, sans appuyer, on ne peut la juger vraiment. C'est très fort!

(Eh oui, la phrase d'entrée on s'en souvient!)
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Message par martine Mer 4 Jan - 19:20

En un mot j'ai adoré !! pas plus le thème que le style du roman en lui même
je trouve qu'elle a une plume d'une force extraordinaire tout en gardant la bonne distance des personnages et la précision dans le récit.
je reprends ce qui a été dit c'est d'une précision chirurgicale, quelque chose dans ce livre me rappelle l'étranger de Camus je sais pas très probablement la nounou qui me semble égarée dans ce monde qui n'est pas le sien.

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Message par Luciole Mer 4 Jan - 21:51

[au fait, je n'ai pas oublié... je relis une deuxième fois le livre pour retrouver les phrases lancées d'une manière anodine qui m'avaient conduite à dire que la nounou souffre de troubles bipolaires]

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Message par Liseron Sam 8 Avr - 15:43

J'ai beaucoup, beaucoup aimé Chanson douce, on est happé par l'histoire, qu'on lit avec plaisir parce que c'est bien écrit et avec effroi vu le sujet. J'en ai eu des frissons parce que cela m'a ramené au temps où nous avions, nous aussi, des nounous pour nos enfants : j'ai trouvé que la façon dont Leîla Slimani décrivait les relations entre la famille et la nounou étaient vraiment bien vues...Et effectivement aussi, la façon qu'elle a de dépeindre cette femme, de nous amener, par petites touches, de chapitre en chapitre, à saisir sa folie, c'est très fort ! 
Cela m'a rappelé un livre de Delphine de Vigan, D'après une histoire vraie, qui m'avait scotchée également
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Message par domreader Dim 2 Sep - 17:47

Chanson Douce
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Un roman efficace dont on connait la chute dès le début. C'est donc le cheminement du personnage principal vers la fin tragique qui occupe le récit.
Je n'ai pas vraiment aimé l'univers glauque de Leïla Slimani, avec son cortège de clichés typologiques / sociologiques, et ses portraits à l'emporte-pièce. J'avais une impression de déjà vu, de banalité triste. Pas emballée du tout, en ce qui me concerne et les sujets de ses autres romans ne sont pas faits pour me plaire non plus.

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Message par Aeriale Jeu 11 Mar - 10:27

Le parfum des fleurs la nuit

Leïla Slimani  81gn3b10

Dans le cadre d'une expérience un peu insolite, passer une nuit dans le musée de son choix, Leïla Slimani se retrouve invitée à s'enfermer volontairement dans un ancien bâtiment de la Douane, à Venise, et y produire le texte qui l'inspire. Elle qui n'aime rien tant que la solitude, se demande cependant ce qui l'a conduit à accepter. De l'Art contemporain, dont elle dit ne pas saisir les codes, l'auteure va plutôt se laisser porter par les sensations, des souvenirs refont surface.

Le galant de nuit c’est l’odeur de mes mensonges, de mes amours adolescentes, des cigarettes fumées en cachette et des fêtes interdites. C’est le parfum de la liberté

Le parfum de cet arbre va lui rappeler son enfance à Rabat, l'émotion qu'il procurait à son père, cet homme qu'elle vénérait, à la fois proche et lointain, passionné de littérature, qui fut incarcéré à la fin de sa vie suite à un procès dont il fut blanchi après sa mort, et qui justifia son urgence d'écrire, ce besoin viscéral de témoigner, entrer en empathie, comprendre et non juger.

Quand mon père est sorti de prison, il m’a parlé de la vie intérieure. Il m’a fait comprendre que quelque chose de lui, en lui, avait résisté. Qu’il y avait en chacun une part que les autres ne pouvaient ni atteindre, ni profaner. Un abysse où la liberté était possible. Je me suis mise à penser que cette vie intérieure était mon salut et qu’il ne dépendait que de moi de la perdre ou de la conserver. Cette vie intérieure, désormais, serait tout entière nourrie de littérature.

Cet isolement est donc pour elle un retour sur le passé, doublé d'une confession pudique sur sa place dans cet univers à double cultures, elle qui s'est toujours sentie entre deux, une femme libre ne dépendant ni de l'une ni de l'autre. Suivant le flux de sa pensée, elle nous livre d'un ton jamais amer et foncièrement honnête, la complexité d'être soi, à l'image de cette une ville établie sur pilotis, vouée à la destruction et à la beauté éphémère.

Venise est une ville sans terre. Sans terroir et sans autre richesse que le sel. On se nourrit du dehors, de l'extérieur, de l'étranger. J'y vois le symbole de ma propre histoire. Peut-être est-ce là que je vis, dans un lieu qui ressemble à cette presqu'île pointue A une douane qui est par essence un lieu paradoxal. Je n'ai ni tout à fait quitté mon lieu de départ ni tout à fait habité mon lieu d'arrivée. Je suis en transit. Je vis dans un entre-monde

Un texte sensible, enrichi de références et de mots d'auteurs, qui ne charge ni ne revendique. Ses mots touchent car ils sont justes, sincères, à la fois graves et déchargés du superflu. L'écriture pour elle est essentielle, nait d'une injustice, et alimentée par ce désir de "combler les vides"  

[Ecrire a été pour moi une entreprise de réparation. Réparation intime, liée à l'injustice dont a été victime mon père. Je voulais réparer toutes les infamies: celles liées à ma famille, mais aussi à mon peuple, à mon sexe. Réparation aussi de mon sentiment de n'appartenir à rien, de ne parler pour personne, de vivre dans un non lieu. J'ai pu penser que l'écriture me procurerait une identité stable, qu'elle me permettrait en tout cas de m'inventer, de me définir hors du regard des autres. Mais j'ai compris que ce fantasme était une illusion. Etre écrivain, pour moi, c'est au contraire se condamner à vivre en marge

Une très belle plongée dans l'intime de cette auteure qui jusqu'à présent m'a embarquée grâce à ses romans originaux (l'inverse de @domreader, je vois!) et ne m'a jamais déçue. Cette fois ci elle se livre et c'est tout aussi réussi I love you
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