Jérôme Ferrari
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Jérôme Ferrari

Jérôme Ferrari, né en 1968 à Paris, est un écrivain et traducteur français.
Biographie
Jérôme Ferrari effectue une partie de ses études à la Sorbonne, où il obtint la licence de philosophie de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Ses parents sont originaires de Fozzano et de Sartène, et il a lui-même vécu en Corse et enseigné la philosophie au lycée de Porto-Vecchio. Durant cette période, il a organisé notamment des cafés philosophies à Bastia, puis enseigné au lycée international Alexandre-Dumas d'Alger, au lycée Fesch Ajaccio jusqu'en 2012, et au lycée français Louis Massignon d'Abou Dabi jusqu'en 2015.
Depuis la rentrée 2015, il enseigne la philosophie en hypokhâgne, au lycée Giocante de Casabianca de Bastia.
Il obtient le prix Goncourt 2012 pour son livre Le Sermon sur la chute de Rome
Source: Wikipédia
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George Gershwin
Re: Jérôme Ferrari
Maintenant qu'on a un fil pour la Corse... il nous faut aussi le fil de l'auteur qui va avec 
Je ne vais que mettre mes commentaires pour mes deux grands coups de coeur de lui:

Un dieu un animal
Deux personnages qu’on suit de près. Le jeune homme qui revient d’une guerre qui lui n’était pas important, c’était pour partir, pour trouver ‘autre chose’ que sa vie dans le village natal.
Et Magali qui le hante depuis qu’il a quatorze ans, celle qu’il a connu pendant toute son enfance lors des vacances d’été qu’elle passait avec ses parents sur l’île. Elle a fait carrière, elle se dévoue dans son travail. Sans trouver plus de satisfaction que le jeune homme dans sa vie.
Un auteur que je connais depuis Balco Atlantico, une couverture et Actes Sud – des arguments qui voulaient que je lise ce livre. Seule la mention du 11 septembre sur la 4 e de couverture m’avait repoussé.
Et puis il y a eu PAGES des Libraires :
Jérôme Ferrari pose un regard désabusé sur une génération perdue à qui on ne propose qu’un éventail d’impasses. À une extrémité de l’éventail, les plus brillants pourront devenir cadres performants au sein d’une entreprise à laquelle ils devront se vouer corps et âmes, jusqu’à épuisement. À l’autre, il se trouvera toujours une guerre avec ses promesses d’aventure pour attirer à elle chair et sang frais de tous les recalés de la vie. Sans en avoir l’air, avec un lyrisme retenu, passant d’un personnage à l’autre, d’une dérive à l’autre, avec beaucoup de pudeur, Jérôme Ferrari nous donne un roman explosif, violent, profondément engagé et ancré dans son temps. Ce texte romantique dit la déréliction d’une jeunesse qui se rend compte, mais un peu trop tard, qu’une société est là, bien installée, et qui a tout prévu pour elle.
Dans le ton mélancolique de ce livre, j’ai eu l’impression d’entendre Jean-Claude Izzo.. des mots pour montrer le désespoir d’hommes dont on sait que même la beauté d’une telle écriture ne pourrait pas réconforter…
Car toutes les nuits sont promises à l’oubli.
Jérôme Ferrari

Je ne vais que mettre mes commentaires pour mes deux grands coups de coeur de lui:

Un dieu un animal
Faut avoir un bon moral et une longue haleine pour lire ce livre. Une centaine de pages sans chapitres, paragraphes ni autre signe d’interruption. Des points, des virgules. C’est tout.Présentation de l'éditeur
Un jeune homme a pris la décision de quitter son village natal pour aller, revêtu du treillis des mercenaires, à la rencontre du désert qu'investirent tant d'armées, sous des uniformes divers, après le 11 septembre 2001. De retour du checktpoint où la mort n'a pas voulu de lui, ce survivant dévasté est condamné à affronter parmi les siens une nouvelle forme d'exil. Il se met alors en demeure de retrouver la jeune fille de ses rêves d'adolescent, mais cette dernière semble avoir disparu sous les traits d'une jeune femme désormais vouée corps et âme à son entreprise...
Requiem pour une civilisation contemporaine médusée par les sombres mirages de la guerre comme par la violence inouïe de l'horreur économique, cérémonie cruelle et profane qu'illumine l'ardente invocation d'un improbable salut, Un dieu un animal retentit des échos du chant bouleversant que fait entendre une humanité crucifiée sur l'autel de la dépossession.
Deux personnages qu’on suit de près. Le jeune homme qui revient d’une guerre qui lui n’était pas important, c’était pour partir, pour trouver ‘autre chose’ que sa vie dans le village natal.
Et Magali qui le hante depuis qu’il a quatorze ans, celle qu’il a connu pendant toute son enfance lors des vacances d’été qu’elle passait avec ses parents sur l’île. Elle a fait carrière, elle se dévoue dans son travail. Sans trouver plus de satisfaction que le jeune homme dans sa vie.
Un auteur que je connais depuis Balco Atlantico, une couverture et Actes Sud – des arguments qui voulaient que je lise ce livre. Seule la mention du 11 septembre sur la 4 e de couverture m’avait repoussé.
Et puis il y a eu PAGES des Libraires :
Jérôme Ferrari pose un regard désabusé sur une génération perdue à qui on ne propose qu’un éventail d’impasses. À une extrémité de l’éventail, les plus brillants pourront devenir cadres performants au sein d’une entreprise à laquelle ils devront se vouer corps et âmes, jusqu’à épuisement. À l’autre, il se trouvera toujours une guerre avec ses promesses d’aventure pour attirer à elle chair et sang frais de tous les recalés de la vie. Sans en avoir l’air, avec un lyrisme retenu, passant d’un personnage à l’autre, d’une dérive à l’autre, avec beaucoup de pudeur, Jérôme Ferrari nous donne un roman explosif, violent, profondément engagé et ancré dans son temps. Ce texte romantique dit la déréliction d’une jeunesse qui se rend compte, mais un peu trop tard, qu’une société est là, bien installée, et qui a tout prévu pour elle.
Dans le ton mélancolique de ce livre, j’ai eu l’impression d’entendre Jean-Claude Izzo.. des mots pour montrer le désespoir d’hommes dont on sait que même la beauté d’une telle écriture ne pourrait pas réconforter…
Car toutes les nuits sont promises à l’oubli.
Jérôme Ferrari
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Re: Jérôme Ferrari

Où j'ai laissé mon âme
Jérôme Ferrai n'épargne pas son lecteur. Et pourquoi devrait-il le faire? Il y a des choses graves qu'on peut raconter de façon "jolie".. ce mot est tellement faux, mais son écriture est de telle sorte que je ne peux le dire autrement.Présentation de l'éditeur
1957. A Alger, le capitaine André Degorce retrouve le lieutenant Horace Andreani, avec lequel il a affronté l'horreur des combats puis de la détention en Indochine. Désormais les prisonniers passent des mains de Degorce à celles d'Andreani, d'un tortionnaire à l'autre : les victimes sont devenues bourreaux. Si Andreani assume pleinement ce nouveau statut, Degorce, dépossédé de lui-même, ne trouve l'apaisement qu'auprès de Tahar, commandant de l'ALN, retenu dans une cellule qui prend des allures de confessionnal où le geôlier se livre à son prisonnier. Sur une scène désolée, fouettée par le vent, le sable et le sang, dans l'humidité des caves algéroises où des bourreaux se rassemblent autour des corps nus, Jérôme Ferrari, à travers trois personnages réunis par les injonctions de l'Histoire dans une douleur qui n'a, pour aucun d'eux, ni le même visage ni le même langage, trace, par-delà le bien et le mal, un incandescent chemin d'écriture vers l'impossible vérité de l'homme dès lors que l'enfer s'invite sur terre.
Atroce, terrible, grave.. voilà les faits, mais ce qu'il en fait est sublime, extra et mémorable.
Autant que j'avais pensé que le livre de Laurent Mauvignier, Des hommes allait devenir une référence pour l'assimilation de la guerre d'Algérie, je pense que Jérôme Ferrari l'a écrit.
Deux hommes brisés par la guerre en Indochine, deux soldats qui vont prendre un chemin différent lors de la guerre en Algérie, mais n'importe leur comportement, ils ont perdu leurs âmes.. probablement longtemps avant d'arriver sur le nouveau lieu de guerre.
Et j'ai pensé à Abu Ghraib en lisant ce livre.. n'importe le lieu, n'importe le pays, n'importe l'année, la guerre change les hommes et le plus souvent pas en quelque chose de bien joli.
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George Gershwin
Re: Jérôme Ferrari
Mais bien sur Jerôme Ferrari manquait ! Merci @Kenavo !
Dans le secret (edition Actes sud)

Vraiment un très bon livre.
L’histoire est celle d’Antoine Nicolai propriétaire associé d’un bar à Ajaccio, buveur, flambeur et cocaïnomane.
En rentrant d’une nuit avec sa maîtresse, une bribe de phrase de sa femme l’intrigue puis l’inquiète puis l’obsède. Cette phrase devient la faille de sa propre vie. Le recit s’articule pour un part autour du poids de ces quelques mots dans la vie d’Antoine et parallèlement sur une histoire qui s’est déroulée au XVIème siècle (histoire atroce dont Antoine rêve régulièrement). On peut imaginer que cette histoire ancienne est celle de la famille d’Antoine.
Antoine a un jeune frère, Paul qui vit reclus au village dans la maison familiale. La relation entre ces deux hommes est forte emprunt de domination, de rejet et d’amour fraternel.
Plusieurs thèmes sont abordés : la jalousie, la solitude, le poids de l’héritage familial …
Jérome Ferrari dépeint avec talent une certaine partie de la population corse. Dans les attitudes parfois fantasques et les souffrances. Les traits ne sont pas caricaturés. Nous sommes bien dans un récit de vie.
Je reprends la fin de la quatrième de couverture qui résume parfaitement le livre :
Citation :
Sur les murs que la filiation érige entre les êtres, sur la toxicité des obsessions qui s’entretiennent sous le dangereux gouvernement de l’esprit d’un lieu – l’île aux sombres secrets enfouis dans la splendeur des paysages -, sur la rémanence du secret et des tentations du mysticisme, sur l’impossible choix entre une sexualité païenne et vénération amoureuse, sur les noces, enfin à jamais contrariées, entre l’esprit de l’homme et le monde qu’il habite, Jérôme Ferrari propose, avec ce roman ardent et rebelle, une variation somptueuse.
Dans le secret (edition Actes sud)

Vraiment un très bon livre.
L’histoire est celle d’Antoine Nicolai propriétaire associé d’un bar à Ajaccio, buveur, flambeur et cocaïnomane.
En rentrant d’une nuit avec sa maîtresse, une bribe de phrase de sa femme l’intrigue puis l’inquiète puis l’obsède. Cette phrase devient la faille de sa propre vie. Le recit s’articule pour un part autour du poids de ces quelques mots dans la vie d’Antoine et parallèlement sur une histoire qui s’est déroulée au XVIème siècle (histoire atroce dont Antoine rêve régulièrement). On peut imaginer que cette histoire ancienne est celle de la famille d’Antoine.
Antoine a un jeune frère, Paul qui vit reclus au village dans la maison familiale. La relation entre ces deux hommes est forte emprunt de domination, de rejet et d’amour fraternel.
Plusieurs thèmes sont abordés : la jalousie, la solitude, le poids de l’héritage familial …
Jérome Ferrari dépeint avec talent une certaine partie de la population corse. Dans les attitudes parfois fantasques et les souffrances. Les traits ne sont pas caricaturés. Nous sommes bien dans un récit de vie.
Je reprends la fin de la quatrième de couverture qui résume parfaitement le livre :
Citation :
Sur les murs que la filiation érige entre les êtres, sur la toxicité des obsessions qui s’entretiennent sous le dangereux gouvernement de l’esprit d’un lieu – l’île aux sombres secrets enfouis dans la splendeur des paysages -, sur la rémanence du secret et des tentations du mysticisme, sur l’impossible choix entre une sexualité païenne et vénération amoureuse, sur les noces, enfin à jamais contrariées, entre l’esprit de l’homme et le monde qu’il habite, Jérôme Ferrari propose, avec ce roman ardent et rebelle, une variation somptueuse.
Chrisdusud- Messages : 428
Date d'inscription : 04/12/2016
Re: Jérôme Ferrari
Un dieu, un animal

109 pages chez Actes Sud pour dévoiler ce talent à décrire la psychologie et l’épaisseur d’un personnage, la cruauté de la guerre, le retour chez les siens d’un soldat avec ce vide de vie en parabole.
L’histoire racontée est celle d’un homme, dont on ne connaît pas le prénom, qui retourne dans son village en Corse après des années passées dans des pays en guerre.
De là vont se concentrer les allers retours dans les souvenirs d’adolescence et les périodes de vie militaires. En fil rouge, son lien d’amitié avec Jean-Do son ami d’enfance.
L’auteur tutoie le personnage pour faire de ce témoignage de vie une douloureuse histoire. L’ambiance est celle que l’on retrouve en Corse dans les villages haut perchés lorsque la brume rend austère le lieu et la forêt environnante.
Dans cette grave mélancolie Magali son amour d’adolescence représente la lueur de l’espoir, le réconfort à venir de sa vie sèche.
Vraiment un très bon livre dans le fond comme dans le style. J’en ai aimé cette épaisseur et la réalité données aux personnages. Toute la dicible précision des instants passés et présents, le tutoiement de l’auteur, cette justesse des situations pour exprimer l’amitié, l’amour et le désespoir.
Citation :

109 pages chez Actes Sud pour dévoiler ce talent à décrire la psychologie et l’épaisseur d’un personnage, la cruauté de la guerre, le retour chez les siens d’un soldat avec ce vide de vie en parabole.
L’histoire racontée est celle d’un homme, dont on ne connaît pas le prénom, qui retourne dans son village en Corse après des années passées dans des pays en guerre.
De là vont se concentrer les allers retours dans les souvenirs d’adolescence et les périodes de vie militaires. En fil rouge, son lien d’amitié avec Jean-Do son ami d’enfance.
L’auteur tutoie le personnage pour faire de ce témoignage de vie une douloureuse histoire. L’ambiance est celle que l’on retrouve en Corse dans les villages haut perchés lorsque la brume rend austère le lieu et la forêt environnante.
Dans cette grave mélancolie Magali son amour d’adolescence représente la lueur de l’espoir, le réconfort à venir de sa vie sèche.
Vraiment un très bon livre dans le fond comme dans le style. J’en ai aimé cette épaisseur et la réalité données aux personnages. Toute la dicible précision des instants passés et présents, le tutoiement de l’auteur, cette justesse des situations pour exprimer l’amitié, l’amour et le désespoir.
Citation :
Elle reprend ta lettre. Le papier de mauvaise qualité commence à se déchirer là où il a été plié. Magali voudrait s’arrêter de la relire pour rien, sa patience s’épuise, elle voudrait finalement décider de que qu’est cette lettre, le signe d’une nostalgie puérile qui ne la concerne en rien ou une brèche miraculeuse dans les murs de sa vie. Elle la relit encore et ce soir, vois-tu, tes mots gonflent et se craquellent, comme la terre féconde d’un jardin, ils débordent de toute la vérité que tu aurais voulu y mettre, qui t’a échappé et qui les fait maintenant éclater et elle lit, elle lit d’abord son prénom, Magali, Magali, et elle pourrait presque entendre ta voix qui l’appelle depuis les rues nocturnes du village de sa mère, il y fait si froid et tu n’as pour te réchauffer que l’amitié d’un chien et le souvenir d’une toute jeune fille dans laquelle elle se reconnaît avec émotion, une image bénie qui t’attendait pour apparaître…
Chrisdusud- Messages : 428
Date d'inscription : 04/12/2016
Re: Jérôme Ferrari
-Où j'ai laissé mon âme-
(Mon commentaire de 2010)
Comme le précise Kena, c'est l'histoire de trois personnages unis par l'atrocité de la guerre. Une guerre qu'il est difficile de nommer en fait, car elle parait perdue d'avance. Trois hommes au mental très différent. Andreani, loyal envers sa cause et qui se sent trahi par son capitaine chez qui il ne reconnait plus la ferveur qu'il admirait autrefois. Degorce, rongé par la honte, perdu au point de chercher un semblant de réconfort auprès de Tahar, l'ennemi à la figure christique qui sait qu'il va mourir mais restera vainqueur.

(Mon commentaire de 2010)
Comme le précise Kena, c'est l'histoire de trois personnages unis par l'atrocité de la guerre. Une guerre qu'il est difficile de nommer en fait, car elle parait perdue d'avance. Trois hommes au mental très différent. Andreani, loyal envers sa cause et qui se sent trahi par son capitaine chez qui il ne reconnait plus la ferveur qu'il admirait autrefois. Degorce, rongé par la honte, perdu au point de chercher un semblant de réconfort auprès de Tahar, l'ennemi à la figure christique qui sait qu'il va mourir mais restera vainqueur.
Jusqu'où peut aller l'homme avant qu'il ne se transforme en monstre? Que laisse t'il derrière lui lorsque les rôles se renversent? Doit on continuer à se battre pour servir une même cause et suivre sa loi, ou bien se parjurer et glisser vers l'abîme. Des questions jalonnent le récit et le lecteur va suivre ces trois jours de doutes et de torpeur, entrecoupés de flashbacks et des pensées de Degorce, trois jours d’arrestations suivies d'interrogatoires pervers et inhumains que seul justifie la cause d'un camp.Ne pas m'arrêter c'est mauvais. M'arrêter c'est peut-être pire. Il n'y a que des mauvais choix Pour nous capitaine c'est le contraire. Si nous gagnons ici c'est bon. Si nous perdons, si vous arrêtez tout le monde c'est aussi bon. Un martyr est mille fois plus utile qu'un combattant.
Mais peut-on tout justifier? Telles sont les questions qui torturent l'esprit de ce capitaine, balloté entre sa mission de 'flic' qu'il n'a pas choisie et sa conscience qui le taraude. Qui le laisse par dessus tout désorienté au point qu'il n'ose répondre à sa femme ni ouvrir la bibleIl est question du sens de notre mission Moreau, il est question de ce qui la justifie, et c'est très simple, vraiment très simple. Notre action n'a de sens que parce qu'elle est efficace, elle n'est acceptable d'un point de vue moral que parce qu'elle est efficace et qu'elle nous permet de sauver des vies.
C'est donc vers l'ennemi qu'il se retourne cherchant une absolution, du moins une écoute et une réponse. Mais malgré les remords teintés de respect devant cette forte figure, Degorce n'est sans doute pas dupe de lui-même, et la voix de son lieutenant résonne comme une évidence. implacable et sans appelIl n'y a plus de mots pour Dieu. Il n'y a plus de mots pour les miens
Une lecture puissante, fiévreuse et magnifique, qui secoue certaines valeurs et malmène le lecteur comme à chaque fois qu'il est question de sonder les âmes. Et surtout qui nous force à regarder derrière le miroir, là où se cachent les vérités les moins glorieuses. Un auteur dont il faudra désormais compter sans aucun doute! bravoNos missions n'étaient pas différentes. Nous étions des soldats, mon capitaine, et il ne nous appartenait pas de choisir de quelle façon faire la guerre. Moi aussi, j'aurais préféré le tumulte et le sang des combats à l'affreuse monotonie de cette chasse aux renseignements, mais un tel choix ne nous a pas été offert. Vous vous demandez encore comment il est possible que vous soyez devenu un bourreau, un assassin. Oh, mon capitaine, c'est pourtant la vérité, il n'y a rien d'impossible : vous êtes un bourreau et un assassin. Vous n'y pouvez plus rien, même si vous êtes encore incapable de l'accepter. Le passé disparaît dans l'oubli, mon capitaine, mais rien ne peut le racheter

Aeriale- Messages : 10768
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Jérôme Ferrari
Intéressant cet auteur, j'ai l'impression que la guerre et son effet sur les hommes est son thème de prédilection.
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'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3212
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: Jérôme Ferrari
-Le sermon sur la chute de Rome-

(Prix Goncourt 2012)
Voilà pour le thème, bien plus abordable qu'il ne m'a paru de prime abord avec ce titre assez brumeux. Pour le reste je n'en dirai pas plus, juste que Jérome Ferrari s'offre, en partant de faits ordinaires, une approche lucide et profonde sur la fragilité des choses, sur les rêves de grandeur déchus, sur la perte des illusions au sein d'un pays autant que d'un village ou d'un homme. Que devient on après la chute? Qu'y a t'il derrière ce vide infini? Ferrari croit aux cycles, à ces vies qui meurent et renaissent sous une autre forme, sans qu'on les voit toujours apparaître, comme ces bouts d'existence qu'il nous relate de son regard pointu et de sa superbe écriture.
Pour moi, il a réussi là une démonstration pertinente en reliant ces trois niveaux narratifs, et en illustrant son thème d'anecdotes bien ancrées dans une réalité quotidienne. Un très bon roman, plus aéré que le précédent du fait aussi de cet humour parfois acerbe, et qui m'a embarquée d'entrée.

(Prix Goncourt 2012)
C'est un roman à la fois simple, qui nous narre en partie l'histoire familiale de Marcel, enfant fragile, né des hasards de la vie, et qui continuera de les subir, du choix de son épouse jusqu'aux désirs de gloire ruinés par l'Histoire. Marcel, dont le récit est conté alternativement avec celui de son petit fils Matthieu, jeune étudiant en philosophie qui lui, déçu de ses applications dans un univers trop étroit, décide de reprendre la gérance du bar de son village natal avec l'aide de son ami d'enfance. Mais c'est aussi un roman riche, sous tendu par une réflexion plus large et qui prend appui sur ce fameux sermon de Saint Augustin sur la pérennité des mondes.Le monde est comme un homme : il naît, il grandit, il meurt.
Voilà pour le thème, bien plus abordable qu'il ne m'a paru de prime abord avec ce titre assez brumeux. Pour le reste je n'en dirai pas plus, juste que Jérome Ferrari s'offre, en partant de faits ordinaires, une approche lucide et profonde sur la fragilité des choses, sur les rêves de grandeur déchus, sur la perte des illusions au sein d'un pays autant que d'un village ou d'un homme. Que devient on après la chute? Qu'y a t'il derrière ce vide infini? Ferrari croit aux cycles, à ces vies qui meurent et renaissent sous une autre forme, sans qu'on les voit toujours apparaître, comme ces bouts d'existence qu'il nous relate de son regard pointu et de sa superbe écriture.
Pour moi, il a réussi là une démonstration pertinente en reliant ces trois niveaux narratifs, et en illustrant son thème d'anecdotes bien ancrées dans une réalité quotidienne. Un très bon roman, plus aéré que le précédent du fait aussi de cet humour parfois acerbe, et qui m'a embarquée d'entrée.
Aeriale- Messages : 10768
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Jérôme Ferrari

À son image
Présentation de l’éditeur
Par une soirée d’août, Antonia, flânant sur le port de Calvi après un samedi passé à immortaliser les festivités d’un marriage sous l’objectif de son appareil photo, croise un groupe de légionnaires parmi lesquels elle reconnaît Dragan, jadis rencontré pendant la guerre en ex-Yougoslavie. Après des heures d’ardente conversation, la jeune femme, bien qu’épuisée, décide de rejoindre le sud de l’île, où elle réside. Une embardée précipite sa voiture dans un ravin : elle est tuée sur le coup.
L’office funèbre de la défunte sera célébré par un prêtre qui n’est autre que son oncle et parrain, lequel, pour faire rempart à son infinie tristesse, s’est promis de s’en tenir strictement aux règles édictées par la liturgie. Mais, dans la fournaise de la petite église, les images déferlent de toutes les mémoires, reconstituant la trajectoire de l’adolescente qui s’est rêvée en photographe, de la jeune fille qui, au milieu des années 1980, s’est jetée dans les bras d’un trop séduisant militant nationaliste avant de se résoudre à travailler pour un quotidien local où le “reportage photographique” ne semblait obéir à d’autres fins que celles de perpétuer une collectivité insulaire mise à mal par les luttes sanglantes entre clans nationalistes.
C’est lasse de cette vie qu’Antonia, succombant à la tentation de s’inventer une vocation, décide, en 1991, de partir pour l’ex-Yougoslavie, attirée, comme tant d’autres avant elle, dans le champ magnétique de la guerre, cet irreprésentable.
De l’échec de l’individu à l’examen douloureux des apories de toute représentation, Jérôme Ferrari explore, avec ce roman bouleversant d’humanité, les liens ambigus qu’entretiennent l’image, la photographie, le réel et la mort.
« Dans les années 1990, j’ai découvert la photo de Ron Haviv sur laquelle un paramilitaire des tigres d’Arkan prend son élan pour frapper les cadavres de trois civils qu’il vient d’abattre, quelque part en Bosnie. Il porte des lunettes de soleil à monture blanche et, entre les doigts de sa main gauche, il tient une cigarette dans un geste d’une absolue désinvolture. Ce garçon était manifestement mon contemporain, il était à peine plus âgé que moi et notre évidente proximité avait quelque chose d’intolérable. La guerre sortait des livres d’histoire.
C’est alors, je crois, que j’ai pour la première fois fait l’expérience de la puissance des photographies et de la façon dont elles bouleversent notre rapport au temps : ce qu’elles nous montrent est à chaque fois figé pour toujours dans la permanence du présent et a pourtant, dès le déclenchement de l’obturateur, déjà disparu. Personne n’a énoncé ce paradoxe plus clairement que Mathieu Riboulet : « La mort est passée. La photo arrive après qui, contrairement à la peinture, ne suspend pas le temps mais le fixe. »
Parce que la mort est passée, le roman s’ouvre sur celle d’Antonia et passe par toutes les étapes de la messe de ses funérailles. Au cours d’une vie consacrée aux photographies, les plus insoutenables et les plus futiles, des portraits de famille, des conférences de presse clandestines, des attentats, des mariages, la guerre en Yougoslavie, elle s’est constamment sentie renvoyée de l’insignifiance à l’obscénité.
Le roman est donc l’histoire de son échec. Le prêtre qui célèbre la messe est l’oncle d’Antonia. C’est aussi lui qui l’a portée sur les fonts baptismaux et qui lui a offert, pour son quatorzième anniversaire, son premier appareil photo. J’imagine qu’il ne se le pardonne pas. »
J.F.
J’ai découvert cet auteur en 2008, mais le « choc » est vraiment venu en 2009 avec Un dieu un animal.
Jusqu’à ce moment j’avais déjà lu d’autres récits autour de guerre, des histoires plus dures et surtout très près de la réalité, mais je n’avais encore jamais lu un texte si « beau » sur ce sujet. Il m’a déchiré le cœur avec ce roman. Court, poignant, fort, extraordinaire… j’étais éblouie.
Et l’aventure a continué l’année d’après avec Où j’ai laissé mon âme.
A partir de ce moment j’étais une inconditionnelle de Jérôme Ferrari. Il en a encore sorti de bien beaux livres, entre autre son Goncourt, mais plus aucun ne m’a remué autant que ces deux… j’avais l’impression que ÇA c’était lui.
Il arrivait à parler de la guerre, même des pires atrocités, d’une façon si touchante. Je ne pouvais être qu'admirative.
Et voilà il l’a refait… un livre à couper le souffle. D’une beauté exquise.
En tant que Corse, il a pris la plume pour parler de son île sous l’impact des hostilités avec la FLNC. C’est impressionnant de voir comment il arrive à amener son lecteur tout près des différentes personnes impliquées dans cette ‘guerre’.
Antonia est une femme fascinante… une de ces « héroïnes de papier » que je vais garder en bonne mémoire.
Très grand coup de cœur

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Re: Jérôme Ferrari
Un auteur jamais lu, à découvrir donc !
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"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" Jules Renard
Liseron- Messages : 3920
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
Re: Jérôme Ferrari
oh oui... il en vaut au moins le détour d'un livre
et aucun de mes trois préférés n'est trop épais
et aucun de mes trois préférés n'est trop épais

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