Vivian Gornick
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Vivian Gornick

Vivian Gornick, née le 14 juin 1935 à New York dans le Bronx, de parents ukrainiens.
En 1948, son père meurt d'une crise cardiaque ; elle a treize ans. Elle suit ses études au City College de New York en 1957 qu'elle poursuit à l'Université de New York en 1960
Elle enseigne l'anglais à l'Université d'État de New York à Stony Brook en 1966-1967 et au Hunter College en 1967-1968. Elle travaille ensuite comme journaliste pour The Village Voice de 1969 à 1977. Les articles de Vivian Gornick sont publiés en 1978 dans Essays in Feminism
En 2017, Vivian Gornick est peu connue en France. Son roman, Attachement féroce, est traduit en français, trente ans après sa publication en 1987. Ce roman fait d'elle une référence de l’écriture autobiographique ou « personal narrative », genre littéraire proche des mémoires. Ce récit fait le portrait de sa relation difficile entre elle et sa mère
-Attachement féroce-

Dans ce récit, très connu aux US, Vivian Gornick nous livre, au travers de balades new yorkaises avec sa mère, ses souvenirs d'enfance et de jeunesse, alors qu'elles habitaient dans un petit appartement du Bronx entourées d'autres familles dont l'ensemble formait un microcosme solidaire et assez replié sur lui. Des familles parfois éclatées d'où des figures de femmes émergent et principalement ceux de Nettie, leur voisine, de sa tante et de quelques autres dont l'auteure nous fait un portait incisif.
Nettie avait envie de séduire, maman avait envie de souffrir, j'avais envie de lire.
Le père disparu, les hommes absents, ressort avec toute sa superbe le personnage de la mère, imposante et fière, possessive, puissante et dévorante, excessive en tout mais terriblement fragilisée par la perte de ce mari qu'elle adorait. Une absence qui prend toute la place, qui la détermine, qui l'empêche de sortir de ce chagrin pour voir l'autre et accepter ses différences, sa vie propre et son émancipation lorsque sa fille, attirée par le vent de liberté symbolisé par Nettie, entaillera leur lien quasi fusionnel.
L'air que je respirais était imbibé de son désespoir, qui le rendait épais et capiteux, excitant et dangereux. Sa peine devint mon quotidien, le pays où je vivais, la loi à laquelle je me pliais. Elle dictait ma conduite, me faisait agir contre ma volonté. Je rêvais d'échapper à ma mère, mais dès qu'elle se trouvait dans une pièce, j'étais incapable de la quitter.
Vivian devra lutter pour se défaire de cette emprise, trouvera un échappatoire grâce aux études et sa carrière. Mais la confrontation sera rude, un nouveau rapport s'établira, parfois dans la violence, fait d' admiration étouffée et de rejet, d'amour et de haine, de jalousie aussi, bien sûr, de cette frustration de tout ce qu'elle même n'a pu accomplir.
J'avais dix-sept ans, elle cinquante. Je n'étais pas encore une belligérante aguerrie, juste une adversaire respectable, tandis qu'elle était au summum de son art. Les lignes de front étaient bien tracées, et ni l'une ni l'autre ne se dérobaient au combat. On se jetait systématiquement sur l'appât de l'autre. Nos crises n'étaient pas sans impact sur l'appartement: la peinture cloquait, le linoléum se craquelait, les vitres tremblaient.
C'est une confession très crue en son genre, car toujours extrêmement lucide et sincère, l'auteure n'épargnant personne. Elle vaut beaucoup pour la dimension universelle qu'elle apporte à cette relation maternelle, ce qui en fait sa complexité et sa particularité. Difficile de ne pas être interpellé par ces mots qui ne reculent devant rien. Tout est dit, parfois avec véhémence, même si la tendresse prévaut sur la férocité. Un livre qu'il faut lire en tout cas, des phrases qui bousculent, des images qui claquent, fort et remuant!
Je regardai la rue comme si c'était un tableau magique, tandis que, dans mon dos, la vacuité granuleuse de l'atmosphère pesait comme un poids mort qui nous tirait toutes deux vers le fond des années qui n'avaient jamais été, et ne seraient jamais. On devint, ma mère et moi, des femmes conditionnées par la perte, troublées par la lassitude, liées par la pitié et la colère. Après Hiroshima avaient été retrouvés des cadavres encore vêtus de leurs kimonos imprimés. L'atome avait fait fondre le tissu, si bien que le motif des kimonos s'était incrusté dans la chair. Des années plus tard, il me sembla que la passivité profonde de cette époque était devenu un motif gravé dans ma chair, tandis que le tissu de ma propre expérience avait fondu.
Aeriale- Messages : 10960
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Vivian Gornick
Les extraits sont intéressants et ce que tu en dis fait assez envie, c'est tentant bien que je ne sois pas à priori fan des évocations mère-fille, à voir donc.
darkanny- Messages : 826
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Vivian Gornick
Encore une qui a succombé devant Vivian !
J'ai le livre, il m'attend sagement dans ma pal.
J'ai le livre, il m'attend sagement dans ma pal.
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Et, du monde indistinct des rêves, là où se terrent les secrets mystiques, une réponse surgit.
Queenie- Messages : 6801
Date d'inscription : 29/11/2016
Localisation : *CabanCouette*
Re: Vivian Gornick
Il pourrait plaire à @Darkanny je pense. Du fait de cette ambivalence, de ce ton sarcastique que l'on peut trouver aussi chez Paula Fox, mâtiné de tendresse, quelque part. Et puis il parle aussi d'une époque, d'une ambiance (celle du Bronx) de l'émancipation d'une femme et de ses idéaux.
Je le vois bien aussi pour @Queenie!
Je le vois bien aussi pour @Queenie!
Aeriale- Messages : 10960
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Vivian Gornick


The Odd Woman and the City / La femme à part
Après ce commentaire d’Aériale, j’avais noté son livre, mais je ne suis jamais arrivée à franchir le pas… et je dois avouer que son nouveau livre ne me tentait pas plus… mais il y a des gens autour de moi qui savent me guider vers des livres qui pourraient me plairePrésentation de l’éditeur
Vivian Gornick marche dans les rues de New York. La ville lui sert de confidente, de point d'ancrage et d'inspiration. A ses côtés, on monte dans les bus de Manhattan, on arpente les rues bouillonnantes du West Side ou du Bronx. Saisissant parmi la faune urbaine des instants de vérité, elle s'interroge sur tout ce qui a fait d'elle une femme à part, soucieuse de refuser les figures imposées de la société et de défendre sa liberté. Mais ce voyage intime touche à l'universel car, en chemin, Gornick explore l'amitié, la solitude, le sexe, la vieillesse, la littérature, le couple... Drôle et lucide, elle capture l'essence de nos vies avec une justesse impressionnante.

Et la lecture a été en effet très satisfaisante.
Surtout les pages qu’elle consacre à New York. Soit à pied, soit dans le bus, soit dans des magasins… elle reste en contact avec les gens de cette grande mégapole. Ainsi la ville garde un aspect humain.
Ses entrevues avec son meilleur ami, des visites chez des amis, ses lectures… le tout se mélange si agréablement, la lecture se fait comme une bonne entrevue avec une amie.
Belle visite de New York et bon moment de lecture
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Life is a lot like Jazz
Best when you improvise
George Gershwin
Re: Vivian Gornick
-La femme à part-
Vivian Gornick marche donc dans les rues de New York. C'est une femme libre, on le sait, qui a lutté pour acquérir cette indépendance, déjà enfant, car sous la coupe d'une mère dévorante (quelques allusions sont faites à ce sujet, mais mieux vaut lire son précédent) et qui a dû se construire face à ce sentiment de perte qu'elle lui a légué.
Elle déambule au gré de ses humeurs et fantaisies, entre Manhattan et le Bronx, l'East-Side et le West-Side, une façon d'évacuer cette angoisse existentielle, son vécu plus ou moins complexe, ses amours déçus et son besoin d'excellence. De ses rêves d'absolu, elle ne garde que le meilleur, cet appétit de vivre à fond, de préserver son indépendance, quitte à sortir des chemins tracés. Ses exigences en amitié sont les mêmes, notamment celle qu'elle partage avec Léonard, le confident, compagnon de toujours: Garder intact ce besoin de liberté, ne pas empiéter sur l'autre pour pouvoir rester soi-même.
Vivian Gornick ne nous cache rien, son ton mordant et bourré d'humour s'accorde parfaitement à l'atmosphère survoltée de New York, à son tumulte et sa frénésie. Elle y trouve son essence même, se fond dans la masse, chope une bribe de conversation, en entame une autre au supermarché ou dans le bus, nous livre pêle mêle ses réflexions et les leurs. Des rencontres souvent drôles, truffées d'anecdotes, qui l'amènent parfois à des souvenirs. Ces instantanés de vie qui nous font sentir le poumon de la ville et qui s'entrechoquent, sans forcément de correspondance ni de logique.
Etrange mélange qui m'a tour à tour emballée, dynamisée même, mais aussi lassée tant certains passages m'ont paru dépourvus d'intérêt. J'ai fini par laisser de côté les dernières pages, j'avais moins de temps et perdu le fil (s'il y en a un), mais l'ensemble m'a au final semblé un peu fourre tout, abscons même, bref. J'ai préféré et de loin Attachement féroce, qui lui va loin dans l'introspection et m'a bien plus passionnée (et émue)!

Vivian Gornick marche donc dans les rues de New York. C'est une femme libre, on le sait, qui a lutté pour acquérir cette indépendance, déjà enfant, car sous la coupe d'une mère dévorante (quelques allusions sont faites à ce sujet, mais mieux vaut lire son précédent) et qui a dû se construire face à ce sentiment de perte qu'elle lui a légué.
Elle déambule au gré de ses humeurs et fantaisies, entre Manhattan et le Bronx, l'East-Side et le West-Side, une façon d'évacuer cette angoisse existentielle, son vécu plus ou moins complexe, ses amours déçus et son besoin d'excellence. De ses rêves d'absolu, elle ne garde que le meilleur, cet appétit de vivre à fond, de préserver son indépendance, quitte à sortir des chemins tracés. Ses exigences en amitié sont les mêmes, notamment celle qu'elle partage avec Léonard, le confident, compagnon de toujours: Garder intact ce besoin de liberté, ne pas empiéter sur l'autre pour pouvoir rester soi-même.
Vivian Gornick ne nous cache rien, son ton mordant et bourré d'humour s'accorde parfaitement à l'atmosphère survoltée de New York, à son tumulte et sa frénésie. Elle y trouve son essence même, se fond dans la masse, chope une bribe de conversation, en entame une autre au supermarché ou dans le bus, nous livre pêle mêle ses réflexions et les leurs. Des rencontres souvent drôles, truffées d'anecdotes, qui l'amènent parfois à des souvenirs. Ces instantanés de vie qui nous font sentir le poumon de la ville et qui s'entrechoquent, sans forcément de correspondance ni de logique.
Etrange mélange qui m'a tour à tour emballée, dynamisée même, mais aussi lassée tant certains passages m'ont paru dépourvus d'intérêt. J'ai fini par laisser de côté les dernières pages, j'avais moins de temps et perdu le fil (s'il y en a un), mais l'ensemble m'a au final semblé un peu fourre tout, abscons même, bref. J'ai préféré et de loin Attachement féroce, qui lui va loin dans l'introspection et m'a bien plus passionnée (et émue)!

Aeriale- Messages : 10960
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Vivian Gornick
je comprends tes réticences... je l'ai lu à petites doses, ainsi je pouvais l'apprécier, à mon avis il ne se prête pas comme lecture-roman...
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George Gershwin
Re: Vivian Gornick
Tu as raison, d'ailleurs je l'avais choisi pour cette raison, durant le voyage.
Il y a des réflexions étonnantes, que j'ai cochées. Il faudrait que je les recopie. Malgré tout il n'a pas réussi à m'embarquer complètement...
Tu devrais aimer le premier si tu as aimé celui-ci!
Il y a des réflexions étonnantes, que j'ai cochées. Il faudrait que je les recopie. Malgré tout il n'a pas réussi à m'embarquer complètement...
Tu devrais aimer le premier si tu as aimé celui-ci!
Aeriale- Messages : 10960
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Vivian Gornick
je le re-noteAeriale a écrit:Tu devrais aimer le premier si tu as aimé celui-ci!

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