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Yukiko Motoya

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Message par eXPie Mer 24 Jan - 7:51

MOTOYA Yukiko(本谷 有希子)
(14/07/1979 - )
Yukiko Motoya Motoya-yukiko-p
L'auteur, récipiendaire du prix Akutagawa en 2016.

En 2011, elle remporte le Prix Noma des nouveaux auteurs pour Meri doku (ぬるい毒?), en 2013, le Prix Kenzaburō Ōe pour Arashi no pikunikku (嵐のピクニック), le Prix Mishima en 2014 pour Jibun o suki ni naru hōhō (自分を好きになる方法?, Comment apprendre à s'aimer, éditions Philippe Picquier 2016), et enfin en 2016, elle remporte le Prix Akutagawa, le plus célèbre prix littéraire japonais, pour Irui kon'in tan (異類婚姻譚, Mariage contre nature, éditions Philippe Picquier 2017)
(Wikipedia)
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Message par eXPie Mer 24 Jan - 7:51

Yukiko Motoya Motoya-yukiko-mariage-p     Yukiko Motoya Motoya-yukiko-mariage-jp-p
A gauche, couverture d'Eri Tashiro ; à droite, la couverture japonaise.

- Mariage contre nature (異類婚姻譚, Irui kon'in tan, 2016). Traduit par Myriam Dartois-Ako. Editions Philippe Picquier, 119 pages

"Un jour, j'ai remarqué que nos visages, à mon mari et moi, se ressemblaient comme deux gouttes d'eau.
Personne ne m'en a fait la réflexion. C'est par hasard, alors que je triais les photos emmagasinées dans l'ordinateur, que cela m'a soudain sauté aux yeux. C'était juste une impression en comparant les photos d'il y a cinq ans, avant notre mariage, avec des clichés récents, rien sur quoi je puisse vraiment mettre le doigt." (page 5)
Notre héroïne, San, est femme au foyer sans enfant. Son mari, lorsqu'il revient du boulot, adore regarder la télévision (surtout des émissions de variétés) pendant des heures, un verre à la main.
Un jour son mari, après avoir dit à sa femme qu'il aime avoir l'esprit embrumé (d'où l'alcool et la télé à haute dose) lui demande :
"On n'a pas besoin d'avoir des conversations sérieuses à la maison, tu ne crois pas ? [...] Tu me bassines avec tes conversations sérieuses, et d'ailleurs sont-elles vraiment si importantes que ça ? Ça ne serait pas plutôt toi qui veux parler de choses sérieuses, alors que ça n'existe pas ?" (pages 107-108).

Parfois, lorsqu'il a trop joué avec son ipad, le visage du mari change :
"La position de ses yeux et de son nez commençait vraiment à clocher. Ce n'était même plus celui d'un être humain." (page 62).
Qu'est-ce qui fait un couple, quelle est la nature de la relation dans un couple ? Qui est-ce qui l'emporte ? ("Tu commences à me ressembler, ça me fait plaisir", dit le mari, page 91). Faut-il mettre de la distance, parfois ? C'est le thème central de ce livre, et il s'exprime beaucoup par des modifications physiques du visage.

Le livre oscille entre le réel et le fantastique (les visages qui changent, des galets qui permettent de faire tampon entre un mari et une femme), pour parler de ce qui fait un couple. Mais est-ce que ces nombreuses histoires de changements et de transformations ne sont pas à force un peu répétitifs et un peu trop évidentes ? L'histoire des pierres était un bon passage, mais après, il y a trop d'insistance sur les visages qui changent, c'est trop appuyé.

Il y a des choses bizarres, mais sans doute très signifiantes.
Par exemple, pour leur lune de miel, le couple est allé à Machu Picchu, parce que le mari avait vu par hasard des images de ruines à la télé. Ils ont donc réservé dans une agence de voyage et ne se sont rendu compte qu'après que Machu Picchu, c'est dans la montagne, et plutôt haut. Et que ce n'est pas facile d'accès.
Je suppose qu'il faut en conclure que le mari ne réfléchit pas trop (logique, c'est ce qu'il aime à la maison), et que sa femme le suit aveuglément (là, je comprends un peu moins), car ce n'est qu'après la réservation qu'elle a regardé ce qu'il en était sur des sites d'informations (autre conclusion : l'agence de voyages n'a pas fait son boulot d'information, mais de ça le livre n'en parle pas, sans doute n'y a-t-il pas y de symbole lié au couple là-dedans). Pourtant, on ne peut pas dire qu'il s'agisse d'un petit voyage. D'accord, il ne faut pas toujours chercher de la rationalité dans les livres, mais cela gêne parfois ma suspension consentie de l'incrédulité.

Mariage contre nature se lit très rapidement et n'est pas désagréable. Il est finalement meilleur que Comment apprendre à s'aimer (dont il faudra que je parle, mais en gros je ne l'avais pas trouvé très bon), le précédent livre de l'auteure traduit en français, mais il m'a semblé manquer de consistance sur la durée, pourtant pas très longue, et trop verser dans le symbole évident.
Comme il a remporté le prix Akutagawa et de nombreuses bonnes critiques (dans des journaux, tout ça), j'ai sans doute tort.
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Message par Aeriale Mer 24 Jan - 8:44

eXPie a écrit:mais il m'a semblé manquer de consistance sur la durée, pourtant pas très longue, et trop verser dans le symbole évident.
Comme il a remporté le prix Akutagawa et de nombreuses bonnes critiques (dans des journaux, tout ça), j'ai sans doute tort.
C'est sans doute une histoire culturelle, les japonais n'ont sûrement pas les mêmes approches que nous. Mais ce thème sur les rapports d'un couple, ce qui le construit, a l'air pas mal ceci dit.

Et je note ton expression Very Happy
suspension consentie de l'incrédulité.
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