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Julien Gracq

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Message par Merlette Jeu 8 Déc - 17:34

Julien Gracq M426310

     Julien Gracq, de son vrai nom Louis Poirier, est né le 27 juillet 1910 à St Florent-le-Vieil sur les bords de la Loire, entre Nantes et Angers, commune dans laquelle il se retirera, très éloigné des cercles littéraires et des parades mondaines, jusqu'à sa mort – le 22 décembre 2007.
     Le pensionnat marque l’enfance de Julien Gracq. Il fréquente d’abord un lycée de Nantes, le célèbre lycée Henri IV à Paris puis l’École Normale Supérieure et l’École libre des Sciences Politiques. Agrégé d’histoire, Julien Gracq débute sa double activité en 1937. D’une part il entreprend son premier livre, Au château d’Argol, et de l’autre, il commence à enseigner, successivement aux lycées de Quimper, Nantes, Amiens, et se stabilise au lycée Claude-Bernard à Paris à partir de 1947, jusqu’à sa retraite en 1970. Signalons qu’il sera professeur sous son vrai nom, Louis Poirier, et écrivain sous le nom plus connu de Julien Gracq, qui construit continûment, après ce premier ouvrage, une œuvre de romancier, de poète, de nouvelliste, de dramaturge et d’essayiste. Ainsi seront publiés, toujours chez le même éditeur, José Corti, dix-huit livres.

(éditeur)

Oeuvre

    Au château d’Argol, 1938
    Un beau ténébreux, 1945
    Liberté grande, 1947
    Le Roi pêcheur, 1948
    André Breton, quelques aspects de l’écrivain, 1948
    Le Rivage des Syrtes, 1951
    Prose pour l’Etrangère, 1952, 36 pages, 63 exemplaires, HC
    Penthésilée, 1954
    Un balcon en forêt, 1958
    Préférences, 1961
    Lettrines, 1967
    La Presqu’île, 1970
    Lettrines II, 1974
    Les Eaux Etroites, 1976
    En lisant en écrivant, 1980
    La Forme d’une ville, 1985
    Autour des sept collines, 1988
    Carnets du grand chemin, 1992
    Entretiens, 2002
    Manuscrits de guerre,
    Les Terres du couchant, 2014

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Message par Merlette Jeu 8 Déc - 17:38

Les eaux étroites
1976

Avant de connaître Gracq je ne pensais pas que son oeuvre traitait de ce lien qui existe entre promenade, errance dans un paysage et rêverie, mémoire, souvenir. 
La forme d'une ville me l'a fait comprendre, la façon dont Gracq surimpose ses souvenirs au plan de la ville de Nantes. 
Les eaux étroites le confirme. Il y est question des promenades en barque que faisait Gracq enfant sur l'Evre, un petit affluent de la Loire qui se jette dans le fleuve à St Florent le Vieil, sa ville natale. 
Les paysages, champs, falaises, bois, défilent le long des rives, en même temps que s'enchaînent les rêveries "associatives" et se réveillent les souvenirs, sur ses lectures en particulier, Nerval, Allain-Fournier, Edgar Poe, Jules Verne, Balzac (avec un passage extraordinaire sur Les Chouans, ça m'a donné envie de le relire!)...
Le tout dans cette écriture exigeante qui me déconcerte toujours au départ mais ensuite qui me charme littéralement par sa beauté et surtout son pouvoir d'évocation. Quelle sensualité et vérité dans ces descriptions de la rivière, ses odeurs, ses bruits, ses couleurs, les jeux de lumière sur l'eau et dans les arbres, les impressions, les sensations...
Quelques extraits:

Pourquoi le sentiment s’est-il ancré en moi de bonne heure que, si le voyage seul - le voyage sans idée de retour - ouvre pour nous les portes et peut changer vraiment notre vie, un sortilège plus caché, qui s’apparente au maniement de la baguette de sourcier, se lie à la promenade entre toutes préférée, à l’excursion sans aventure et sans imprévu qui nous ramène en quelques heures à notre point d’attache, à la clôture de la maison familière ?

On s'embarquait - on s'embarque, je pense toujours - au bas d'un escalier de planches qui dégringolait la haute berge glaiseuse; les branches se croisaient au-dessus de l'étroit chenal d'eau noire; on entrait de plain-pied dans une zone de silence plus subtil et comme alerté, ami de l'eau comme l'est la brume, et que rompait seulement l'égouttement plat et liquide des pales des avirons relevés presque aussitôt venait battre un instant bordé l'écho à la fois caverneux et étoffé de la voûte du pont de pierre; au delà, la rivière s'élargissait entre des prairies basses bordées de rouches, roseaux coupants où s'embusquait parfois, palissadé jusqu'au menton, un pêcheur figé et soupçonneux comme une sentinelle; là s'étalaient déjà partout en travers de la rivière les constellations vertes et flottantes des peuplements de châtaignes d'eau qu'on soulevait au retour et qu'on inspectait comme des filets pour y récolter les macres aux cornes aiguës: petits crânes végétaux épineux que la cuisson durcit et qui livrent fendus,en guise de cervelle,une noisette au goût douceâtre de sucre et de vase, friable et grenue,et qui crisse entre les dents.

Je parle d’Edgar Poe, et voici qu’il ne va plus guère me quitter tout au long de cette excursion tant de fois recommencée ― bien souvent en compagnie bruyante et joyeuse ― et qui pourtant, non pas seulement dans mon souvenir, mais chaque fois et pendant même que je la recommençais, a gardé toujours quelque de l’allure du rêve, dans le défilé muet, incompréhensiblement majestueux, des deux rives qui viennent à moi et s’écartent comme les lèvres d’une Mer Rouge fendue, dans le sentiment à la fois de lenteur irréelle et de vitesse lisse que j’ai cru retrouver parfois dans les plus beaux, les plus vastes rêves d’opium de De Quincey. L’eau noire, l’eau lourde, l’eau mangeuse d’ombres qu’a décrite Gaston Bachelard, celle qui ceinture l’Île de la Fée, celle qui attend au creux de ses douves de se refermer sur les décombres de la maison Usher ― si différente du flot insidieusement violent qui râpe et ratisse les grèves de la Loire, et renverse par les épaules comme un chien joueur le nageur qui cherche à reprendre pied ― elle était là, elle fut là pour moi tout de suite, avec son odeur terreuse de vase et de racines, son sommeil dissolvant : digérant, infusant lentement les feuilles mortes qui pleuvaient des arbres d’automne. Je n’y ai jamais plongé sans malaise : froide, inerte, sans éclaboussures et sans jaillissement, comme si on y avait plongé à travers une pellicule de lentilles d’eau. 

Aucune peinture autant que la peinture chinoise — et particulièrement celle des paysagistes de l’époque Song — n’a été hantée par le thème pourtant restreint de la barque solitaire qui remonte une gorges boisée. Le charme toujours vif qui s’attache à une telle image tient sans doute au contraste entre l’idée d’escalade, ou en tout cas d’effort physique rude et de cheminement pénible, qu’évoque la raideur des versants, et la planitude, la facilité irréelle du chemin d’eau qui se glisse indéfiniment entre les à-pics : le sentiment de jubilation qui naît, dans l’esprit du rêveur, de la solution incroyablement facile des contradictions propre au rêve, s’ancre ici concrètement dans la réalité. Les branches des arbres haut perchés sous lesquels on glisse, les branches du pin ami des rochers qui se penchent anguleuses au-dessus de l’eau dans les lavis chinois, accentuent le sentiment d’ivresse calme, et peuvent d’un moment à l’autre faire succéder au caprice d’un ruban d’eau cerné de précipices l’intimité protégée, la fuite attirante des voûtes d’arbres qui couvrent en berceau un canal courant droit jusqu’à l’horizon. On s’abandonne les yeux fermés à l’eau qui, inépuisablement, ouvre les chemins ; nulle excursion n’est plus envoûtante que celle où le bien-être inhérent à tout voyage au fil de l’eau se double de la sécurité magique qui s’attache au fil d’Ariane. Ainsi, pendant de longues minutes, la barque progresse dans le silence glauque ; en même temps que le soleil, les falaises arrêtent jusqu’au moindre souffle d’air. Au milieu de l’excursion de l’Èvre, ces moments de silence, dans ma mémoire, viennent se poser, comme un long point d’orgue ; ce silence, un doigt sur les lèvres, debout et immobile, et matérialisé à demi au creux de ces étroits pleins de présences païennes, c’est vraiment le "génie du lieu" qui l’impose.

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Message par Merlette Jeu 8 Déc - 17:41

Le Rivage des Syrtes
1951

J’ai toujours du mal à expliquer pourquoi les œuvres de Gracq me plaisent, sans doute parce que je suis sous le charme à chaque fois, et que le charme c'est indéfinissable.

Qu’une écriture très belle, mais aussi travaillée et sophistiquée arrive à me plaire m’étonne à chaque fois, moi qui suis adepte de plus de simplicité en littérature. Comment expliquer qu'un roman aussi contemplatif et au rythme si lent, basé sur l’inactivité et l’attente, ait capté et conservé mon attention soir après soir, presque à la façon d'un roman à suspense ? Qu'une approche si intellectuelle aille de pair avec une telle sensualité, un tel pouvoir d'évocation ?
Autant de petits mystères Gracq qui se renouvellent à chaque oeuvre que je découvre, qui me régalent pendant la lecture mais qui me rendent la tâche sacrément difficile pour en parler ensuite.

Le fond de ce roman est évidemment profond, j’y viendrai après. Mais ce qui m’a frappée d'emblée, comme d'habitude, ce sont les ambiances, les atmosphères qui doivent trouver des résonances en moi pour me plaire autant.
Sans doute parce que tout d’abord Gracq sait recréer à merveille l’univers du rêve. Parfois lourd et oppressant, parfois léger et grisant. Je ne suis pas prête d’oublier tous ces lieux chargés de mystère, la forteresse, la cité lacustre de Maremma, l'ile de Vezzano, cette ville inconnue de Rhages qui brille dans la nuit...On partage si bien le malaise d'Aldo, sa curiosité, son attrait de l'inconnu, son excitation...
Impression étrange que des paysages que j’avais déjà vus ou rêvés (de lagunes, de marécages, de bord de mer) se superposaient à ces descriptions que je lisais….
Et donc bien sûr cette importance donnée aux paysages, qui sont bien plus qu'un simple décor, mais qui reflètent ici l'histoire-même, ces régions marécageuses qui symbolisent cet enlisement que certains combattent et d’autres voudraient conserver.
En ce qui concerne l’intrigue, quelle habileté dans cette manière de faire grandir peu à peu la tension, monter le malaise, dans l’accumulation de ces « signes », inquiétants mais qui restent toujours mystérieux, indéfinissables. Ce genre de menace sans visage qui rôde dans certains rêves. 
Et toujours cette langue riche et poétique qui fait sans cesse naître des images de toute beauté et qui agit comme un sortilège, je l'ai dit plus haut et donc je me répète, mais franchement je ne trouve pas de terme plus approprié.

Comme je le disais, ce sont des interrogations importantes qui sont à la base de ce roman. Elles concernent d’une part la société humaine dans son ensemble : quel est le moteur de l’histoire, qu’est-ce qui fait naître et mourir les civilisations, qu’est-ce qui amène les révolutions, les guerres, comment fonctionne le pouvoir ? Et d’autre part, à un niveau plus intime et personnel, ce roman soulève des questions troublantes, existentielles : quelle attitude faut-il avoir face à la vie ? Choisir l’action et la prise de risque quitte à affronter le danger et le bouleversement, ou préférer une sécurité et un ordre ressemblant déjà à l’immobilité de la mort? Faut-il mourir vivant ou déjà mort ?

Je ne sais pas, de ces atmosphères ou de ces interrogations, lesquelles m’ont frappée le plus. En tout cas Le Rivage des Syrtes est un roman qui me marquera durablement, je pense.

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Message par kenavo Mer 12 Juil - 5:25

voilà, j’ai fait un petit effort Wink

Julien Gracq A106
La forme d’une ville
Wikipédia a écrit:L'idée d'écrire sur les réflexions et les sentiments que Nantes lui inspirent remonte chez Julien Gracq à 1965, avec le passage de Lettrines qui lui est consacré et qui commence par ces mots : « Le cœur de Nantes battra toujours pour moi avec les coups de timbre métalliques des vieux tramways jaunes virant devant l'aubette de la place du Commerce, dans le soleil du dimanche matin de mes sorties — jaunet et jeune, et râpeux comme le muscadet. »
Cinq ans plus tard, le souvenir de Nantes est ravivé par un recueil de photographies de la ville à l'époque où Gracq y était lycéen. C'est en le feuilletant que s'imposent à lui les vers de Baudelaire : « S'il est une ville dont le cœur change plus vite que le cœur d'un mortel... Mais "fourmillante cité, cité pleine de rêves" pour moi, oui, toujours! » Il faut encore dix années avant que Julien Gracq ne se décide à composer son livre, dix années au cours desquelles il note çà et là dans ses cahiers des bribes de souvenirs de la ville de son adolescence.
Pour composer cet ouvrage, Gracq renonce temporairement — et pour la dernière fois — à la méthode qui est la sienne depuis qu'il a renoncé à l'écriture de fiction : il abandonne ses cahiers et se remet à écrire sur des feuilles volantes comme il le faisait jusqu'à La Presqu'île inclusivement. De même, le rythme de l'écriture renoue avec celui de l'œuvre romanesque : il ne s'agit pas de notes éparses que l'auteur trie et agence comme pour les Lettrines, mais d'un livre dont la forme et la composition naissent dans le flux même de l'écriture.
Ce qui naît ainsi de l'écriture est moins une œuvre mémorielle ou la description d'une ville que la tentative de retrouver ce qui en elle a informé l'imagination de l'écrivain, « c'est-à-dire en partie incité, en partie contraint à voir le monde imaginaire, auquel je m'éveillais par mes lectures, à travers le prisme déformant qu'elle interposait entre lui et moi », et de quelle manière, en retour, il l'a « remodelée selon le contour de [ses] rêveries intimes ».

source
Mon premier choix dans la liste Top 100 de @Merlette.

J’aime beaucoup cet auteur. Depuis ma première rencontre, La presqu’île, j’en ai lu d’autres de lui, mais toujours impossible de faire un commentaire digne de la qualité de ses livres.

Connaissant Nantes de plusieurs visites, je voulais toujours voir de plus près cette ‘forme d’une ville’.
Voyant le titre dans cette liste, c’était la bonne occasion de faire enfin le pas.

Merlette a écrit:Avant de connaître Gracq je ne pensais pas que son œuvre traitait de ce lien qui existe entre promenade, errance dans un paysage et rêverie, mémoire, souvenir.
La forme d'une ville me l'a fait comprendre, la façon dont Gracq surimpose ses souvenirs au plan de la ville de Nantes.

Je n’aurais pas besoin d’en dire plus. C’est tout à fait cela. Même s’il s’agit de Nantes en tant que ville réelle, Julien Gracq ne fait naturellement pas un ‘guide touristique’, mais dès les premières phrases il emporte son lecteur bien plus loin que sur les chemins qu’il parcourt lors de ses balades.

Il y a un auteur allemand, Wilhelm Genazino, que je considère comme un ‘flâneur littéraire’ (le mot parfait pour décrire de telles promenades est en effet l’anglais ‘a stroll’ qui comporte tous les sens de cette ‘rêverie en marchant’).

Genazino écrit des livres qui comportent très peu d’action, mais tout plein d’observations, idées, pensées… obtenu lors de balades.
Julien Gracq est selon moi son pendant français. En tout cas avec ce livre il m’a conquise de sa façon de raconter la ville, ses mémoires, ses observations…

Un moment exquis de lecture !

Julien Gracq Aa36


Extrait :

« Cela se passait pendant les années de la guerre de 1914-18 ; le tramway, la savonnerie, le défilé glorieux, majestueux, du train au travers des rues, auquel il ne semblait manquer que la haie des acclamations, sont le premier souvenir que j'ai gardé de Nantes. S'il y passe par intervalles une nuance plus sombre, elle tient à la hauteur des immeubles, à l'encavement des rues, qui me surprenait; au total, ce qui surnage de cette prise de contact si fugitive, c'est-montant de ses rues sonores, ombreuses et arrosées, de l'allégresse de leur agitation, des terrasses de café bondées de l'été, rafraîchies comme d'une buée par l'odeur du citron, de la fraise et de la grenadine, respiré au passage, dans cette cité où le diapason de la vie n'était plus le même, et depuis, inoublié - un parfum inconnu, insolite, de modernité. Et ce parfum reste lié, est toujours resté lié pour moi à une saison, saison élue, où tous les pouvoirs secrets, presque érotiques, de la ville se libèrent. J'ai aimé, certes, par la suite, le Nantes reclus, encapuchonné, des pesantes brumes d'hiver, le dé perforé, rougeoyant à tous ses trous, au coin des rues, du brasero des marchands de marrons grillés et des marchands de galettes de blé noir. Mais l'été reste pour moi, depuis mon premier contact avec elle, la saison fatidique de la ville qu'on a appelée Nantes la Grise. Dès que les chandelles roses et blanches des marronniers commencent à illuminer les Cours, dès que les feuilles des magnolias du Jardin des Plantes retrouvent leur luisant neuf, ces indices à peine perceptibles de la saison élue me montent à la tête, et ce que même l'explosion orchestrale du printemps de la campagne ne pourrait me faire éprouver, le simple sentiment de la soudaine mollesse de l'air le réalise: la chaleur sensuelle d'un lit défait se répand et coule pour moi à travers les rues. »

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Message par MezzaVoce Mer 12 Juil - 10:13

Merlette a écrit:Le Rivage des Syrtes

J'ai longtemps reculé devant ce que je percevais comme une "pression" à lire ce livre (un truc du genre "attention, chef d’œuvre absolu"... j'ai toujours peur d'être déçue). Lecture finalement tentée en juin, et avortée, pas par faute d'intérêt mais parce que son style est tellement dense et poétique que j'ai besoin de beaucoup de temps pour le lire (oui, je suis une lectrice "un poil" méticuleuse... ça peut virer à l'obsessionnalité parfois... je "perds" un temps fou à imaginer les lieux, scènes, détails... Et là, il y a de quoi faire !)

Mais qu'est-ce que c'était beau ! J'ai eu souvent la sensation de glisser (tel un serpent) à travers ses ambiances, quelque chose de suave et d'enveloppant, qui submerge mais dans quoi on reste très actif (j'ai pensé aux œuvres de Turner). Au sujet du "glissant", j'ai lu ce bel article : Paysages glissés chez Julien Gracq. Aussi, le Julien Gracq et la poétique du paysage de Jacques Carion me fait de l’œil depuis longtemps (l'association poétique/paysage me parle beaucoup) mais je voulais d'abord lire le Rivage.

Du coup, je vais l'acheter (je l'avais emprunté à la bibliothèque, d'où le problème du délai de lecture... et puis comme ça je pourrais écrire dessus au lieu de perdre tant de temps à prendre des notes à côté). Vaste projet. Very Happy
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Message par Merlette Mer 12 Juil - 11:18

kenavo a écrit:voilà, j’ai fait un petit effort Wink

bisoua2 Merci! Cela me fait très plaisir que tu aies aimé, et je note le Wilhelm Genazino!

MezzaVoce a écrit:
Merlette a écrit:Le Rivage des Syrtes

Mais qu'est-ce que c'était beau ! J'ai eu souvent la sensation de glisser (tel un serpent) à travers ses ambiances, quelque chose de suave et d'enveloppant, qui submerge mais dans quoi on reste très actif (j'ai pensé aux œuvres de Turner). 

Voilà, contrairement à ce que l'on peut penser avant de découvrir ce roman, c'est une lecture qui n'a rien de laborieux. Une écriture exigeante mais qui happe le lecteur, c'est tout l'art de Gracq.

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Message par kenavo Jeu 13 Juil - 5:56

Merlette a écrit:je note le Wilhelm Genazino!
il n'a pas la qualité littéraire de Gracq... mais en tant que flâneur il lui fait bon pendant Wink

Merlette a écrit:Une écriture exigeante mais qui happe le lecteur, c'est tout l'art de Gracq.
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Message par Guillermm Mar 11 Sep - 15:16

En tant que nantais je compte bien sûr lire "La forme d'une ville". J'ai acheter l'intégrale Gracq de la Pléiade.

De ce que j'ai lu à ce moment :

Le château d'Argol : très beau premier roman, tout en ambiance; une poésie mystérieuse et nocturne nous enveloppe; j'ai beaucoup aimé.

Un beau ténébreux : je suis plus en retrait par rapport à ce livre, j'adhère moins facilement au sujet, même si de façon générale j'ai beaucoup apprécié l'écriture si spéciale de l'écrivain.

Le rivage des Syrtes : le premier livre que j'ai lu de lui car son plus connu, et qui m'a donné envie d'acheter l'intégrale de ses écrits. J'ai hâte de le relire.

Un balcon en forêt : j'ai ressenti une profonde émotion lors des derniers paragraphes, non pas grande mais complexe et subtil; une émotion qui nous touche d'autant plus.

J'aime tellement qu'à titre personnel je vais faire un enregistrement audio des "eaux étroites" (avec peut-être le "domaine d'Arnheim" de Poe pour avoir une continuité)

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