Luke Kennard

Luke Kennard, né le 28 juin 1981 (tiens, il a 37 ans aujourd'hui !). Poète reconnu, récompensé de plusieurs prix, il sort son premier roman en 2018. Une dystopie où il dresse le portrait d'un couple représentatif de cette génération "les millennials".


*Les millennials ou génération Y regroupe, en Occident, l'ensemble des personnes nées entre 1980 et l'an 20001. Perçue comme ayant des caractéristiques sociologiques et comportementales propres, elle est une cible particulière dans le domaine du marketing.
Ce sont des digital natives. Ils ont grandi avec l’évolution des technologies d’information et de communication : ils ont vu naître et sont actifs sur les réseaux sociaux ; ce sont celles et ceux qui utilisent les nouvelles technologies au quotidien. Ils sont également les consommateurs de demain, et c’est la raison pour laquelle les entreprises s’y intéressent tant.
Ils ont développé une culture du changement en permettant à la nouvelle génération de se réaliser et montrer ce qu’elle vaut, plutôt que de l’enfermer dans des schémas étroits.
Les Millennials : « ne veulent plus consommer uniquement du contenu sur internet mais s’exprimer. En s’exprimant, en donnant leur avis, ils expriment une forme d’identité ; c’est une manière de se définir ; le fait de dire « J’aime ça » ou « J’ai défendu cette cause» est une manière de se définir. L’idée de donner la parole aux gens n’est pas seulement liée au fait qu’ils veulent simplement parler entre eux ; c’est surtout une manière de leur offrir une nouvelle forme d’expression, une forme de liberté. On a découvert que les Millennials étaient une génération créative, qui voulait et était prête à énormément s’exprimer.»

La transition (août 2018)
(trad. Marie de Premonville)

Karl et Geneviève vivent de leurs salaires moyens dans cette fabuleuse société de consommation. Elle, institutrice fatiguée, à la psychologie vacillante. Lui, vivant de faux avis postés sur internet et de dissertations et mémoires écrits pour des étudiants faignants et riches.
Ils sont bobos, veulent manger bio, acheter des cafés à 6€, décorer leur appartement comme une photo pinterest...
Karl cumule les crédits à la conso.
Et flirte souvent avec l'illégalité.
Jusqu'à ce qu'il se fasse arrêter. Au tribunal, on lui laisse le choix : la prison ou une expérience de réhabilitation appelée La Transition.

Évidemment, ce sera La Transition.
En couple (c'est le deal).

La Transition : Karl et Geneviève emménagent chez Stu et Janna, leurs nouveaux mentors. Ils continuent leurs boulots, mais n'ont plus droit à aucune vie privée et autonomie. Leur argent est contrôlé, on leur donne des "devoirs" à faire. ça semble un peu astreignant, mais pas bien compliqué... et reposant d'une façon.
Sauf que Karl est circonspect, méfiant, a l'impression qu'on le manipule, qu'on l'éloigne peu à peu de sa femme...


La comparaison faite avec un épisode de Black Mirror (The Guardian) est complètement appropriée.
Un roman où le contexte sf de départ sert surtout à décortiquer le malaise de la société d'aujourd'hui.
Très bien mené, en suspens, avec ce couple qui communique mal, qui a des côtés tête-à-claque à se penser pour l'autre, mieux que l'autre, à ne pas réfléchir toujours très loin.
Avec cette mystérieuse organisation qu'est La Transition, tentaculaire avec des membres partout, et des failles camouflées. Un monde où la paranoïa devient vitale pour éviter d'être manipulé, absorbé les informations sans les mettre en doute.

Un thriller psychologique très bien écrit (sauf quelques longueurs).