Alice McDermott
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Alice McDermott
Alice McDermott (1953 - )
Née à Brooklyn en 1953, Alice McDermott a enseigné dans différentes universités de Californie et de New Hampshire, participé à des résidence d'écrivains et publié ses premières nouvelles dans des magazines tels que Ms, Mademoiselle, Redbook, The New Yorket et Seventeen.
Professeur de sciences humaines à l'université John Hopkins, elle vit aujourd'hui près de Washington avec son mari et ses trois enfants. Elle obtient le National Book Award en 1998 pour Charming Billy.
Six de ses livres ont été traduits en français :
Ce soir-là, Éditions Flammarion, 1987,
Charming Billy [« Charming Billy »], Éditions Quai Voltaire, 1999,
L’Arbre à sucettes Éditions Quai Voltaire, 2003
La Visite à Brooklyn, Éditions Quai Voltaire, 2006
Ce qui demeure, Éditions Quai Voltaire, 2007
Someone, Éditions Quai Voltaire, 2015
Dernière édition par Arabella le Sam 17 Déc - 20:31, édité 1 fois
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4799
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Re: Alice McDermott
Someone
Nous suivons la vie de Marie, d'abord petite fille dans les années 1930 à Brooklyn, fille de parents irlandais, dont le frère se sent une vocation de prêtre. Puis jeune fille, trouvant un emploi dans une entreprise de pompes funèbres de son quartier. Mariée, mère de famille. Vie minuscule, sans rien de particulier, comme il en existe des millions. Mais en même temps unique et différente de toutes les autres.
J'ai été complètement émerveillée par le talent avec lequel Alice McDermott fait le récit de la vie de Marie, la justesse de chaque page, de chaque mot. L'intelligence de la construction, de la façon dont chaque épisode s'enchâsse avec les autres, exactement à sa place, comme une sorte de merveilleux vitrail, fabriqué avec des petits bouts de verre. La finesse de l'analyse, qui rend avec précision toutes les nuances et subtilités. La profonde humanité du regard. L'humour et le second degré toujours là, sans détruire l'émotion, mais en chassant toute pose. L'universel qui affleure à chaque instant à partir de quelque chose de particulier et tellement banal en apparence.
Du grand art, vraiment. Une rencontre forte avec un auteur que j'ai très envie de continuer à explorer.
Nous suivons la vie de Marie, d'abord petite fille dans les années 1930 à Brooklyn, fille de parents irlandais, dont le frère se sent une vocation de prêtre. Puis jeune fille, trouvant un emploi dans une entreprise de pompes funèbres de son quartier. Mariée, mère de famille. Vie minuscule, sans rien de particulier, comme il en existe des millions. Mais en même temps unique et différente de toutes les autres.
J'ai été complètement émerveillée par le talent avec lequel Alice McDermott fait le récit de la vie de Marie, la justesse de chaque page, de chaque mot. L'intelligence de la construction, de la façon dont chaque épisode s'enchâsse avec les autres, exactement à sa place, comme une sorte de merveilleux vitrail, fabriqué avec des petits bouts de verre. La finesse de l'analyse, qui rend avec précision toutes les nuances et subtilités. La profonde humanité du regard. L'humour et le second degré toujours là, sans détruire l'émotion, mais en chassant toute pose. L'universel qui affleure à chaque instant à partir de quelque chose de particulier et tellement banal en apparence.
Du grand art, vraiment. Une rencontre forte avec un auteur que j'ai très envie de continuer à explorer.
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Arabella- Messages : 4799
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Alice McDermott
-Someone-
L'histoire de Marie, d'abord enfant dans les années 30. Elle vit à Brooklyn avec ses parents irlandais. Une famille comme tant d'autres. Alice Mc Dermott nous immerge dans cette vie de quartier, ses habitants, leur enfance. Un jour Marie connait ses premiers émois. Elle, la myope affublée d'horribles lunettes, tombe amoureuse d'un voisin, plus agé et plus sûr de lui, malgré sa claudication. " J'aimais Walter pour le défaut de sa démarche, sa chaussure orthopédique, autant que pour son sourire intelligent et ses yeux gris ".
Piqué au hasard un petit passage, mais toutes les pages sont d'une justesse sidérante.
Mais celui-ci lui apprend un jour qu'il va en épouser une autre, plus belle et plus riche. "Qui n'a aucun défaut. " Pas comme toi et moi: l'aveugle et le boiteux"
Au travers de sa découverte des hommes et du monde qui l'entourent, on apprend à connaître toute une communauté, avec ses drames, ses aléas, ses joies, ses duperies. Tout ce petit cercle se croise et Marie va faire son apprentissage, parfois aidée de son grand frère qu'elle admire, entourée d'une famille aimante mais perturbée par l'alcoolisme du père tant aimé.
Complètement sous le charme de la finesse de cette écriture, chaque mot est choisi, chaque sensation la plus infime décrite à la perfection. La cruauté de la vie, son humanité, tout est là: Elles pointent sous chaque phrase. Sous la banalité du quotidien et l'apparence de vie simple, percent toute la complexité de l'existence, la violence et la fragilité des sentiments.
Un petit bijou, grand merci à Arabella pour cette découverte
Il me reste Charming Billy dans ma PAL !!!
L'histoire de Marie, d'abord enfant dans les années 30. Elle vit à Brooklyn avec ses parents irlandais. Une famille comme tant d'autres. Alice Mc Dermott nous immerge dans cette vie de quartier, ses habitants, leur enfance. Un jour Marie connait ses premiers émois. Elle, la myope affublée d'horribles lunettes, tombe amoureuse d'un voisin, plus agé et plus sûr de lui, malgré sa claudication. " J'aimais Walter pour le défaut de sa démarche, sa chaussure orthopédique, autant que pour son sourire intelligent et ses yeux gris ".
Piqué au hasard un petit passage, mais toutes les pages sont d'une justesse sidérante.
Allongée près de ma mère dans le lit que nous partagions, je passai la première nuit sans sommeil de ma vie dans un mélange de joie, de honte, et de confusion. Je ne pouvais pas porter la main à mon tendre sein, au mamelon contusionné et auréolé de deux morsures roses, au cas où ma mère sureprendrait mon geste, même dans l'obscurité. Je ne pouvais pas non plus étouffer ma honte cuisante. Je la sentis descendre en une fine spirale le long de ma colonne vertébrale, toucher ou déclencher quelque chose qui s'enflamma, flamboya et transforma mon sentiment de culpabilité et de confusion en plaisir, en joie. J'étais amoureuse. Walter Hartnett aux yeux gris m'aimait. L'année prochaine nous nous marierions à Mary Star of the Sea et plus jamais ces yeux ne se poseraient sur moi avec une froide indifférence.
Mais celui-ci lui apprend un jour qu'il va en épouser une autre, plus belle et plus riche. "Qui n'a aucun défaut. " Pas comme toi et moi: l'aveugle et le boiteux"
Je m'assis sur le bord du lit. J'avais envie de retirer mes lunettes et de les lancer à travers la pièce. D'arracher mon nouveau chapeau et de le balancer lui aussi. De prendre mon crâne à deux mains pour en décoller ce visage ordinaire. De déboutonner la robe, de dénouer la ceinture, de retirer le fin jupon. J'avais envie de passer la main dans mon dos et de dégrafer la chair de mes os, de défaire la glissière le long de ma colonne vertébrale pour me débarasser de ma peau et la jeter par terre. Dos épaules ventre poitrine. De la piétiner. De brandir le poing vers Dieu pour m'avoir faite telle que j'étais dans cette obscurité originelle, sans beauté et sans amour.
Au travers de sa découverte des hommes et du monde qui l'entourent, on apprend à connaître toute une communauté, avec ses drames, ses aléas, ses joies, ses duperies. Tout ce petit cercle se croise et Marie va faire son apprentissage, parfois aidée de son grand frère qu'elle admire, entourée d'une famille aimante mais perturbée par l'alcoolisme du père tant aimé.
Complètement sous le charme de la finesse de cette écriture, chaque mot est choisi, chaque sensation la plus infime décrite à la perfection. La cruauté de la vie, son humanité, tout est là: Elles pointent sous chaque phrase. Sous la banalité du quotidien et l'apparence de vie simple, percent toute la complexité de l'existence, la violence et la fragilité des sentiments.
Un petit bijou, grand merci à Arabella pour cette découverte
Il me reste Charming Billy dans ma PAL !!!
Aeriale- Messages : 11777
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Alice McDermott
Charming Billy
Billy était un buveur invétéré mais c’était aussi un charmeur et un rêveur. Tous les amis, la famille, réunis pour ses funérailles autour de Maeve, sa veuve se souviennent avec nostalgie et tendresse de l’homme qu’il était et surtout de son amour de jeunesse qu’il n’a jamais pu oublier. Tout juste revenu de la guerre, Billy rencontre Eva, une jeune irlandaise venue passer l’été à New York auprès de sa sœur Mary. Elle doit retourner chez elle mais, fiancée à Billy, elle lui promet de revenir. Billy économise autant qu’il le peut et au bout d’un an réussi à lui envoyer suffisamment d’argent pour son voyage. Et il attend, attend, fidèlement, plein d’espoir. Elle ne viendra jamais. Dennis, son cousin et ami apprend qu’elle a utilisé les 500 dollars de Billy pour acheter une station-service et épouser son ami d’enfance. Pour épargner Billy, il lui fait croire qu’elle est morte de pneumonie. Inconsolable, Billy plonge un peu plus dans l’alcoolisme et en mourra. Qui est responsable ? Dennis et son mensonge pourtant bien intentionné ? Ou bien la disparition d’Eva n’était-elle qu’un prétexte pour son penchant qu’il n’aurait sans doute jamais pu contrôler ?
C’est l’histoire de Billy, mais c’est aussi celle de Dennis et sa famille et de toute la communauté irlando-américaine de la fin de la deuxième guerre mondiale aux années 80, des familles irlandaises, souvent pauvres mais qui travaillent dur et aspirent à mieux et où l’alcoolisme est admis comme faisant partie de l’identité irlandaise et auquel nul ou presque ne peut échapper.
Une des grandes forces de ce livre est la tendresse qui émane de chaque page. McDermott explore avec justesse et compassion la vie de ces gens, certes pas extraordinaires mais qui comme pour chacun de nous doivent faire face à leur vulnérabilité, leurs pertes et leurs rêves brisés. Un très beau livre.
Billy était un buveur invétéré mais c’était aussi un charmeur et un rêveur. Tous les amis, la famille, réunis pour ses funérailles autour de Maeve, sa veuve se souviennent avec nostalgie et tendresse de l’homme qu’il était et surtout de son amour de jeunesse qu’il n’a jamais pu oublier. Tout juste revenu de la guerre, Billy rencontre Eva, une jeune irlandaise venue passer l’été à New York auprès de sa sœur Mary. Elle doit retourner chez elle mais, fiancée à Billy, elle lui promet de revenir. Billy économise autant qu’il le peut et au bout d’un an réussi à lui envoyer suffisamment d’argent pour son voyage. Et il attend, attend, fidèlement, plein d’espoir. Elle ne viendra jamais. Dennis, son cousin et ami apprend qu’elle a utilisé les 500 dollars de Billy pour acheter une station-service et épouser son ami d’enfance. Pour épargner Billy, il lui fait croire qu’elle est morte de pneumonie. Inconsolable, Billy plonge un peu plus dans l’alcoolisme et en mourra. Qui est responsable ? Dennis et son mensonge pourtant bien intentionné ? Ou bien la disparition d’Eva n’était-elle qu’un prétexte pour son penchant qu’il n’aurait sans doute jamais pu contrôler ?
C’est l’histoire de Billy, mais c’est aussi celle de Dennis et sa famille et de toute la communauté irlando-américaine de la fin de la deuxième guerre mondiale aux années 80, des familles irlandaises, souvent pauvres mais qui travaillent dur et aspirent à mieux et où l’alcoolisme est admis comme faisant partie de l’identité irlandaise et auquel nul ou presque ne peut échapper.
Une des grandes forces de ce livre est la tendresse qui émane de chaque page. McDermott explore avec justesse et compassion la vie de ces gens, certes pas extraordinaires mais qui comme pour chacun de nous doivent faire face à leur vulnérabilité, leurs pertes et leurs rêves brisés. Un très beau livre.
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Let It Be
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Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Alice McDermott
Ce soir-là
A partir d'une histoire d'amour entre adolescents, Alice McDermott trace le portrait d'un quartier, et au-delà d'une époque, d'une mentalité, d'une façon de vivre. Les rapport de couple, la place des femmes, la sexualité...
Il y a déjà une belle écriture dans ce deuxième roman d'une jeune romancière, une grande finesse d'analyse, l'intérêt pour les gens ordinaires et pourtant uniques. Et une capacité, au-delà, à voir la société en raccourci à partir de quelques personnes singulières, mais qui sans même sans rendre compte reflètent les valeurs et les présupposés d'une époque.
C'est toutefois bien moins abouti que Someone. Malgré quelques très belles pages, c'est moins complexe en ce qui concerne les personnages et la structure narrative, il n'y a pas cette fluidité et cette évidence, parfois quelques raccourcis.
Un livre prometteur d'un jeune écrivain qui a su par la suite tenir toutes ses promesses.
A partir d'une histoire d'amour entre adolescents, Alice McDermott trace le portrait d'un quartier, et au-delà d'une époque, d'une mentalité, d'une façon de vivre. Les rapport de couple, la place des femmes, la sexualité...
Il y a déjà une belle écriture dans ce deuxième roman d'une jeune romancière, une grande finesse d'analyse, l'intérêt pour les gens ordinaires et pourtant uniques. Et une capacité, au-delà, à voir la société en raccourci à partir de quelques personnes singulières, mais qui sans même sans rendre compte reflètent les valeurs et les présupposés d'une époque.
C'est toutefois bien moins abouti que Someone. Malgré quelques très belles pages, c'est moins complexe en ce qui concerne les personnages et la structure narrative, il n'y a pas cette fluidité et cette évidence, parfois quelques raccourcis.
Un livre prometteur d'un jeune écrivain qui a su par la suite tenir toutes ses promesses.
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Arabella- Messages : 4799
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Alice McDermott
Une auteure que je ne connaissais pas, un roman très intéressant et d'une grande justesse qui m'a fait découvrir tout un monde, celui d'une congrégation de religieuses, œuvrant au sein de la communauté irlandaise du quartier de Brooklyn, au début du 20e siècle.
Annie, dont le mari vient de se suicider, se retrouve seule, enceinte et sans ressources. Elle va être prise en charge par les sœurs de la congrégation, qui vont l'aider à garder son logement et lui fournir un travail, au sein de la laverie du couvent, où sa fille Sally passera la plus grande partie de son enfance...et se demandera finalement si elle n'a pas, elle aussi, la vocation.
Alice McDermott peint avec beaucoup de tendresse ces religieuses, qui s'activent sans relâche pour apporter du réconfort et soigner les malades et qui profondément croyantes s'arrangent cependant à leur façon avec la religion catholique (j'avoue que j'ai bien aimé ce côté un peu irrévérencieux !). Elle dresse aussi un portrait très juste socialement et sensible du quartier et de ses habitants qui vivent pour certains dans une grande misère. On fait ainsi la connaissance du laitier et de sa femme alitée et d'une joyeuse famille de six enfants, dont la mère deviendra la grande amie d'Annie.
L'histoire se passe sur 3 générations, on se prend vraiment d'affection pour tout ce petit monde, grâce au regard bienveillant et plein d'humour porté par l'auteure sur ses personnages, malgré leurs défauts et leurs "erreurs"...
Un roman qui se lit d'une traite !
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"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" Jules Renard
Liseron- Messages : 4245
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
Re: Alice McDermott
Merci de ton commentaire, @Liseron. Le livre est dans ma PAL, tu me donnes envie, plus qu'à trouver le temps...
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Arabella- Messages : 4799
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Alice McDermott
Merci @Liseron! Je l'avais entamé mais à une période un peu bousculée et du coup pas fini.
Il faut que je le reprenne, sans doute depuis le début, il y a pas mal de personnages et j'ai dû les oublier :-(
Il faut que je le reprenne, sans doute depuis le début, il y a pas mal de personnages et j'ai dû les oublier :-(
Aeriale- Messages : 11777
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Alice McDermott
La neuvième heure
Comme à son habitude, Alice McDermott s'attache à nous décrire les destinées d'un certain nombre de personnages faisant partie de la communauté irlandaise de New York. Elle le fait d'une façon discursive, les vies et les époques s'entrecroisent, nous passons de l'une à l'autre pour revenir à un autre moment, un autre personnage. Il faut parfois un petit moment pour situer de qui et à quel moment il s'agit : nous retrouvons très jeune une personne que l'on a connu âgé précédemment. Cela demande un peu d'attention, mais ajoute une forme de perspective, de profondeur, au récit.
Nous débutons le roman avec Jim, un homme encore jeune, marié, dont la femme Annie attend un enfant. Mais voilà, Jim a du mal à s'astreindre aux routines du quotidien, à trouver l'envie, et il vient de perdre son emploi. Il profite d'une absence d'Annie qu'il a provoqué pour se suicider. le chemin d'Annie va à ce moment croiser la route de religieuses catholiques, d'une congrégation proche. Elles vont l'aider à mettre au monde sa fille, Sally, lui donner un travail à la buanderie du couvent, où sa fille passera son enfance, protégée du monde. Nous découvrons un certain nombre de religieuses, des bribes de leurs vies, passées ou présentes, essentiellement occupées à soigner. D'autres personnages apparaissent, Mme Tierney, qui devient amie d'Annie, son mari, ses enfants, dont l'un va épouser Sally, le laitier et sa femme invalide…
Les personnages mènent une vie rude, d'un autre temps, entre les soins des religieuses, le travail épuisant à la buanderie ou ailleurs, le peu de perspectives d'échapper au labeur et au malheur. le monde du couvent est un environnement protecteur, comme un cocon, les routines entre messes et travail ont quelque chose de rassurant, et Sally va envisager de devenir religieuse pendant un temps. le livre est très réaliste par certains aspects, des descriptions très précises, par exemple des soins aux malades, mais il y a par ailleurs un côté plus symbolique et métaphorique, comme le voyage de Sally à Chicago, avec quelque chose qui ressemble à une descente aux enfers, un chemin vers son père qu'elle n'a pas connu, vers ce mal être qui semblait l'habiter. Une sorte de mélancolie baigne le roman, surtout dans sa deuxième partie, entre un monde en train de disparaître et aussi l'impossibilité d'échapper à ses démons et tout simplement à la destinée humaine, avec ses finitudes, et la vieillesse et la mort inévitables.
J'ai énormément aimé ce livre sensible et dense, qui sous une allure modeste, est d'une grande richesse.
Comme à son habitude, Alice McDermott s'attache à nous décrire les destinées d'un certain nombre de personnages faisant partie de la communauté irlandaise de New York. Elle le fait d'une façon discursive, les vies et les époques s'entrecroisent, nous passons de l'une à l'autre pour revenir à un autre moment, un autre personnage. Il faut parfois un petit moment pour situer de qui et à quel moment il s'agit : nous retrouvons très jeune une personne que l'on a connu âgé précédemment. Cela demande un peu d'attention, mais ajoute une forme de perspective, de profondeur, au récit.
Nous débutons le roman avec Jim, un homme encore jeune, marié, dont la femme Annie attend un enfant. Mais voilà, Jim a du mal à s'astreindre aux routines du quotidien, à trouver l'envie, et il vient de perdre son emploi. Il profite d'une absence d'Annie qu'il a provoqué pour se suicider. le chemin d'Annie va à ce moment croiser la route de religieuses catholiques, d'une congrégation proche. Elles vont l'aider à mettre au monde sa fille, Sally, lui donner un travail à la buanderie du couvent, où sa fille passera son enfance, protégée du monde. Nous découvrons un certain nombre de religieuses, des bribes de leurs vies, passées ou présentes, essentiellement occupées à soigner. D'autres personnages apparaissent, Mme Tierney, qui devient amie d'Annie, son mari, ses enfants, dont l'un va épouser Sally, le laitier et sa femme invalide…
Les personnages mènent une vie rude, d'un autre temps, entre les soins des religieuses, le travail épuisant à la buanderie ou ailleurs, le peu de perspectives d'échapper au labeur et au malheur. le monde du couvent est un environnement protecteur, comme un cocon, les routines entre messes et travail ont quelque chose de rassurant, et Sally va envisager de devenir religieuse pendant un temps. le livre est très réaliste par certains aspects, des descriptions très précises, par exemple des soins aux malades, mais il y a par ailleurs un côté plus symbolique et métaphorique, comme le voyage de Sally à Chicago, avec quelque chose qui ressemble à une descente aux enfers, un chemin vers son père qu'elle n'a pas connu, vers ce mal être qui semblait l'habiter. Une sorte de mélancolie baigne le roman, surtout dans sa deuxième partie, entre un monde en train de disparaître et aussi l'impossibilité d'échapper à ses démons et tout simplement à la destinée humaine, avec ses finitudes, et la vieillesse et la mort inévitables.
J'ai énormément aimé ce livre sensible et dense, qui sous une allure modeste, est d'une grande richesse.
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Arabella- Messages : 4799
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Alice McDermott
Arabella a écrit:
Comme à son habitude, Alice McDermott s'attache à nous décrire les destinées d'un certain nombre de personnages faisant partie de la communauté irlandaise de New York. Elle le fait d'une façon discursive, les vies et les époques s'entrecroisent, nous passons de l'une à l'autre pour revenir à un autre moment, un autre personnage. Il faut parfois un petit moment pour situer de qui et à quel moment il s'agit : nous retrouvons très jeune une personne que l'on a connu âgé précédemment. Cela demande un peu d'attention, mais ajoute une forme de perspective, de profondeur, au récit.
C'est ce début qui m'a un peu perdue. Je n'étais pas assez concentrée sans doute, et du coup j'ai perdu bêtement le fil.
Merci pour ton commentaire engageant, Arabella, je vais le reprendre (au début )
Aeriale- Messages : 11777
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Alice McDermott
Et moi, je note Someone !
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Liseron- Messages : 4245
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
Re: Alice McDermott
-La visite à Brooklyn-
Le roman débute par ces visites bi-hebdomadaires de Lucy à ses trois soeurs et leur tante Momma qui les a élevées après la mort de leur mère. Le trajet de Long Island à Brooklyn est long, fastidieux, l'auteure en rapporte la vision des enfants à travers les moindres détails. Et une fois arrivés, tout se déroule selon un rituel immuable, entrecoupé par les rires des plus jeunes et les lamentations de leur mère persuadée que l'homme avec qui elle vit n'est plus le même que celui qu'elle a épousé.
Au fil du récit, le passé va se reconstruire et on va apprendre certains aspects du parcours familial. Tout est relaté au travers de la perception qu'ils ont de ces conversations souvent feutrées, divulguées à demi mots. Alice Mc Dermott suit leur pensée mais ne nous donne pas plus d'éléments, le rythme est long, les détails et les ellipses nombreux, si bien qu'au bout d'un moment j'ai failli me perdre et dû relire certains passages pour les resituer dans le temps.
Une lecture entre deux au final, sur laquelle je n'ai pas vraiment réussi à m'accrocher tant la construction m'a prise au dépourvu. J'en suis restée extérieure, mis à part sur la fin, avec le mariage de "la douce May" qui clôture cette saga de façon dramatique sans pour autant verser dans le moindre pathos, il est vrai.
Roman d'ambiance qui procède par petites touches, mais je ne devais pas être dans les bonnes conditions pour apprécier l'ensemble. Dommage, je reste sur le merveilleux souvenir de Someone et j'en suis sortie déçue. Sans doute @Arabella ou d'autres l'appréhenderont t'ils mieux? A suivre...
Le roman débute par ces visites bi-hebdomadaires de Lucy à ses trois soeurs et leur tante Momma qui les a élevées après la mort de leur mère. Le trajet de Long Island à Brooklyn est long, fastidieux, l'auteure en rapporte la vision des enfants à travers les moindres détails. Et une fois arrivés, tout se déroule selon un rituel immuable, entrecoupé par les rires des plus jeunes et les lamentations de leur mère persuadée que l'homme avec qui elle vit n'est plus le même que celui qu'elle a épousé.
Au fil du récit, le passé va se reconstruire et on va apprendre certains aspects du parcours familial. Tout est relaté au travers de la perception qu'ils ont de ces conversations souvent feutrées, divulguées à demi mots. Alice Mc Dermott suit leur pensée mais ne nous donne pas plus d'éléments, le rythme est long, les détails et les ellipses nombreux, si bien qu'au bout d'un moment j'ai failli me perdre et dû relire certains passages pour les resituer dans le temps.
Une lecture entre deux au final, sur laquelle je n'ai pas vraiment réussi à m'accrocher tant la construction m'a prise au dépourvu. J'en suis restée extérieure, mis à part sur la fin, avec le mariage de "la douce May" qui clôture cette saga de façon dramatique sans pour autant verser dans le moindre pathos, il est vrai.
Roman d'ambiance qui procède par petites touches, mais je ne devais pas être dans les bonnes conditions pour apprécier l'ensemble. Dommage, je reste sur le merveilleux souvenir de Someone et j'en suis sortie déçue. Sans doute @Arabella ou d'autres l'appréhenderont t'ils mieux? A suivre...
Dernière édition par Aeriale le Mar 17 Sep - 8:25, édité 1 fois
Aeriale- Messages : 11777
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Alice McDermott
Je l'ai emprunté en bibliothèque...à suivre en effet.
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Arabella- Messages : 4799
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Alice McDermott
Aeriale a écrit:Arabella a écrit:
Comme à son habitude, Alice McDermott s'attache à nous décrire les destinées d'un certain nombre de personnages faisant partie de la communauté irlandaise de New York. Elle le fait d'une façon discursive, les vies et les époques s'entrecroisent, nous passons de l'une à l'autre pour revenir à un autre moment, un autre personnage. Il faut parfois un petit moment pour situer de qui et à quel moment il s'agit : nous retrouvons très jeune une personne que l'on a connu âgé précédemment. Cela demande un peu d'attention, mais ajoute une forme de perspective, de profondeur, au récit.
C'est ce début qui m'a un peu perdue. Je n'étais pas assez concentrée sans doute, et du coup j'ai perdu bêtement le fil.
En fait, l'auteure agit toujours de la même façon, en entrecroisant les époques et les personnages, et même en nommant certains au fil du récit (le cas dans ce dernier où "Les enfants" indistincts de Lucy deviennent Maryanne, Margaret, etc...)
Et ce procédé demande forcément plus de concentration. Ce qui m'a manqué cette fois ci encore, car l'action est lente, et le sujet moins prenant, pour moi en tout cas.
Aeriale- Messages : 11777
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Alice McDermott
Alors, je vais continuer ma découverte d'Alice Mc Dermott avec Someone d'abord ! Merci pour le commentaire @aeriale !
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Liseron- Messages : 4245
Date d'inscription : 02/01/2017
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