Gesualdo Bufalino
+2
Liseron
Arabella
6 participants
Books en Stock :: Hey Billie Y'a quoi dans ta bibliothèque ? :: Littérature italienne, grecque, turque
Page 1 sur 2
Page 1 sur 2 • 1, 2
Gesualdo Bufalino
Gesualdo Bufalino (1921 - 1996)
Source : éditions Cambourakis
Gesualdo Bufalino (1921-1996) est né à Comiso, dans le sud de la Sicile. Mobilisé en 1942 puis capturé par les Allemands en 1943, il parvient à s’évader. Hospitalisé pour cause de tuberculose en 1944, il guérit à Palerme en 1946 et reprend ses études avant d’enseigner toute sa vie à Comiso. Ce n’est qu’au moment de sa retraite qu’il se lance dans l’écriture. Il publie son premier roman Le Semeur de peste, en 1981, qui fut couronné par le prestigieux prix Campiello. Auteur de quatre romans, il était également critique littéraire et traducteur (notamment des œuvres de Baudelaire, de Térence, de Hugo, de Madame de Staël, de Toulet et de Giraudoux).
_________________
Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4732
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Gesualdo Bufalino
Les mensonges de la nuit
Un auteur au parcours atypique, qui n'a commencé à publier que très tard, des livres parfois écrits longtemps avant. Et qui semble jouir d'un statut paradoxal : à la fois visiblement reconnu par des spécialistes, devenu sujet de thèse de doctorats, il est peu connu en France, peu publié, même si certains livres reparaissent, comme ces Mensonges de la nuit, qui doivent donner lieu à une nouvelle édition début septembre aux excellentes éditions Cambourakis.
Nous sommes sur un minuscule îlot, dans une forteresse-prison. Quatre hommes qui se connaissent de longue date, pour avoir participé au même groupe, doivent être exécutés le lendemain à l'aube. Ils passent donc la dernière nuit enfermés ensemble à parler, à évoquer des souvenirs, à se questionner sur le sens de leur vie et de leur mort, d'autant plus que le directeur de la prison, à la dernière minute, leur a laissé une porte de sortie, mais à condition de trahir ce pourquoi ils ont été prêts à mourir. Un subtile jeu s'instaure, entre vérités, mensonges, masques et identités.
Il vaut mieux ne pas trop entrer dans le détail de ce qui se passe et se joue dans cette cellule, cette nuit-là, pour laisser au lecteur qui aurait envie de tenter l'aventure le plaisir de le découvrir par lui-même. D'autant plus que l'auteur n'est pas explicite, il suggère, laisse penser, confie à son lecteur le travail d'interprétation, lui permet de mettre le sens qui lui correspond le mieux. Toute explicitation est donc personnelle et caractérise celui qui la fait, plus qu'elle ne donne la clé du livre.
Dans un style particulier, par moments très simple, parfois un peu précieux, d'un autre temps pourrait-on dire, peut-être du temps où se passe le récit. Sauf qu'il n'est pas exactement daté, quelques indices sont semés ici et là, mais sans rien de complètement défini et incontestable. Comme d'ailleurs le lieu n'est pas vraiment fixé non plus, on pense à une île de la Méditerranée, mais laquelle, et n'est-ce pas un faux indice encore ? Ces hommes ne sont pas d'un seul lieu ni d'une seule époque, leurs expériences et leurs doutes sont éternels et inéluctables.
Un livre désarçonnant, déroutant, troublant. Une très belle découverte.
Un auteur au parcours atypique, qui n'a commencé à publier que très tard, des livres parfois écrits longtemps avant. Et qui semble jouir d'un statut paradoxal : à la fois visiblement reconnu par des spécialistes, devenu sujet de thèse de doctorats, il est peu connu en France, peu publié, même si certains livres reparaissent, comme ces Mensonges de la nuit, qui doivent donner lieu à une nouvelle édition début septembre aux excellentes éditions Cambourakis.
Nous sommes sur un minuscule îlot, dans une forteresse-prison. Quatre hommes qui se connaissent de longue date, pour avoir participé au même groupe, doivent être exécutés le lendemain à l'aube. Ils passent donc la dernière nuit enfermés ensemble à parler, à évoquer des souvenirs, à se questionner sur le sens de leur vie et de leur mort, d'autant plus que le directeur de la prison, à la dernière minute, leur a laissé une porte de sortie, mais à condition de trahir ce pourquoi ils ont été prêts à mourir. Un subtile jeu s'instaure, entre vérités, mensonges, masques et identités.
Il vaut mieux ne pas trop entrer dans le détail de ce qui se passe et se joue dans cette cellule, cette nuit-là, pour laisser au lecteur qui aurait envie de tenter l'aventure le plaisir de le découvrir par lui-même. D'autant plus que l'auteur n'est pas explicite, il suggère, laisse penser, confie à son lecteur le travail d'interprétation, lui permet de mettre le sens qui lui correspond le mieux. Toute explicitation est donc personnelle et caractérise celui qui la fait, plus qu'elle ne donne la clé du livre.
Dans un style particulier, par moments très simple, parfois un peu précieux, d'un autre temps pourrait-on dire, peut-être du temps où se passe le récit. Sauf qu'il n'est pas exactement daté, quelques indices sont semés ici et là, mais sans rien de complètement défini et incontestable. Comme d'ailleurs le lieu n'est pas vraiment fixé non plus, on pense à une île de la Méditerranée, mais laquelle, et n'est-ce pas un faux indice encore ? Ces hommes ne sont pas d'un seul lieu ni d'une seule époque, leurs expériences et leurs doutes sont éternels et inéluctables.
Un livre désarçonnant, déroutant, troublant. Une très belle découverte.
_________________
Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4732
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Gesualdo Bufalino
Ce huis-clos doit être très intéressant et c'est effectivement un auteur dont je n'ai jamais entendu parler.
_________________
"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" Jules Renard
Liseron- Messages : 3908
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
Re: Gesualdo Bufalino
De même, je n'ai jamais eu vent de cet auteur mais le thème a l'air passionnant.
Il doit être difficile à trouver en bibliothèque?
Il doit être difficile à trouver en bibliothèque?
Aeriale- Messages : 10735
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Gesualdo Bufalino
Oui, cela ne doit pas être facile à trouver en bibliothèque, mais il ressort en poche début septembre.
_________________
Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4732
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Gesualdo Bufalino
Ah bien! Je note le nom et regarderai, merci @Arabella :-)
Aeriale- Messages : 10735
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Gesualdo Bufalino
Je le note aussi. Ça à l'air vraiment bien, et en plus ça me rappelle quelque chose sans que j'arrive à mettre le doigt dessus. De bonnes éditions Cambourakis.
Dernière édition par domreader le Dim 25 Aoû - 15:46, édité 1 fois
_________________
'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3195
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: Gesualdo Bufalino
Je le note aussi !
_________________
Et, du monde indistinct des rêves, là où se terrent les secrets mystiques, une réponse surgit.
Queenie- Messages : 6727
Date d'inscription : 29/11/2016
Localisation : *CabanCouette*
Re: Gesualdo Bufalino
Oui, le 4 septembre! C'est ce que m’a dit ma libraire.Arabella a écrit:Oui, cela ne doit pas être facile à trouver en bibliothèque, mais il ressort en poche début septembre.
Je vais me le commander :-)
Aeriale- Messages : 10735
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Gesualdo Bufalino
J'espère que tu vas aimer. Mais il n'est ni trop long ni trop cher. 

_________________
Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4732
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Gesualdo Bufalino
Le semeur de peste
C'est le premier roman publié par Gesualdo Bufalino, alors âgé de 60 ans, avec lequel il a connu une reconnaissance immédiate dans son pays (le roman a obtenu le prix Campiello). Le roman avait été écrit trente ans auparavant (1950) et il est basé en partie sur l'expérience de l'auteur, qui s'est découvert malade de la tuberculose pendant la seconde guerre mondiale, et qui a séjourné dans une institution destinés aux tuberculeux, avant d'être guéri.
Nous sommes donc à la Roche, un établissement pour tuberculeux en Sicile tout de suite après la fin de la seconde guerre mondiale. Le narrateur, malade lui-même, raconte son quotidien et celui des autres pensionnaires. Il y a des personnages qui comptent pour lui dans ce lieu de douleurs, le Grand Maigre, un médecin, et les patients, Sebastiano, Père Vittorio, le Colonel…. La vie en attendant la mort qu'ils partagent, entre soumission au destin et défis lancés aux cieux, la complicité que crée la similitude de la situation, au-delà des différences de la vie vécue en dehors des murs de la Roche provoquent des liens forts. Le sentiment que chaque jour, chaque instant, pourrait être le dernier aiguise les sens, donne une intensité au moment vécu, fait entrapercevoir des beautés invisibles aux bien portants, et dont la perte prévisible est une souffrance permanente. Et il y a Marta, une malade du bâtiment des femmes, que le narrateur découvre pendant un spectacle donné par les pensionnaires. Elle a été danseuse, elle a un passé trouble, incertain, et il décide d'en tomber amoureux. Leur histoire sans avenir, juste composée de moments volés, à l'institution, à la mort, au poids des regards, à leurs propres forces de destruction, devient le motif central du livre.
C'est un livre magnifique, récit, poème en prose, questionnement métaphysique… et tant de choses encore. Le narrateur nous entraîne dans sa descente aux Enfers, dans ses révoltes et résignations, dans ses tentatives d'échapper, de donner sens, de s'étourdir. Sensible, intelligent, poétique, son texte nous fait voir toute la beauté et toute la cruauté du monde, toute la fragilité et la détermination de l'existence humaine.
Un texte bouleversant et terriblement stimulant.
C'est le premier roman publié par Gesualdo Bufalino, alors âgé de 60 ans, avec lequel il a connu une reconnaissance immédiate dans son pays (le roman a obtenu le prix Campiello). Le roman avait été écrit trente ans auparavant (1950) et il est basé en partie sur l'expérience de l'auteur, qui s'est découvert malade de la tuberculose pendant la seconde guerre mondiale, et qui a séjourné dans une institution destinés aux tuberculeux, avant d'être guéri.
Nous sommes donc à la Roche, un établissement pour tuberculeux en Sicile tout de suite après la fin de la seconde guerre mondiale. Le narrateur, malade lui-même, raconte son quotidien et celui des autres pensionnaires. Il y a des personnages qui comptent pour lui dans ce lieu de douleurs, le Grand Maigre, un médecin, et les patients, Sebastiano, Père Vittorio, le Colonel…. La vie en attendant la mort qu'ils partagent, entre soumission au destin et défis lancés aux cieux, la complicité que crée la similitude de la situation, au-delà des différences de la vie vécue en dehors des murs de la Roche provoquent des liens forts. Le sentiment que chaque jour, chaque instant, pourrait être le dernier aiguise les sens, donne une intensité au moment vécu, fait entrapercevoir des beautés invisibles aux bien portants, et dont la perte prévisible est une souffrance permanente. Et il y a Marta, une malade du bâtiment des femmes, que le narrateur découvre pendant un spectacle donné par les pensionnaires. Elle a été danseuse, elle a un passé trouble, incertain, et il décide d'en tomber amoureux. Leur histoire sans avenir, juste composée de moments volés, à l'institution, à la mort, au poids des regards, à leurs propres forces de destruction, devient le motif central du livre.
C'est un livre magnifique, récit, poème en prose, questionnement métaphysique… et tant de choses encore. Le narrateur nous entraîne dans sa descente aux Enfers, dans ses révoltes et résignations, dans ses tentatives d'échapper, de donner sens, de s'étourdir. Sensible, intelligent, poétique, son texte nous fait voir toute la beauté et toute la cruauté du monde, toute la fragilité et la détermination de l'existence humaine.
Un texte bouleversant et terriblement stimulant.
_________________
Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4732
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Gesualdo Bufalino
ton enthousiasme est contagieux 

_________________
Life is a lot like Jazz
Best when you improvise
George Gershwin
Re: Gesualdo Bufalino
En plus le livre est réédité, il va paraître le 2 septembre aux éditions Cambourakis.
_________________
Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4732
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Gesualdo Bufalino
oui, j'ai vu cela, je l'ai ajouté à mon panier 

_________________
Life is a lot like Jazz
Best when you improvise
George Gershwin
Re: Gesualdo Bufalino
J'avais oublié cet auteur, dont j'ai toujours Les mensonges de la nuit en attente.
Je l'avais commencé puis mis de côté. Je ne sais plus pourquoi, j'avais eu du mal à rentrer dedans...
Je l'avais commencé puis mis de côté. Je ne sais plus pourquoi, j'avais eu du mal à rentrer dedans...
Aeriale- Messages : 10735
Date d'inscription : 30/11/2016
Page 1 sur 2 • 1, 2
Books en Stock :: Hey Billie Y'a quoi dans ta bibliothèque ? :: Littérature italienne, grecque, turque
Page 1 sur 2
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|