Sylvie Germain
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Sylvie Germain

Sylvie Germain est une romancière, essayiste et dramaturge française contemporaine, née le 8 Janvier 1954, à Chateauroux.
Au cours des années 70, Sylvie Germain suit des études de philosophie, auprès d'un professeur qu'elle admire, Emmanuel Lévinas. Son mémoire de maîtrise porte sur la notion d’ascèse dans la mystique chrétienne, et sa thèse de doctorat concerne le visage humain.
Elle commence à cette époque à écrire des contes et des nouvelles. Elle part ensuite en voyage dans les pays de l'Est et c'est à cette occasion qu'elle découvre la Tchécoslovaquie, pays dont elle tombe amoureuse. Revenue en France, alors qu'elle travaille au ministère de la Culture, elle envoie à l'écrivain Roger Grenier un manuscrit. Celui-ci, à la lecture de ses mots, l'encourage dans la voie de l'écriture. Sylvie Germain suit ses conseils et en 1984 publie "Le Livre des nuits", un roman fleuve de 700 pages, qui reçoit six prix littéraires.
À la suite du succès de son premier roman, en 1986, elle part vivre à Prague où elle enseigne la philosophie à l'École française. Les années pragoises sont l'occasion de l'écriture puis de la publication en 1989 de "Jours de colère", qui reçoit le prix Femina.
En 2000, elle publie plusieurs livres dans des genres variés : un récit de voyage, un essai spirituel et un album de photographies. En 2002 paraît un nouveau roman, "La Chanson des Mal-aimants".
"Magnus", paru en 2005, reçoit un accueil enthousiaste du public et le prix Goncourt des lycéens.
Depuis janvier 2007, elle soutient Bibliothèques Sans Frontières, une jeune ONG qui vise à faciliter l'accès au savoir dans les pays en développement.
Source Babelio
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"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" Jules Renard
Liseron- Messages : 3922
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
Re: Sylvie Germain

Le Vent reprend ses tours
Quelle beauté que l'écriture de Sylvie Germain ! Gros coup de cœur pour cette auteure que je n'avais jamais lue !
Un avis de recherche collé sous un abribus et voilà Nathan ramené des années en arrière...Car c'est la photo de Gavril, son vieil ami, ce saltimbanque des rues, ce poète des mots, qui a enchanté son enfance, qui lui a offert son affection et son amour, que la propre mère de Nathan lui refusait, qui est là, sur l'affichette : il y est écrit qu'il a disparu de l'hôpital où il était soigné. Mais Nathan le croyait mort, c'est bien ce qu'on lui avait dit, non ?
Alors commence une longue quête, sur les traces de Gavril : qui était-il vraiment, qu'a-t-il vécu en Roumanie, son pays d'origine, avant d'arriver en France ? Et pourquoi sa mère lui a-t-elle dit qu'il était mort ? Par jalousie ?
Parallèlement à cette quête, c'est aussi à la lente reconstruction de Nathan que nous assistons.
Une histoire magnifique, tout en finesse et poésie, une ode à l'amitié, une réflexion sur l'amour maternel, une véritable déclaration d'amour aux mots, ceux que les poètes véhiculent et transmettent ; les mots, écrits, soufflés, parlés, véritable porte ouverte vers la liberté.
J'ai été subjuguée par l'écriture de Sylvie Germain, si riche, si juste, si précise et si poétique.
Une véritable découverte !
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Liseron- Messages : 3922
Date d'inscription : 02/01/2017
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Re: Sylvie Germain
Oui c'est une auteure que j'aime beaucoup aussi. Merci de lui avoir donné un fil. Ça manquait.
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'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3213
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: Sylvie Germain
oui, merci pour ce fil
lors de ma découverte il y a quelques années, j'ai lu plusieurs livres d'elle et le plus marquant était Tobie des marais qui m'a enthousiasmé
je n'ai pas lu un autre de ses livres depuis un bon moment... je vais tenter de la remettre dans mes prévisions de lecture
lors de ma découverte il y a quelques années, j'ai lu plusieurs livres d'elle et le plus marquant était Tobie des marais qui m'a enthousiasmé
je n'ai pas lu un autre de ses livres depuis un bon moment... je vais tenter de la remettre dans mes prévisions de lecture

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George Gershwin
Re: Sylvie Germain
Oui, très bonne initiative! Et c'est vrai qu'on n'avait pas de fil...
Découverte avec Magnus, qui m'avait laissé une impression mitigée. J'ai retrouvé mon commentaire de l'époque (2006)

L'histoire m'a paru très prenante au début. L'enfance du héros, le poids du secret, ses errances, sa quête et les réponses délivrées peu à peu. J'ai suivi tout cela avec intérêt mais toujours dans la distance.
J'ai aimé cette aura de mystère mais regretté le peu d' émotion, le plus souvent étouffée (surtout lors de l'accident de la femme aimée) Une chute très belle et poétique mais j'ai été désorientée par le flou final (est-ce une renaissance, un nouveau départ, ou une mort intérieure et une nouvelle vie d'ermite?)
Bref, je suis restée un peu sur ma faim, l'auteur m'éloignant parfois trop de ses personnages à force de mysticisme.
...
Le suivant, Jours de colère, m'avait par contre enthousiasmée. (Commentaire de 2008)

Ma seconde tentative avec Sylvie Germain, beaucoup plus réussie. En fait pour rentrer dans son univers, il faut pouvoir s'abandonner. Accepter ce mélange d'imaginaire et de mystique, face à une réalité très concrète. Il y a une magnificence de mots, une sublimation des sens, qui donnent un côté sacré à ses textes. C'est à la fois très poétique, sensuel et très inventif. Un univers où les rêves sont "nos yeux de la nuit" et où le désir peut se porter sur "une femme ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles".
Jours de colère parle d'un monde de rudesse à l'image de ces bouviers, un monde tragique et onirique où les sentiments sont exacerbés, où l'amour et la haine se rejoignent. Colère, passion, jalousie et désespoir, tout se mélange. Un élan de folie qui dévaste et où il n'y a pas de vainqueur. Ici tout est excès, l'auteure ne craint pas le paroxysme qui parfois effraie mais la violence de l'histoire est servie par une langue d'une rare finesse, j'en ai été comme ensorcelée.
Eblouissant!
Découverte avec Magnus, qui m'avait laissé une impression mitigée. J'ai retrouvé mon commentaire de l'époque (2006)

L'histoire m'a paru très prenante au début. L'enfance du héros, le poids du secret, ses errances, sa quête et les réponses délivrées peu à peu. J'ai suivi tout cela avec intérêt mais toujours dans la distance.
J'ai aimé cette aura de mystère mais regretté le peu d' émotion, le plus souvent étouffée (surtout lors de l'accident de la femme aimée) Une chute très belle et poétique mais j'ai été désorientée par le flou final (est-ce une renaissance, un nouveau départ, ou une mort intérieure et une nouvelle vie d'ermite?)
Bref, je suis restée un peu sur ma faim, l'auteur m'éloignant parfois trop de ses personnages à force de mysticisme.
...
Le suivant, Jours de colère, m'avait par contre enthousiasmée. (Commentaire de 2008)

Chez les vieux la folie fait la pause. Elle s'immobilise à la façon d'une chouette effraie qu'engourdiraient peu à peu le froid, la fatigue, la faim, au creux d'un arbre sec, jusqu'à la statufier en vague ombre blême clignotant des paupières sur un regard démesuré d'absence et de stupeur. Mais avant de parvenir à cet état de prostration, la folie doit s'être depuis longtemps faufilée dans le coeur de celui ou celle en qui elle mûrira, et avoir longuement louvoyé dans ses pensées, ses rêves, sa mémoire et ses sens en sautillant ou piétinant, en chantonnant ou bien criant, en ondoyant ou en courant, -selon.
Chez Ambroise Maupertuis la folie était entrée en coup de vent, avait grimpé par bonds puis s'était cabrée en une pose tout arquée de violence. La folie furieuse, comme un éclat de foudre qui se pétrifierait en plein ciel. Une folie qui lui était venue face à une femme qu'il ne connaissait pas, qu'il n'avait vue que morte, poignardée à la gorge, un matin de printemps sur les berges de l'Yonne.
Ma seconde tentative avec Sylvie Germain, beaucoup plus réussie. En fait pour rentrer dans son univers, il faut pouvoir s'abandonner. Accepter ce mélange d'imaginaire et de mystique, face à une réalité très concrète. Il y a une magnificence de mots, une sublimation des sens, qui donnent un côté sacré à ses textes. C'est à la fois très poétique, sensuel et très inventif. Un univers où les rêves sont "nos yeux de la nuit" et où le désir peut se porter sur "une femme ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles".
Jours de colère parle d'un monde de rudesse à l'image de ces bouviers, un monde tragique et onirique où les sentiments sont exacerbés, où l'amour et la haine se rejoignent. Colère, passion, jalousie et désespoir, tout se mélange. Un élan de folie qui dévaste et où il n'y a pas de vainqueur. Ici tout est excès, l'auteure ne craint pas le paroxysme qui parfois effraie mais la violence de l'histoire est servie par une langue d'une rare finesse, j'en ai été comme ensorcelée.
Elle marchait tout droit vers le champ de paix où reposait sa bien-aimée, sa miraculeuse fille, un bouquet de fleurs des champs à la main. Tout le long du chemin elle marmonnait les mots de litanie de la Vierge. Des mots aussi polis par ses lèvres que le grain de son chapelet, par ses doigts. Des mots qui étaient devenus sa salive, des grains de buis qui brillaient comme des ongles. Sa douleur avait la luminosité d'un arc en ciel avant la pluie. Sa douleur avait l'odeur des champs, des prés, des vergers, de la brise, la clarté de l'eau des fontaines. Sa foi avait lavé sa douleur, ses larmes scintillaient au creux de son âme
Eblouissant!
Aeriale- Messages : 10770
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Sylvie Germain
Oui Jours de Colère est genial !
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'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3213
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: Sylvie Germain
J'avais tenté La pleurante des rues de Prague, et je me suis rarement autant ennuyée dans un livre. Je l'ai fini parce qu'il est très court, mais je ne me souviens de rien, sauf de l'ennui. Du coup je n'ai plus tenté. Peut être Jour de colère, alors.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4734
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Sylvie Germain
j'avais tenté le même livre en premier et ce n'était pas le grand enthousiasme non plus... je comprends ton ennuie…Arabella a écrit:J'avais tenté La pleurante des rues de Prague, et je me suis rarement autant ennuyée dans un livre. Je l'ai fini parce qu'il est très court, mais je ne me souviens de rien, sauf de l'ennui. Du coup je n'ai plus tenté.
heureusement j'avais lu un deuxième qui a changé complètement la donne

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Re: Sylvie Germain

Le monde sans vous
En voici un autre témoignage du voyage en Transsibérien en 2010.Présentation de l’éditeur
« Chacun recèle dans son imaginaire un atlas amoureux qu'il compulse selon sa fantaisie. Un atlas amoureux est forcément extravagant, illustré de cartes et de planches qui ne respectent pas toujours la bonne échelle. C'est un imprécis de géographie passionnelle. »
Récits, hommage à ses parents disparus, dont tout lecteur ne peut que ressentir la puissance, l’émotion et la beauté.
Dans Variations sibériennes, Sylvie Germain évoque un voyage dans le Transsibérien juste après la mort de sa mère. Tout en s’imprégnant de cette « terre qui dort » où reposent mammouths et princesses de l’Altaï, elle convie les poètes Pasternak, Akhmatova, Cendrars, Mandelstam, mais aussi les esprits, les légendes, tout ce qui fait l’âme d’un peuple, et fait offrande de ce paysage enténébré, douloureux, vivant et magnifique à sa mère qui ne le verra plus.
Dans Kaléidoscope, c’est le père qu’elle convoque. Issu d’une lignée d’horticulteurs qui recherchaient le secret de la rose noire, il cultivait les mots et les paysages intimes dont elle retrouve le mystère dans les tableaux de Piero della Francesca ou de Patinir.
Cela faisait un bout de temps que je n’avais rien lu de Sylvie Germain.
Ce voyage dans le « Transsib » était la bonne occasion.
Pas de secret – j’aime bien des « projets » : plusieurs auteurs qui se consacrent de le leur façon d’un même sujet.
Cela me passionne pour le domaine de la cuisine, celui du Musée des Confluences ou des nuits au musée.
En voyant qu’il y avait plusieurs auteurs qui avaient publié leur contribution de ce voyage dans le Transsibérien, je voulais les découvrir tous.
La participation de Sylvie Germain est tout aussi extraordinaire que les autres… et elle est vraiment très à part… mais très belle.
Tombée une fois de plus sous le charme de sa plume.
Récit personnel et très touchant.
Extrait
La terre est muette. Muette du lever au coucher du jour, de la tombée du soir à la fin de la nuit. La terre est muette comme un désir frappé d'exil.
La taïga fait silence derrière la vitre du train dont l'incessant marmonnement forme un glacis sonore.
Le train va son chemin. Il tangue doucement en dévidant sa mélopée, égale, toujours égale dans son rythme et ses syncopes. Sa basse mélopée, exquise et obsédante.
Il roule, calme et docile, obstinément. Il glisse, longue couleuvre de fer bleu olivâtre à rayures rouges ou blanches. Ses flancs sont ponctués de larges écailles transparentes voilées de buée, de crasse, parfois de givre ou de pluie, parfois éblouies par une flaque de soleil. Il ondule entre les talus, se faufile à travers broussailles et forêts, à travers brouillards, vents et averses, jour après jour, nuit après nuit. Ses pauses sont brèves ; il s'est lancé dans une course de près de dix mille kilomètres, il ne peut s'attarder nulle Part. Sa vocation est d'être en mouvement continuel, sa mission d'aller de l'avant, toujours, toujours.
Il va, le Transsibérien, il va il va, il épouse le temps, lacère de patience. Il traverse une géographie du temps, d'ouest en est. Il va à rebours du trajet du soleil. Il désheure le corps, et peu à peu, l'esprit des passagers. Il fait matin en plein sommeil, et vif éveil au milieu de la nuit. Demain grignote chaque aujourd'hui.
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