Ryōko Sekiguchi
4 participants
Page 1 sur 1
Re: Ryōko Sekiguchi
Nagori: La nostalgie de la saison qui vient de nous quitter
Quand ce livre est paru en grand format, il n’y avait qu’un mot comme titre : « Nagori ».Présentation de l’éditeur
Nagori, littéralement "reste des vagues", qui signifie en japonais la nostalgie de la séparation, et surtout la saison qui vient de nous quitter. Le goût de Nagori annonce déjà le départ imminent du fruit, jusqu'aux retrouvailles l'année suivante, si on est encore en vie. On accompagne ce départ, on sent que le fruit, son goût, se sont dispersés dans notre propre corps. On reste un instant immobile, comme pour vérifier qu'en se quittant, on s'est aussi unis.
La publication en poche a ajouté non seulement entre autre le mot magique « saison » mais avec une couverture pareil, impossible que je le rate !
Et en effet, j’ai retrouvé des saisons, de la nourriture et plein de belles pensées dans ce texte.
Malheureusement je n’ai pas les mots pour en parler, je préfère donner parole à un commentaire sublime trouvé chez La Croix
_________________
Life is a lot like Jazz
Best when you improvise
George Gershwin
Re: Ryōko Sekiguchi
livre paru dans la collection Le Banquet sous sa direction, je vais mettre mon commentaire sur ce fil
Je mange bien, ne t'en fais pas
Quatre récits de cœur et de cuisine
Mais cela n’est pas grave, j’ai vraiment aimé beaucoup toutes les nouvelles.
Chacune dans son genre et surtout avec différents auteurs, chacun avec sa voix.
Ce que je trouvais marrant c’était les endroits que les auteurs ont choisi de mettre au centre. Normalement je suis habituée que les auteurs japonais situent leurs histoires au Japon. Mais non, voilà un beau défi de les faire voyager en Europe. Et ils ont aussi bien ramené des bons plats que des beaux endroits.
Une collection qui me plaît… curieuse de voir les épisodes suivantes.
Je mange bien, ne t'en fais pas
Quatre récits de cœur et de cuisine
Tout un tas de plats différents au Pays basque, la minestrone en Italie, le sarrasin pour faire des galettes en Bretagne et bien que la visite de l’Alentejo était très agréable, il n’y avait pas trop de repas signifiants dans cette nouvelle.Présentation de l’éditeur
Les autrices des nouvelles :
Mitsuyo Kakuta
Areno Inoue
Eto Mori
Kaori Ekuni
Joie, tristesse, amertume, soulagement… nous ne ressentons pas les émotions, nous les goûtons.
Nous les déposons sur la table autour de laquelle nous nous asseyons, et nous les partageons.
Quatre écrivaines japonaises mettent en scène l’Europe – le Pays basque, le Piémont italien, la Bretagne, l’Alentejo au Portugal – et ses plats.
Quatre variations autour de la nourriture où le minestrone, les galettes de blé noir ou le pão de ló deviennent des lieux de mémoire et de réconciliation.
Dans ces nouvelles, les plats disent de nous ce que les mots ne peuvent pas dire. Les drames – mort d’une mère, d’un mari, disparition d’une sœur, jalousie amoureuse – se nouent et se dénouent autour d’un repas partagé. Car ce que l’on partage lorsque l’on mange ensemble, ce n’est pas de la nourriture mais de l’amour.
Mais cela n’est pas grave, j’ai vraiment aimé beaucoup toutes les nouvelles.
Chacune dans son genre et surtout avec différents auteurs, chacun avec sa voix.
Ce que je trouvais marrant c’était les endroits que les auteurs ont choisi de mettre au centre. Normalement je suis habituée que les auteurs japonais situent leurs histoires au Japon. Mais non, voilà un beau défi de les faire voyager en Europe. Et ils ont aussi bien ramené des bons plats que des beaux endroits.
Une collection qui me plaît… curieuse de voir les épisodes suivantes.
_________________
Life is a lot like Jazz
Best when you improvise
George Gershwin
Re: Ryōko Sekiguchi
On l'avait rencontré à une soirée à la librairie de @Queenie . Elle est très sympathique.
_________________
Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Ryōko Sekiguchi
- Je mange bien, ne t'en fais pas - quatre récits de coeur et de cuisine (Cheese to shio to mame to. 2013). Philippe Picquier. 177 pages. Récits traduits du japonais en 2021 par Déborah Pierret-Watanabe.
"La collection Le Banquet réunit des oeuvres japonaises inédites où la nourriture occupe une place centrale, celle du plat de résistance." (Ryôko Sekiguchi, page 5).
Tout d'abord quelques pages sont consacrées au "Fenouil, parfum du terroir", par Armand Arnal, chef du restaurant La Chassagnette à Arles. Ce texte finit par : "La cuisine, pour moi, c'est l'écoute. Il y a une logique des vivants et si on possède cette qualité d'écoute, le reste suit cette logique et l'énergie coule tout naturellement, le goût et le parfum avec. Je fais en sorte que les légumes acceptent de venir vers moi, qu'ils se laissent cuisiner." (page 9)
Puis viennent quatre récits, écrits par quatre auteures différentes. Pourquoi n'y a-t-il que des photos d'elles, photos jugées apparemment plus importantes qu'une présentation ne serait-ce que de quelques lignes, une petite biographie et/ou bibliographie ? Par exemple, concernant Mori Eto, elle est (merci Wikipedia) notamment l'auteure du roman Colorful, dont l'adaptation en animé a eu du succès (prix à Annecy...), alors pourquoi ne pas l'écrire ?... De plus, c'est me semble-t-il son premier texte traduit en français. Pourquoi ne rien en dire et obliger le lecteur à aller voir sur le Net ?
Mais, surtout, pourquoi quatre auteures japonaises ont-elles décidé d'écrire des textes situés en Europe dans lesquels la gastronomie locale joue un grand rôle ? Ces textes ont-ils été écrits pour ce recueil ou bien rassemblés après coup ? Pourquoi le choix de ces pays, de ces régions ? Des affinités ? Un tirage au sort ? Eh bien, on ne le saura pas. Il était apparemment plus important de consacrer plusieurs pages au "Fenouil, parfum du terroir". Il y a vraiment des choses qui m'échappent.
Mais arrêtons de râler et lisons les quatre récits du recueil.
1/ Kakuta Mitsuyo (1967-) : Le Jardin de Dieu (43 pages).
Nous sommes dans une petite ville du Pays Basque. Le père de la narratrice est restaurateur. Il va annoncer à toute la famille que sa femme, hospitalisée, n'en a plus pour longtemps. Cependant, il le fait en proposant de bons petits plats, ceux justement que sa femme aime, même si elle ne peut pas être présente. Cette façon de faire révolte la narratrice : ce type d'annonce, ça ne doit pas être une fête où l'on mange et où l'on boit ! Le lecteur comprend facilement la raison de ce choix, mais la Jeunesse, elle, se braque sans chercher à comprendre, c'est bien connu.
Dès lors, la narratrice va tout faire pour quitter cette petite ville arriérée et découvrir enfin d'autres horizons, la grande ville, tout ça. La façon dont elle finira par comprendre le choix de son père n'est pas mal amenée. Mais on se dit que, quand même, elle aurait pu comprendre plus tôt (ce qui est certes plus facile quand on n'est pas émotionnellement impliqué). Le texte est un peu long, mais cette longueur permet sans doute de mieux ressentir les tournants que peut prendre une vie non planifiée dès le début, quelqu'un qui se cherche.
Plus anecdotiquement (et pour le plaisir de râler), l'héroïne a beau avoir fait des études, elle a des problèmes avec les maths :
Ma calculatrice me dit qu'elle est donc absente entre 6 et 12 mois par an. Quand elle dit qu'elle est à Barcelone la plupart du temps, j'ai comme un doute sur ce que je lis."La plupart du temps, j'occupe un poste dans un bureau à Barcelone. Mais deux fois par an environ, je pars pour des séjours de trois à six mois [...]" (page 43).
2/ Inoue Areno (04/02/1961-) : Les Raisons (33 pages). Inoue Areno est l'auteure d'un grand nombre de romans, nouvelles, essais. En français, on ne trouve que L'Ode au chou sauté (j'ai craqué à la moitié, je ne parlerai donc pas de ce roman), qui a inauguré chez Picquier la collection Le Banquet. Cette fois, nous sommes dans une petite maison isolée du Piémont. Le récit commence ainsi :
Carlo n'est pas en bonne santé, pour dire le moins... Par flashbacks, on va savoir comment est née la relation de la narratrice avec son professeur d'anglais. On est plus dans le passé que dans le présent, mais on sent que la narratrice va devoir laisser ce passé et aller de l'avant."Pourquoi ? me demandaient-ils tous. [...]
Des raisons, je pourrais leur en donner à l'infini. Il était gentil. Viril. Bon cuisinier. Intelligent. Cultivé. Il avait bon goût. Des yeux magnifiques. De grandes mains. Le corps chaud. Il sentait bon.
Je pourrais leur dire que même s'il prenait de l'âge, il restait jeune dans sa tête. Que son corps aussi était suffisamment jeune. Que soixante ans, ce n'était pas vieux. Que même si c'était un vieil homme, il était formidable. Il était formidable justement parce que c'était un vieil homme.
Vraiment, il existait une myriade de raisons pour lesquelles j'aimais Carlo. Mais..." (page 59).
Un petit récit pas très marquant, mais pas mauvais non plus, qui tient souvent de la vignette.
3/ Mori Eto (02/04/1968-) : Blé noir (41 pages). Mori Eto a reçu pas mal de prix importants (Noma, Naoki...) et est notamment l'auteure du roman Colorful (1998 ; porté à l'écran avec succès en 2010, comme écrit plus haut, par Hara Keiichi, le réalisateur de Miss Hokusai), dont plus d'un million d'exemplaires ont été vendus, ce que proclame la couverture de la version anglo-saxonne - car le livre a été traduit en anglais.
Cette fois, nous sommes en Bretagne. Voici le début du texte :
Notre héros part immédiatement pour le Finistère. Les habitants de sa petite ville natale sont pleins de superstitions et très à cheval sur ce qui se fait ou non. Par exemple, les galettes, c'est très bien, alors que..."J'étais en train de monter une meringue dans les cuisines d'un restaurant parisien doublement étoilé quand j'ai appris que ma mère était mourante. [...] J'avais du mal à croire que nos retrouvailles allaient avoir lieu dans des conditions pareilles. (page 95).
On comprend que notre héros ait voulu partir. Finalement, c'est un peu comme dans la première nouvelle : naissance dans un coin isolé, volonté de quitter ces esprits étroits, ces traditions dépassées et sclérosantes, de découvrir le monde et la liberté ; puis, le temps passe, et pour une raison ou une autre on est amené à revenir au point de départ ou pas loin, et on se rend compte que tout n'y était pas complètement noir. À un moment, il y a un peu du Festin de Babette dans cette nouvelle (manger, c'est aussi un plaisir, même pour les gens pincés pour qui avaler de la nourriture, c'est juste destiné à vivre), mais évidemment le Festin de Babette, c'est autre chose, c'est mémorable."- Les crêpes sucrées, c'est de la cochonnerie. C'est lamentable. Tu n'as pas honte, toi qui es breton, de servir un truc pareil à tes clients ?
- Encore cette histoire ? Tu n'en as pas marre ? Les temps changent, maman. Les crêpes sucrées sont douces au palais et plutôt appréciées à Paris." (page 98).
Le récit reste très lisible, quand même.
Pour la forme, on notera l'emploi pas très heureux d'un "littéralement". Il faudrait obliger à bien réfléchir avant chaque utilisation de ce mot, puisque neuf fois sur dix, ça fait dire des âneries (généralement le contraire de ce qu'on veut dire, quand ce "littéralement" est accolé à une métaphore, du genre littéralement noyé sous le travail). Ici, c'est (page 100): "... m'épuisaient littéralement". Etre épuisé, je sais ce que ça veut dire. Mais être épuisé littéralement... hmmm... je cherche encore...
4/ Ekuni Kaori (21/03/1964-) : Alentejo (39 pages). Pour cette dernière nouvelle, nous sommes au Portugal.
Un couple gay a loué pour quelques jours de vacances un cottage dans un coin perdu, dans le but de faire du tourisme culinaire (dont on ne verra pas grand-chose, la nourriture n'est pas du tout le coeur du récit, qui finalement aurait très bien pu ne pas figurer dans ce livre). Il fait chaud. Il ne se passe pas grand-chose, à part une bizarrerie à un moment ou deux, sans doute super symbolique, et pas limpide ("Vraiment très intrigant.", page 155 ; effectivement), ça rajoute de la profondeur, du mystère (les coins isolés sont forcément mystérieux, les traditions et autres forces primitives sont plus présentes qu'en ville). On croise quelques personnes. Il continue à faire chaud. Et, à un moment, il est temps de partir.
Le moins bon récit du recueil, de loin.
Ah, pour finir, vous vous demandez qui est l'auteur de la couverture, d'où provient l'oeuvre ? Dommage pour vous, vous ne le saurez pas : "en couverture (c) D.R."
eXPie- Messages : 780
Date d'inscription : 04/12/2016
Re: Ryōko Sekiguchi
eXPie a écrit:Il y a vraiment des choses qui m'échappent.
Mais arrêtons de râler et lisons les quatre récits du recueil.
merci pour un de tes commentaires sublimes, ils me manquent...
je le rencontre plus souvent que je ne le souhaiteeXPie a écrit:Ah, pour finir, vous vous demandez qui est l'auteur de la couverture, d'où provient l'oeuvre ? Dommage pour vous, vous ne le saurez pas : "en couverture (c) D.R."
_________________
Life is a lot like Jazz
Best when you improvise
George Gershwin
Re: Ryōko Sekiguchi
Sourire! Merci pour ce commentaire croustillant @eXPie! Kena a tout dit, ça nous manquait.
Mais drôle d’ouvrage sinon, l’auteure a juste rassemblé ces quatre récits japonais autour de repas pris en France si j’ai bien suivi? Quelle morale plus précise en tire t’elle?
Mais drôle d’ouvrage sinon, l’auteure a juste rassemblé ces quatre récits japonais autour de repas pris en France si j’ai bien suivi? Quelle morale plus précise en tire t’elle?
Aeriale- Messages : 11930
Date d'inscription : 30/11/2016
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum