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Guy Boley

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Message par Nightingale Sam 6 Juin - 16:47

Guy Boley


Guy Boley Guy-bo10


Guy Boley est né en 1952. Après avoir fait mille métiers (ouvrier, chanteur des rues, cracheur de feu, directeur de cirque, funambule, chauffeur de bus, dramaturge pour des compagnies de danses et de théâtre) il a publié un premier roman, Fils du feu (Grasset, 2016) lauréat de sept prix littéraires (dont le grand prix SGDL du premier roman, le prix Alain-Fournier, le prix Françoise Sagan, ou le prix Québec-France Marie-Claire Blais). Son deuxième roman, Quand Dieu boxait en amateur (Grasset, 2018) a également remporté six prix littéraires et figurait sur la première liste du Prix Goncourt.  

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Message par Nightingale Sam 6 Juin - 17:04

Fils du feu

Guy Boley Fils_d10


Nés sous les feux de la forge où s’attèle leur père, ils étaient Fils du feu, donc fils de roi, destinés à briller. Mais l’un des deux frères décède précocement et laisse derrière lui des parents endeuillés et un frère orphelin. Face à la peine, chacun s’invente sa parade : si le père s’efface dans les vagues de l’ivresse, la mère choisit de faire comme si rien ne s’était passé. Et comment interdire à sa mère de dresser le couvert d’un fantôme rêvé ou de border chaque nuit un lit depuis longtemps vidé ? Pourquoi ne pas plutôt entrer dans cette danse où la gaîté renaît ? Une fois devenu adulte et peintre confirmé, le narrateur, fils du feu survivant, retrouvera la paix dans les tableaux qu’il crée et raconte à présent. Ainsi nous dévoile-t-il son enfance passée dans une France qu’on croirait de légende, où les hommes forgent encore, les grands-mères dépiautent les grenouilles comme les singes les bananes, et les mères en deuil, pour effacer la mort, prétendent que leurs fils perdus continuent d’exister.

***
Attention, grand coup de cœur !

C'est un enfant, qui grandit dans les années 50, puis au fil des ans un jeune homme, qui nous raconte cette histoire simple. Il observe le monde autour de lui. La forge de son père dans un quartier populaire d'une ville moyenne, tout près du dépôt des locomotives. Il y a Jacky, Monsieur Lucien et "ses joues flasques", son épouse Fernande, Marguerites-des-Oiseaux aux culottes "semblables à des voiles", grand-mère et ses grenouilles...
Et puis les temps changent et un événement survient, la mort d'un petit frère, la violence du père, et la mère qui joue "sans protester le rôle que l'on attendait d'elle : mère éplorée". Peu à peu ce sera aussi "la fin de l'enclume", de la forge, parce que le monde change tout comme les locomotives à vapeur laissent leur place.


Il n'est pas utile de raconter ce livre, il faut se laisser emmener par cette écriture lumineuse, ciselée, poétique, d'une grande puissance d'évocation, tour à tour grave, drôle, mais toujours incroyablement juste et touchante.
Ce roman a récolté pas moins de sept prix littéraires, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il ne les a pas volés.
Une petite pépite ! cheers   (160 pages à dévorer d'une traite)

Jacky était un mystère. Un mystère de chair, de sang, de muscles et de silence. Pas un de ces mystères évangéliques façon Résurrection, Annonciation ou sainte Trinité, que l’on crée pour asservir les masses et qu’élucident en quelques phrases dogmatiques pour une foule un peu rustre de quelconques hiérophantes aussi rusés que fourbes. Non, Jacky était un vrai mystère. Un taiseux taciturne au visage sans lumière. Un humain sans parole. Un grand sac de secrets. Ma première statue grecque. Mon premier grand amour.
Marguerite-des-oiseaux possédait des culottes semblables à des voiles. Des culottes de trois-mâts que l'on imaginait gréées sur son fessier et que le moindre pet gonflait comme un grand foc afin de la propulser de la cuisine aux latrines...
Papa dans l'atelier se venge sur l'enclume et dans des hurlements massacre la ferraille qui craque et crie et geint quand de toutes ses forces il jette contre les murs, contre la forge, contre les vitres, le sol, le ciel et les enfers, ces nœuds de fer tordus chauffés à blanc qui naissent sous ses mains et qui ne disent rien d'autre que sa colère immense et ne clament rien d'autre que sa pauvre impuissance...

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Message par Liseron Sam 6 Juin - 18:06

Je ne sais pas où j'étais ces dernières années mais c'est un auteur que je ne connais pas. Erreur à réparer de toute urgence si je comprends bien, tu as l'air tellement enthousiaste @nightingale ! C'est noté !


Dernière édition par Liseron le Mar 18 Aoû - 16:48, édité 1 fois

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Message par kenavo Dim 7 Juin - 7:05

ton enthousiasme m'a déjà convaincu sur le fil avec les lectures... noté

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Message par Nightingale Dim 7 Juin - 18:57

Quand Dieu boxait en amateur

Guy Boley Boley011

Dans une France rurale aujourd’hui oubliée, deux gamins passionnés par les lettres nouent, dans le secret des livres, une amitié solide. Le premier, orphelin de père, travaille comme forgeron depuis ses quatorze ans et vit avec une mère que la littérature effraie et qui, pour cette raison, le met tôt à la boxe. Il sera champion. Le second se tourne vers des écritures plus saintes et devient abbé de la paroisse. Mais jamais les deux anciens gamins ne se quittent. Aussi, lorsque l’abbé propose à son ami d’enfance d’interpréter le rôle de Jésus dans son adaptation de La Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, celui-ci accepte pour sacrer, sur le ring du théâtre, leur fraternité.
Ce boxeur atypique et forgeron flamboyant était le père du narrateur. Après sa mort, ce dernier décide de prendre la plume pour lui rendre sa couronne de gloire, tressée de lettres et de phrases splendides, en lui écrivant le grand roman qu’il mérite. Un uppercut littéraire.

*****

Les romans de Guy Boley ne sont pas rentables ! Ils se lisent, que dis-je ils se dévorent en quelques bouchées. Guy Boley 3718186762
Mais quelles bouchées délicieuses.
Le roman s'ouvre sur la mort du père du narrateur, fin des années 90. Et hop, nous voilà ensuite transportés dans l'enfance de ce père, années 40.
Le jeune René, enfant, se passionne pour la lecture. Son père à lui est mort "paf, écrasé entre deux wagons, comme une crêpe, le pauvre !". Il vit donc avec sa mère qui ne voit pas d'un très bon œil cette passion pour les livres : "T'as pas encore fini avec tes conneries de lectures? Allez, lâche-moi et file, va prendre l'air ! - Oui, maman." Alors il fera de la boxe puisque sa mère le veut. Et il aimera ça finalement.
S'il fallait la décrire en termes de danse, il nommerait ça un pas de deux, mais il ne peut pas avouer des choses pareilles à son bouledogue de mère pour qui la danse entre hommes est une activité douteuse. Alors il imagine ce qu'il pourrait lui dire sans la faire frémir et qui la ferait pâmer : ce ring qui sous ses pieds tremble autant que les corps, ces cordes qui renvoient les boxeurs les uns contre les autres, car c'est affaire de chairs, ce qu'on nomme un combat, dans des odeurs de sueur ou bien d'embrocation, avec ces mains bandées qui ressemblent à des masses, avec ces nez qui fument quand un gant les écrase. Ça ressemble à la forge, il faut juste s'arranger pour que celui d'en face soit moins dur que l'enclume.

Ce jeune René, qui deviendra le forgeron que l'on connait déjà, nous le voyons grandir, avec son ami Pierre (Pierrot) qui deviendra abbé. Et plus tard, ce sera le drame déjà évoqué également dans Fils du feu.
Nous voilà donc bien replongés dans la même ambiance, même quartier de la même ville, même dépôt des locomotives agonisantes. Mais pour autant aucune redite. Les choses ne sont pas vécues, pas traitées sous le même prisme.
Et surtout quelle plaisir de retrouver cette écriture. En lisant certaines phrases, je me suis presque surpris à rechercher une rime, tant les mots dansent et chantent.
La dernière partie du roman est particulièrement touchante.
Un second coup de cœur, pour un second roman du même auteur ! Ne pas s'en priver ! cheers

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Message par Aeriale Lun 8 Juin - 9:11

Ce que tu en dis reflète bien la première impression que j'en ai eue, juste avant de le perdre en route. Il faut absolument que je le récupère en poche.

Merci pour ton avis enthousiaste qui me remotive..
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Message par Queenie Mer 10 Juin - 7:55

C'est marrant, c'est le deuxième message enthousiaste que je lis sur ce livre ce matin. Je n'en avais pas entendu parler.

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Message par Liseron Mer 19 Aoû - 12:23

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Fils du feu

Un roman qui ne laisse pas indifférent...Et pour un premier roman, quel coup de maître !
Une écriture magnifique, un ton très juste et plein de retenue pour raconter la perte d'un être cher et l'explosion de la cellule familiale. 
Et ce portrait d'une mère, qui sombre peu à peu dans une douce folie, terriblement touchant... 
Guy Boley a sûrement mis beaucoup de lui dans ce récit et avec talent et une grande sensibilité, nous transporte dans un autre monde, celui de son enfance meurtrie à laquelle il va réussir à survivre, grâce à la peinture et à la littérature.
Un texte court et percutant, qui se lit d'une traite !

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Message par Nightingale Mer 19 Aoû - 14:46

cheers
Tu n'as plus qu'à enchainer avec le second ! Wink

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