Ocean Vuong
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Ocean Vuong
Ocean Vuong
Photo: Tom Hines
Ocean Vuong est né en 1988 à Saigon, au Vietnam, et vit depuis ses deux ans aux États-Unis.
Il a reçu plusieurs récompenses prestigieuses pour ses textes poétiques, et notamment le prix T.S.-Eliot en 2017.
Un bref instant de splendeur [On earth we're briefly gorgeous] son premier roman, a été nommé Meilleur livre de l’année par les revues américaines les plus emblématiques et a reçu un accueil critique exceptionnel aux États-Unis et en Europe.
oceanvuong.com
Photo: Tom Hines
Ocean Vuong est né en 1988 à Saigon, au Vietnam, et vit depuis ses deux ans aux États-Unis.
Il a reçu plusieurs récompenses prestigieuses pour ses textes poétiques, et notamment le prix T.S.-Eliot en 2017.
Un bref instant de splendeur [On earth we're briefly gorgeous] son premier roman, a été nommé Meilleur livre de l’année par les revues américaines les plus emblématiques et a reçu un accueil critique exceptionnel aux États-Unis et en Europe.
oceanvuong.com
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Lire nuit gravement à la bêtise !
Nightingale- Messages : 2769
Date d'inscription : 09/12/2017
Age : 55
Localisation : Sur le bord de la marge
Re: Ocean Vuong
Un bref instant de splendeur
Voilà un livre difficile à raconter. Je peux vous dire qu'il y est question évidemment d'une relation mère-fils (souvent dure d'ailleurs), mais pas seulement.
Le narrateur est surnommé Little Dog par sa grand-mère, parce que dans son village on nomme les enfants par ce qu'il y a des plus méprisable, démon, fantôme, groin de cochon, fils de singe (petit chien étant la version la plus tendre) afin que que les esprits malins ne s'en approchent pas.
Little Dog nous entraine dans la question des origines marquées par la guerre, du déracinement et du racisme qui en découlent, des secrets de famille, de la recherche de l'identité, du genre... Tellement de choses, qui s'entremêlent les unes aux autres, dans un récit passant de son enfance à celle de sa mère, à sa relation à son grand-père, à sa grand-mère ; sautant d'une scène de la jeunesse de sa mère au Vietnam à une autre de sa propre adolescence en Amérique.
Mais surtout, c'est un livre sur la beauté, des corps, des âmes, et la beauté de l'écriture.
Quelle inventivité dans la façon de manier la langue... qui nous happe par des images tellement fortes et tout simplement belles, à la fois délicates et crues.
Tout particulièrement réussis sont tous les moments - parfois crus, sans filtre - qui nous dévoilent la très forte relation, belle, sauvage, tendre, intense, violente, douce, bref tellement vivante, entre Little Dog et son ami Trevor.
A un moment, j'ai été quelque peu désarçonné par une vingtaine de pages, où s’enchainent les digressions de façon en apparence désarticulée, mais finalement cela correspond aussi à une partie du récit où le narrateur est lui-même en proie à un profond désarroi. Donc ça fonctionne. Et puis à nouveau, les 50 dernières pages sont magnifiques.
Comme on peut le lire dans la belle critique de Télérama : « Ocean Vuong façonne une langue splendide pour toucher à l’essentiel, questionner au plus profond l’amour filial, la question de la race, de l’identité, de la masculinité et faire sourdre ces brefs instants de splendeur auxquels fait référence son titre. »
Un bref instant de splendeur se présente sous la forme d’une lettre qu’un fils adresse à sa mère qui ne la lira jamais. Fille d’un soldat américain et d’une paysanne vietnamienne, elle est analphabète, parle à peine anglais et travaille dans un salon de manucure aux États-Unis. Elle est le pur produit d’une guerre oubliée. Son fils, dont la peau est trop claire pour un Vietnamien mais pas assez pour un Américain, entreprend de retracer leur histoire familiale : la schizophrénie de sa grand-mère traumatisée par les bombes ennemies au Vietnam, les poings durs de sa mère contre son corps d’enfant, son premier amour marqué d’un sceau funeste, sa découverte du désir, de son homosexualité et du pouvoir rédempteur de l’écriture.
Voilà un livre difficile à raconter. Je peux vous dire qu'il y est question évidemment d'une relation mère-fils (souvent dure d'ailleurs), mais pas seulement.
Le narrateur est surnommé Little Dog par sa grand-mère, parce que dans son village on nomme les enfants par ce qu'il y a des plus méprisable, démon, fantôme, groin de cochon, fils de singe (petit chien étant la version la plus tendre) afin que que les esprits malins ne s'en approchent pas.
Little Dog nous entraine dans la question des origines marquées par la guerre, du déracinement et du racisme qui en découlent, des secrets de famille, de la recherche de l'identité, du genre... Tellement de choses, qui s'entremêlent les unes aux autres, dans un récit passant de son enfance à celle de sa mère, à sa relation à son grand-père, à sa grand-mère ; sautant d'une scène de la jeunesse de sa mère au Vietnam à une autre de sa propre adolescence en Amérique.
Mais surtout, c'est un livre sur la beauté, des corps, des âmes, et la beauté de l'écriture.
Quelle inventivité dans la façon de manier la langue... qui nous happe par des images tellement fortes et tout simplement belles, à la fois délicates et crues.
Tout particulièrement réussis sont tous les moments - parfois crus, sans filtre - qui nous dévoilent la très forte relation, belle, sauvage, tendre, intense, violente, douce, bref tellement vivante, entre Little Dog et son ami Trevor.
« Hé, a-t-il dit, à moitié endormi, t'étais quoi avant de me rencontrer ?
– Je crois que j'étais en train de me noyer. »
Une pause.
« Et t'es quoi maintenant ? » a-t-il murmuré en sombrant.
J'ai réfléchi une seconde. « De l'eau.
– Va chier. » Il m'a donné un coup de poing dans le bras. « Allez dors, Little Dog. » Et puis il est devenu silencieux.
Et puis ses cils. On les entendait réfléchir.
A un moment, j'ai été quelque peu désarçonné par une vingtaine de pages, où s’enchainent les digressions de façon en apparence désarticulée, mais finalement cela correspond aussi à une partie du récit où le narrateur est lui-même en proie à un profond désarroi. Donc ça fonctionne. Et puis à nouveau, les 50 dernières pages sont magnifiques.
Comme on peut le lire dans la belle critique de Télérama : « Ocean Vuong façonne une langue splendide pour toucher à l’essentiel, questionner au plus profond l’amour filial, la question de la race, de l’identité, de la masculinité et faire sourdre ces brefs instants de splendeur auxquels fait référence son titre. »
Depuis tout ce temps je me disais que nous étions nés de la guerre - mais je me trompais Maman. Nous sommes nés de la beauté.
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Nightingale- Messages : 2769
Date d'inscription : 09/12/2017
Age : 55
Localisation : Sur le bord de la marge
Re: Ocean Vuong
En effet, tu parais subjugué et tu en parles bien, merci @Nightingale.
Ce qui m'a fait peur c'est la présentation de l'éditeur "Sous forme d'une lettre adressée à sa mère..."je crains ce genre, pour moi cela manque souvent d'aération, quelque chose de très intime. J'ai ouvert les premières pages et en effet, ça a l'air de se présenter ainsi.
Mais il a l'air aussi de brasser plusieurs époques, plusieurs histoires. Ca va peut-être me sauver Je vais tenter!
Ce qui m'a fait peur c'est la présentation de l'éditeur "Sous forme d'une lettre adressée à sa mère..."je crains ce genre, pour moi cela manque souvent d'aération, quelque chose de très intime. J'ai ouvert les premières pages et en effet, ça a l'air de se présenter ainsi.
Mais il a l'air aussi de brasser plusieurs époques, plusieurs histoires. Ca va peut-être me sauver Je vais tenter!
Aeriale- Messages : 11827
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Ocean Vuong
Aeriale a écrit:En effet, tu parais subjugué et tu en parles bien, merci @Nightingale.
Ce qui m'a fait peur c'est la présentation de l'éditeur "Sous forme d'une lettre adressée à sa mère..."je crains ce genre, pour moi cela manque souvent d'aération, quelque chose de très intime. J'ai ouvert les premières pages et en effet, ça a l'air de se présenter ainsi.
Mais il a l'air aussi de brasser plusieurs époques, plusieurs histoires. Ca va peut-être me sauver Je vais tenter!
L'idée de la lettre est en fait un prétexte à mon sens. Ca ne se présente pas du tout comme une lettre, même si à certains moments le narrateur dis "tu" en s'adressant à sa mère. Mais c'est très ponctuel.
On lit en réalité un récit dans lequel, effectivement, on embrasse plusieurs époques (l'enfance de l'auteur, son adolecence, sa vie de jeune adulte, la jeunesse de sa grand-mère, celle de sa mère...)
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Nightingale- Messages : 2769
Date d'inscription : 09/12/2017
Age : 55
Localisation : Sur le bord de la marge
Re: Ocean Vuong
Bon...Tant mieux!
Je l'ai mis de côté au cas où je l'échange, mais je vais sans doute le garder.
Encore des thèmes sur l'identité, les secrets de famille, la relation mère-fils (ou fille) Ca ne me changera pas trop de celui en cours (Les secrets de ma mère) mais j'aime bien en fait ;p
A suivre alors!
Je l'ai mis de côté au cas où je l'échange, mais je vais sans doute le garder.
Encore des thèmes sur l'identité, les secrets de famille, la relation mère-fils (ou fille) Ca ne me changera pas trop de celui en cours (Les secrets de ma mère) mais j'aime bien en fait ;p
A suivre alors!
Aeriale- Messages : 11827
Date d'inscription : 30/11/2016
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