Maxime Ossipov
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Maxime Ossipov
Maxime Ossipov (1963 - )
Source : Wikipédia
Il est diplômé de physique et de mathématiques, et du deuxième Institut médical de Moscou, où il a soutenu sa thèse en 1991.
Il travaille ensuite à l'Université de Californie à San Francisco (UCSF), dans diverses cliniques à Moscou.
En 1993 et 2005, il publie deux éditions du livre Échocardiographie clinique (en collaboration avec Nelson Schiller), livre de référence de cette spécialité en russe.
En 1994, il fonde la maison d'édition médicale Praktika (manuels médicaux transférables, musicologie, théologie), qu'il dirige jusqu'en 2010.
En 2005, il reprend son travail de médecin, à Taroussa, et crée l'organisation caritative Help Society of Tarusa Hospital, largement connue et reconnue en 2008 après le succès de l'opposition des médecins aux autorités locales. Ainsi, l’hôpital Tarusa reçoit plusieurs médecins qualifiés et du matériel moderne.
À partir de 2007, Ossipov publie des essais, des nouvelles et des romans :
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4646
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Maxime Ossipov
Après l'Eternité
C'est le troisième livre traduit en français, d'un médecin russe venu tard à la littérature. Il s'agit d'un recueil de huit nouvelles, qui s'attachent, chacune à sa façon, aux destinées de personnages déboussolés dans la Russie actuelle. Les personnages sont divers, représentatifs de toutes les couches sociales et de divers lieux de ce grand pays. Nous suivons tour à tour le conseillers littéraire d'un théâtre d'une petite ville artificiellement créée pour exploiter des richesses minières, une musicienne, un homme d'affaires, une jeune femme tadjik convertie à l'islam…
Il y a les perdants des transformations sociales et économiques, et les supposés gagnants, qui se sont enrichi, gagné une positions jugée enviable. Il y a des personnages attachants et d'autres qui ne sont guère sympathiques. En arrière plan, le tableau du pays, plein de contradictions, de disparités, d'injustices et de beautés aussi. Un pays miné par les inégalités, par la corruption, repris en main par un pouvoir politique brutal et tout puissant, après un bref moment où un autre avenir pouvait sembler possible.
Les divers protagonistes de ces récits, sont presque des types plus que des personnes, leur vécu est celui de beaucoup d'autres qui leur ressemblent, plus qu'une trajectoire individuelle.Ils ne sont pas pour autant des marionnettes, mais l'individualité semble un peu s'effacer devant le collectif, une expérience partagée qui façonne la sensibilité et la manière d'être. En filigrane, l'histoire récente et aussi moins récente du pays, les vicissitudes traversées depuis des siècles.
Le constat sur l'état de la Russie est au final terrible : personne ne peut être pleinement satisfait dans un système qui fait fi des destinées individuelles, qui transforme les êtres en rouages, le vide guette y compris ceux qui pensent en tirer profit. L'absence de la possibilité pour la majorité de voir pris en compte ses aspirations, d'être respecté, pouvoir influer aussi modestement soit-il sur la société, cause des dommages terribles sur les individus, et laisse à tout moment la possibilité de voir surgir le pire, la violence et la haine.
Le livre n'est pas uniformément noir, il y a de l'humour parfois, surtout au détriment des personnages les moins sympathiques. Il y a aussi par instants une douceur, la beauté des choses qui se révèle par bouffées, d'autant plus précieuses qu'elles sont rares. Une nostalgie sourd par moments, de quelque chose de perdu, ou jamais possédé, juste rêvé peut-être, mais le souvenir ou le rêve, peuvent être des consolations, des forces.
L'écriture a une forme de beauté modeste, sans grands mots, en phrases d'apparence simples. Elle essaie de restituer les personnages qu'elle évoque, et de suivre leurs possibilités, différentes d'un texte à un autre, sans caricaturer ni charger.
Un très beau livre en tous les cas, qui m'a émue et touchée.
C'est le troisième livre traduit en français, d'un médecin russe venu tard à la littérature. Il s'agit d'un recueil de huit nouvelles, qui s'attachent, chacune à sa façon, aux destinées de personnages déboussolés dans la Russie actuelle. Les personnages sont divers, représentatifs de toutes les couches sociales et de divers lieux de ce grand pays. Nous suivons tour à tour le conseillers littéraire d'un théâtre d'une petite ville artificiellement créée pour exploiter des richesses minières, une musicienne, un homme d'affaires, une jeune femme tadjik convertie à l'islam…
Il y a les perdants des transformations sociales et économiques, et les supposés gagnants, qui se sont enrichi, gagné une positions jugée enviable. Il y a des personnages attachants et d'autres qui ne sont guère sympathiques. En arrière plan, le tableau du pays, plein de contradictions, de disparités, d'injustices et de beautés aussi. Un pays miné par les inégalités, par la corruption, repris en main par un pouvoir politique brutal et tout puissant, après un bref moment où un autre avenir pouvait sembler possible.
Les divers protagonistes de ces récits, sont presque des types plus que des personnes, leur vécu est celui de beaucoup d'autres qui leur ressemblent, plus qu'une trajectoire individuelle.Ils ne sont pas pour autant des marionnettes, mais l'individualité semble un peu s'effacer devant le collectif, une expérience partagée qui façonne la sensibilité et la manière d'être. En filigrane, l'histoire récente et aussi moins récente du pays, les vicissitudes traversées depuis des siècles.
Le constat sur l'état de la Russie est au final terrible : personne ne peut être pleinement satisfait dans un système qui fait fi des destinées individuelles, qui transforme les êtres en rouages, le vide guette y compris ceux qui pensent en tirer profit. L'absence de la possibilité pour la majorité de voir pris en compte ses aspirations, d'être respecté, pouvoir influer aussi modestement soit-il sur la société, cause des dommages terribles sur les individus, et laisse à tout moment la possibilité de voir surgir le pire, la violence et la haine.
Le livre n'est pas uniformément noir, il y a de l'humour parfois, surtout au détriment des personnages les moins sympathiques. Il y a aussi par instants une douceur, la beauté des choses qui se révèle par bouffées, d'autant plus précieuses qu'elles sont rares. Une nostalgie sourd par moments, de quelque chose de perdu, ou jamais possédé, juste rêvé peut-être, mais le souvenir ou le rêve, peuvent être des consolations, des forces.
L'écriture a une forme de beauté modeste, sans grands mots, en phrases d'apparence simples. Elle essaie de restituer les personnages qu'elle évoque, et de suivre leurs possibilités, différentes d'un texte à un autre, sans caricaturer ni charger.
Un très beau livre en tous les cas, qui m'a émue et touchée.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4646
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Maxime Ossipov
Très intéressant ce que tu en dis, @Arabella. Et aussi glaçant, profondément triste tout de même.
J'ai vu qu'il était relativement court, 260 pages pour décrire tout cela. Mais s'il s'agit de nouvelles, c'est normal. Je l'ai noté, merci!
J'ai vu qu'il était relativement court, 260 pages pour décrire tout cela. Mais s'il s'agit de nouvelles, c'est normal. Je l'ai noté, merci!
Aeriale- Messages : 10435
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Maxime Ossipov
Aeriale a écrit:Très intéressant ce que tu en dis, @Arabella. Et aussi glaçant, profondément triste tout de même.
J'ai vu qu'il était relativement court, 260 pages pour décrire tout cela. Mais s'il s'agit de nouvelles, c'est normal. Je l'ai noté, merci!
Ah oui, tiens, moi aussi, en lisant l'avis, j'aurais qu'il s'agissait d'un petit pavé.
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Et, du monde indistinct des rêves, là où se terrent les secrets mystiques, une réponse surgit.
Queenie- Messages : 6605
Date d'inscription : 29/11/2016
Localisation : *CabanCouette*
Re: Maxime Ossipov
C'est que c'est très dense, l'air de rien, tout en suggestions. Des destinées individuelles judicieusement choisies arrivent à résumer l'état d'un pays, et une partie de son histoire.
La lecture n'est pas difficile, parce qu'il y a plein de poésie, d'humour, de second degré. C'est en essayant d'écrire sur le livre que j'ai pris conscience à quel point tout cela était noir.
C'est vraiment magistral.
La lecture n'est pas difficile, parce qu'il y a plein de poésie, d'humour, de second degré. C'est en essayant d'écrire sur le livre que j'ai pris conscience à quel point tout cela était noir.
C'est vraiment magistral.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4646
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Maxime Ossipov
Histoires d'un médecin russe
C’est un recueil de huit nouvelles, plus ou moins longues, dans certaines d’entre elles un médecin est le personnage principal ou des événements se déroulent dans le milieu hospitalier, sans que cela soit systématique, d’où sans doute le titre. Nous sommes toujours dans une Russie qui désespère ses habitants, entre violence, injustice, pauvreté, même si certains arrivent à s’en sortir, voire à profiter de la situation. L’état du pays fait que beaucoup se posent la question de le quitter et certains le font, une partie des nouvelles se déroulent aux USA, pays rêvé pour émigrer pour ces Russes frustrés par leur quotidien sans issu.
C’est vraiment très dense, très fort. Chaque texte dresse des portraits d’une grande justesse, d’une admirable humanité. Ce sont des personnages qui n’ont rien d’exceptionnel, ni tout blancs ni jamais non plus tout noirs. Ils essaient juste de trouver des interstices pour des moments de bonheur, toujours un peu volés, un peu miraculeux. Et partir, même dans un endroit qui semble extraordinaire n’est pas la solution à tout. Un autre monde a ses propres défis, génère ses propres soucis. La question de savoir comment être un humain acceptable, et avoir une petite part de joie, de plénitude dans l’existence, est la même sous tous les cieux. Même si certains contextes semblent pouvoir permettre plus facilement d’y parvenir.
Maxime Ossipov dissèque l’âme de ses compatriotes, entre tendresse, humour, qui peut être cruel ou désespéré, lucidité. Peu ou pas d’issues s’offrent à eux, et ils font au quotidien avec ce que le sort leur donne, sans beaucoup de prises sur le monde qui les entoure. Ils sont dans une forme d’impuissance : ceux qui tentent d’agir, de résoudre un peu l’injustice ambiante, arrivent à des résultats encore plus sinistres. Comme le médecin qui a réussi à faire admettre un cas désespéré quand même à l’hôpital, pour apprendre qu’il a au final contribué à un trafic d’organes. Cette impuissance provoque une sorte de mutilation, empêche des existences véritables. Elle devient tellement intégrée que même dans un autre cadre, les personnages ordinaires de ces nouvelles, continuent à se comporter comme s’ils n’avaient surtout pas le droit de vouloir influer sur le monde dans lequel ils vivent.
Les quelques moments de bonheur que l’auteur débusque dans le livre sont presque dus au hasard, d’autant plus précieux qu’éphémères, qu’il faut apprécier, sans pouvoir espérer les voir se reproduire grâce à son action ou volonté.
C’est vraiment un très beau livre.
C’est un recueil de huit nouvelles, plus ou moins longues, dans certaines d’entre elles un médecin est le personnage principal ou des événements se déroulent dans le milieu hospitalier, sans que cela soit systématique, d’où sans doute le titre. Nous sommes toujours dans une Russie qui désespère ses habitants, entre violence, injustice, pauvreté, même si certains arrivent à s’en sortir, voire à profiter de la situation. L’état du pays fait que beaucoup se posent la question de le quitter et certains le font, une partie des nouvelles se déroulent aux USA, pays rêvé pour émigrer pour ces Russes frustrés par leur quotidien sans issu.
C’est vraiment très dense, très fort. Chaque texte dresse des portraits d’une grande justesse, d’une admirable humanité. Ce sont des personnages qui n’ont rien d’exceptionnel, ni tout blancs ni jamais non plus tout noirs. Ils essaient juste de trouver des interstices pour des moments de bonheur, toujours un peu volés, un peu miraculeux. Et partir, même dans un endroit qui semble extraordinaire n’est pas la solution à tout. Un autre monde a ses propres défis, génère ses propres soucis. La question de savoir comment être un humain acceptable, et avoir une petite part de joie, de plénitude dans l’existence, est la même sous tous les cieux. Même si certains contextes semblent pouvoir permettre plus facilement d’y parvenir.
Maxime Ossipov dissèque l’âme de ses compatriotes, entre tendresse, humour, qui peut être cruel ou désespéré, lucidité. Peu ou pas d’issues s’offrent à eux, et ils font au quotidien avec ce que le sort leur donne, sans beaucoup de prises sur le monde qui les entoure. Ils sont dans une forme d’impuissance : ceux qui tentent d’agir, de résoudre un peu l’injustice ambiante, arrivent à des résultats encore plus sinistres. Comme le médecin qui a réussi à faire admettre un cas désespéré quand même à l’hôpital, pour apprendre qu’il a au final contribué à un trafic d’organes. Cette impuissance provoque une sorte de mutilation, empêche des existences véritables. Elle devient tellement intégrée que même dans un autre cadre, les personnages ordinaires de ces nouvelles, continuent à se comporter comme s’ils n’avaient surtout pas le droit de vouloir influer sur le monde dans lequel ils vivent.
Les quelques moments de bonheur que l’auteur débusque dans le livre sont presque dus au hasard, d’autant plus précieux qu’éphémères, qu’il faut apprécier, sans pouvoir espérer les voir se reproduire grâce à son action ou volonté.
C’est vraiment un très beau livre.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4646
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Maxime Ossipov
Merci pour ce chouette commentaire et le rappel de cet écrivain russe @Arabella.
J'avais noté le premier livre mais il a dû se noyer dans le melström de titres déjà retenus. Il faut vraiment que je le découvre, tu as l'air très enthousiaste sur ce dernier aussi..
J'avais noté le premier livre mais il a dû se noyer dans le melström de titres déjà retenus. Il faut vraiment que je le découvre, tu as l'air très enthousiaste sur ce dernier aussi..
Aeriale- Messages : 10435
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Maxime Ossipov
Il vit toujours en Russie cet auteur ? Si oui, ça doit être difficile pour lui avec les autorités.
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'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3092
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: Maxime Ossipov
D’autant plus qu’il a participé à des manifestations contre la guerre en Ukraine…domreader a écrit:Il vit toujours en Russie cet auteur ? Si oui, ça doit être difficile pour lui avec les autorités.
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"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" Jules Renard
Liseron- Messages : 3821
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
Re: Maxime Ossipov
Oui, il s'est exprimé contre la guerre. On ne trouve pas grand chose sur sa situation présente dans les médias.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4646
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Maxime Ossipov
-Histoires d'un médecin russe-

Un recueil de nouvelles relatées dans l'instant, dans un moment de doute ou de révélation, alors que ses personnages, soudain confrontés à une réalité glaçante, se retrouvent déstabilisés, face à un choix ou la possibilité d'un ailleurs aussi fugace qu'illusoire. Tel Matveï embarqué dans un taxi lors d'une escale à Rome et découvrant la beauté du monde, ce sentiment tout neuf de " faire partie de la vie". Ou encore ce médecin investi de sa mission, enchainant les boulots de jour et de nuit, prenant froidement conscience de la corruption et du racisme d'un confrère trafiquant d'organes sur les" noirauds".
Constat rude, déconcertant, d'une Russie post soviétique qui se cherche. Certains se décrétant pope après des études de géologie inutiles, d'autres rêvant d'un ailleurs aux USA, faisant même fortune tel ce couple américanisant leurs prénoms, mais ressentant au bout du compte frustration et vide sidéral.
Des hommes et des femmes bousculés par les soubresauts de l'histoire, tentant de s'adapter comme ils peuvent, avec les moyens du bord, sans avoir la maîtrise des choses. Maxime Ossipov les présente par petites touches, d'un oeil amusé, compatissant, sans pour autant les juger, simplement. Il y ajoute parfois une pointe d'humour noir (L'épisode du malade contraint de partager l'ascenseur avec un mort par exemple
) soulignant les manques de cette société brinquebalante obligée de faire avec.
J'ai été parfois un peu submergée tant ce livre est dense et ses récits touffus, je me suis un peu perdue dans celui encore plus éclaté de "Pièces sur l'échiquier", mais l'essentiel est là. Une impression d'impuissance, de chaos, de quête effrénée de sens. L'auteur fait ici une radioscopie de l'âme slave sans se voiler la face, en toute lucidité et sans donner de leçons non plus. Il termine par cette belle image de Chourotchka jouant avec leurs galets censés représenter les personnages d'une oeuvre de Lermontov, derniers vestiges de leur vie d'avant. Ils sont sans illusions, résignés mais lucides. Quelque part un bout de leur pays continue de briller en eux. Un livre marquant, qui sort des lectures habituelles, merci encore pour l'idée @Arabella

Un recueil de nouvelles relatées dans l'instant, dans un moment de doute ou de révélation, alors que ses personnages, soudain confrontés à une réalité glaçante, se retrouvent déstabilisés, face à un choix ou la possibilité d'un ailleurs aussi fugace qu'illusoire. Tel Matveï embarqué dans un taxi lors d'une escale à Rome et découvrant la beauté du monde, ce sentiment tout neuf de " faire partie de la vie". Ou encore ce médecin investi de sa mission, enchainant les boulots de jour et de nuit, prenant froidement conscience de la corruption et du racisme d'un confrère trafiquant d'organes sur les" noirauds".
Constat rude, déconcertant, d'une Russie post soviétique qui se cherche. Certains se décrétant pope après des études de géologie inutiles, d'autres rêvant d'un ailleurs aux USA, faisant même fortune tel ce couple américanisant leurs prénoms, mais ressentant au bout du compte frustration et vide sidéral.
Des hommes et des femmes bousculés par les soubresauts de l'histoire, tentant de s'adapter comme ils peuvent, avec les moyens du bord, sans avoir la maîtrise des choses. Maxime Ossipov les présente par petites touches, d'un oeil amusé, compatissant, sans pour autant les juger, simplement. Il y ajoute parfois une pointe d'humour noir (L'épisode du malade contraint de partager l'ascenseur avec un mort par exemple

J'ai été parfois un peu submergée tant ce livre est dense et ses récits touffus, je me suis un peu perdue dans celui encore plus éclaté de "Pièces sur l'échiquier", mais l'essentiel est là. Une impression d'impuissance, de chaos, de quête effrénée de sens. L'auteur fait ici une radioscopie de l'âme slave sans se voiler la face, en toute lucidité et sans donner de leçons non plus. Il termine par cette belle image de Chourotchka jouant avec leurs galets censés représenter les personnages d'une oeuvre de Lermontov, derniers vestiges de leur vie d'avant. Ils sont sans illusions, résignés mais lucides. Quelque part un bout de leur pays continue de briller en eux. Un livre marquant, qui sort des lectures habituelles, merci encore pour l'idée @Arabella

Aeriale- Messages : 10435
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Maxime Ossipov
Merci de ton commentaire @Aeriale . Il m'a bien marqué ce livre, et cela permet tellement bien de comprendre ce qui se joue là-bas actuellement.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4646
Date d'inscription : 29/11/2016
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