Reinhard Kaiser-Mühlecker
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kenavo
Arabella
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Reinhard Kaiser-Mühlecker
Reinhard Kaiser-Mühlecker
Source : Wikipédia
Reinhard Kaiser-Mühlecker (né le 10 décembre 1982 à Kirchdorf an der Krems) est un écrivain autrichien. Il a grandi à Eberstalzell (Haute-Autriche). De 2003 à 2007, il a étudié notamment l'agriculture, l'histoire et le développement international à Vienne. Il a publié plusieurs oeuvres dans son pays, Lilas rouge est son premier livre traduit en français.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4644
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Reinhard Kaiser-Mühlecker
Lilas rouge
Nous suivons, sur plusieurs générations, la vie d'une famille de paysans autrichiens. le récit débute pendant la deuxième guerre mondiale, qui s'achemine vers sa fin. L'ancêtre de la lignée, Ferdinand Goldberger doit quitter sa région d'origine, il a dû abandonner l'exploitation familiale et s'installe dans une autre région du pays, en récupérant une ferme plus petite. Nous ne saurons jamais exactement à quoi il s'est livré en tant que chef de section du parti nazi et pourquoi il a fuit. Mais le pêché originel informulé, pèse sur les générations suivantes, c'est tout au moins ce dont Ferdinand se persuade et il tient une comptabilité obsessionnelle des marques de la malédictions. Mais l'essentiel du livre est plutôt l'histoire des différentes générations, de Ferdinand le fils, et Martha la fille, et des enfants de Ferdinand, Paul et Thomas. Sans oublier les conjoints.
Reinhard Kaiser-Mühlecker dépeint un mode de vie, des valeurs, des rapports humains ayant cours dans les milieux paysans. Tout cela ne semble pour ainsi dire pas bouger, malgré la marche du monde, et même si les transformations techniques et sociétales ne sont pas absentes, par exemple par l'introduction de machines agricoles, des conséquences de l'adhésion à l'Europe etc. elles semblent comme assourdies, lointaines, finalement secondaires. le centre des existences paraît être un rapport à la terre, à la production agricole, qui détermine tout le reste. La nécessité de poursuivre, de perpétuer, de continuer. L'auteur sait visiblement ce dont il parle, et donne au tableau de ce monde immuable une grande densité et consistance. Comme il donne une grande densité et consistance aux personnages, par la description des gestes du quotidien, des habitudes, des rituels. Tout cela dans une belle écriture classique.
C'est un excellent roman, très prenant surtout dans certains passages, les personnages sont très bien caractérisés, et leur manière de tourner à vide à un moment ou un autre, laissant entrevoir une béance impossible à combler, malgré un élan vital, une volonté qui paraissent fortes, est très interrogeante. Une sorte d'impuissance qui viendrait du silence, de l'impossibilité de dire pour exorciser est suggérée. Mais je n'ai pas senti suffisamment à mon goût le souffle du destin et de l'inéluctable, même si j'ai été fortement prise par les destinées de certains personnages, comme par exemple Paul. Peut-être que la faute de Ferdinand est trop intangible, trop laissée à l'imagination du lecteur, qui peut imaginer, que même sans une souillure originelle, les existences des personnages seraient ce qu'elles sont. Et que le récit très factuel, qui permet merveilleusement de dessiner les personnages et un environnement, un contexte, permet plus difficilement d'appréhender une sorte de métaphysique, de transcendance.
Nous suivons, sur plusieurs générations, la vie d'une famille de paysans autrichiens. le récit débute pendant la deuxième guerre mondiale, qui s'achemine vers sa fin. L'ancêtre de la lignée, Ferdinand Goldberger doit quitter sa région d'origine, il a dû abandonner l'exploitation familiale et s'installe dans une autre région du pays, en récupérant une ferme plus petite. Nous ne saurons jamais exactement à quoi il s'est livré en tant que chef de section du parti nazi et pourquoi il a fuit. Mais le pêché originel informulé, pèse sur les générations suivantes, c'est tout au moins ce dont Ferdinand se persuade et il tient une comptabilité obsessionnelle des marques de la malédictions. Mais l'essentiel du livre est plutôt l'histoire des différentes générations, de Ferdinand le fils, et Martha la fille, et des enfants de Ferdinand, Paul et Thomas. Sans oublier les conjoints.
Reinhard Kaiser-Mühlecker dépeint un mode de vie, des valeurs, des rapports humains ayant cours dans les milieux paysans. Tout cela ne semble pour ainsi dire pas bouger, malgré la marche du monde, et même si les transformations techniques et sociétales ne sont pas absentes, par exemple par l'introduction de machines agricoles, des conséquences de l'adhésion à l'Europe etc. elles semblent comme assourdies, lointaines, finalement secondaires. le centre des existences paraît être un rapport à la terre, à la production agricole, qui détermine tout le reste. La nécessité de poursuivre, de perpétuer, de continuer. L'auteur sait visiblement ce dont il parle, et donne au tableau de ce monde immuable une grande densité et consistance. Comme il donne une grande densité et consistance aux personnages, par la description des gestes du quotidien, des habitudes, des rituels. Tout cela dans une belle écriture classique.
C'est un excellent roman, très prenant surtout dans certains passages, les personnages sont très bien caractérisés, et leur manière de tourner à vide à un moment ou un autre, laissant entrevoir une béance impossible à combler, malgré un élan vital, une volonté qui paraissent fortes, est très interrogeante. Une sorte d'impuissance qui viendrait du silence, de l'impossibilité de dire pour exorciser est suggérée. Mais je n'ai pas senti suffisamment à mon goût le souffle du destin et de l'inéluctable, même si j'ai été fortement prise par les destinées de certains personnages, comme par exemple Paul. Peut-être que la faute de Ferdinand est trop intangible, trop laissée à l'imagination du lecteur, qui peut imaginer, que même sans une souillure originelle, les existences des personnages seraient ce qu'elles sont. Et que le récit très factuel, qui permet merveilleusement de dessiner les personnages et un environnement, un contexte, permet plus difficilement d'appréhender une sorte de métaphysique, de transcendance.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4644
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Reinhard Kaiser-Mühlecker
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Nightingale- Messages : 2348
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Localisation : Sur le bord de la marge
Re: Reinhard Kaiser-Mühlecker
Merci pour l'info.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4644
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Reinhard Kaiser-Mühlecker
Lilas rouge

Voilà un roman dont l'histoire et les personnages resteront en moi longtemps, je pense.
C'est un pavé, presque 700 pages en grand format, il faut prendre une bonne respiration avant de se lancer.
Mais très vite, quasiment dès la première page, je me suis senti embarqué dans cette saga familiale.
Comme @Arabella en parle tellement bien, je ne vais pas ajouter grand chose.
Les générations que nous accompagnons sont effectivement prises dans une sorte de non-dit originel, qui va, consciemment ou non, construire leurs vies.
La majeure partie du roman, au fil des générations, se déroule presque dans un lieu unique : la ferme que le patriarche Goldberger a repris.
Il y a donc, pour sa descendance, des choix à faire entre l'attachement à la terre, ou l'aspiration à une autre vie.
Un des personnages (Paul) aura une destinée toute particulière, dont je ne dirai rien (pour les courageux qui se lanceront dans l'aventure).
Dans cette ferme, on suit donc le passage des saisons et des années, avec toutes les évolutions sociétales et techniques. Cela donne lieu à de magnifiques descriptions, tant pour tous ces gestes du quotidien, que pour les paysages alentours.
Mais surtout, ce que je retiendrai, c'est ce choix de l'auteur, de fouiller avec une infinie minutie la psychologie de chacun des personnages. Chaque ressenti, chaque questionnement, le moindre doute, les attentes, les renoncements, etc... tout est disséqué, et cela donne aux protagonistes une consistance et donc une existence palpable pour le lecteur.
Juste avoir en tête qu'on a surtout affaire à des taiseux. Il ne faut pas s'attendre à des dialogues prolongés, il n'y en a presque pas.
Le tout dans une écriture classique et limpide. On ne bute sur rien, tout se lit avec une grande aisance. Un plaisir.
Pour moi, un beau et grand coup de cœur.
Et j'attends la suite avec impatience...

Voilà un roman dont l'histoire et les personnages resteront en moi longtemps, je pense.
C'est un pavé, presque 700 pages en grand format, il faut prendre une bonne respiration avant de se lancer.
Mais très vite, quasiment dès la première page, je me suis senti embarqué dans cette saga familiale.
Comme @Arabella en parle tellement bien, je ne vais pas ajouter grand chose.
Les générations que nous accompagnons sont effectivement prises dans une sorte de non-dit originel, qui va, consciemment ou non, construire leurs vies.
La majeure partie du roman, au fil des générations, se déroule presque dans un lieu unique : la ferme que le patriarche Goldberger a repris.
Il y a donc, pour sa descendance, des choix à faire entre l'attachement à la terre, ou l'aspiration à une autre vie.
Un des personnages (Paul) aura une destinée toute particulière, dont je ne dirai rien (pour les courageux qui se lanceront dans l'aventure).
Dans cette ferme, on suit donc le passage des saisons et des années, avec toutes les évolutions sociétales et techniques. Cela donne lieu à de magnifiques descriptions, tant pour tous ces gestes du quotidien, que pour les paysages alentours.
Mais surtout, ce que je retiendrai, c'est ce choix de l'auteur, de fouiller avec une infinie minutie la psychologie de chacun des personnages. Chaque ressenti, chaque questionnement, le moindre doute, les attentes, les renoncements, etc... tout est disséqué, et cela donne aux protagonistes une consistance et donc une existence palpable pour le lecteur.
Juste avoir en tête qu'on a surtout affaire à des taiseux. Il ne faut pas s'attendre à des dialogues prolongés, il n'y en a presque pas.
Le tout dans une écriture classique et limpide. On ne bute sur rien, tout se lit avec une grande aisance. Un plaisir.
Tout à fait !Arabella a écrit:C'est un excellent roman, très prenant surtout dans certains passages, les personnages sont très bien caractérisés, et leur manière de tourner à vide à un moment ou un autre, laissant entrevoir une béance impossible à combler, malgré un élan vital, une volonté qui paraissent fortes, est très interrogeante. Une sorte d'impuissance qui viendrait du silence, de l'impossibilité de dire pour exorciser est suggérée.
Pour moi, un beau et grand coup de cœur.

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Lire nuit gravement à la bêtise !

Nightingale- Messages : 2348
Date d'inscription : 09/12/2017
Age : 54
Localisation : Sur le bord de la marge
Re: Reinhard Kaiser-Mühlecker
Contente que tu aies aimé, c'est vrai que c'est un livre très fort. @Kenavo avait parlé de la publication de la suite en mars, il faudra suivre cela.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4644
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Reinhard Kaiser-Mühlecker
J'avais déjà noté mais je renote. J'aime beaucoup les sagas familiales.
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'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3091
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: Reinhard Kaiser-Mühlecker
A priori moi aussi...
Je l’ai noté au cas où...
Je l’ai noté au cas où...
Aeriale- Messages : 10432
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Reinhard Kaiser-Mühlecker
Itou !
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"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" Jules Renard
Liseron- Messages : 3821
Date d'inscription : 02/01/2017
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