Rachid El-Daïf
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Rachid El-Daïf
Rachid El-Daïf (1945- )
Rachid El-Daïf , né en 1945, est un auteur (romancier et poète) libanais. Il écrit en arabe et est traduit en 10 langues. Il est né à Zghorta (Liban-Nord) en 1945. Il a fait des études supérieures à l'université libanaise à Beyrouth, puis un doctorat en littérature arabe à l'université Paris III. Il commence par écrire des poèmes avant de se tourner vers le roman.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4646
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Rachid El-Daïf
Cher monsieur Kawabata
Dans ce court texte, présenté comme roman, l'auteur écrit une sorte de lettre à Kawabata, déjà mort au moment de la rédaction du livre. Mais il ne sera finalement jamais question de Kawabata, de ses livres, de sa vie. L'auteur invoque le japonais comme il le ferait d'une divinité tutélaire et lointaine, dans la répétition de l'expression Cher Monsieur Kawabata. Mais c'est bien de la vie de Rachid El-Daïf qu'il s'agit. Né dans un village de chrétiens maronites, fils de pauvres paysans, son destin semble tracé, et son père projette de le retirer de l'école dès qu'il saura lire et écrire. C'est sans compter sur la volonté de sa mère, décidée d'en faire un fonctionnaire, sommet de la réussite à ses yeux, et à la volonté de l'enfant lui-même, pour qui l'école est une révélation, qui remet en cause l'univers tel que l'imaginent ses parents. le fait que la terre est ronde et tourne autour du soleil nous semble une évidence, mais ce n'était pas le cas pour ces paysans vivant dans des croyances ancestrales. le narrateur se fait donc le chantre de cette nouvelle représentation du monde, de la science, de la libération de l'homme qu'elle peut permettre. Il trouve des échos puissants de son combat dans La vie de Galilée de Bertolt Brecht. Et adhère à la fin de l'adolescence au communisme, et devient un combattant de la cause palestinienne.
Mais au final, le discours du communisme n'est pas différent du discours de la religion et de la tradition, c'est une interprétation du réel bâtie sur des présupposés, qui semblent logiques et cohérents, mais qui faussent le réel, l'amènent par un discours dans la direction souhaitée. Ce n'est pas une libération, mais une manière de fabriquer des hommes aliénés, dans le sens qui deviennent étrangers à eux-mêmes, à leur propre culture. Comme la tradition peut-être aliénante, si elle rend impossible à l'individu de se construire librement, en lui imposant les comportements et croyances de son milieu d'origine et le réduisant à cette seule appartenance.
Notre narrateur se retrouve donc à la fin du livre en train de vaciller, au point de se voir extérieur à lui-même. Ayant abandonné celui qu'il devait être de par son milieu, et celui qu'il avait rêvé d'être grâce au communisme, il lui reste à reconstituer une unité psychique, à donner sens, à se donner sens. Sans béquilles.
C'est incontestablement passionnant, mais en même temps pas si facile à suivre. Car l'auteur dans son aventure personnelle, traverse l'histoire du Liban sur quelques décennies, et si on ne la connaît pas très bien, on peut être perdu, avoir la sensation de quelque chose de fragmentaire. La lecture a donc été en partie frustrante pour moi.
Dans ce court texte, présenté comme roman, l'auteur écrit une sorte de lettre à Kawabata, déjà mort au moment de la rédaction du livre. Mais il ne sera finalement jamais question de Kawabata, de ses livres, de sa vie. L'auteur invoque le japonais comme il le ferait d'une divinité tutélaire et lointaine, dans la répétition de l'expression Cher Monsieur Kawabata. Mais c'est bien de la vie de Rachid El-Daïf qu'il s'agit. Né dans un village de chrétiens maronites, fils de pauvres paysans, son destin semble tracé, et son père projette de le retirer de l'école dès qu'il saura lire et écrire. C'est sans compter sur la volonté de sa mère, décidée d'en faire un fonctionnaire, sommet de la réussite à ses yeux, et à la volonté de l'enfant lui-même, pour qui l'école est une révélation, qui remet en cause l'univers tel que l'imaginent ses parents. le fait que la terre est ronde et tourne autour du soleil nous semble une évidence, mais ce n'était pas le cas pour ces paysans vivant dans des croyances ancestrales. le narrateur se fait donc le chantre de cette nouvelle représentation du monde, de la science, de la libération de l'homme qu'elle peut permettre. Il trouve des échos puissants de son combat dans La vie de Galilée de Bertolt Brecht. Et adhère à la fin de l'adolescence au communisme, et devient un combattant de la cause palestinienne.
Mais au final, le discours du communisme n'est pas différent du discours de la religion et de la tradition, c'est une interprétation du réel bâtie sur des présupposés, qui semblent logiques et cohérents, mais qui faussent le réel, l'amènent par un discours dans la direction souhaitée. Ce n'est pas une libération, mais une manière de fabriquer des hommes aliénés, dans le sens qui deviennent étrangers à eux-mêmes, à leur propre culture. Comme la tradition peut-être aliénante, si elle rend impossible à l'individu de se construire librement, en lui imposant les comportements et croyances de son milieu d'origine et le réduisant à cette seule appartenance.
Notre narrateur se retrouve donc à la fin du livre en train de vaciller, au point de se voir extérieur à lui-même. Ayant abandonné celui qu'il devait être de par son milieu, et celui qu'il avait rêvé d'être grâce au communisme, il lui reste à reconstituer une unité psychique, à donner sens, à se donner sens. Sans béquilles.
C'est incontestablement passionnant, mais en même temps pas si facile à suivre. Car l'auteur dans son aventure personnelle, traverse l'histoire du Liban sur quelques décennies, et si on ne la connaît pas très bien, on peut être perdu, avoir la sensation de quelque chose de fragmentaire. La lecture a donc été en partie frustrante pour moi.
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