Théocrite
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Théocrite
Théocrite
Théocrite (en grec ancien Θεόκριτος / Theókritos), né vers 310, mort vers 250 av. J.-C., est un poète grec, auteur de mimes (imitations comiques du langage ou des gestes), d'idylles pastorales et de contes épiques. Il était considéré comme l'un des sept poètes de la Pléiade poétique (IIIe siècle av. J.-C.). Théocrite a été imité par Virgile ; en France, il a été l'un des maîtres des poètes parnassiens, en particulier de Leconte de Lisle, qui a traduit plusieurs de ses idylles et s'est inspiré de lui dans ses Poèmes antiques.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4641
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Théocrite
Les magiciennes et autres idylles
Un poète antique quelque peu délaissé, associé à la pastorale, aux bucoliques, enfin aux histoires de bergers et bergères. Histoires qui ont connues une grande fortune : Virgile, Ovide dans l'Antiquité, puis à la Renaissance tant d'auteurs Sannazaro, Montemayor, Honoré d'Urfé, Guarini, Le Tasse, Mairet, Racan… Les époques plus récentes n'ont pas été en reste, on peut citer Leconte de Lisle ou Pierre Louÿs. Mais le genre a une image quelque peu dépréciée, enrubannée, artificielle, très XVIIIe siècle. On se demande bien à quel point cela peut encore toucher, avoir à dire aujourd'hui. J'ai acheté le volume un peu par hasard, au détour d'une curiosité, avec un arrière fond de doute.
Et bien, j'ai eu tort de douter. le traducteur, Pierre Vesperini, dans une très belle préface explique lui aussi son manque d'intérêt initial pour Théocrite, qu'il n'a pratiqué que par obligation de le préparer pour l'agrégation. Et dont il est tombé amoureux. J'ai eu un peu la même expérience, cette lecture s'est avérée au final une miraculeuse découverte. Théocrite, dont on ne connaît pratiquement pas la vie, appartient à cette poésie hellénistique, complexe, intelligente, ni simple ni spontanée, jouant sur différents registres, dans laquelle le second degré n'est jamais absent. Où tout est un peu mis en scène. Comme cette vie champêtre, des eskhatiai, espaces sauvages des confins, où bêtes et hommes qui les gardent évoluent. Mais il y a aussi, partout, les puissances surnaturelles, dieux et déesses, que les bergers, bouviers ou chevriers ressentent à chaque instant, dont la présence modèle l'existence. Monde violent, mais dans lequel le plaisir cohabite avec la violence. Les chants expriment et le plaisir et la violence, mais aussi l'intuition du divin. Avec le recul d'un auteur qui met tout cela en scène.
Poésie sophistiquée et pensée qui transmet une forme d'ivresse et d'abandon aux forces surnaturelles, qui font perdre la raison. Qui évoque le plaisir du chant, la magie de l'abandon, tout en étant parfaitement maîtrisée. Sans que cela n'apparaisse comme contradictoire ni artificiel. Nous avons à la fois un ressenti, et une analyse de ce ressenti, une mise à distance, un pas de côté. Sans jamais évacuer ni nier la sensation et le sentiment.
Une pure splendeur.
Un poète antique quelque peu délaissé, associé à la pastorale, aux bucoliques, enfin aux histoires de bergers et bergères. Histoires qui ont connues une grande fortune : Virgile, Ovide dans l'Antiquité, puis à la Renaissance tant d'auteurs Sannazaro, Montemayor, Honoré d'Urfé, Guarini, Le Tasse, Mairet, Racan… Les époques plus récentes n'ont pas été en reste, on peut citer Leconte de Lisle ou Pierre Louÿs. Mais le genre a une image quelque peu dépréciée, enrubannée, artificielle, très XVIIIe siècle. On se demande bien à quel point cela peut encore toucher, avoir à dire aujourd'hui. J'ai acheté le volume un peu par hasard, au détour d'une curiosité, avec un arrière fond de doute.
Et bien, j'ai eu tort de douter. le traducteur, Pierre Vesperini, dans une très belle préface explique lui aussi son manque d'intérêt initial pour Théocrite, qu'il n'a pratiqué que par obligation de le préparer pour l'agrégation. Et dont il est tombé amoureux. J'ai eu un peu la même expérience, cette lecture s'est avérée au final une miraculeuse découverte. Théocrite, dont on ne connaît pratiquement pas la vie, appartient à cette poésie hellénistique, complexe, intelligente, ni simple ni spontanée, jouant sur différents registres, dans laquelle le second degré n'est jamais absent. Où tout est un peu mis en scène. Comme cette vie champêtre, des eskhatiai, espaces sauvages des confins, où bêtes et hommes qui les gardent évoluent. Mais il y a aussi, partout, les puissances surnaturelles, dieux et déesses, que les bergers, bouviers ou chevriers ressentent à chaque instant, dont la présence modèle l'existence. Monde violent, mais dans lequel le plaisir cohabite avec la violence. Les chants expriment et le plaisir et la violence, mais aussi l'intuition du divin. Avec le recul d'un auteur qui met tout cela en scène.
Poésie sophistiquée et pensée qui transmet une forme d'ivresse et d'abandon aux forces surnaturelles, qui font perdre la raison. Qui évoque le plaisir du chant, la magie de l'abandon, tout en étant parfaitement maîtrisée. Sans que cela n'apparaisse comme contradictoire ni artificiel. Nous avons à la fois un ressenti, et une analyse de ce ressenti, une mise à distance, un pas de côté. Sans jamais évacuer ni nier la sensation et le sentiment.
Une pure splendeur.
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Arabella- Messages : 4641
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Théocrite
Ça pourrait me plaire je crois. 

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'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3086
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: Théocrite
Extrait :
Délice ce murmure et ce pin, chevrier, là-bas,
Qui chante près des sources, et délice aussi, toi,
Comme tu joues de la flûte. Après Pan, tu emporteras le deuxième prix.
S'il prend le bouc cornu, tu prendras la chèvre.
Et s'il prend le chèvre comme part d'honneur, vers toi affluera
La chevrette. Et de la chevrette, tant qu'elle n'a pas mis bas,
La viande est un régal.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4641
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Théocrite
C'est dans quelle édition ?
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'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3086
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: Théocrite
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4641
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Théocrite
Très beau ! Je ne lis pratiquement jamais de poésie mais je retiens le nom !
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"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" Jules Renard
Liseron- Messages : 3819
Date d'inscription : 02/01/2017
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