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Marlen Haushofer

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Message par eXPie Lun 26 Déc - 17:29

Marlen Haushofer
(Frauenstein, Autriche, 11/04/1920 - Vienne, 21/03/1970)

Marlen Haushofer Haushofer-marlen-p 

Marie Helene Haushofer est née le 11 avril 1920 à Frauenstein (Autriche).

Les éléments biographiques suivants sont tirés essentiellement de la "lecture" par Patrick Charbonneau du roman Le Mur invisible.

Marlen Haushofer est la fille d'un garde forestier et d'une femme de chambre.
"Les premières années de sa vie, elle les passera auprès de ses parents, à la maison forestière, jusqu'à son entrée au pensionnat des Ursulines, à Linz, en 1930" (Patrick Charbonneau, lecture, page 327 de Le Mur invisible).
1940 : études de littérature germanique à l'université, interrompues l'année d'après. Elle se marie, et reprend ses études en 1943, qu'elle abandonne de nouveau pour fuir à Frauenstein en 1945.
Elle a commencé à écrire, et publie des contes dans un journal en 1946. 
Elle est mère de deux enfants, et assistante dans le cabinet dentaire de son mari... et continue d'écrire.

Elle obtient différents prix, notamment le Prix Arthur Schnitzler pour Le Mur invisible (1963) et le Grand prix national de Littérature autrichienne pour le recueil Une terrible fidélité (1968).

Atteinte d'un cancer des os, elle meurt pendant une opération le 21 mars 1970.
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Message par eXPie Lun 26 Déc - 17:29

Je copie/colle une notice assez ancienne, pour ouvrir le fil.

Marlen Haushofer Haushofer-mur-p

Le Mur invisible (Die Wand, 1963, traduit en 1985 par Liselotte Bodo et Jaqueline Chambon). Babel. 342 pages.

"Aujourd'hui cinq novembre je commence mon récit. Je noterai tout, aussi exactement que possible. Pourtant je ne sais même pas si aujourd'hui est bien le cinq novembre." (page 9).
Dès le début, le ton est donné : un journal, une sorte de confession, et tout de suite on sait que quelque chose de très grave s'est passé, puisque la narratrice ne peut plus donner de date.

"J'écris au dos de vieux calendriers ou sur du papier à lettres commercial jauni. Le papier à lettres vient de Hugo Rüttlinger, un grand collectionneur d'objets et un non moins grand hypocondriaque.
Il est juste que ce récit commence par Hugo, car si sa manie de collectionner et son hypocondrie n'avaient pas existé, je ne serais pas aujourd'hui assise ici ; il est probable que je ne serais même plus en vie. Hugo était le mari de ma cousine Louise et c'était un homme assez fortuné." (page 10).

"Le trente avril, les Rüttlinger m'invitèrent à les accompagner à leur chalet. J'étais veuve depuis deux ans, mes filles étaient presque adultes et je pouvais disposer de mon temps comme bon me semblait. A vrai dire je ne faisais pas grand usage de ma liberté. J'ai toujours été sédentaire de nature et c'est encore chez moi que je me suis toujours sentie le mieux." (page 13).

Alors que la narratrice reste, Hugo et sa femme vont au village pour faire des courses.
Ils n'en reviendront jamais, le monde ne donnera plus aucun signe de vie, la narratrice restera coincée dans sa montagne, à cause d'un "grand mur" qu'elle va rencontrer.
A cette occasion "Mon coeur avait eu peur avant que je le sache." (page 18).
"Le mur coupait le petit pré derrière la maison et il avait sectionné deux branches de pommier. En fait, elles n'avaient pas l'air coupées, elles étaient plutôt comme fondues, si toutefois on peut se représenter du bois fondu." (page 35).

Comment la narratrice va-t-elle survivre, physiquement et psychologiquement en sachant que le monde est mort et l'a laissée derrière ? La lecture, notamment de romans policiers, a-t-elle encore un sens ? Comment l'absence de chocolat, de sucre, de dictionnaire, de musique, de livres, de peintures, bref de tout, va-t-elle influer sur son psychisme ?
"Mon unique professeur est aussi peu savant et aussi peu cultivé que moi, car je suis mon propre professeur." (page 98).

Doit-elle ressasser le passé, maintenant que le passé lui-même n'existe pour ainsi dire plus ?

"Ce dix mai en me réveillant, je pensai à mes enfants, comme à des petites filles qui trottinaient main dans la main sur le terrain de jeux. Les deux autres à peine adultes, plutôt désagréables, peu aimantes, querelleuses, que j'avais laissées en ville, étaient devenues tout à fait irréelles. Ce n'était pas leur mort que je pleurais, mais uniquement celle des enfants qu'elles avaient été de longues années auparavant. Il est probable que ça paraîtra cruel, mais je ne vois vraiment pas à qui je devrais encore mentir aujourd'hui. Je peux me permettre d'écrire la vérité, tous ceux à qui j'ai menti pendant ma vie sont morts." (page 47)

Tenter de survivre a-t-il même un sens ?
"Je n'étais plus assez jeune pour envisager sérieusement le suicide." (page 47).

Elle va se rapprocher des animaux, et notamment du chien des Rüttlinger, Lynx, dont on sait (procédé permettant de créer une certaine tension, page 34) qu'il est mort au cours d'un incident violent, auquel il sera plusieurs fois fait mention.

On ne peut s'empêcher de faire des rapprochements avec des livres/films (par exemple, entre autres robinsonnades, Seul au Monde, le film de Zemeckis), mais ici l'espoir et le grand large ont disparu.

Un livre très prenant, fait avec quasiment rien. Entre les événements du début et ceux de la fin (annoncés dès le début, mais sans doute pas le meilleur du roman), il ne se passe rien, toutefois l'intérêt est constant dans cette histoire de survie. 

Original, excellent, sans frime stylistique, la preuve que l'on peut faire de la littérature avec en apparence pas grand chose pour arriver à beaucoup.
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Message par darkanny Lun 26 Déc - 17:36

J'ai  vu le film tiré  de cette histoire. Très  bien  fait.
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Message par eXPie Lun 26 Déc - 20:40

C'est vrai ; mais, comme toujours ou presque, le livre est meilleur.
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Message par Queenie Lun 26 Déc - 22:35

Ce livre m'a marquée.

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Message par darkanny Lun 26 Déc - 22:36

Donc il faut que je le lise.
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Message par Arabella Lun 26 Déc - 22:49

Un très bon livre.

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Message par domreader Dim 1 Jan - 20:36

Sous Un Ciel Infini
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C'est un copié collé de notes déjà existantes.

C’est avec ce roman délicieux et grave que j'ai découvert cette auteure autrichienne, c’est un roman sur l’enfance, l’enfance de Meta qui vit avec ses parents dans une maison forestière entre son père garde-chasse, sa mère et son petit frère Nandi. Dans ce récit largement autobiographique, Marlen Haushofer nous dévoile une petite fille rêveuse, pleine de terreurs et de colères, pourtant si vive et si observatrice qu’elle surprend par sa maturité. Meta est rebelle, rebelle en tout et jusqu’au bout, surtout à cause de l’incompréhension des adultes qui l’entourent. Elle sera rebelle jusqu’au bout de l’enfance qui marquera comme une rupture, qui sera, on le soupçonne, bien difficile à cicatriser.

Ce roman par son caractère très personnel touche à l’enfance, à ses bonheurs et à ses meurtrissures, il semble différent des autres romans de Marlen Haushofer.

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Message par domreader Dim 1 Jan - 20:37

J'ai Le Mur Invisible sur mes étagères. - Je me demande d'ailleurs ce qui n'est pas sur mes étagères......Pfff - Je n'ai plus qu'à le lire !

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Message par Arabella Dim 1 Jan - 21:58

domreader a écrit:J'ai Le Mur Invisible sur mes étagères. - Je me demande d'ailleurs ce qui n'est pas sur mes étagères......

Moi aussi. ptdr

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Message par Queenie Mer 6 Fév - 8:52

C'est drôle les réseaux sociaux...
Grâce à une artiste illustratrice instagrammeuse très active et très suivie sur les réseaux sociaux, le livre Le Mur Invisible est en rupture de stock !
Elle l'a déniché par hasard, en a parlé avec passion et bouleversement, et BIM tout le monde s'est mis à le lire, à le vouloir.

Du coup je suis allée fouiller pour retrouver mon avis de lecture qui date de 2014... (je pensais que je l'avais lu il y a encore plus longtemps...)


LE MUR INVISIBLE
(1963)

Du jour au lendemain, un mur invisible coupe une femme du reste du monde. Elle se retrouve cloisonnée dans un chalet dans les montagnes autrichiennes. Personne ne semble se trouver dans l'enceinte créée par le mur. Et le monde, à l'extérieur, est figé (elle aperçoit des silhouettes humaines ou animales, mais celles-ci ressemblent à des statues de cire).

De là, immédiatement, cette femme de la ville retrouvera les réflexes et les gestes de son enfance, essentiels à sa survie.
Entourée de son chien, un Braque, Lynx, de sa vache sans nom, de sa chatte sans nom, elle ne fera plus que ça : survivre. Et s'occuper de ses animaux.

Une écriture simple, précise, qui s'attache à décrire les choses comme elles sont. Une histoire de répétitions quotidiennes, de lutte contre la dureté de la Nature. On pourrait s'ennuyer, mais l'auteur parvient à créer un monde tellement palpable, une atmosphère pleine de sous-tensions, qu'on reste accrochée à son personnage, et à ses animaux, on s'y attache, on vit à leur rythme, et on a peur pour eux, sans arrêt. Comme cette femme a peur aussi.

Ça raconte le détachement à l'humanité, la désincarnation, le devoir, l'obligation. Ça n'est pas tendre avec la vie humaine telle qu'on la connaît, mais sans être donneur de leçon (chapeau) : des constats sur les manques, les failles, les paradoxes.

C'est difficile de vraiment parler de ce livre, parce qu'il touche sur quelques cordes sensibles avec beaucoup de finesse, presque l'air de rien. On pourrait facilement passer à côté, se dire que c'est chiant, qu'il ne se passe rien, que c'est répétitif.
Mais non.
Il y a des phrases, juste des petits passages au milieu de dizaines de pages, où la narratrice se rend compte qu'elle ne ressemble plus du tout à celle qu'elle était, comme si elle n'avait plus de visage. Où elle se rend compte de la tristesse qu'elle contient en elle.

Ce livre traite avec force la solitude, la survie, la vie dans les montagnes, la nature, les animaux.

Un très bon livre !

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Message par Zelide Mer 6 Fév - 13:24

Voilà qui me fait furieusement envie de le lire! 
Non seulement je suis à moitié autrichienne, mais je pars samedi à la montagne et cette lecture me semble indiquée;  miammiam
Je ne connais que Musil et Goethe !  grin Merci !
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Message par Queenie Jeu 7 Fév - 9:32

Zelide a écrit:Voilà qui me fait furieusement envie de le lire! 
Non seulement je suis à moitié autrichienne, mais je pars samedi à la montagne et cette lecture me semble indiquée;  miammiam
J'espère que tu arriveras à le trouver !

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Marlen Haushofer Empty Une poignée de vie

Message par Queenie Mer 12 Fév - 9:02

Marlen Haushofer Poigne10
trad.Jacqueline Chambon
Publié en 1955 - Édition Actes Sud 2020

Un homme meurt dans un accident de voiture. La famille, alors, se rend compte, qu'il n'était plus aussi prospère que ça. Son usine de clous (oui c'est drôle !) ne marchait plus tellement. Du coup, la demeure familiale est mise en vente.
Une famille succinctement présentée, mais où Marlen Haushofer glisse déjà des fissures, des troubles.

Après plusieurs échecs d'acheteurs, arrive Betty.
Taiseuse, peut-être malade, le fils est perturbé : il l'apprécie et se sent un peu mal à l'aise en sa présence. En tout cas, elle semble vouloir acheter la maison. Pour la nuit ils l'hébergent dans la chambre d'ami.e.s.

Le récit alors change de point de vue, et plonge dans la tête, les pensées, les frissons de Betty. Dans un tiroir, elle découvre des cartes postales et des photos d'un autre temps. Un autre temps qu'elle a connu. Un monde dont elle ne fait plus partie.
Et alors Betty va faire face à son passé. Comment cette femme a un jour fuit, tout quitté. Comment de la jeune fille élevée par les sœurs, va découvrir qu'elle pose trop de questions, pense trop, n'arrive pas à rentrer dans le moule. Comment la jeune femme va tenter de suivre le chemin tout tracé de l'épouse, la mère, et ne pas s'en contenter.

Marlen Haushofer, comme pour le Mur Invisible, décrit une femme solitaire, dont elle va nous décrire toutes les aspérités, les forces.
Betty est seule par choix. Parce que le monde est hostile, on lui demande des choses qu'elle ne comprend pas, qu'elle ne veut pas. C'est un personnage étrange, qui semble manquer complètement d'empathie, n'arrive pas à s'attacher aux autres humains, à ressentir des attachements forts et inaltérables. Elle a soif du monde, de découvertes, de liberté.

Par ce portrait, petit à petit, Marlen Haushofer, sans tenter de tout expliquer, laissant énormément de place au lecteur et à la lectrice de se questionner, va montrer comme le monde peut enfermer, empêcher d'être soi. Et comment aimer si l'on se sent inadaptée, incomprise, différente ?
Une écriture très fine, tout en sous-entendus, qui graduellement, par touches précises, forme un tableau complexe de femme puissante, libérée, honnête.

Mais dans Une poignée de vie, vous n'aurez jamais complètement toutes les réponses, la distance que crée Haushofer, et son personnage Betty, avec sa propre histoire, déroute, intrigue, et entraîne dans un univers particulier, une écriture étrange, qui pourrait sembler atone mais qui touche fort et justement.


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Message par Liseron Mer 12 Fév - 15:09

Je découvre ce fil...et cette auteur ! Une fois de plus, vos commentaires font envie ! Ce n'est pas que ma PAL qui déborde, c'est aussi ma LAL, je noircis des pages et des pages de titres...et je ne sais plus où donner de la tête  clap

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