Kore-eda Hirokazu
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Kore-eda Hirokazu
Wikipédia a écrit:Kore-eda Hirokazu (是枝 裕和) est un réalisateur japonais, né à Tokyo le 6 juin 1962
Il est notamment réputé pour son approche novatrice, non spectaculaire et quasiment documentaire du cinéma de fiction (trait commun à une série de jeunes réalisateurs japonais).
Six de ses films ont été sélectionnés au Festival de Cannes : Distance en 2001 (en compétition officielle), Nobody Knows en 2004 (en compétition officielle), Air Doll en 2009 (dans la section Un certain regard), Tel père, tel fils en 2013 (en compétition officielle), Notre petite sœur en 2015 (en compétition officielle) et Après la tempête en 2016 (à Un certain regard).
1995 : Maborosi
1998 : After Life
2001 : Distance
2004 : Nobody Knows
2006 : Hana
2008 : Still Walking
2009 : Air Doll
2011 : I wish
2013 : Tel père, tel fils (Prix du Jury au festival de Cannes 2013)
2015 : Notre petite sœur (tiré du manga Kamakura Diary)
2016 : Après la tempête
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Re: Kore-eda Hirokazu
Maborosi
Maboroshi no hikari ("lumière fantôme")
1995
Yumiko est une jeune femme qui a été confrontée à la disparition soudaine de deux êtres chers: sa grand-mère, qui est partie un jour quand elle était enfant, et son premier mari, qui s'est suicidé de façon inexplicable alors que leur fils était encore bébé.
Yumiko se remarie et part vivre au bord de l'océan chez son nouveau compagnon, également veuf et père de famille. Elle semble y retrouver une vie apaisée mais la douleur et l'incompréhension demeurent.
Un film tout en lenteur, en plan fixes d'une grande beauté (en particulier les paysages de bord de mer) et en mélancolie pour évoquer le désarroi des vivants face à la mort des proches, la lente sortie du tunnel du deuil (superbe travail sur l'ombre et la lumière, le passage des saisons), la fragilité des moments de bonheur. Beaucoup d'ellipses et de non-dit pour un film qui suggère plutôt qu'il ne dit mais touche beaucoup.
Maboroshi no hikari ("lumière fantôme")
1995
Yumiko est une jeune femme qui a été confrontée à la disparition soudaine de deux êtres chers: sa grand-mère, qui est partie un jour quand elle était enfant, et son premier mari, qui s'est suicidé de façon inexplicable alors que leur fils était encore bébé.
Yumiko se remarie et part vivre au bord de l'océan chez son nouveau compagnon, également veuf et père de famille. Elle semble y retrouver une vie apaisée mais la douleur et l'incompréhension demeurent.
Un film tout en lenteur, en plan fixes d'une grande beauté (en particulier les paysages de bord de mer) et en mélancolie pour évoquer le désarroi des vivants face à la mort des proches, la lente sortie du tunnel du deuil (superbe travail sur l'ombre et la lumière, le passage des saisons), la fragilité des moments de bonheur. Beaucoup d'ellipses et de non-dit pour un film qui suggère plutôt qu'il ne dit mais touche beaucoup.
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Re: Kore-eda Hirokazu
After Life
Wandafuru raifu (Wonderful life)
1998
Ce pourrait être une ancienne école ou un hôpital désaffecté, en tout cas c'est une bâtisse grande et vaste, assez vieillotte et délabrée, au milieu d'un parc où l'hiver s'installe peu à peu . Comme chaque lundi une équipe d'employés de bureau vient y prendre son service. Leur chef leur annonce les dossiers de la semaine à traiter: 22 personnes à recevoir en entretien. Banal à priori.
Sauf que ces personnes, de tous âges et conditions sociales, viennent de décéder et que cette équipe, le "personnel des Limbes", est chargée d'une mission très spéciale. Recueillir le souvenir le plus marquant de la vie de ces morts pour le reproduire ensuite en vidéo. Ce souvenir sera la seule chose que les morts emporteront dans l'au-delà, où toute leur mémoire sera définitivement effacée.
C'est un film original, tendre et touchant, voire bouleversant par moments, et en aucun cas morbide ou sinistre que cet After Life. Plus mélancolique et nostalgique que triste, et davantage sur la vie que sur la mort.
Comme Maborosi il traite de la fugacité des moments de bonheur, parfois si fragiles qu'ils sont difficiles à identifier comme tels. En une succession de saynètes attachantes, les morts (des petits vieux, des ados, des quadras...) défilent de l'autre côté du bureau des employés. Ils reviennent sur leur vie, hésitent, puis se rappellent de la sensation, de la rencontre, du moment privilégié avec un être cher qu'ils choisiront comme souvenir à emporter. Certains y arrivent, se réjouissant même d'échapper ainsi à un passé trop lourd ("oublier c'est le paradis") mais d'autres échouent à le faire, leur vie leur semblant trop terne pour y arriver. D'autres encore s'y refusent, ne voulant pas fuir leurs responsabilités vis à vis de leur vie. Car il n'y a pas que l'histoire de ces morts mais également celle de l'équipe des limbes que découvrirons... Et de façon moins floue et énigmatique que dans Maborosi d'ailleurs. Bien que la construction en soit fluide, c'est un film bien plus accessible question scénario.
After Life est aussi une métaphore poétique du cinéma, puisque le personnel de cette antichambre du paradis est chargé de recréer ces scènes de souvenirs et de les filmer. A eux d'être aussi convaincants que possible dans l'évocation des sensations parfois impalpables (comme la chaleur) et d'être exacts dans la reproduction des décors, pour que les morts, au moment où ils revivent ainsi leur passé, puissent enfin aller au Paradis.
Un superbe film, à voir et à revoir.
Wandafuru raifu (Wonderful life)
1998
Ce pourrait être une ancienne école ou un hôpital désaffecté, en tout cas c'est une bâtisse grande et vaste, assez vieillotte et délabrée, au milieu d'un parc où l'hiver s'installe peu à peu . Comme chaque lundi une équipe d'employés de bureau vient y prendre son service. Leur chef leur annonce les dossiers de la semaine à traiter: 22 personnes à recevoir en entretien. Banal à priori.
Sauf que ces personnes, de tous âges et conditions sociales, viennent de décéder et que cette équipe, le "personnel des Limbes", est chargée d'une mission très spéciale. Recueillir le souvenir le plus marquant de la vie de ces morts pour le reproduire ensuite en vidéo. Ce souvenir sera la seule chose que les morts emporteront dans l'au-delà, où toute leur mémoire sera définitivement effacée.
C'est un film original, tendre et touchant, voire bouleversant par moments, et en aucun cas morbide ou sinistre que cet After Life. Plus mélancolique et nostalgique que triste, et davantage sur la vie que sur la mort.
Comme Maborosi il traite de la fugacité des moments de bonheur, parfois si fragiles qu'ils sont difficiles à identifier comme tels. En une succession de saynètes attachantes, les morts (des petits vieux, des ados, des quadras...) défilent de l'autre côté du bureau des employés. Ils reviennent sur leur vie, hésitent, puis se rappellent de la sensation, de la rencontre, du moment privilégié avec un être cher qu'ils choisiront comme souvenir à emporter. Certains y arrivent, se réjouissant même d'échapper ainsi à un passé trop lourd ("oublier c'est le paradis") mais d'autres échouent à le faire, leur vie leur semblant trop terne pour y arriver. D'autres encore s'y refusent, ne voulant pas fuir leurs responsabilités vis à vis de leur vie. Car il n'y a pas que l'histoire de ces morts mais également celle de l'équipe des limbes que découvrirons... Et de façon moins floue et énigmatique que dans Maborosi d'ailleurs. Bien que la construction en soit fluide, c'est un film bien plus accessible question scénario.
After Life est aussi une métaphore poétique du cinéma, puisque le personnel de cette antichambre du paradis est chargé de recréer ces scènes de souvenirs et de les filmer. A eux d'être aussi convaincants que possible dans l'évocation des sensations parfois impalpables (comme la chaleur) et d'être exacts dans la reproduction des décors, pour que les morts, au moment où ils revivent ainsi leur passé, puissent enfin aller au Paradis.
Un superbe film, à voir et à revoir.
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Re: Kore-eda Hirokazu
Après la tempête
Umi yori mo mada fukaku
2016
On est au mois de septembre, l’archipel attend le 23ème typhon de l’année dans des températures inhabituellement étouffantes. Ryota promène sa longue silhouette dégingandée et un peu négligée de la vieille cité HLM où vit sa mère, veuve depuis peu, à l’agence de détective où il travaille à mi-temps et se fait des extras en faisant chanter ses clients en douce. Parce qu’il a publié il y a une quinzaine d’années un roman prometteur couronné par un prix, Ryota se présente comme écrivain mais la nouvelle œuvre sur laquelle il travaille depuis est manifestement au point mort.
Séparé de la mère de son fils, il ne peut voir celui-ci qu’une fois par mois car il est perpétuellement en retard pour la pension alimentaire. Dépensant son salaire en courses cyclistes et jeux de hasard, il en est réduit à emprunter sans cesse à sa sœur aînée de plus en plus exaspérée et à son jeune assistant compréhensif, ainsi qu'à farfouiller dans l’appartement de sa mère à la recherche d’hypothétiques antiquités laissées par son père qu’il pourrait refourguer au prêteur sur gages. Un père peu ambitieux, joueur et criblé de dettes auquel il craint de ressembler de plus en plus…
Un profil de loser sympathique mais velléitaire donc, et pourtant il ne manquerait pas grand-chose à Ryota pour reprendre le contrôle de sa vie. Le typhon qui finit par s’abattre et le huis-clos familial qu’il provoque vont-t-il lui permettre de se dégager des lourdeurs du passé tout en y puisant l’inspiration pour sortir de son marasme ?
Kore-eda filme à nouveau une chronique familiale douce-amère, qui parle de la vie qui ne prend pas le tour prévu, des rêves de jeunesse qui ne se sont pas concrétisés, d'existences ternes dans des lieux peu reluisants, de la vieillesse, des liens père-fils tendus... Mais au milieu de toute cette désillusion et cette grisaille, il nous offre aussi de jolis moments intimistes, éclairés d'un bonheur fragile et fugace.
Mais finalement, plus que d'observer les relations entre les générations, je retiendrai que ce film met en contraste contraste l’attitude des hommes et des femmes face à la vie. Les premiers tout à la fois regrettant à ce qu’ils ont perdu et poursuivant des rêves irréalisables, les secondes se montrant bien plus pragmatiques, profitant du moment présent et s’y appuyant pour construire un avenir plus conforme à leurs attentes.
Umi yori mo mada fukaku
2016
On est au mois de septembre, l’archipel attend le 23ème typhon de l’année dans des températures inhabituellement étouffantes. Ryota promène sa longue silhouette dégingandée et un peu négligée de la vieille cité HLM où vit sa mère, veuve depuis peu, à l’agence de détective où il travaille à mi-temps et se fait des extras en faisant chanter ses clients en douce. Parce qu’il a publié il y a une quinzaine d’années un roman prometteur couronné par un prix, Ryota se présente comme écrivain mais la nouvelle œuvre sur laquelle il travaille depuis est manifestement au point mort.
Séparé de la mère de son fils, il ne peut voir celui-ci qu’une fois par mois car il est perpétuellement en retard pour la pension alimentaire. Dépensant son salaire en courses cyclistes et jeux de hasard, il en est réduit à emprunter sans cesse à sa sœur aînée de plus en plus exaspérée et à son jeune assistant compréhensif, ainsi qu'à farfouiller dans l’appartement de sa mère à la recherche d’hypothétiques antiquités laissées par son père qu’il pourrait refourguer au prêteur sur gages. Un père peu ambitieux, joueur et criblé de dettes auquel il craint de ressembler de plus en plus…
Un profil de loser sympathique mais velléitaire donc, et pourtant il ne manquerait pas grand-chose à Ryota pour reprendre le contrôle de sa vie. Le typhon qui finit par s’abattre et le huis-clos familial qu’il provoque vont-t-il lui permettre de se dégager des lourdeurs du passé tout en y puisant l’inspiration pour sortir de son marasme ?
Kore-eda filme à nouveau une chronique familiale douce-amère, qui parle de la vie qui ne prend pas le tour prévu, des rêves de jeunesse qui ne se sont pas concrétisés, d'existences ternes dans des lieux peu reluisants, de la vieillesse, des liens père-fils tendus... Mais au milieu de toute cette désillusion et cette grisaille, il nous offre aussi de jolis moments intimistes, éclairés d'un bonheur fragile et fugace.
Mais finalement, plus que d'observer les relations entre les générations, je retiendrai que ce film met en contraste contraste l’attitude des hommes et des femmes face à la vie. Les premiers tout à la fois regrettant à ce qu’ils ont perdu et poursuivant des rêves irréalisables, les secondes se montrant bien plus pragmatiques, profitant du moment présent et s’y appuyant pour construire un avenir plus conforme à leurs attentes.
Dernière édition par Céline le Dim 1 Jan - 8:49, édité 2 fois
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Merlette- Messages : 2334
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Kore-eda Hirokazu
-Tel père, tel fils -
Un film qui force à réfléchir sur ce que l'on transmet, sur les liens de paternité, surtout sur le cheminement que l'on peut avoir à effectuer pour remplir son rôle de père (puisqu' ici le regard est essentiellement tourné sur eux et non sur la mère)
Le titre en japonais est un peu différent. Littéralement il signifie "Père malgré tout", et je le trouve plus subtil, il résume mieux le propos. Ce qui m'a le plus intéressée, en dehors des différences d'éducation d'une famille à l'autre, de ces deux modes de vie qui se transmettent et que l'on inculque malgré soi (pour le père bohème) ou volontairement (pour l'architecte) c'est le parcours de ce dernier, empêtré dans ses certitudes et son besoin de réussite, et qui à cause de cette remise en question brutale, va chercher une autre voie, ouvrir les yeux sur les choses qu'il ne voyait pas avant (La scène où il tombe sur les photos de lui endormi prises par son fils, est bouleversante) redécouvrir un autre lien plus viscéral, plus ancré au fond de lui pour parvenir enfin à se sentir père en se créant de nouvelles valeurs. C'est très beau.
Je ne l'ai donc pas trouvé particulièrement caricatural, et pourtant il avait tout pour. Kore -Eda a détourné ces facilités, et plutôt bien amené le propos, à mon sens. Un chouia trop long, ça oui (je me suis assoupie quelques secondes lors de l'explication donnée par l'infirmière, mais je revenais de la Rhumerie et de son baba au rhum. Ceux qui le connaissent comprendront ) et un peu distant, comme tous les films japonais ou asiatiques que j'ai pu voir jusqu'à présent. C'est vraiment une question de culture.
Un film qui force à réfléchir sur ce que l'on transmet, sur les liens de paternité, surtout sur le cheminement que l'on peut avoir à effectuer pour remplir son rôle de père (puisqu' ici le regard est essentiellement tourné sur eux et non sur la mère)
Le titre en japonais est un peu différent. Littéralement il signifie "Père malgré tout", et je le trouve plus subtil, il résume mieux le propos. Ce qui m'a le plus intéressée, en dehors des différences d'éducation d'une famille à l'autre, de ces deux modes de vie qui se transmettent et que l'on inculque malgré soi (pour le père bohème) ou volontairement (pour l'architecte) c'est le parcours de ce dernier, empêtré dans ses certitudes et son besoin de réussite, et qui à cause de cette remise en question brutale, va chercher une autre voie, ouvrir les yeux sur les choses qu'il ne voyait pas avant (La scène où il tombe sur les photos de lui endormi prises par son fils, est bouleversante) redécouvrir un autre lien plus viscéral, plus ancré au fond de lui pour parvenir enfin à se sentir père en se créant de nouvelles valeurs. C'est très beau.
Je ne l'ai donc pas trouvé particulièrement caricatural, et pourtant il avait tout pour. Kore -Eda a détourné ces facilités, et plutôt bien amené le propos, à mon sens. Un chouia trop long, ça oui (je me suis assoupie quelques secondes lors de l'explication donnée par l'infirmière, mais je revenais de la Rhumerie et de son baba au rhum. Ceux qui le connaissent comprendront ) et un peu distant, comme tous les films japonais ou asiatiques que j'ai pu voir jusqu'à présent. C'est vraiment une question de culture.
Aeriale- Messages : 11812
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Kore-eda Hirokazu
Question de culture ou de caractère ? J'ai souvent trouvé que les personnages des romans japonais, sous des dehors paisibles, pouvaient se révéler aussi passionnés que nous, avec parfois des actes brusques et pleins de violence. Au cinéma, c'est souvent lent mais on a le temps d'observer certains détails et de comprendre ces sentiments qui ne s'exposent pas mais qui sont présents. J'ai bien aimé "Tel père, tel fils". C'est vraiment dommage d'avoir manqué l'explication de l'infirmière.Aeriale a écrit:-Tel père, tel fils -
Je ne l'ai donc pas trouvé particulièrement caricatural, et pourtant il avait tout pour. Kore -Eda a détourné ces facilités, et plutôt bien amené le propos, à mon sens. Un chouia trop long, ça oui (je me suis assoupie quelques secondes lors de l'explication donnée par l'infirmière, mais je revenais de la Rhumerie et de son baba au rhum. Ceux qui le connaissent comprendront ) et un peu distant, comme tous les films japonais ou asiatiques que j'ai pu voir jusqu'à présent. C'est vraiment une question de culture.
- Spoiler:
- Elle avait fait volontairement l'échange des bébés, pour punir la famille qui lui semblait riche et heureuse.
Moune- Messages : 611
Date d'inscription : 16/12/2016
Re: Kore-eda Hirokazu
Ah oui, je ne disais pas qu'ils n'étaient pas passionnés, Moune, je me suis mal exprimée. Ce que je veux dire, c'est qu'ils n'ont pas l'habitude d'exprimer ouvertement leurs passions, et que lorsqu'ils le font, elles en deviennent effectivement plus brutales, et ce qui touche davantage. C'est cela que je voulais dire par "Question de culture" :-)Moune a écrit:Question de culture ou de caractère ? J'ai souvent trouvé que les personnages des romans japonais, sous des dehors paisibles, pouvaient se révéler aussi passionnés que nous, avec parfois des actes brusques et pleins de violence. Au cinéma, c'est souvent lent mais on a le temps d'observer certains détails et de comprendre ces sentiments qui ne s'exposent pas mais qui sont présents. J'ai bien aimé "Tel père, tel fils". C'est vraiment dommage d'avoir manqué l'explication de l'infirmière.
- Spoiler:
Elle avait fait volontairement l'échange des bébés, pour punir la famille qui lui semblait riche et heureuse.
Merci pour l'explication, c'est vrai que c'est même crucial
Je crois qu'il va me plaire, c'est exactement le genre de thème qui me touche: Ces loupés de la vie, ces personnages entre deux, leurs existences qui paraissent anodines mais que le talent d'un cinéaste (ou d'un auteur bien sûr) parvient à rendre lumineuses. J'irai, merci du com Céline!!!Céline a écrit:Kore-eda filme à nouveau une chronique familiale douce-amère, qui parle de la vie qui ne prend pas le tour prévu, des rêves de jeunesse qui ne se sont pas concrétisés, d'existences ternes dans des lieux peu reluisants, de la vieillesse, des liens père-fils tendus... Mais au milieu de toute cette désillusion et cette grisaille, il nous offre aussi de jolis moments intimistes, éclairés d'un bonheur fragile et fugace.
Aeriale- Messages : 11812
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Kore-eda Hirokazu
Un réalisateur que j'ai toujours beaucoup aimé.
Je ne savais pourtant même pas qu'il avait un nouveau film à l'affiche. Je suis vraiment larguée de cinéma moi...
Merci pour le fil !
Je ne savais pourtant même pas qu'il avait un nouveau film à l'affiche. Je suis vraiment larguée de cinéma moi...
Merci pour le fil !
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Et, du monde indistinct des rêves, là où se terrent les secrets mystiques, une réponse surgit.
Queenie- Messages : 7109
Date d'inscription : 29/11/2016
Localisation : Stable.
Re: Kore-eda Hirokazu
Aeriale a écrit:Ah oui, je ne disais pas qu'ils n'étaient pas passionnés, Moune, je me suis mal exprimée. Ce que je veux dire, c'est qu'ils n'ont pas l'habitude d'exprimer ouvertement leurs passions, et que lorsqu'ils le font, elles en deviennent effectivement plus brutales, et ce qui touche davantage. C'est cela que je voulais dire par "Question de culture" :-)Moune a écrit:Question de culture ou de caractère ? J'ai souvent trouvé que les personnages des romans japonais, sous des dehors paisibles, pouvaient se révéler aussi passionnés que nous, avec parfois des actes brusques et pleins de violence. Au cinéma, c'est souvent lent mais on a le temps d'observer certains détails et de comprendre ces sentiments qui ne s'exposent pas mais qui sont présents. J'ai bien aimé "Tel père, tel fils". C'est vraiment dommage d'avoir manqué l'explication de l'infirmière.
- Spoiler:
Elle avait fait volontairement l'échange des bébés, pour punir la famille qui lui semblait riche et heureuse.
Merci pour l'explication, c'est vrai que c'est même crucial
- Spoiler:
- De plus, l'infirmière a attendu qu'il y ait prescription pour parler : coupable mais intouchable !…
Moune- Messages : 611
Date d'inscription : 16/12/2016
Re: Kore-eda Hirokazu
Queenie a écrit:Un réalisateur que j'ai toujours beaucoup aimé.
Je ne savais pourtant même pas qu'il avait un nouveau film à l'affiche. Je suis vraiment larguée de cinéma moi...
Merci pour le fil !
Pas d'inquiétude, tu es à jour, c'est juste la Suisse qui est en avance. J'ai été surprise de le voir à l'affiche et j'ai appris ensuite qu'il ne sortait en France qu'en avril.
En tous cas quand il sort précipitez-vous si vous aimez ce cinéaste, il est à son meilleur ici...De la profondeur et de l'émotion épurée sans surcharge sentimentale aucune, très bon film.
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Merlette- Messages : 2334
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Kore-eda Hirokazu
Merlette a écrit:Après la tempête
Umi yori mo mada fukaku
2016
On est au mois de septembre, l’archipel attend le 23ème typhon de l’année dans des températures inhabituellement étouffantes. Ryota promène sa longue silhouette dégingandée et un peu négligée de la vieille cité HLM où vit sa mère, veuve depuis peu, à l’agence de détective où il travaille à mi-temps et se fait des extras en faisant chanter ses clients en douce. Parce qu’il a publié il y a une quinzaine d’années un roman prometteur couronné par un prix, Ryota se présente comme écrivain mais la nouvelle œuvre sur laquelle il travaille depuis est manifestement au point mort.
Séparé de la mère de son fils, il ne peut voir celui-ci qu’une fois par mois car il est perpétuellement en retard pour la pension alimentaire. Dépensant son salaire en courses cyclistes et jeux de hasard, il en est réduit à emprunter sans cesse à sa sœur aînée de plus en plus exaspérée et à son jeune assistant compréhensif, ainsi qu'à farfouiller dans l’appartement de sa mère à la recherche d’hypothétiques antiquités laissées par son père qu’il pourrait refourguer au prêteur sur gages. Un père peu ambitieux, joueur et criblé de dettes auquel il craint de ressembler de plus en plus…
Un profil de loser sympathique mais velléitaire donc, et pourtant il ne manquerait pas grand-chose à Ryota pour reprendre le contrôle de sa vie. Le typhon qui finit par s’abattre et le huis-clos familial qu’il provoque vont-t-il lui permettre de se dégager des lourdeurs du passé tout en y puisant l’inspiration pour sortir de son marasme ?
Merci pour ce chouette commentaire, @Merlette. Tu as tout bien expliqué ce qui fait le charme de ce film, et d'une façon plus générale l'ensemble de ses productions.C'est le troisième que je vois de lui, je ne suis jamais déçue. Un cinéaste qui sait si bien parler de ces liens familiaux distendus souvent par le tour que prend la vie, des personnages qui se cherchent, se loupent, ont des faux pas et des petits bonheurs faits de trois fois rien (comme par exemple ici quand Ryota entraine son fils, trop sage a son goût, dans l'abri pieuvre du dehors, petit moment de complicité partagée à trois lorsque la mère les rejoint pour chercher les billets de loterie)
Le rôle de Yoshiko la grand mère est magnifique, point central autour duquel les personnages se resserrent, seul lien qui unit leurs différences et incompréhensions, leur amertume parfois, et qui tente de leur insuffler une parcelle de sa sérénité durement acquise. Le bonheur c'est aussi apprendre à se passer de ce qu'on ne peut garder ou même atteindre, comme elle le confesse à son fils. Un fils qui a pris beaucoup du père, comprend t'on plus le film avance, père qui finit lui aussi par exister en filigrane, un rêveur immature et insaisissable à l'image de ce papillon volage que nous décrit Yoshiko.
Un petit bijou de justesse, et de tendresse. C'est aussi drôle, bourré d'humanité et de petits détails anodins qui rendent ce film très vrai. Kore- Eda n'a rien laissé au hasard, et j'ai rudement bien fait de t'écouter, Merlette. Pas vu le temps passer <3
Aeriale- Messages : 11812
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Kore-eda Hirokazu
Je suis ravie que tu aies apprécié, @Aeriale! Comme toi ses films ne me déçoivent jamais.
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Merlette- Messages : 2334
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Kore-eda Hirokazu
Après la tempête
Ryota, qui dans ses jeunes années a été un auteur précoce, couronné par un prix littéraire, n'écrit plus, vivote d'un boulot de détective, et de l'argent qu'il extorque à certains clients qu'il fait chanter. Il perd l'essentiel de cet argent en jeux de hasard divers. Il est séparé de la mère de son fils, et n'arrive pas à pas à payer la pension, ce qui met en péril sa possibilité de le voir une fois par mois. Son ex-femme étant sur le point de se lancer dans une autre relation, Ryota profite d'un typhon pendant lequel sa femme et son fils passent la nuit chez sa mère, pour tenter de renouer.
Kore-eda fait des films qui ont beaucoup de charme, avec des personnages un peu en marge, un peu décalés, pas complètement adapté à un monde de compétition. Ses personnages sont étrangement sympathiques, même en faisant des choses que elles ne le sont pas obligatoirement (les extorsions de Ryota).
Ryota est un ado attardé, plus gamin que son sage fils, que la vie dépasse, et qui prend conscience à quel point il ressemble finalement à son propre père, avec qui pourtant il pensait ne pas s'entendre. Il voudrait à son tour transmettre quelque chose à son propre enfant, au moment où il sent qu'il le perd en partie.
Mais le personnage le plus attachant est sans doute la mère de Ryota, vieille dame malicieuse et pleine de vie, bien décidée à profiter au maximum de ce que la vie lui aura donné. Triste de la séparation de son fils et de sa femme, elle ne peut pas ne pas comprendre le choix de sa bru, ayant elle-même vécu avec un homme joueur et peu fiable dans le quotidien.
Objectivement, peu aura changé après le passage du typhon, mais d'une certaine façon, il y a un apaisement, les protagonistes s'acceptent mieux tels qu'ils sont eux-même et ce que sont les autres, même si cela ne correspond pas à leurs rêves d'enfants.
Ryota, qui dans ses jeunes années a été un auteur précoce, couronné par un prix littéraire, n'écrit plus, vivote d'un boulot de détective, et de l'argent qu'il extorque à certains clients qu'il fait chanter. Il perd l'essentiel de cet argent en jeux de hasard divers. Il est séparé de la mère de son fils, et n'arrive pas à pas à payer la pension, ce qui met en péril sa possibilité de le voir une fois par mois. Son ex-femme étant sur le point de se lancer dans une autre relation, Ryota profite d'un typhon pendant lequel sa femme et son fils passent la nuit chez sa mère, pour tenter de renouer.
Kore-eda fait des films qui ont beaucoup de charme, avec des personnages un peu en marge, un peu décalés, pas complètement adapté à un monde de compétition. Ses personnages sont étrangement sympathiques, même en faisant des choses que elles ne le sont pas obligatoirement (les extorsions de Ryota).
Ryota est un ado attardé, plus gamin que son sage fils, que la vie dépasse, et qui prend conscience à quel point il ressemble finalement à son propre père, avec qui pourtant il pensait ne pas s'entendre. Il voudrait à son tour transmettre quelque chose à son propre enfant, au moment où il sent qu'il le perd en partie.
Mais le personnage le plus attachant est sans doute la mère de Ryota, vieille dame malicieuse et pleine de vie, bien décidée à profiter au maximum de ce que la vie lui aura donné. Triste de la séparation de son fils et de sa femme, elle ne peut pas ne pas comprendre le choix de sa bru, ayant elle-même vécu avec un homme joueur et peu fiable dans le quotidien.
Objectivement, peu aura changé après le passage du typhon, mais d'une certaine façon, il y a un apaisement, les protagonistes s'acceptent mieux tels qu'ils sont eux-même et ce que sont les autres, même si cela ne correspond pas à leurs rêves d'enfants.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4799
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Kore-eda Hirokazu
C'est vrai que même en filoutant, Ryota est sympathique. On a vraiment envie qu'il s'en sorte enfin! Vos commentaires me donnent envie de le revoir.
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Merlette- Messages : 2334
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Kore-eda Hirokazu
Déjà !
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Arabella- Messages : 4799
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