Nagai Kafû
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Nagai Kafû
Nagai Kafû (ou "Kafû"), 永井荷風, est le nom de plume de l'écrivain Nagai Sôkichi (1879-1959). Il fut l’un des tout premiers écrivains japonais qui, par un contact direct avec le monde occidental, réussirent à développer une littérature profondément ancrée dans la tradition japonaise tout en se plaçant d’un point de vue universel.
Né dans une famille d'anciens samurai devenus hauts fonctionnaires, il fut envoyé aux USA et en Europe pour parfaire ses études, puis il travailla comme employé de banque à New-York et en France. De retour au Japon, il publia ses impressions de voyage et obtint un poste de professeur de littérature à l'université Keiô, où il fonda la revue littéraire, Mita Bungaku.
Très influencé par Zola, il devint un adepte du naturalisme en littérature et commença alors une carrière très féconde, bien que deux de ses premiers ouvrages, considérés comme trop critiques envers la société japonaise, aient été interdits par le gouvernement,
Il se soumit en 1910 à un mariage arrangé par son père, mais divorça peu de temps après pour épouser la femme qu'il aimait, une ancienne geisha.
Il abandonna en 1916 son poste de professeur pour se consacrer à l'écriture.
En complète opposition avec la politique menée par son pays pendant la période d’avant-guerre, il refusa son concours à l'association des écrivains japonais d'orientation fasciste. Plusieurs de ses œuvres, interdites par la censure, ne furent publiées qu'après la 2e guerre mondiale.
Il reçut l'ordre du Mérite culturel en 1952 et fut élu membre de l'Académie des Arts en 1956.
Toute son œuvre traite de la vie des bas-quartiers de Tôkyô à la fin de l'époque d'Edo (vers 1860) et pendant la période de Meiji (1868-1912).
Souvent désigné comme "chantre du quartier des plaisirs", qu'il fréquenta tout au long de sa vie, il s'attache à le décrire avec une grande précision, utilisant un style réaliste et parfois lyrique empreint de nostalgie.
Passionné par la culture d'Edo, les ukiyo-e (estampes ou "images du monde flottant"), le kyôgen (théâtre comique), l'art des conteurs, ses romans et nouvelles tentent de retrouver dans le Tôkyô moderne les vestiges du Japon d'autrefois.
(sources:Le Japon, dictionnaire et civilisation. coll Bouquins, site du JLPP)
Bibliographie
1909 La Sumida
1911 Le Renard
1912 Interminablement la pluie
1915 Scènes d'été
1916 Du côté des saules et des fleurs
1918 Le Bambou nain
1919 Feu d'artifice
1931 Chronique d'une saison des pluies
1931 Voitures de nuit
1937 Une Histoire singulière à l'est du fleuve
1942 La Décoration
1980 Le Secret de la petite chambre
Dernière édition par Céline le Sam 3 Déc 2016 - 17:21, édité 1 fois
Merlette- Messages : 2334
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Nagai Kafû
Scènes d'été
Editions du Rocher
J'ai lu dernièrement ce court roman qui relate les déboires de Keizô, un commerçant marié et quadragénaire, avec O.Chiyo, sa concubine, une ex-geisha plutôt souillon, rustique et infidèle mais voluptueuse, dont il est passionnément épris. Un récit comique et sensuel (interdit par la censure en 1915) qui m'a fait penser à Nana (Kafû admirait Zola), car les geisha y sont présentées bien davantage comme des poules de luxe que des artistes raffinées.
Comme je l'ai dit plus haut, ce sont surtout les ambiances que je retiens des œuvres de Kafû. Quel talent pour planter le décor, placer les détails évocateurs ! Comme Zola, Kafû est autant un peintre qu'un romancier.
Il y a aussi toujours une ironie sous-jacente, et une certaine sympathie, quand Kafû observe et détaille le comportement, les moeurs et les défauts de ses héros, ici Keizô, partagé entre son bon sens économe de riche commerçant et sa passion pour la vulgaire O.Chiyo. Et la nostalgie du vieux Japon, qui apparaît dans Scènes d'été sous une forme amusante:
Editions du Rocher
J'ai lu dernièrement ce court roman qui relate les déboires de Keizô, un commerçant marié et quadragénaire, avec O.Chiyo, sa concubine, une ex-geisha plutôt souillon, rustique et infidèle mais voluptueuse, dont il est passionnément épris. Un récit comique et sensuel (interdit par la censure en 1915) qui m'a fait penser à Nana (Kafû admirait Zola), car les geisha y sont présentées bien davantage comme des poules de luxe que des artistes raffinées.
Comme je l'ai dit plus haut, ce sont surtout les ambiances que je retiens des œuvres de Kafû. Quel talent pour planter le décor, placer les détails évocateurs ! Comme Zola, Kafû est autant un peintre qu'un romancier.
Bien qu'il empruntât ce chemin quotidiennement, c'était toujours en fin d'après-midi et jamais encore il ne lui était arrivé de le faire si tôt dans la journée; aussi, lorsque, parvenu en haut de la pente de Kagurazaka, il bifurqua pour enfiler une des ruelles du quartier, il découvrit cet univers dédié à la vie nocturne écrasé sous les rayons du soleil et plongé dans le calme absolu, sans autre bruit que la mélodie de la flûte du marchand de pipes que l'on entendait au loin. Cette vision des rues désertées lui donnait le sentiment curieux de traverser ce quartier pour la première fois; mais en même temps, il pouvait, au travers des stores de jonc ou des rideaux de dentelle masquant la porte des cuisines et par les fenêtres laissées grandes ouvertes des maisons de geishas bordant la rue des deux côtés, distinguer dans la pénombre des femmes assommées de chaleur qui traînaient là comme des malades, affalées, alanguies de sommeil, chevelure défaite, dépoitraillées, le yukata négligemment entrebâillé sous l'étroite ceinture à peine nouée, et ce spectacle observé dans sa traversée du quartier semblait troubler Keizô bien davantage que celui de la nuit avec ses filles soigneusement maquillées et sanglées dans des obi impeccablement noués.
Il y a aussi toujours une ironie sous-jacente, et une certaine sympathie, quand Kafû observe et détaille le comportement, les moeurs et les défauts de ses héros, ici Keizô, partagé entre son bon sens économe de riche commerçant et sa passion pour la vulgaire O.Chiyo. Et la nostalgie du vieux Japon, qui apparaît dans Scènes d'été sous une forme amusante:
Quoiqu'il en soit, cet amour de la propreté du vrai Eddoko*, qui se réjouit de se plonger dans l'eau brûlante de son bain matinal et d'en ressortir comme un poulpe bouilli, n'est plus de mise, car même chez les clients des lieux de plaisir il a disparu avec son époque.
*natif des quartiers populaires d'Edo (ancien nom de Tôkyô)
Merlette- Messages : 2334
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Nagai Kafû
La Sumida
(1909)
Gallimard/ Connaissance de l'Orient
Eijiro Kobayashi, Fraicheur du soir sur la Sumida (époque Meiji)
C'est l'œuvre par laquelle j'ai découvert Kafû et c'est celle que je préfère et recommanderais en 1er. Elle est aussi souvent décrite comme étant son chef d'oeuvre.
Plus que dans tout autre de ses romans et nouvelles s'y exprime son attachement nostalgique au Japon ancien et sa désolation devant l'ère Meiji (1868-1912) qui lui a succédé, période de boom économique mais aussi d'industrialisation, de bureaucratisation et de nationalisme exacerbés.
Dans l'introduction au roman, Kafû explique pourquoi il a choisi la rivière Sumida, qui traverse Tôkyô, comme décor et fil conducteur de son histoire:
Plus loin, il précise encore que "maints paysages descriptifs de l'ouvrage ont été traités comme des éléments aussi...que dis-je!...plus importants à l'occasion que les personnages eux-mêmes."
Le fleuve si souvent représenté sur les estampes de Hiroshige est donc le personnage central, l'incarnation du Japon ancien.
Les personnages humains sont eux aussi comme des vestiges d'un monde en voie de disparition: Ragetsu, le vieux maître de haikai, son épouse, ancienne geisha, sa soeur O-Toyo, maître de chant de kabuki... Le roman s'attache particulièrement à Chôkichi, le fils adolescent de cette dernière, et qu'elle essaie de pousser vers l'Université, dans l'espoir d'en faire un "brillant bureaucrate". Mais Chôkichi n'a guère de goût pour les études, leur préfère le monde du théâtre et se morfond dans un amour impossible pour son amie d'enfance, O-Ito, devenue apprentie geisha. Le roman suit ses errances mélancoliques à travers les vieux quartiers, leurs pagodes, leurs rues semblant sorties de romans anciens et que l'on détruit peu à peu pour faire place aux fabriques, aux cheminées d'usines et lignes de tramway.
Kafû décrit avec justesse le trouble de l'adolescence, ses aspirations indéfinies, à la fois douces et douloureuses, son insatisfaction...Et comme le dit plus haut Kenavo, il n'est pas difficile de deviner derrière le personnage de Chôkichi l'auteur lui même, lui que son père envoya se former aux USA mais qui préférait les arts traditionnels, lui qui aimait les longues balades au fil des rues.
Ses pas ramènent toujours Chôkichi le long du fleuve, ce qui est prétexte à de superbes descriptions qui n'ont rien à envier aux estampes des maîtres anciens:
Une description très japonaise, le roman étant d'ailleurs bâti sur le retour des saisons comme les haiku (on pense au Kyôto de Kawabata). Mais qui m'évoque aussi et à nouveau Zola, modèle occidental de Kaifû, par sa façon si évocatrice de personnifier un paysage (les Halles, la mine etc). J'aurais eu envie d'en citer davantage mais je préfère vous laisser découvrir ce superbe roman par vous-mêmes. J'espère que vous l'apprécierez autant que moi.
(1909)
Gallimard/ Connaissance de l'Orient
Eijiro Kobayashi, Fraicheur du soir sur la Sumida (époque Meiji)
C'est l'œuvre par laquelle j'ai découvert Kafû et c'est celle que je préfère et recommanderais en 1er. Elle est aussi souvent décrite comme étant son chef d'oeuvre.
Plus que dans tout autre de ses romans et nouvelles s'y exprime son attachement nostalgique au Japon ancien et sa désolation devant l'ère Meiji (1868-1912) qui lui a succédé, période de boom économique mais aussi d'industrialisation, de bureaucratisation et de nationalisme exacerbés.
Dans l'introduction au roman, Kafû explique pourquoi il a choisi la rivière Sumida, qui traverse Tôkyô, comme décor et fil conducteur de son histoire:
La Sumida, c'était la réalité du spectacle de dévastation qu'alors mes yeux partout contemplaient, et c'était ces résurgences brumeuses de paysages du passé que j'avais vus enfants et cette beauté des histoires d'autrefois qu'enfant j'avais entendu dire; et cet ensemble confondu m'emportait au sein d'une musique inexprimable. Rien ne pouvait aussi bien s'accorder à l'unisson de mon spleen que ces restes d'anciens sites célèbres sur la voie désormais d'un prochain et total anéantissement. C'est alors que je conçus le projet d'élaborer quelque ouvrage où j'embrasserais d'un même coup la réalité des paysages dévastés qui se reflétaient en mes yeux et les sentiments intenses et douloureux dont mon cœur s'affligeait.
Ce fut le roman de la Sumida.
Plus loin, il précise encore que "maints paysages descriptifs de l'ouvrage ont été traités comme des éléments aussi...que dis-je!...plus importants à l'occasion que les personnages eux-mêmes."
Le fleuve si souvent représenté sur les estampes de Hiroshige est donc le personnage central, l'incarnation du Japon ancien.
Les personnages humains sont eux aussi comme des vestiges d'un monde en voie de disparition: Ragetsu, le vieux maître de haikai, son épouse, ancienne geisha, sa soeur O-Toyo, maître de chant de kabuki... Le roman s'attache particulièrement à Chôkichi, le fils adolescent de cette dernière, et qu'elle essaie de pousser vers l'Université, dans l'espoir d'en faire un "brillant bureaucrate". Mais Chôkichi n'a guère de goût pour les études, leur préfère le monde du théâtre et se morfond dans un amour impossible pour son amie d'enfance, O-Ito, devenue apprentie geisha. Le roman suit ses errances mélancoliques à travers les vieux quartiers, leurs pagodes, leurs rues semblant sorties de romans anciens et que l'on détruit peu à peu pour faire place aux fabriques, aux cheminées d'usines et lignes de tramway.
Kafû décrit avec justesse le trouble de l'adolescence, ses aspirations indéfinies, à la fois douces et douloureuses, son insatisfaction...Et comme le dit plus haut Kenavo, il n'est pas difficile de deviner derrière le personnage de Chôkichi l'auteur lui même, lui que son père envoya se former aux USA mais qui préférait les arts traditionnels, lui qui aimait les longues balades au fil des rues.
Ses pas ramènent toujours Chôkichi le long du fleuve, ce qui est prétexte à de superbes descriptions qui n'ont rien à envier aux estampes des maîtres anciens:
En cette chaude arrière-saison, la lumière du soleil couchant, devenue un instant plus intense qu’au cœur même de l’été, embrasait à perte de vue la surface de l’eau et se réverbérait particulièrement sur les cloisons peintes tout en blanc des hangars à bateaux de l’Université. Subitement, de même que va en s’éteignant la lumière d’une lampe, des teintes cendrées se répandirent sur l’ensemble du paysage où seules se détachaient, toutes blanches, les voiles des chalands qui glissaient sur les flots montants de la marée du soir. Presque instantanément, le crépuscule de l’automne naissant céda la place à la nuit, rapidement, comme un rideau qui s’abaisse. Le courant du fleuve se mit étrangement à scintiller, aveuglant, et dessina, noires et précises, comme dans une peinture à l’encre de Chine, les silhouettes des gens montés sur les bacs.
Une description très japonaise, le roman étant d'ailleurs bâti sur le retour des saisons comme les haiku (on pense au Kyôto de Kawabata). Mais qui m'évoque aussi et à nouveau Zola, modèle occidental de Kaifû, par sa façon si évocatrice de personnifier un paysage (les Halles, la mine etc). J'aurais eu envie d'en citer davantage mais je préfère vous laisser découvrir ce superbe roman par vous-mêmes. J'espère que vous l'apprécierez autant que moi.
Merlette- Messages : 2334
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Nagai Kafû
quelle bonne idée de commencer avec lui...
merci pour ces beaux commentaires...
cela fait trop longtemps que je n'ai rien lu de lui, je vais le remettre en haut de ma LAL
merci pour ces beaux commentaires...
cela fait trop longtemps que je n'ai rien lu de lui, je vais le remettre en haut de ma LAL
Re: Nagai Kafû
Kenavo a écrit:quelle bonne idée de commencer avec lui...
merci pour ces beaux commentaires...
cela fait trop longtemps que je n'ai rien lu de lui, je vais le remettre en haut de ma LAL
C'est le premier auteur japonais qui m'est revenu à l'esprit!
Merlette- Messages : 2334
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Nagai Kafû
Cela ne m'étonne pas, que ce soit ton premier. Je vais chercher aussi mes commentaires sur lui.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Nagai Kafû
La Sumida
L'intrigue tient en peu de choses, un jeune homme élevé par sa mère seule, qui donne des cours de musique de second ordre, mais le fils n'a aucune envie de réaliser le rêve de sa mère et entrer dans l'administration. Avec l'adolescence, se réveille l'envie d'être artiste, et le refus d'une vie qu'on appellerait ici petit bourgeoise. Un oncle qui a eu un peu le même parcours comprend les aspirations de son neveu. le tout placé dans le contexte de rapides changement culturels au Japon, dont les dirigeants ont décidé une rapide occidentalisation. Ce qui entraîne une rapide disparition de tout un pan de culture, et une transformation du paysage urbain. Que l'oncle regrette de tout son être.
Un livre où il ne se passe pas grand chose à proprement parlé, qui ressemble plus à une série d'estampes qu'à un film. L'important est une ambiance, une nostalgie. L'enfance qui fuit, une ville qui se transforme. C'est plein de poésie, très contemplatif. Il faut être sans doute disponible pour cette lecture qui pourraient laisser certains sur leur faim. Il faut s'arrêter aux détails, aux petites choses qui sont plus importantes que le reste. L'auteur projetait de donner une suite à ce récit, dont il esquisse quelques éléments. Mais tel quel c'est un objet un peu étrange, un peu désarçonnant mais fascinant. Pas sûr qu'une seule lecture suffise.
L'intrigue tient en peu de choses, un jeune homme élevé par sa mère seule, qui donne des cours de musique de second ordre, mais le fils n'a aucune envie de réaliser le rêve de sa mère et entrer dans l'administration. Avec l'adolescence, se réveille l'envie d'être artiste, et le refus d'une vie qu'on appellerait ici petit bourgeoise. Un oncle qui a eu un peu le même parcours comprend les aspirations de son neveu. le tout placé dans le contexte de rapides changement culturels au Japon, dont les dirigeants ont décidé une rapide occidentalisation. Ce qui entraîne une rapide disparition de tout un pan de culture, et une transformation du paysage urbain. Que l'oncle regrette de tout son être.
Un livre où il ne se passe pas grand chose à proprement parlé, qui ressemble plus à une série d'estampes qu'à un film. L'important est une ambiance, une nostalgie. L'enfance qui fuit, une ville qui se transforme. C'est plein de poésie, très contemplatif. Il faut être sans doute disponible pour cette lecture qui pourraient laisser certains sur leur faim. Il faut s'arrêter aux détails, aux petites choses qui sont plus importantes que le reste. L'auteur projetait de donner une suite à ce récit, dont il esquisse quelques éléments. Mais tel quel c'est un objet un peu étrange, un peu désarçonnant mais fascinant. Pas sûr qu'une seule lecture suffise.
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Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Nagai Kafû
Le bambou nain
Un roman où les hommes, en tous les cas l'un d'entre eux Uzaki, sont au centre du récit. Notre héros, ou plutôt anti-héros est un peintre de seconde zone, qui a définitivement renoncé à faire carrière en tant qu'artiste et qui fait quelques travaux de commande, ainsi que de travaux d'intendant (ou homme à tout faire) chez des gens fortunés, et surtout son maître, un peintre reconnu et riche. Il doit gérer les conflits générés par Kan, le fils du maître, bon à rien notoire, qui passe son temps avec les femmes dans des beuveries. Même son mariage n'arrange pas vraiment les choses. Uzaki se retrouve d'abord dans l'obligation, puis ensuite par goût en contact avec les geishas, et comme sa vie domestique n'est guerre réjouissante, il finit par y passer beaucoup de temps.
J'ai particulièrement apprécié ce livre de Kafû, à cause de l'humour, Uzaki n'étant vraiment pas un personnage que l'on puisse prendre au sérieux, obséquieux, prêt à suivre n'importe qui n'importe où, sans véritable volonté, il est l'observateur idéal. Ses aventures picaresques entre geishas et fils de famille, son drôles et animées, Kafû rend ses personnages très vivants et réalistes, avec leurs travers, leurs disputes, leurs petits calculs. Un très bon moment de lecture, avec un roman moins mélancoliques que les deux autres que j'ai lu de l'auteur.
Un roman où les hommes, en tous les cas l'un d'entre eux Uzaki, sont au centre du récit. Notre héros, ou plutôt anti-héros est un peintre de seconde zone, qui a définitivement renoncé à faire carrière en tant qu'artiste et qui fait quelques travaux de commande, ainsi que de travaux d'intendant (ou homme à tout faire) chez des gens fortunés, et surtout son maître, un peintre reconnu et riche. Il doit gérer les conflits générés par Kan, le fils du maître, bon à rien notoire, qui passe son temps avec les femmes dans des beuveries. Même son mariage n'arrange pas vraiment les choses. Uzaki se retrouve d'abord dans l'obligation, puis ensuite par goût en contact avec les geishas, et comme sa vie domestique n'est guerre réjouissante, il finit par y passer beaucoup de temps.
J'ai particulièrement apprécié ce livre de Kafû, à cause de l'humour, Uzaki n'étant vraiment pas un personnage que l'on puisse prendre au sérieux, obséquieux, prêt à suivre n'importe qui n'importe où, sans véritable volonté, il est l'observateur idéal. Ses aventures picaresques entre geishas et fils de famille, son drôles et animées, Kafû rend ses personnages très vivants et réalistes, avec leurs travers, leurs disputes, leurs petits calculs. Un très bon moment de lecture, avec un roman moins mélancoliques que les deux autres que j'ai lu de l'auteur.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Nagai Kafû
Du côté des saules et des fleurs
Les saules et les fleurs est la dénomination des quartiers de geishas à Tokyo au début du vingtième siècle. Nous rencontrons quelques unes d'entre elles, et en particulier Komayo, une jeune femme d'environ 25 ans, ce qui n'est plus si jeune pour une geisha. Mais Komayo a eu une histoire singulière, elle a pu se marier avec un de ses anciens clients, elle est partie vivre en province avec lui. Mais son mari est décédé et elle n'a pu supporter de vivre dans sa belle famille. Il ne lui restait plus que la solution de redevenir geisha. Au début du roman, elle rencontre un de ses anciens clients, qui est maintenant un homme qui a réussi, et qui a très envie de renouer leur ancienne relation. Il devient de plus plus attaché à Komayo et veut racheter sa dette pour l'installer uniquement à son service. Komayo a du mal à se décider, d'autant plus que d'autres possibilités s'offrent à elle.
Portraits de geishas, de leurs clients, des rivalités, de jalousies, de conflits dans un petit monde. L'envers du décor n'est finalement pas très gai, et la vie de geisha est remplie de contraintes et d'humiliations, leur marge de manoeuvre est très restreintes, et elles sont des jouets des hommes, soumises à leurs caprices.
C'est très finement conté, avec une ironie permanente, on s'attache à ces personnages, mais d'une certaine façon on est bien content de ne pas vivre dans leur monde.
Les saules et les fleurs est la dénomination des quartiers de geishas à Tokyo au début du vingtième siècle. Nous rencontrons quelques unes d'entre elles, et en particulier Komayo, une jeune femme d'environ 25 ans, ce qui n'est plus si jeune pour une geisha. Mais Komayo a eu une histoire singulière, elle a pu se marier avec un de ses anciens clients, elle est partie vivre en province avec lui. Mais son mari est décédé et elle n'a pu supporter de vivre dans sa belle famille. Il ne lui restait plus que la solution de redevenir geisha. Au début du roman, elle rencontre un de ses anciens clients, qui est maintenant un homme qui a réussi, et qui a très envie de renouer leur ancienne relation. Il devient de plus plus attaché à Komayo et veut racheter sa dette pour l'installer uniquement à son service. Komayo a du mal à se décider, d'autant plus que d'autres possibilités s'offrent à elle.
Portraits de geishas, de leurs clients, des rivalités, de jalousies, de conflits dans un petit monde. L'envers du décor n'est finalement pas très gai, et la vie de geisha est remplie de contraintes et d'humiliations, leur marge de manoeuvre est très restreintes, et elles sont des jouets des hommes, soumises à leurs caprices.
C'est très finement conté, avec une ironie permanente, on s'attache à ces personnages, mais d'une certaine façon on est bien content de ne pas vivre dans leur monde.
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Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
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