Sorj Chalandon
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Re: Sorj Chalandon
J'avais un peu oublié Chalandon, je vais mettre Le quatrième mur sur ma liste de 2O18
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Let It Be
Epi- Messages : 1943
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Sorj Chalandon
-Le quatrième mur-
(commentaire récupéré)

En partant de cette idée aussi folle et généreuse qu'illusoire, de réunir le temps d'une pièce des acteurs de toutes religions, afin d'offrir à la guerre un magnifique contre pied volé à la réalité, l'auteur réussit une fois encore un tour de force.
Des phrases courtes, un rythme haletant, et son style toujours tranchant, sans ambages, qui nous laisse quasi exsangue. Bien sûr on peut trouver de l'excés dans la violence, dans les personnages, un peu trop de pathos et d'horreurs. J'ai eu cette sensation fugitive parfois, mais cette phrase résume tout et balaie mes dernières réticences
Je crois que Chalandon a vécu réellement ces atrocités et que son retour au
quotidien a dû tant en pâtir (doublé de cette sensation de vague culpabilité qui colle à tout témoin passif, incapable de changer l'ordre des choses) que son seul échappatoire reste la sur-représentation, la sublimation par les mots et l'image face à la barbarie que doit toujours hanter son esprit.
Chapeau bas à cet homme empli de doutes autant que de croyances, qui parvient avec des mots simples et déchargése toute emphase, à emporter ses lecteurs, dans un même élan d'humanisme, vers ce qui devrait rester au travers du chaos qui nus entoure. L'amour du prochain et la foi en l'autre. Respect Mr Chalandon!
(commentaire récupéré)

« L'idée de Samuel était belle et folle : monter l'Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth. Voler deux heures à la guerre, en prélevant dans chaque camp un fils ou une fille pour en faire des acteurs. Puis rassembler ces ennemis sur une scène de fortune, entre cour détruite et jardin saccagé. Samuel était grec. Juif, aussi. Mon frère en quelque sorte. Un jour, il m'a demandé de participer à cette trêve poétique. Il me l'a fait promettre, à moi, le petit théâtreux de patronage. Et je lui ai dit oui....»
En partant de cette idée aussi folle et généreuse qu'illusoire, de réunir le temps d'une pièce des acteurs de toutes religions, afin d'offrir à la guerre un magnifique contre pied volé à la réalité, l'auteur réussit une fois encore un tour de force.
Des phrases courtes, un rythme haletant, et son style toujours tranchant, sans ambages, qui nous laisse quasi exsangue. Bien sûr on peut trouver de l'excés dans la violence, dans les personnages, un peu trop de pathos et d'horreurs. J'ai eu cette sensation fugitive parfois, mais cette phrase résume tout et balaie mes dernières réticences
Je suis désolé, je vous ai fait partager des choses qui sont dures, mais j'en avais marre d'être seul dans ces choses-là. C'est comme si j'avais un sac de pierres, je vous ai donné une pierre à chacun, et pour moi, le sac va être moins lourd
Je crois que Chalandon a vécu réellement ces atrocités et que son retour au
quotidien a dû tant en pâtir (doublé de cette sensation de vague culpabilité qui colle à tout témoin passif, incapable de changer l'ordre des choses) que son seul échappatoire reste la sur-représentation, la sublimation par les mots et l'image face à la barbarie que doit toujours hanter son esprit.
Chapeau bas à cet homme empli de doutes autant que de croyances, qui parvient avec des mots simples et déchargése toute emphase, à emporter ses lecteurs, dans un même élan d'humanisme, vers ce qui devrait rester au travers du chaos qui nus entoure. L'amour du prochain et la foi en l'autre. Respect Mr Chalandon!
Aeriale- Messages : 10768
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Sorj Chalandon
-Le jour d'avant-

Dans ce roman, qui prend encore une fois le lecteur à coeur, Sorj Chalandon revient sur une tragédie dont sans doute peu se souviennent: Une explosion de gaz -un coup de grisou en langage du métier- survenue dans une fosse du Nord Pas de Calais en décembre 1974, deux jours après Noël.
Le narrateur Michel Flavent se souvient. Du bassin qui conditionnait toute la vie du village, de son enfance chérie auprès de son frère Joseph, fondu de course et rattrapé par la mine, de son idole Steve Mac Queen dont le poster ornait la chambre, de leur rituel quotidien et leurs virées en mobylette. De cette famille aimante, dévastée par la mort de l'ainé adoré dont le père, avant de se suicider, lui fera jurer de les "venger de la mine".
Quarante ans après, ayant fui sa région natale, Michel devenu chauffeur routier vit toujours dans le souvenir. Inconsolable, il a érigé dans son garage une mausolée à la gloire des mineurs. Lorsque sa femme disparait, il n'a qu'une obsession: revenir sur les lieux et accomplir sa promesse. Trouver le(s) responsable(s) les faire payer, assouvir enfin ce besoin de vengeance doublé de l'injustice d'un mort sans nom, un mois après, des suites du drame.
Voilà pour le topo. Je ne voudrais pas en révéler trop car l'intérêt du texte réside beaucoup dans la révélation qui survient vers le milieu. Un twist auquel on ne s'attend pas, et qui repositionne tout l'échiquier alors qu'on commençait à trouver presque longuet ce réquisitoire.
Une fois de plus, l'auteur est convaincant. Des thèmes forts sur la culpabilité, l'injustice, l'inconscient et son travail de déni. Un récit pudique et puissant sur l'obligation de mémoire autant qu'un hommage vibrant sur ces sacrifiés des mines trop souvent oubliés. J'aime toujours Chalandon, aucune fausse note pour moi

Notre bassin n'avait plus rien de minier. Je ne reconnaissais ni les hommes ni leurs rêves. Je n'aimais pas les questions rances qui les souillaient. A mon retour, je m'étais enivré des couleurs, la lumière du ciel, l'odeur de terre mouillée, la beauté des terrils, la majesté du chevalement. Je pensais retrouver des éclats d'enfance et j'en ramassais des lambeaux.
Dans ce roman, qui prend encore une fois le lecteur à coeur, Sorj Chalandon revient sur une tragédie dont sans doute peu se souviennent: Une explosion de gaz -un coup de grisou en langage du métier- survenue dans une fosse du Nord Pas de Calais en décembre 1974, deux jours après Noël.
Le narrateur Michel Flavent se souvient. Du bassin qui conditionnait toute la vie du village, de son enfance chérie auprès de son frère Joseph, fondu de course et rattrapé par la mine, de son idole Steve Mac Queen dont le poster ornait la chambre, de leur rituel quotidien et leurs virées en mobylette. De cette famille aimante, dévastée par la mort de l'ainé adoré dont le père, avant de se suicider, lui fera jurer de les "venger de la mine".
Quarante ans après, ayant fui sa région natale, Michel devenu chauffeur routier vit toujours dans le souvenir. Inconsolable, il a érigé dans son garage une mausolée à la gloire des mineurs. Lorsque sa femme disparait, il n'a qu'une obsession: revenir sur les lieux et accomplir sa promesse. Trouver le(s) responsable(s) les faire payer, assouvir enfin ce besoin de vengeance doublé de l'injustice d'un mort sans nom, un mois après, des suites du drame.
Voilà pour le topo. Je ne voudrais pas en révéler trop car l'intérêt du texte réside beaucoup dans la révélation qui survient vers le milieu. Un twist auquel on ne s'attend pas, et qui repositionne tout l'échiquier alors qu'on commençait à trouver presque longuet ce réquisitoire.
Une fois de plus, l'auteur est convaincant. Des thèmes forts sur la culpabilité, l'injustice, l'inconscient et son travail de déni. Un récit pudique et puissant sur l'obligation de mémoire autant qu'un hommage vibrant sur ces sacrifiés des mines trop souvent oubliés. J'aime toujours Chalandon, aucune fausse note pour moi

Aeriale- Messages : 10768
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