Thomas Hardy
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Thomas Hardy
Thomas Hardy (1840- 1928)
Source : Wikipédia
Thomas Hardy naît dans une famille anglaise modeste à Higher Bockhampton, lieu-dit du village de Stinsford, voisin de Dorchester dans le Dorset, comté du sud-ouest de l'Angleterre, où son père exerce la profession de tailleur de pierre. Sa mère, lettrée, lui donne cours à domicile avant qu'il ne soit inscrit à l'école locale à l'âge de huit ans. Il arrête ses études à seize ans et devient apprenti chez John Hicks, un architecte local. Il travaille ainsi dans le Dorchester avant de partir pour Londres en 1862, où il étudie au King's College de Londres. Il remporte des prix du Royal Institute of British Architects et de l'Architectural Association.
De ses études, il garde le goût de la poésie latine. En autodidacte, il apprend le grec pour pouvoir lire Homère et le Nouveau Testament. Sur le plan des idées, il se forme en lisant John Stuart Mill et adhère aux idées de Charles Fourier et d'Auguste Comte. Charles Darwin et la critique biblique lui font perdre la foi religieuse, dont il portera le deuil toute sa vie. Se sentant rejeté par une société de classe londonienne qu'il exècre, il décide de rentrer dans son Dorset provincial cinq ans plus tard pour se consacrer à l'écriture.
Très tôt, il écrit des poèmes, dont certains sont publiés trente ou quarante ans plus tard. En 1867, à son retour de Londres, il se tourne vers le roman pour essayer de vivre de sa plume. Passées les premières difficultés, il réussit honorablement. En 1870, il rencontre sur un chantier de restauration d'une église de Cornouailles sa future femme, Emma Gifford, qu'il n'épouse qu'en 1874. Il publie bientôt dans des revues et des magazines. De 1871 à 1896, il écrit quinze romans et quatre recueils de nouvelles. Une demi-douzaine de grandes œuvres émergent de cette production inégale : Loin de la foule déchaînée (1874), Le Retour au pays natal (1878), Le Maire de Casterbridge (1886), Les Forestiers (1887), Tess d'Urberville (1891), Jude l'Obscur (1896).
Si Hardy est violemment critiqué pour sa noirceur, le succès est au rendez-vous. Dès 1897, son roman Tess d'Urberville est un tournant. L'ouvrage est adapté au théâtre et joué à Broadway, puis porté au cinéma en 1913, 1924 et, bien plus tard, en 1979 par Roman Polanski.
Tous ses romans, marqués par une prose riche et un humour corrosif, sont ancrés dans un cadre régional. Sans exception, ils se déroulent dans le sud-ouest de l'Angleterre. Le Dorset et les comtés voisins se trouvent transmués en royaume littéraire que Hardy appelle le Wessex, du nom de l'ancien royaume des Saxons de l'Ouest. Le Wessex apparaît comme une province aux localités imaginaires et à la nature préservée, Arcadie opposée au Londres de la société victorienne. Peintre acerbe du milieu rural, Hardy accorde à un souci pointilleux à rendre le climat, la beauté et la rudesse de la nature anglaise du xixe siècle, terreau d'histoires tragiques où les protagonistes, pris en étau, deviennent les victimes des conventions et de l'hypocrisie sociales avant de connaître une mort brutale.
Après le scandale déclenché par la critique radicale du mariage et de la religion qu'est Jude, dont les exemplaires sont vendus cachés dans du papier d'emballage à cause de l'exposé qu'y fait l'auteur de l'« érotolepsie »1, Thomas Hardy abandonne le roman. Il se consacre alors à ce qu'il considère comme son chef-d'œuvre, Les Dynastes (The Dynasts), vaste pièce de théâtre dramatique composée de trois parties, publiées respectivement en 1903, 1906 et 1908. Sorte de Guerre et Paix en vers, cette Illiade des temps modernes utilise l'épopée napoléonienne afin d'élaborer des scènes qui présentent tantôt les conflits intimes des gens ordinaires et de personnages historiques mus par une soif darwinienne du pouvoir, tantôt des batailles qui se déroulent dans des paysages immuables et indifférents, sous le regard d'un chœur allégorique incarnant les vaines tergiversations du destin. Réputé trop difficile à mettre en scène et mal accueilli à l'époque, Les Dynastes préfigure à bien des égards le genre cinématographique mais ne bénéficie toujours pas de l'estime de la critique.
Hardy écrit, au long de sa carrière, près d'un millier de poèmes inégaux, dans lesquels cohabitent satire, lyrisme et méditation. Les élégies de Veteris Vestigia Flammae, écrites après la mort de sa première femme, survenue en 1912, retracent chacun des lieux qu'ils connurent ensemble. Elles forment un groupe d'une perfection rare. Remarié en 1914 avec sa secrétaire, Florence Dugdale, de trente-neuf ans sa cadette, il s'entiche en 1924, à l'âge de quatre-vingt-quatre ans, de l'actrice Gertrude Bugler qu'il identifie à son héroïne Tess et pour laquelle il projette une adaptation dramatique de son roman.
Thomas Hardy commence à souffrir de pleurésie en décembre 1927 et en meurt en janvier 1928 à Dorchester, après avoir dicté son tout dernier poème à son épouse et secrétaire sur son lit de mort. Les lettres du défunt et les notes qu'il a laissées sont détruites par ses exécuteurs testamentaires. Sa veuve, qui meurt en 1937, fait paraître les siennes la même année.
Le nom de Thomas Hardy fut proposé et examiné 25 fois en 26 ans pour le prix Nobel de littérature, mais fut systématiquement rejeté parce que son œuvre était jugée trop pessimiste.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4815
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Re: Thomas Hardy
Nobles dames, nobles amours
Dix récits, avec comme fil rouge des archéologues amateurs empêché de faire une visite par une météo défavorable se transformant par la force des choses en conteurs. Les dames sont toutes nobles, et leurs histoires toutes aventureuses. Mariages secrets, fuites, enfants hors mariage ne se comptent pas. Hardy multiplie les mésaventures, sa plume est caustique et mordante. Les femmes agissent de façon inconsidérée, les hommes sont cruels et calculateurs.
Sans doute moins marquant que les grands romans de Thomas Hardy, cette lecture est néanmoins un délice. Entre les aventures, et l'ironie de l'auteur, le lecteur s'amuse, même si l'émotion n'est pas exclue. Cela rappelle un peu le premier roman de l'auteur, Les remèdes désespérés. En filigrane la mise en cause d'une société, avec les différences sociales infranchissables, et le rôle de mineur dévolu à la femme.
Dix récits, avec comme fil rouge des archéologues amateurs empêché de faire une visite par une météo défavorable se transformant par la force des choses en conteurs. Les dames sont toutes nobles, et leurs histoires toutes aventureuses. Mariages secrets, fuites, enfants hors mariage ne se comptent pas. Hardy multiplie les mésaventures, sa plume est caustique et mordante. Les femmes agissent de façon inconsidérée, les hommes sont cruels et calculateurs.
Sans doute moins marquant que les grands romans de Thomas Hardy, cette lecture est néanmoins un délice. Entre les aventures, et l'ironie de l'auteur, le lecteur s'amuse, même si l'émotion n'est pas exclue. Cela rappelle un peu le premier roman de l'auteur, Les remèdes désespérés. En filigrane la mise en cause d'une société, avec les différences sociales infranchissables, et le rôle de mineur dévolu à la femme.
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Arabella- Messages : 4815
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Re: Thomas Hardy
Loin de la foule déchaînée
Paru initialement en 1874, mais plusieurs fois révisé par la suite par l'auteur, Loin de la foule déchaînée est le premier grand succès de Thomas Hardy. Premier livre de Hardy situé dans le "Wessex", nom que l'auteur reprend dans l'histoire, pour transfigurer et styliser le Dorset et les comtés voisins du sud-ouest de l'Angleterre.
L'histoire est très romanesque et complexe, difficile et pas forcément intéressant de la résumer avec toutes ses péripéties. Très sommairement, on pourrait dire qu'il s'agit d'une femme et de trois hommes. Deux de ces derniers, se révéleront des mauvais choix.
Comment expliquer le plaisir fou que cet auteur me donne ? Une écriture superbe, flamboyante, toute en volutes. Une façon de disséquer ses personnages, au scalpel, mais jamais dépourvue de tendresse et de compréhension. Une façon d'envisager la communauté dans son ensemble, dans laquelle l'individu a une place. Un humour et un second degré toujours présents. Une façon d'enchaîner les événements, qui tient en haleine du début jusqu'à la fin. Un sens du tragique et du destin. J'arrête, si vous n'êtes pas convaincus de le lire, rien ne vous décidera.
J'ajoute juste que j'ai lu le livre dans une nouvelle traduction de Thierry Gillyboeuf, qui semble reprendre l'oeuvre corrigée par l'auteur, et qui remplace avantageusement la seule traduction disponible jusque là. Pour montrer à quel point la première traduction n'était pas fidèle, le livre était d'abord paru sous le titre de "Barbara". Or aucune Barbara dans le livre, la traductrice semblait juste avoir rebaptisé le personnage principal, Batsheba.
Paru initialement en 1874, mais plusieurs fois révisé par la suite par l'auteur, Loin de la foule déchaînée est le premier grand succès de Thomas Hardy. Premier livre de Hardy situé dans le "Wessex", nom que l'auteur reprend dans l'histoire, pour transfigurer et styliser le Dorset et les comtés voisins du sud-ouest de l'Angleterre.
L'histoire est très romanesque et complexe, difficile et pas forcément intéressant de la résumer avec toutes ses péripéties. Très sommairement, on pourrait dire qu'il s'agit d'une femme et de trois hommes. Deux de ces derniers, se révéleront des mauvais choix.
Comment expliquer le plaisir fou que cet auteur me donne ? Une écriture superbe, flamboyante, toute en volutes. Une façon de disséquer ses personnages, au scalpel, mais jamais dépourvue de tendresse et de compréhension. Une façon d'envisager la communauté dans son ensemble, dans laquelle l'individu a une place. Un humour et un second degré toujours présents. Une façon d'enchaîner les événements, qui tient en haleine du début jusqu'à la fin. Un sens du tragique et du destin. J'arrête, si vous n'êtes pas convaincus de le lire, rien ne vous décidera.
J'ajoute juste que j'ai lu le livre dans une nouvelle traduction de Thierry Gillyboeuf, qui semble reprendre l'oeuvre corrigée par l'auteur, et qui remplace avantageusement la seule traduction disponible jusque là. Pour montrer à quel point la première traduction n'était pas fidèle, le livre était d'abord paru sous le titre de "Barbara". Or aucune Barbara dans le livre, la traductrice semblait juste avoir rebaptisé le personnage principal, Batsheba.
Dernière édition par Arabella le Jeu 19 Jan - 19:54, édité 1 fois
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Arabella- Messages : 4815
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Re: Thomas Hardy
Le Maire de Casterbridge
Cela commence très fort. Un homme, une femme et un enfant sur la route. Ils arrivent dans une petite ville. Visiblement, ils ne s'entendent pas. Enfin, l'homme et la femme. Hardy suggère ce désaccord, cette opposition. Ils mangent et l'homme boit. Et dit toute son insatisfaction de cette union. Et propose de vendre sa femme au plus offrant. Un marin va le prendre au mot. Et la femme le suivre avec l'enfant. le portrait de Michael Henchard est dressé : colérique, se laissant aller à ses impressions du moment, sans réfléchir aux conséquences.
Le temps a passé, Michael Henchard a réussi, il est devenu un commerçant prospère, maire de la petite ville dans laquelle il vit. Et sa femme, suite au décès du marin avec qui elle a vécu, reprend contact avec lui avec sa fille. Il est heureux de réparer, ne souhaitant pas ébruiter les événements qui ont causés leur séparation, l'épouse de nouveau. En même temps, il prend à son service un jeune Ecossais. Mais fondamentalement, il n'a pas changé. Et va de nouveau perdre le contrôle de lui-même et perdre tout ce qu'il possédait.
Je ne vais pas résumer tous les rebondissements et péripéties du roman, il y en aurait pour des pages. Car c'est cela aussi Hardy, du romanesque puissance 10, comme on n'ose plus en faire aujourd'hui. C'est pour cela que les lecteurs à qui un statut de grand auteur fait peur, ne doivent pas hésiter, c'est du suspens et des rebondissements presque à chaque page. On est pris par une intrigue terriblement efficace. Mais en même temps, dans l'engrenage d'une fatalité, celle des êtres en eux-mêmes. Plus que de ne pouvoir échapper à un destin, il est impossible d'échapper à soi-même. Ce qui au final revient peut être à la même chose. Une situation sociale ne change rien à ce que sont les gens, leur comportement reste identique. Et c'est cette observation des êtres, qui se débattent, en prise avec leurs propres démons qui constitue sans doute la plus grande qualité des romans de Hardy.
Il y a aussi la description d'une société, d'un petit monde dans lequel tout le monde se connaît et s'observe, du plus humble au plus puissant. Mais cet aspect là, est abordé comme par inadvertance, à l'arrière plan, derrière une intrigue complexe. Tout en étant essentiel. Mais sans être mis en exergue. Un monde qui change, on voit que les nouvelles technologies, une sorte de mondialisation aussi, sont en en marche, et que le fonctionnement de cette société est en mutation.
Cela commence très fort. Un homme, une femme et un enfant sur la route. Ils arrivent dans une petite ville. Visiblement, ils ne s'entendent pas. Enfin, l'homme et la femme. Hardy suggère ce désaccord, cette opposition. Ils mangent et l'homme boit. Et dit toute son insatisfaction de cette union. Et propose de vendre sa femme au plus offrant. Un marin va le prendre au mot. Et la femme le suivre avec l'enfant. le portrait de Michael Henchard est dressé : colérique, se laissant aller à ses impressions du moment, sans réfléchir aux conséquences.
Le temps a passé, Michael Henchard a réussi, il est devenu un commerçant prospère, maire de la petite ville dans laquelle il vit. Et sa femme, suite au décès du marin avec qui elle a vécu, reprend contact avec lui avec sa fille. Il est heureux de réparer, ne souhaitant pas ébruiter les événements qui ont causés leur séparation, l'épouse de nouveau. En même temps, il prend à son service un jeune Ecossais. Mais fondamentalement, il n'a pas changé. Et va de nouveau perdre le contrôle de lui-même et perdre tout ce qu'il possédait.
Je ne vais pas résumer tous les rebondissements et péripéties du roman, il y en aurait pour des pages. Car c'est cela aussi Hardy, du romanesque puissance 10, comme on n'ose plus en faire aujourd'hui. C'est pour cela que les lecteurs à qui un statut de grand auteur fait peur, ne doivent pas hésiter, c'est du suspens et des rebondissements presque à chaque page. On est pris par une intrigue terriblement efficace. Mais en même temps, dans l'engrenage d'une fatalité, celle des êtres en eux-mêmes. Plus que de ne pouvoir échapper à un destin, il est impossible d'échapper à soi-même. Ce qui au final revient peut être à la même chose. Une situation sociale ne change rien à ce que sont les gens, leur comportement reste identique. Et c'est cette observation des êtres, qui se débattent, en prise avec leurs propres démons qui constitue sans doute la plus grande qualité des romans de Hardy.
Il y a aussi la description d'une société, d'un petit monde dans lequel tout le monde se connaît et s'observe, du plus humble au plus puissant. Mais cet aspect là, est abordé comme par inadvertance, à l'arrière plan, derrière une intrigue complexe. Tout en étant essentiel. Mais sans être mis en exergue. Un monde qui change, on voit que les nouvelles technologies, une sorte de mondialisation aussi, sont en en marche, et que le fonctionnement de cette société est en mutation.
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Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Thomas Hardy
The Thieves Who Couldn't Stop Sneezing
Le titre de cette nouvelle pourrait être traduit par: Les voleurs qui ne pouvaient pas arrêter les éternuements.Résumé
On peut juste imaginer la famille assise au coin du feu après le grand déjeuner de Noël et écoutant un membre de la famille lire l'histoire (se déroulant dans la campagne du Wessex qu'il connaissait si bien).
Je n’ai pas trouvé des preuves si elle se retrouve dans un recueil de lui.
Assez courte et pour une bonne partie pas du tout « festive » puisque le jeune garçon de l’histoire va se faire voler son cheval.
Mais après une action digne d’un vrai héros il récupère non seulement son bien mais il va aussi avoir la chance de participer à un bon dîner de Noël.
En voilà des récits qui sont dans la veine d’une bonne lecture autour du sapin.
On peut la lire aussi en ligne, ici
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Life is a lot like Jazz
Best when you improvise
George Gershwin
Re: Thomas Hardy
Une femme d'imagination
Il s'agit d'un petit recueil de quatre nouvelles, 150 pages en tout. Quatre destinées de femmes, et comme toujours chez Hardy, un destin, une fatalité, s'abattent sur les protagonistes et précipitent un drame, une marche vers le tragique. Mais Hardy analyse, met à nu les ressorts du tragique, et il ne s'agit plus de dieux vengeurs, d'une fatalité inscrite fatalement dans la nature des hommes contre laquelle on ne peut rien, mais plutôt de mécanismes sociaux, de représentations, de hiérarchies, qui broient les individus alors que le bonheur pourrait être possible, car les personnages y aspirent.
Ainsi, Sophy, l'héroïne du deuxième récit, « Le veto du fils » a fait un mariage au-dessus de sa condition. Après la mort de son mari, elle pourrait se remarier avec son premier soupirant, et retrouver un sens à sa vie, terriblement vide. Mais son fils ne le lui permet pas, car il considère le prétend d'un milieu trop en dessous de ses propres ambitions sociales.
Ce sont les hommes eux-mêmes qui se créent leurs enfers personnels, et le regard des autres, les normes en vigueur asphyxient. Les femmes en sont encore plus victimes que les hommes, bien plus jugées, bien plus dépendantes. Et lorsqu'elles sont d'un milieu plus aisé, elle s'ennuient tout simplement, n'ayant pas d'activités gratifiantes qui leur soient ouvertes. D'où tout un travail d'imagination, qui devient morbide, et pousse au drame.
Hardy est aussi efficace dans ces textes courts que dans ses grands romans, et c'est toujours un plaisir que de lire sa belle plume et suivre ses intrigues parfaitement agencées.
Il s'agit d'un petit recueil de quatre nouvelles, 150 pages en tout. Quatre destinées de femmes, et comme toujours chez Hardy, un destin, une fatalité, s'abattent sur les protagonistes et précipitent un drame, une marche vers le tragique. Mais Hardy analyse, met à nu les ressorts du tragique, et il ne s'agit plus de dieux vengeurs, d'une fatalité inscrite fatalement dans la nature des hommes contre laquelle on ne peut rien, mais plutôt de mécanismes sociaux, de représentations, de hiérarchies, qui broient les individus alors que le bonheur pourrait être possible, car les personnages y aspirent.
Ainsi, Sophy, l'héroïne du deuxième récit, « Le veto du fils » a fait un mariage au-dessus de sa condition. Après la mort de son mari, elle pourrait se remarier avec son premier soupirant, et retrouver un sens à sa vie, terriblement vide. Mais son fils ne le lui permet pas, car il considère le prétend d'un milieu trop en dessous de ses propres ambitions sociales.
Ce sont les hommes eux-mêmes qui se créent leurs enfers personnels, et le regard des autres, les normes en vigueur asphyxient. Les femmes en sont encore plus victimes que les hommes, bien plus jugées, bien plus dépendantes. Et lorsqu'elles sont d'un milieu plus aisé, elle s'ennuient tout simplement, n'ayant pas d'activités gratifiantes qui leur soient ouvertes. D'où tout un travail d'imagination, qui devient morbide, et pousse au drame.
Hardy est aussi efficace dans ces textes courts que dans ses grands romans, et c'est toujours un plaisir que de lire sa belle plume et suivre ses intrigues parfaitement agencées.
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Arabella- Messages : 4815
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Thomas Hardy
Hardy est un auteur que j'aime beaucoup, mais je ne connais pas ses nouvelles.
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'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3619
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: Thomas Hardy
Toujours moins publiées, les nouvelles. C'est du concentré de l'auteur.
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Arabella- Messages : 4815
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