Maurice Auguste Beniowski

Maurice Auguste Beniowski (1746 – 1786)

Aventurier, personnage haut en couleur, beaucoup d’éléments de sa biographie sont incertains. Né à à Vrbové, actuellement en Slovaquie, mais à l’époque faisant partie de la Hongrie austro-hongroise, il est la plupart du temps considéré comme Hongrois. Mais une l’hypothèse d’une origine au moins en partie slovaque apparaît aussi parfois, et du côté de sa mère, il aurait eu des origines polonaises. Rien de bien inhabituel à l’époque. En tous les cas il combat dans l’armée autrichienne pendant la guerre de Sept ans, et il se retrouve en Pologne, où il adhère à la Confédération de Bar. Il s’agit d’une ligue qui rassemblait des nobles qui souhaitaient s’opposer à la main mise russe sur le pays, depuis l’élection orchestrée du roi Stanisław August Poniatowski, ancien amant de Catherine de Russie. Le rôle de la Confédération de Bar est controversé, parfois considéré comme une tentative de sursaut national, il est vu pas d’autres comme résultant d’une manipulation qui permettra à l’armée russe d’intervenir et aboutira au premier partage de la Pologne.

En tous les cas Beniowski combat dans les rangs des confédérés, est fait prisonnier et envoyé en Sibérie. Arrivé au Kamtchatka, il arrive à rassembler autour de lui un certain nombre de personnes, fomenter une révolte, vaincre la garnison et s’emparer d’un bateau, qui permettra à toute sa troupe (plus de 80 personnes) de s’enfuir, tout en explorant des territoires pas encore découvert par les Européens (Amérique du Nord, Pacifique Nord…). Descendant par le Japon jusqu’ à la Chine, il finira par arriver à Macao, et de là rejoindra l’Europe sur un bateau français.

Son épopée fait sensation, il est célèbre, et soumet des plans de colonisation de Formose à la France, qui préfère l’envoyer au Madagascar. Il est difficile de savoir ce qui s’est passé réellement pendant le séjour de Beniowski à Madagascar. Ses courriers en France (et ses Mémoires) font état d’avancées extraordinaires. Les résultats d’une enquête royale sont à l’opposé, ce que notre personnage attribue à des jalousies et à des divergences d’intérêts. Il rentre en France, puis voyage, en Angleterre, aux Etats-Unis….tout en essayant de lever des fonds pour retourner à Madagascar. Il finit par y retourner, et s’oppose aux Français, il finit par être tué en 1786 par ces derniers.

Mémoires et Voyages


Le livre est découpé en trois parties. La première raconte la déportation de Beniowski jusqu’au Kamtchatka, la conspiration entreprise pour s’en échapper jusqu’au moment où le groupe s’empare du bateau « Saints-Pierre-et-Paul ». La deuxième partie narre le voyage, en Alaska, dans divers îles, au Japon, à Formose, le passage jusqu’en Chine avant l’arrivée à Macao, et les diverses péripéties dans cette dernière ville. La troisième partie est consacrée aux aventures à Madagascar avant le retour en France.

J’ai trouvé les deux premières parties, et surtout la deuxième, les plus intéressantes. Beniowski dépeint l’état du pays à l’époque, la condition des habitants d’avant la conquête russe, la nature. Puis les voyages dans des contrées inconnues. Il est un observateur précis et minutieux, il s’intéresse à tout, et note beaucoup de détails. Il est à un moment charnière, les diverses colonisations, russe, chinoise, japonaise, vont profondément changer ces contrées dans peu de temps.

Il y a des répétitions, des histoires de révoltes dans le groupe un peu répétitives parfois, mais la variété des paysages, des coutumes, des climats, fait que le voyage est somme toute passionnant.

J’ai moins accroché à la troisième partie à Madagascar, ayant le sentiment que Beniowski fait un peu dans la propagande, essaie de défendre son point de vue, sa version de ce qui s’est passé, et j’ai quand même eu l’impression qu’il y avait un côté un peu mythomane dans tout cela, il se serait bien vu roi ou empereur de Madagascar en fin de compte. Mais c’est très difficile de savoir ce qui est vrai ou pas, j’ai par exemple un peu ricané devant ses extraordinaires exploits aux échecs, avant de trouver des informations qui indiquent qu’il a en effet été un joueur de talent, et qu’on utilise toujours l’expression « mat de Beniowski »associée à une utilisation du cavalier qu’il aurait inventé.

Il semble en tous les cas avoir été un personnage très charismatique, qui a fasciné de son temps, des pièces de théâtre et même un opéra composé par Boieldieu , lui ont été consacrées.