László Krasznahorkai
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Re: László Krasznahorkai
Eh bien… Quel commentaire . Et ce que tu rajoutes est d’autant plus incitant.
Cet auteur est assez stupéfiant! Je vais y revenir bientôt, c’est sûr. Le choix parmi ces titres va être difficile.
Cet auteur est assez stupéfiant! Je vais y revenir bientôt, c’est sûr. Le choix parmi ces titres va être difficile.
Aeriale- Messages : 11965
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: László Krasznahorkai
Le baron Wenckeim est de retour
Un roman assez phénoménal, hors du commun, qui nous prend subrepticement par la main, l'air de rien, et nous entraine dans une fable aux allures d'absurde dans un premier temps pour mieux nous retourner et nous confronter, dans le dernier tiers, à l'angoisse absolue, existentielle de l'être humain.
Tout commence avec la présentation de ce professeur plutôt extrême, reconnu par ses pairs, respecté au niveau international, qui d'un coup pète les plombs et se réfugie dans une Ronceraie alors que sa fille naturelle réclame justice, tirant sur tout ce qui bouge et bafouant toute logique. Avec l'arrivée du Baron, tant attendue par les villageois, on change légèrement de registre. Le ton devient franchement drôle, souvent même désopilant, et la description de ce personnage haut en couleur est un grand moment de bonheur. Désargenté, sauvé de la prison pour cause de dettes au jeu et récupéré par une branche de sa famille autrichienne désireuse de s'en débarrasser pour éviter le scandale, il se retrouve envoyé sur ses terres d'origine en Hongrie après l'avoir fui pour l' Argentine.
Toute une série de malentendus des plus saugrenus où se mêlent cupidité des uns, regrets des autres, espoirs et désenchantements, font surface alors que la population, livrée à elle même, sans ressources et sans but, voit sa venue comme celle d'un sauveur inespéré. La rencontre avec son amour de jeunesse est d'un cinglant cynisme. Le rire se fige alors pour se muer en grimace. Que reste t'il de son passé, de ses rêves tout court ? Que deviennent ils, et les idées que l'on s’en fait lorsque la réalité les rattrape? L'image de Marietta vieillie face à celle d'un baron aveugle pourrait résumer toutes les désillusions d'une existence, le masque déformant voilant l'inconstance de la vie.
Le dernier tiers, après avoir baladé le lecteur au gré de sa fantaisie dans des phrases d'une vertigineuse longueur s'enroulant autour des réflexions ou des psychismes différents selon les personnages, se déploie ensuite sans que l'auteur nous perde, pour en venir au vrai sujet: La désespérance humaine suggérée dans ses autres livres. Ces pauvres hères, chacun à l'affut de quelque chose, s'accrochant à leurs misérables biens pendant qu'autour d'eux règnent le désordre, la corruption et la menace d'un ordre totalitaire, semblent tous perdus. La naïveté du Baron, la clairvoyance du Professeur ne les sauveront pas non plus, tous victimes de leur immobilisme, de leur suffisance parfois, de leur fausse croyance à penser maîtriser le monde alors qu'ils n'en sont que les pantins.
Encore un livre dérangeant, impitoyable, sans retour et d'une noirceur extrême sous ses allures de farce mais qui frappe fort. On le débute le sourire aux lèvres, on le finit avec une angoisse larvée au fond de soi. Car d'espoir il y en a peu chez Laszlo Krasznahorkaï, et sous la brillance du style, le malaise rode toujours. Impressionnant encore cette fois!
Un roman assez phénoménal, hors du commun, qui nous prend subrepticement par la main, l'air de rien, et nous entraine dans une fable aux allures d'absurde dans un premier temps pour mieux nous retourner et nous confronter, dans le dernier tiers, à l'angoisse absolue, existentielle de l'être humain.
Tout commence avec la présentation de ce professeur plutôt extrême, reconnu par ses pairs, respecté au niveau international, qui d'un coup pète les plombs et se réfugie dans une Ronceraie alors que sa fille naturelle réclame justice, tirant sur tout ce qui bouge et bafouant toute logique. Avec l'arrivée du Baron, tant attendue par les villageois, on change légèrement de registre. Le ton devient franchement drôle, souvent même désopilant, et la description de ce personnage haut en couleur est un grand moment de bonheur. Désargenté, sauvé de la prison pour cause de dettes au jeu et récupéré par une branche de sa famille autrichienne désireuse de s'en débarrasser pour éviter le scandale, il se retrouve envoyé sur ses terres d'origine en Hongrie après l'avoir fui pour l' Argentine.
Toute une série de malentendus des plus saugrenus où se mêlent cupidité des uns, regrets des autres, espoirs et désenchantements, font surface alors que la population, livrée à elle même, sans ressources et sans but, voit sa venue comme celle d'un sauveur inespéré. La rencontre avec son amour de jeunesse est d'un cinglant cynisme. Le rire se fige alors pour se muer en grimace. Que reste t'il de son passé, de ses rêves tout court ? Que deviennent ils, et les idées que l'on s’en fait lorsque la réalité les rattrape? L'image de Marietta vieillie face à celle d'un baron aveugle pourrait résumer toutes les désillusions d'une existence, le masque déformant voilant l'inconstance de la vie.
Le dernier tiers, après avoir baladé le lecteur au gré de sa fantaisie dans des phrases d'une vertigineuse longueur s'enroulant autour des réflexions ou des psychismes différents selon les personnages, se déploie ensuite sans que l'auteur nous perde, pour en venir au vrai sujet: La désespérance humaine suggérée dans ses autres livres. Ces pauvres hères, chacun à l'affut de quelque chose, s'accrochant à leurs misérables biens pendant qu'autour d'eux règnent le désordre, la corruption et la menace d'un ordre totalitaire, semblent tous perdus. La naïveté du Baron, la clairvoyance du Professeur ne les sauveront pas non plus, tous victimes de leur immobilisme, de leur suffisance parfois, de leur fausse croyance à penser maîtriser le monde alors qu'ils n'en sont que les pantins.
Encore un livre dérangeant, impitoyable, sans retour et d'une noirceur extrême sous ses allures de farce mais qui frappe fort. On le débute le sourire aux lèvres, on le finit avec une angoisse larvée au fond de soi. Car d'espoir il y en a peu chez Laszlo Krasznahorkaï, et sous la brillance du style, le malaise rode toujours. Impressionnant encore cette fois!
Aeriale- Messages : 11965
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: László Krasznahorkai
Quel magnifique commentaire Aeriale, tellement juste. Merci.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4827
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: László Krasznahorkai
Mais, c'est que je pourrais me laisser convaincre !
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Et, du monde indistinct des rêves, là où se terrent les secrets mystiques, une réponse surgit.
Queenie- Messages : 7162
Date d'inscription : 29/11/2016
Localisation : Stable.
Re: László Krasznahorkai
Arabella a écrit:Quel magnifique commentaire Aeriale, tellement juste. Merci.
Plutôt à toi merci Arabella! Je n'aurais pas eu le courage de l'entreprendre si tu n'avais pas insisté.. Et tu as rudement bien fait!
Il se lit facilement malgré cette forme narrative très peu ponctuée aux longues phrases. On est vraiment embarqué dans ce déluge de mots tant le rire est là et la curiosité de ce qui va suivre! Il passe d'un personnage à l'autre, de ses pensées ou actions sans nous perdre, c'est très fort.
J'ai eu un léger manque de souffle dans le dernier tiers, dû au changement de ton sûrement. Mais on est vite rattrapé par la folie et la démesure de ce qui suit et c'est bien ce qui accroche le plus. Magistral
Queenie a écrit:Mais, c'est que je pourrais me laisser convaincre !
Je pense vraiment que tu devrais. Vas-y!!
Aeriale- Messages : 11965
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: László Krasznahorkai
Oui moi aussi....difficile de résistera à un tel commentaire !
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'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3637
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: László Krasznahorkai
Merci @Aeriale pour ce commentaire, je vais me laisser tenter aussi !
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"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" Jules Renard
Liseron- Messages : 4314
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
Re: László Krasznahorkai
Je peux vous le laisser à Paris, soit à la librairie de @Queenie puisque je vais rater @Liseron (on repart le 20/6) ou à @Domreader après ton retour d'Italie.(mais pas sûr qu'on ait le temps de se voir ensuite )
Dites moi!
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Aeriale- Messages : 11965
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: László Krasznahorkai
Merci mais je vais le réserver à la Bibliothèque, il y est sûrement.
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Liseron- Messages : 4314
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
Re: László Krasznahorkai
Oui ça m'intéresse, on se verra peut-être lors de votre passage sinon comme tu dis tu pourras le laisser 'chez' Queenie si elle est d'accord. D'ailleurs je dois lui rendre un livre.
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domreader- Messages : 3637
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: László Krasznahorkai
je peux garder le livre oui, pas de problème
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Queenie- Messages : 7162
Date d'inscription : 29/11/2016
Localisation : Stable.
Re: László Krasznahorkai
Je peux aussi prêter mon exemplaire.
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Arabella- Messages : 4827
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: László Krasznahorkai
domreader a écrit:Oui ça m'intéresse, on se verra peut-être lors de votre passage sinon comme tu dis tu pourras le laisser 'chez' Queenie si elle est d'accord. D'ailleurs je dois lui rendre un livre.
Queenie a écrit:je peux garder le livre oui, pas de problème
Arabella a écrit:Je peux aussi prêter mon exemplaire.
La librairie de Queenie va devenir un lieu de trafic ! A mettre sous surveillance !
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domreader- Messages : 3637
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: László Krasznahorkai
domreader a écrit:
La librairie de Queenie va devenir un lieu de trafic ! A mettre sous surveillance !
Aeriale- Messages : 11965
Date d'inscription : 30/11/2016
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