Ferenc Karinthy
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Ferenc Karinthy
Ferenc Karinthy (1921-1992)

Présentation tirée du site Littérature Hongroise.
Journaliste, romancier et auteur dramatique. Il est le fils de l’écrivain Frigyes Karinthy, dont le souvenir habite ses premiers écrits, à la fin des années 1940. Il trouve le ton léger mais âpre qui le caractérise avec ses romans Epepe (1970), contre-utopie linguistique d’inspiration kafkaïenne, ou Automne à Budapest (1982), récit iconoclaste de la révolution de 1956.
Dernière édition par Arabella le Mar 14 Fév - 20:40, édité 1 fois
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4733
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Ferenc Karinthy
Automne à Budapest
Le livre se passe en 1956, pendant les fameux événements. le personnage principal, Gyula, fait parti du parti communiste, un peu par opportunité, un peu à cause de convictions d'avant et de pendant la guerre. Il travaille dans un centre culturel. Et il assiste, et participe un peu, à ce qui se passe dans sa ville. L'insurrection, les cahots politiques annoncés à la radio, les réactions à l'étranger. Tout en étant partagé entre sa femme, Kati, qui est médecin, et une jeune actrice avec qui il a plus ou moins une liaison.
Les événements historiques sont vus de loin, pas vraiment exposés. En partie à cause de la date de l'écriture et de l'édition de l'ouvrage. Mais sans doute aussi par choix. Gyula est ballotté, il est plus spectateur qu'acteur, et là souvent un peu par hasard. Ce n'est pas pour autant qu'il est indifférent, mais les choses sont complexes, et il est difficile de savoir ce qui est juste de faire. C'est très précis sur les détails, tout en étant impressionniste.
Cela permet de bien s'identifier à ce personnage ordinaire, entre ses soucis de famille, ses convictions, ses désenchantements. Et la complexité d'une situation que personne ne maîtrise vraiment. Une façon sensible de participer à un moment historique, différente de celle de livres d'histoire, beaucoup plus proche de celle de n'importe qui qui se serait trouvé là à ce moment.
C'est une lecture prenante, pour mieux en profiter, il vaut quand même mieux connaître un peu le contexte historique décrit.
Le livre se passe en 1956, pendant les fameux événements. le personnage principal, Gyula, fait parti du parti communiste, un peu par opportunité, un peu à cause de convictions d'avant et de pendant la guerre. Il travaille dans un centre culturel. Et il assiste, et participe un peu, à ce qui se passe dans sa ville. L'insurrection, les cahots politiques annoncés à la radio, les réactions à l'étranger. Tout en étant partagé entre sa femme, Kati, qui est médecin, et une jeune actrice avec qui il a plus ou moins une liaison.
Les événements historiques sont vus de loin, pas vraiment exposés. En partie à cause de la date de l'écriture et de l'édition de l'ouvrage. Mais sans doute aussi par choix. Gyula est ballotté, il est plus spectateur qu'acteur, et là souvent un peu par hasard. Ce n'est pas pour autant qu'il est indifférent, mais les choses sont complexes, et il est difficile de savoir ce qui est juste de faire. C'est très précis sur les détails, tout en étant impressionniste.
Cela permet de bien s'identifier à ce personnage ordinaire, entre ses soucis de famille, ses convictions, ses désenchantements. Et la complexité d'une situation que personne ne maîtrise vraiment. Une façon sensible de participer à un moment historique, différente de celle de livres d'histoire, beaucoup plus proche de celle de n'importe qui qui se serait trouvé là à ce moment.
C'est une lecture prenante, pour mieux en profiter, il vaut quand même mieux connaître un peu le contexte historique décrit.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4733
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Ferenc Karinthy
Epépé
Un linguiste émérite, maîtrisant une quinzaine de langues, se rend à un congrès à Helsinki. Or il arrive à un autre endroit, un endroit indéfini, qu'il n'arrive pas à reconnaître, malgré toute son habileté à manier et identifier les langues. Personne ne semble connaître un autre idiome que l'étrange parlé local, dont la prononciation laisse notre spécialiste complètement désarmé, malgré ses tentatives d'essayer d'acquérir des rudiments de langue pour tenter de rentrer chez lui. La vie n'est guère souriante dans ce nouvel endroit, une foule compacte rend la moindre démarche comme rendre ou récupérer sa clé à l'hôtel longue et pénible. La ville dans laquelle Budaï est arrivé semble immense, impossible à cerner et quitter. Tout demande un grand effort. Notre héros s'obstine, il lui faut rentrer chez lui. Mais toutes ses tentatives semblent vouées à l'échec. Il assiste, de plus en plus impuissant aux choses qui se déroulent, avec de moins en moins de prise sur elles….
Un livre prenant, d'une lecture facile et fluide, bien que le contenu soit assez terrifiant. Une ville labyrinthe et prison, quasiment aucune possibilité d'établir un contact, pas d'échappatoire en vue…Alors que tout semble familier, l'hôtel, les magasins, restaurants, taxis, métro….rien ne semble pouvoir être vraiment maîtrisé, asservit la foule et notre personnage. Dès qu'il semble saisir un fil, celui se délite.
Un livre qui peut prendre diverses significations, mais qui donne une image très peu engageante du monde contemporain, dans lequel l'homme semble une marionnette, sans aucune façon de maîtriser quoi que ce soit, et dans lequel le sens des choses est des plus incompréhensible. de même le livre pointe les limites de toute communication, tout le monde interprète tout en fonction de ses propres repères, sans aucune certitude de comprendre l'autre.
L'auteur réussit même le tour de force de donner une fin à tout cela, sans fermer les issus, mais sans happy end. Impressionnant, même si j'ai trouvé par moments la lecture vraiment flippante.
Un linguiste émérite, maîtrisant une quinzaine de langues, se rend à un congrès à Helsinki. Or il arrive à un autre endroit, un endroit indéfini, qu'il n'arrive pas à reconnaître, malgré toute son habileté à manier et identifier les langues. Personne ne semble connaître un autre idiome que l'étrange parlé local, dont la prononciation laisse notre spécialiste complètement désarmé, malgré ses tentatives d'essayer d'acquérir des rudiments de langue pour tenter de rentrer chez lui. La vie n'est guère souriante dans ce nouvel endroit, une foule compacte rend la moindre démarche comme rendre ou récupérer sa clé à l'hôtel longue et pénible. La ville dans laquelle Budaï est arrivé semble immense, impossible à cerner et quitter. Tout demande un grand effort. Notre héros s'obstine, il lui faut rentrer chez lui. Mais toutes ses tentatives semblent vouées à l'échec. Il assiste, de plus en plus impuissant aux choses qui se déroulent, avec de moins en moins de prise sur elles….
Un livre prenant, d'une lecture facile et fluide, bien que le contenu soit assez terrifiant. Une ville labyrinthe et prison, quasiment aucune possibilité d'établir un contact, pas d'échappatoire en vue…Alors que tout semble familier, l'hôtel, les magasins, restaurants, taxis, métro….rien ne semble pouvoir être vraiment maîtrisé, asservit la foule et notre personnage. Dès qu'il semble saisir un fil, celui se délite.
Un livre qui peut prendre diverses significations, mais qui donne une image très peu engageante du monde contemporain, dans lequel l'homme semble une marionnette, sans aucune façon de maîtriser quoi que ce soit, et dans lequel le sens des choses est des plus incompréhensible. de même le livre pointe les limites de toute communication, tout le monde interprète tout en fonction de ses propres repères, sans aucune certitude de comprendre l'autre.
L'auteur réussit même le tour de force de donner une fin à tout cela, sans fermer les issus, mais sans happy end. Impressionnant, même si j'ai trouvé par moments la lecture vraiment flippante.
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Arabella- Messages : 4733
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Ferenc Karinthy
Je note cet auteur, le cauchemar linguistico-kafkaïen est bien tentant!
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“With freedom, books, flowers, and the moon, who could not be happy?” Oscar Wilde
Merlette- Messages : 2334
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Ferenc Karinthy
Epépé est vraiment un livre à découvrir.
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Arabella- Messages : 4733
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Ferenc Karinthy
Ah, je vais lire Epépé dans pas bien longtemps. Je voulais le lire depuis longtemps, cette année je m'y mets.
eXPie- Messages : 747
Date d'inscription : 04/12/2016
Re: Ferenc Karinthy
Une bonne résolution de lecture de plus pour cette année. 

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Arabella- Messages : 4733
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Ferenc Karinthy
Exactement ! Je l'ai emprunté en bibliothèque, la lecture ne va donc pas tarder...Arabella a écrit:Une bonne résolution de lecture de plus pour cette année.
eXPie- Messages : 747
Date d'inscription : 04/12/2016
Re: Ferenc Karinthy
Oui, cela semble donc bien parti.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4733
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Ferenc Karinthy
Oh oui, moi aussiCéline a écrit:Je note cet auteur, le cauchemar linguistico-kafkaïen est bien tentant!
Délicieusement angoissant! Ca ferait un super scénario de film ça ...
Aeriale- Messages : 10760
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Ferenc Karinthy

"Où la science cohabite avec le fantastique ! Cette étrange et envoûtante histoire d'un savant égaré dans un monde indéchiffrable peut être lue comme un message : celui qui ignore la langue d'un pays où le hasard le transporte s'expose au péril d'y cheminer comme dans un univers peuplé d'énigmes, où s'estompe la frontière entre le réel et le mythique. [....] C'est une histoire qui tient sans cesse en haleine." (Claude Hagège, préface, pages 7-

Le roman commence ainsi :
Budaï devait se rendre à Helsinki pour prononcer une conférence à un congrès de linguistes. Très fatigué, il s'est endormi dans l'avion. Une fois arrivé (mais où ?), toujours fatigué, il a pris le bus depuis l'aéroport jusqu'en ville. Pendant le trajet, quelque chose lui est parut étrange : il n'était visiblement pas à Helsinki. Comme tout le monde, il est descendu et s'est retrouvé devant un hôtel."En y repensant, ce qui a dû se passer, c'est que dans la cohue de la correspondance, Budaï s'est trompé de sortie, il est probablement monté dans un avion pour une autre destination et les employés de l'aéroport n'ont pas remarqué l'erreur." (page 9).
Il y a foule car comme, on le verra, il y aura toujours du monde partout dans la ville, jour et nuit : une population extrêmement mélangée, des gens de toutes origines, à tel point qu'il est impossible de savoir sur quel continent on se trouve. Budaï, qui connaît un grand nombre de langues, est pourtant incapable de communiquer, et ne comprend pas non plus ce qu'on lui dit. Même lorsqu'on lui répète une phrase, il a l'impression que les mots ne sont pas exactement les mêmes."Un colosse en fourrure à casquette galonnée d'or le salue respectueusement et pousse devant lui la porte battante, mais lorsque Budaï lui adresse la parole en finnois, celui-ci ne le comprend manifestement pas et répond dans une langue inconnue, tout en l'invitant à pénétrer dans le hall ; le temps manque, de nouveaux clients se pressent vers l'entrée de l'hôtel." (page 10).
La langue écrite est composée de mystérieux signes de type runique. Budaï n'est même pas sûr du sens de lecture, et les livres qu'il se procure le laissent perplexe...
Il est installé à l'hôtel, mais veut en repartir le plus vite possible pour assister à son congrès. Comment faire ? Pour lui qui connaît tant de langues, cela ne devrait a priori pas être trop difficile de faire comprendre qu'il veut aller à l'aéroport...
Il y a du bruit et du monde partout (les gens se poussent, s'écrasent)... et pourtant, personne ne fait attention à lui. Les gens sont totalement indifférents à notre héros, qui parle une langue bizarre : serait-il fou ? se moquerait-il des autres ? Ils n'ont pas le temps ou la volonté, ou encore l'intérêt de creuser la question, de s'occuper de lui, alors-même que tout le monde passe des heures à faire la queue. Car, pour la moindre chose, le moindre renseignement, il faut faire la queue.
Tant de temps passé à attendre ! Cela lui est insupportable.
Et pourtant...
"Pendant qu'il ingurgite la boisson trop sucrée, il prend conscience avec frayeur qu'à l'instant, en commandant son petit déjeuner il s'est à peine aperçu qu'il devait faire la queue pour tout, il en a pour ainsi pris l'habitude. Pourtant c'est précisément l'aspect des choses auquel il ne doit absolument pas s'habituer, il en a des palpitations. L'enregistrer, ne serait-ce que machinalement, dans ses neurones, c'est déjà une façon de l'accepter, d'abandonner le combat, autrement dit de quitter son unique espérance : il est différent des gens de cet endroit, un étranger venu d'ailleurs ne faisant pas partie de ce monde, on ne pourra de toute évidence pas le retenir ici." (pages 93-94).
Budai, en vrai virtuose des langues et de l'étymologie, va se creuser les méninges, il est confiant dans ses capacités de raisonnement...
Budaï arrivera-t-il à repartir pour retrouver sa famille ?"Tant qu'il n'arrivera pas à vaincre sa modestie pusillanime, sa crainte d'importuner, il n'arrivera jamais à partir d'ici, ni même à donner de ses nouvelles afin que que l'un puisse lui porter secours. Il doit livrer combat lui-même, il n'y a pas d'autre issue. Il doit se transformer des pieds à la tête, c'est l'unique façon de recouvrer son ancienne, sa véritable vie, sa personnalité." (page 77).
Epépé est un excellent roman, curieusement prenant, qui parle bien sûr du problème de la communication dans les sociétés contemporaines, de l'anonymat de l'individu dans la foule, de la perte des certitudes, de la capacité de l'homme à s'adapter (pour accepter ou se révolter) à des situations absurdes et a priori intolérables.
eXPie- Messages : 747
Date d'inscription : 04/12/2016
Re: Ferenc Karinthy
Contente que tu aies passé un bon moment avec ce livre.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4733
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Ferenc Karinthy
Oui merci eXPie, ça me plait bien ce livre, je le note ou le renote, en tous les cas je le fais remonter dans ma LAL.
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'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3209
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
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