Tiffany Tavernier

Roissy


Un bon roman, très agréable à lire, sur la perte d'identité, l'errance et la reconstruction.
Suite à un accident ayant provoqué une amnésie totale, la narratrice a fait de l'aéroport de Roissy son "chez elle". Tirant sans cesse derrière elle sa valise à roulettes et usant de mille subterfuges pour faire croire qu'elle est une passagère comme les autres, elle nous entraîne avec elle dans son errance et nous fait découvrir cet univers si particulier et gigantesque qu'est l'aérogare, avec ses travailleurs et ses clandestins. Avec elle, nous passons d'un monde à l'autre, celui du dessus et celui du dessous et découvrons beaucoup d'entraide et de solidarité au sein de ceux qui y habitent.
Plusieurs histoires s'entremêlent :
-le quotidien d'Anne, fait de ruses et d'histoires rêvées, les 1000 vies qu'elle s'invente et les rencontres qu'elle fait avec les autres marginaux.
-sa vie d'avant, qui lui revient au travers de fulgurants flash-back.
-sa rencontre avec un homme meurtri, qui a perdu sa femme dans le crash du Rio-Paris et qui va bouleverser le train-train d'Anna et peut-être tout faire voler en éclats.
Les courts chapitres s’enchaînent avec beaucoup de fluidité et dressent un émouvant portrait de femme fragile et paumée, perdue dans cet univers fascinant et finalement protecteur, dont il faudra bien qu'elle s'extrait pour se reconstruire.
Laissez-vous donc embarquer et la prochaine fois que vous serez dans un aéroport, votre regard aura certainement changé et peut-être serez-vous capables de reconnaître ces "indécelables" !

Sujet original. Ça à l'air intéressant.

Ah oui...Ca pourrait plaire autour de moi. Je le note, merci @Liseron

L' Ami




Thierry et sa femme Lisa vivent éloignés de tout, dans une maison construite de leurs mains. Leur fils parti au Vietnam, le couple resté seul s'est rapproché de façon intime de leurs voisins qu'ils considèrent comme leurs proches. La pêche et les travaux de bricolage ont fortement unis les deux hommes, deux ténébreux davantage attirés par l'étude des insectes que par les sorties en ville. Lorsqu'un jour, tout se dérègle. Thierry rentrant chez lui découvre une scène quasi surréaliste. Des fourgons de police, gyrophares allumés, ont investi les lieux et des flics munis de gilets pare balles le contraignent à se jeter à terre durant leur opération. Eberlué, il va peu à peu réaliser que leur réalité n'était en fait qu'une mascarade et que sous ses abords fraternels son ami Guy n'est pas celui qu'il croyait.

Tiffany Tavernier, en digne héritière de son père metteur en scène, nous plonge d'entrée dans une scène apocalyptique. Tout est extrêmement bien décrit, chaque geste, chaque pensée ou parole reflétée comme si on vivait l'instant. La sidération, l'incompréhension puis le désarroi de Thierry étreignent dès les premières pages. Avec lui, on va partager ces différents moments de doute et de confusion avec cette question qui le taraude sans cesse: Comment a t'il pu se tromper à ce point? Et surtout comment se reconstruire lorsque les repères s'effondrent.

A partir de cette dévastation, l'auteure creuse au maximum, retourne le problème en interrogeant le passé de son personnage, ses manques, la façon dont le vécu façonne le psychisme. Des images reviennent tout au long du roman, cette vague qui submerge, les regards qu'ils ne trouvent pas, ses replis sous la couverture.. Les blessures de l'enfance refont surface et Thierry va devoir les affronter.

J'ai été soufflée par la fin. Dans les dernières pages le rythme s'accélère et cette homme ébranlé dans ses certitudes, ce qu'il prenait pour acquis, se révèle enfin, libéré de ses peurs, de ses ombres. Une magnifique montée en puissance qui m'a laissée la gorge nouée, presque sonnée. Quelle belle sensibilité!

En relisant le commentaire de @Liseron, je retrouve cette même recherche, une quête d'identité et une errance dont l'héroïne sort comme épurée. A l'image de Thierry, elle doit se détacher de son cocon protecteur pour renaître. C'est exactement le même schéma ici, un voyage à travers soi dans des circonstances différentes mais aussi traumatisantes. Je vais la relire, c'est certain  

J’espère que je serai aussi enthousiaste que toi, il est tout en haut de ma PAL !

J'espère!

J'ai eu un relâchement d'intérêt dans la deuxième partie, il y a quelques répétitions, on tourne un peu en rond. Mais vers la fin le rythme s'affole et les dernières pages m'ont totalement embarquée.

C'est ce que l'on garde en tête, l'impression finale en fin de compte!

Aeriale a écrit:
J'ai eu un relâchement d'intérêt dans la deuxième partie, il y a quelques répétitions, on tourne un peu en rond. Mais vers la fin le rythme s'affole et les dernières pages m'ont totalement embarquée.

C'est ce que l'on garde en tête, l'impression finale en fin de compte!

Tiens c’est amusant, je me souviens que dans Roissy, quelques pages aussi m’ont semblé moins convaincantes...Si tu veux continuer avec cette auteure, je te le recommande, tu n’arpenteras plus les aéroports sans penser à ce livre !

Liseron a écrit:

Aeriale a écrit:
J'ai eu un relâchement d'intérêt dans la deuxième partie, il y a quelques répétitions, on tourne un peu en rond. Mais vers la fin le rythme s'affole et les dernières pages m'ont totalement embarquée.

C'est ce que l'on garde en tête, l'impression finale en fin de compte!

Tiens c’est amusant, je me souviens que dans Roissy, quelques pages aussi m’ont semblé moins convaincantes...Si tu veux continuer avec cette auteure, je te le recommande, tu n’arpenteras plus les aéroports sans penser à ce livre !

L'ami m'a tellement plu que j'ai réservé Roissy à la librairie! Merci du conseil Liseron..

Je repasserai donner mon avis

L’Ami

Un vrai tourne-pages et une plongée au plus profond de l’âme humaine ! 
Assez différent de Roissy, surtout par le rythme qui s’en dégage, ce roman nous prouve que non seulement Tiffany Tavernier a un vrai talent pour sonder les cœurs mais aussi pour camper une histoire forte et enlevée. 
Tel un ricochet sur l’eau, le point de départ du roman, l’arrestation musclée des voisins de Thierry, va entraîner une succession de multiples répercussions sur sa vie personnelle, jusqu’à ce que celle-ci vole complètement en éclats...
Thierry menait une petite vie tranquille avec sa femme adorée dans une maison un peu isolée pour laquelle il avait eu un coup de foudre et qu’il a mise de nombreuses années à retaper. Leur fils unique s’est éloigné, parti vivre au Vietnam. L’arrivée de nouveaux voisins, sympas, avait été la bienvenue et les deux couples partageaient de bons moments ensemble, entre apéros, randos naturalistes et échanges de matériels. Quand Thierry et Elisabeth apprennent de quoi est accusé leur ami, ils tombent des nues et au fur et à mesure que l’enquête avance, que leur petit coin paisible est envahi de journalistes agressifs et de policiers, ils vont réagir chacun à leur manière, s’éloignant inexorablement l’un de l’autre. L’auteure dépeint remarquablement les états d’âme de ses personnages, qui brusquement perdent tous leurs repères habituels. Si l’attitude d’Elisabeth semble compréhensible, la suite du roman va s’attacher à la personnalité de Thierry qui va devoir plonger au plus profond de lui-même, affronter ses manques, ses failles et ses blessures enfouies pour enfin comprendre qui il est vraiment,  se libérer de son passé et se mettre à vivre...vraiment. 
Tiffany Tavernier nous livre ici un magnifique portrait d’homme, très touchant.
Pour avoir aussi vécu une histoire assez sordide avec d’anciens voisins, je trouve que l’auteure dépeint très bien les sentiments que l’on peut éprouver à la découverte de la réalité, entre autres la culpabilité, la colère, la tristesse puis le désarroi dans lequel on se retrouve plongé ainsi que le mal être qui en découle !

Intéressant comme thème. Je note. Au fur et à mesure que je lisais le résumé je pensais aussi à l'histoire que tu m'avais racontée avec tes voisins d'autrefois.

Merci pour ton avis Liseron. C'est vraiment un bon livre, il m'a fortement émue sur la fin!

On en parlait justement cet après midi avec mes amies (celles de la liste Inter) et nous sommes presque unanimes. Presque sauf une, mais il en faut bien toujours sinon ça ne ferait pas discuter