Leila Mottley

-Arpenter la nuit-




Un récit inspiré de faits réels qui avaient fait scandale en 2015 où des flics corrompus avaient mis au point tout un réseau de prostitution sur des mineures. Leila Mootley reprend ces thèmes et nous plonge directement dans la peau de son héroïne, Kiara, jeune fille de couleur des quartiers pauvres d'Oackland au lourd fardeau familial. Un père mort au sortir de la prison, une mère dépressive et droguée en réinsertion sociale et un frère ainé qui, après avoir juré de les prendre en charge, passe son temps en studio, rêvant de suivre la carrière de leur oncle, rappeur désormais connu. Ses seules petites joies sont les virées avec Alé son amie de coeur, lors d'enterrements dans lesquels elles s'immiscent pour piquer les petits fours et quelques fripes au vestiaire ou leurs petites virées en skate. 

Contrainte d'assumer seule les dépenses du foyer, elle quitte le lycée pour survivre. Mais face aux refus d'embauche et au risque d'expulsion, Kiara bascule un soir dans un cercle vicieux où l'argent facile côtoie la perversion absolue. Piégée dans cet enfer, elle va lutter malgré tout, s'accrochant à l'amour indicible qu'elle voue à Trevor, son petit voisin de 9 ans abandonné lui aussi par une mère toxico. 

C'est un tableau des plus sombres que brosse l'auteure, hélas je pense qu'il existe bien. Et elle en parle avec tant de grâce, il y a tellement de poésie et de flamboyance mêlées à cette laideur que j'ai d'entrée été scotchée, emportée par son souffle. Un texte qui ne fait pas de cadeaux, on est pris ou pas par ce style sans appel mais s'il nous parle, c'est une vraie claque. L'empathie est immédiate. 

Une écriture dépourvue d'artifice, taillée dans l'os, qui par moment s'évade et nous offre de magnifiques passages. J'ai pensé à Turtle d' Absolute darling, à la Betty de Tiffany McDaniel. La même foi au travers de l'horreur, la même lumière dans l'immonde. C'est fort, tendre, cruel et violent, ça ne s'oublie pas. Coup de coeur 

Aeriale a écrit:
Une écriture dépourvue d'artifice, taillée dans l'os, qui par moment s'évade et nous offre de magnifiques passages. J'ai pensé à Turtle d' Absolute darling, à la Betty de Tiffany McDaniel. La même foi au travers de l'horreur, la même lumière dans l'immonde. C'est fort, tendre, cruel et violent, ça ne s'oublie pas. Coup de coeur 

 Eh bien ! Que voici de belles références !

Nightingale a écrit: Eh bien ! Que voici de belles références !

J'aimerais bien avoir un autre avis parmi vous. Tu pourrais bien être tenté Nightingale, et aussi @Queenie je pense!

Je ne pense malheureusement pas le lire, en tout cas pas prochainement. Mais il a l'air très très bien, oui.

Arpenter la nuit 

@Aeriale tu n’es pas la seule à avoir aimer ce livre, il se trouve partout des critiques dithyrambiques sur ce premier roman : 
« Un roman coup de poing », « Une révélation », « Un roman à la beauté brute »…
Je vais donc apporter ma petite note discordante car, j’avoue, que pour moi, la lecture en a été difficile.
Je ne nie pas que c’est sans doute un exploit littéraire d’avoir écrit un tel roman à l’âge de 17 ans, Leila Motley dressant un portrait implacable et saisissant de réalisme de la ville d’Oakland, de sa police corrompue et de toute une frange de sa population, jeune, noire et féminine, aux prises avec la précarité et soumise au bon vouloir des hommes.
Mais malgré tout ce que subit la jeune Kia, et certaines scènes sont assez éprouvantes, je n’ai pas réussi à m’attacher au personnage comme si une certaine distance s’était installée entre elle et moi. Et l’écriture de l’auteure, âpre et percutante, ne m’y a pas aidée non plus. Je suis finalement allée jusqu’au bout, espérant une petite étincelle, mais cela m’a semblé longuet, trop de sujets peut-être étant abordés en même temps (la prostitution, les violences sexuelles, l’abandon d’enfant, la toxicomanie, l’homosexualité…) et traités de façon assez manichéenne. 
En bref, un roman qui ne peut sûrement pas laisser indifférent mais qui m’a laissée au bord du chemin.

Eh mince, désolée pour toi! 

Ca arrive, on n'a pas tous les mêmes ressentis, je comprends bien @Liseron. Et je me sens un peu fautive, mais tu n'es pas la seule. 

Dans notre groupe c'est 50/50, soit on adore soit on reste au bord du chemin, principalement à cause de l'écriture.. Ca ne s'explique pas davantage!

Je ne pense pas qu'il soit pour moi non plus d'après ce que vous en dites, les thèmes non plus ne me tentent pas. Et puis dès que je lis l'expression 'un roman coup de poing' l'envie me fuit. Merci pour vos commentaires.

Et de quatre convaincues! Dans notre petit groupe d'amies en tout cas. 

Ca me soulage car j'ai insisté pour le faire tourner, ce bouquin, et c'est toujours embêtant si c'est un flop. Mais à part deux qui n'ont pas accroché à l'histoire ou l'écriture, les autres sont emballées. C'est leur préféré de la rentrée