Tove Ditlevsen
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Nightingale- Messages : 2691
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Re: Tove Ditlevsen
Enfance (La Trilogie de Copenhague - I)
Enfance est le premier volume de La Trilogie de Copenhague, une autobiographie en trois actes publiée entre 1967 et 1971.
Moi qui aime les récits d'enfance, je ne pouvais passer à côté de la réédition de cette œuvre (la précédente édition française était parue il y a trente ans).
L'enfance décrite par Tove Ditlevsen est rude, tourmentée. Néanmoins, le récit n'est pas misérabiliste. On alterne entre des passages sombres et d'autres lumineux, toujours d'une grande lucidité, et teintés d'autodérision.
Au milieu de ce monde auquel elle se sent peu à sa place, le besoin d'écrire devient peu à peu son refuge. C'est donc aussi à l'émergence de cet acte d'écriture que nous assistons.
Dans les critiques parues récemment, un passage du livre est souvent cité. Il s'agit du 6ème chapitre, que l'auteure consacre à sa vision de l'enfance, dont voici quelques extraits :
Ce roman autobiographique est d'une beauté sidérante. Il fait partie de ces rares livres qui, une fois refermés, donnent immédiatement l'envie d'être relus.
Grand coup de cœur et j'attends avec impatience les deux autres tomes. Le second est attendu début mars, le troisième en septembre.
Présentation de l'éditeur : a écrit:Au fin fond de l’enfance, il y a Istedgade, la rue étroite de Vesterbro, le quartier ouvrier où s’entasse la famille de Tove dans un petit appartement ; il y a l’humeur changeante d’une mère violente, le rire d’un père aussi vieux et crasseux que le poêle, la crainte du chômage, la hantise de l’aide aux nécessiteux qui pend au-dessus des familles comme une menace moins honteuse que celle de devenir fille mère avant dix-huit ans. Il y a l’école qu’il faudra arrêter à quatorze ans pour trouver un emploi. Heureusement, il y a Ruth, la meilleure amie, qui ne prend jamais rien au sérieux. Et il y a ce secret que Tove ne peut révéler à personne. Pas même à Ruth. Un jour pourtant, il faudra quitter cette rue étroite de l’enfance pour faire vivre les mots mystérieux qui se glissent chaque jour sur son âme comme une membrane protectrice.
Enfance est le premier volume de La Trilogie de Copenhague, une autobiographie en trois actes publiée entre 1967 et 1971.
Moi qui aime les récits d'enfance, je ne pouvais passer à côté de la réédition de cette œuvre (la précédente édition française était parue il y a trente ans).
L'enfance décrite par Tove Ditlevsen est rude, tourmentée. Néanmoins, le récit n'est pas misérabiliste. On alterne entre des passages sombres et d'autres lumineux, toujours d'une grande lucidité, et teintés d'autodérision.
Au milieu de ce monde auquel elle se sent peu à sa place, le besoin d'écrire devient peu à peu son refuge. C'est donc aussi à l'émergence de cet acte d'écriture que nous assistons.
Dans les critiques parues récemment, un passage du livre est souvent cité. Il s'agit du 6ème chapitre, que l'auteure consacre à sa vision de l'enfance, dont voici quelques extraits :
L’enfance est longue et étroite comme un cercueil, on ne peut pas s’en échapper sans aide. […] On ne peut pas s’échapper de l’enfance, elle flotte autour de chacun de nous comme une odeur persistante. On peut sentir l’odeur de l’enfance chez les autres enfants, et chaque enfance a sa propre odeur. On ne connaît pas la sienne et l’on a parfois peur qu’elle soit pire que celle des autres. On parle avec une autre fille dont l’enfance a une odeur de cendre et de charbon et voilà que soudain elle fait un bond en arrière, parce qu’elle a senti le relent affreux de votre propre enfance. On épie en cachette les adultes, dont l’enfance gît à l’intérieur d’eux, toute déguenillée et trouée comme un tapis usé et mité dont plus personne n’aura plus jamais besoin. On ne peut pas voir sur eux qu’ils ont eu une enfance, et l’on n’ose pas leur demander comment ils ont fait pour la traverser sans que leurs visages en portent ni cicatrices ni marques profondes. On les soupçonne d’avoir trouvé un raccourci secret et d’avoir revêtu l’apparence d’adultes bien avant que ce n’en soit l’âge.
Ce roman autobiographique est d'une beauté sidérante. Il fait partie de ces rares livres qui, une fois refermés, donnent immédiatement l'envie d'être relus.
Grand coup de cœur et j'attends avec impatience les deux autres tomes. Le second est attendu début mars, le troisième en septembre.
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Lire nuit gravement à la bêtise !
Nightingale- Messages : 2691
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Re: Tove Ditlevsen
Ah oui, cet extrait donne effectivement très envie, quel style! Tu confirmes les excellents retours que j’en ai eus.
Je suis trop contente de l’avoir sous la main, je le débute dès que je finis « L’homme dé » (que j’ai repris, au final ;-)
Je suis trop contente de l’avoir sous la main, je le débute dès que je finis « L’homme dé » (que j’ai repris, au final ;-)
Aeriale- Messages : 11425
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Re: Tove Ditlevsen
je l'avais vu lors de la sortie mais ne savais pas trop si c'était pour moi... je note
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George Gershwin
Re: Tove Ditlevsen
Merci pour ton retour très enthousiaste. Même moi qui ne suis pas très attirée par les récits d enfance, cela me fait envie.
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'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3432
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Re: Tove Ditlevsen
Je pense qu’il est pour beaucoup de gens au contraire. C’est un langage universel, il touche à des ressentis très intimes pourtant, une recherche d’amour par rapport à cette mère inaccessible et surtout imprévisible de l’auteure, qu’on ne peut y rester insensible. Et l’écriture est si belle!
J’ai avalé les 50 premières pages d’une traite, j’adore.
Je vais revenir poster quelques passages pour vous convaincre…
J’ai avalé les 50 premières pages d’une traite, j’adore.
Je vais revenir poster quelques passages pour vous convaincre…
Aeriale- Messages : 11425
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Tove Ditlevsen
Enfance (extraits)
Je n'aimais pas cette chanson mais j'étais obligée de rire très fort, puisque ma mère la chantait pour m'amuser. De toute façon c'était ma faute, si je n'avais pas regardé le tableau elle ne m'aurait pas vue. Elle serait alors restée sur sa chaise, les mains tranquillement jointes, ses beaux yeux sévères fixés sur l'immensité qui nous séparait. Et mon coeur aurait pu longtemps encore murmurer tout bas le mot "maman"et savoir que par une sorte de magie elle l'entendait. J'aurais dû la laisser longtemps encore à sa solitude, elle aurait alors dit mon nom en silence et que nous étions une famille. Quelque chose qui ressemble à l'amour aurait alors empli le monde entier[..] (p 10)
Sombre est l'enfance, elle gémit sans cesse comme un petit animal que l'on a enfermé dans la cave et oublié là. Elle sort de la bouche comme de la buée et elle est tantôt trop petite, tantôt trop grande. Elle n'est jamais à la bonne taille. C'est seulement quand on l'a dépiautée comme une mue que l'on peut l'examiner tranquillement et parler d'elle comme d'une maladie dont on a réussit à guérir. (p 47)
Aeriale- Messages : 11425
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Nightingale- Messages : 2691
Date d'inscription : 09/12/2017
Age : 55
Localisation : Sur le bord de la marge
Re: Tove Ditlevsen
La suite du roman est déjà plus une série d'anecdotes où l'autrice se met à hauteur du regard de l'enfant qu'elle était.
C'est toujours aussi touchant et superbement retranscrit, mais pour @Domreader qui n'est pas portée sur ce genre là, peut-être moins tentant.
Je le finis rapidement et ferai mon commentaire bientôt :-)
C'est toujours aussi touchant et superbement retranscrit, mais pour @Domreader qui n'est pas portée sur ce genre là, peut-être moins tentant.
Je le finis rapidement et ferai mon commentaire bientôt :-)
Aeriale- Messages : 11425
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Tove Ditlevsen
-Enfance-
Comme l'a décrit @Nightingale, ce récit d'enfance est assez tourmenté, surprenant de réalisme. La part de naïveté y est peu présente et Tove, déjà très lucide lorsque débute le récit, nous plonge dans son quotidien de petite fille en manque d'amour, entre une mère inaccessible à l'humeur changeante et un père frustré de sa vie d'ouvrier, tenaillé par la peur du chômage, peu habile à manifester de la tendresse.
Un milieu très pauvre où la honte, l'incommunicabilité et surtout l'obligation de se construire en suivant les codes tracés pour eux sont un frein terrible pour la petite Tove dont la seule survie est l'écriture. Prisonnière de ce monde à l'étroit, moquée par les autres, elle cache ses cahiers y compris à Ruth, sa seule amie de coeur qu'elle se force à imiter sans la comprendre vraiment.
Il y a des moments très forts, surtout au début du roman, où les mots percutent, où le regard est cru, tranchant. On ne peut qu'être touché par sa fragilité et sa détermination aussi, son besoin ivre de reconnaissance par l'écriture, par la transmission de son vécu et de ses ressentis. La fin qui ouvre sur le passage à l'adolescence et l'espoir qu'il amène est de même saisissant de beauté. Très hâte de poursuivre avec le second volet!
Comme l'a décrit @Nightingale, ce récit d'enfance est assez tourmenté, surprenant de réalisme. La part de naïveté y est peu présente et Tove, déjà très lucide lorsque débute le récit, nous plonge dans son quotidien de petite fille en manque d'amour, entre une mère inaccessible à l'humeur changeante et un père frustré de sa vie d'ouvrier, tenaillé par la peur du chômage, peu habile à manifester de la tendresse.
Un milieu très pauvre où la honte, l'incommunicabilité et surtout l'obligation de se construire en suivant les codes tracés pour eux sont un frein terrible pour la petite Tove dont la seule survie est l'écriture. Prisonnière de ce monde à l'étroit, moquée par les autres, elle cache ses cahiers y compris à Ruth, sa seule amie de coeur qu'elle se force à imiter sans la comprendre vraiment.
Il y a des moments très forts, surtout au début du roman, où les mots percutent, où le regard est cru, tranchant. On ne peut qu'être touché par sa fragilité et sa détermination aussi, son besoin ivre de reconnaissance par l'écriture, par la transmission de son vécu et de ses ressentis. La fin qui ouvre sur le passage à l'adolescence et l'espoir qu'il amène est de même saisissant de beauté. Très hâte de poursuivre avec le second volet!
Les larmes inondent mes joues, car ces mots me font toujours penser à Ruth que j'ai perdue pour toujours. Ruth et sa ravissante bouche en forme de coeur et ses yeux décidés et lumineux. Ma petite camarade perdue à la langue bien pendue et au coeur plein d'amour. Révolue est notre amitié, et l'enfance aussi. Les derniers morceaux de cette enfance se détachent de moi comme les lambeaux d'une peau brûlée par le soleil et dessous se dessine une fausse et improbable adulte. Je parcours mon cahier de poésie, tandis que la nuit passe son chemin derrière la vitre et qu'à mon insu l'enfance tombe sans faire de bruit aux tréfonds de ma mémoire, cette bibliothèque de l'esprit où je puiserai expérience et connaissance tout le reste de ma vie.
Aeriale- Messages : 11425
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Tove Ditlevsen
eh ben, ça donne envie
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Et, du monde indistinct des rêves, là où se terrent les secrets mystiques, une réponse surgit.
Queenie- Messages : 6985
Date d'inscription : 29/11/2016
Localisation : Stable.
Re: Tove Ditlevsen
Enfance
La Trilogie de Copenhague T1
@Nightingale et @Aeriale ont été si enthousiastes après leur lecture, je ne pouvais que succomber à cette tentation.Enfance est le premier volume de La Trilogie de Copenhague, autobiographie en trois actes publiée entre 1967 et 1971 qui fait aujourd’hui l’objet d’une consécration posthume internationale. Dans cette œuvre magistrale sur le tissu de l’existence, Tove Ditlevsen répond, avec un sens aigu de l’observation, à une question : comment concilier l’art et la vie.
En même temps ils ont parlé de leur lecture de si bonne façon, il ne me reste plus rien à ajouter.
À part que je plussoie avec leurs avis. Il s’agit d’une vraie belle découverte.
Je ne vais pas tarder et entamer la deuxième partie.
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Re: Tove Ditlevsen
Kenavo a écrit:
Je ne vais pas tarder et entamer la deuxième partie.
De même! En plus dans cette belle collection..
C'était évident que tu allais aimer
Aeriale- Messages : 11425
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Tove Ditlevsen
Jeunesse
La Trilogie de Copenhague T2
Présentation de l'éditeur
À quatorze ans, il est temps pour Tove de quitter l’école afin de travailler et gagner sa vie. Placée dans une famille, puis dans une pension, elle enchaîne les maladresses et les petits boulots mal payés jusqu’à être embauchée comme sténographe. Désormais, la jeune fille tape à la machine toute la journée, mais son quotidien est bien dépourvu de poésie.
À l’âge où l’on rêve d’amour et d’une chambre à soi, Tove se démène pour construire son indépendance. Alors que l’Europe s’enfonce dans la Seconde Guerre mondiale, elle vit ses premières expériences amoureuses et littéraires, celles qui forgent le caractère et signent la fin de l’enfance.
Après Enfance, dans lequel Tove Ditlevsen évoquait avec acuité et autodérision ses origines, Jeunesse est le deuxième volume de La Trilogie de Copenhague, une autobiographie en trois actes publiée entre 1967 et 1971. Dans cette autofiction des débuts, elle raconte le combat à mener pour s’affranchir de sa condition sociale et devenir écrivain.
Au début de cette deuxième partie, on retrouve Tove là où on l’avait quitté à la fin de Jeunesse.
Elle aurait aimé poursuivre ses études, mais l’argent manque dans sa famille et ainsi elle va devoir commencer à l’âge de 14 ans à travailler.
Se retrouvent à tour de rôle dans différents emplois qui ne lui conviennent pas, elle perd l’inspiration pour continuer d’écrire des poèmes.
Mais au moins elle ne se laisse pas intimider par ses parents et déménage à l’âge de 18 ans comme elle se l’était promis.
Et elle va aussi réussir à publier un de ses poèmes et même éditer un premier recueil.
Pour une jeune femme, surtout lors de ces années, je dois dire qu’elle avait quand même beaucoup de courage… d’autant plus triste de savoir la suite de sa vie…
Mais il me reste encore le dernier volet à découvrir. Je vais le lire tout de suite, mais seulement en parler quand la version française va être publiée.
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Re: Tove Ditlevsen
-Jeunesse-
Comme le dit @Kenavo, dans ce tome 2 on retrouve Tove à 14 ans qui vient de quitter l'école pour gagner sa vie. Ses débuts en tant que garde d'enfant dans une famille assez odieuse ne sont pas concluants. Elle va même accumuler les couacs peu rémunérés avant de trouver une place de sténo dactylo, pouvoir à ses 18 ans s'affranchir de la tutelle parentale et louer une chambre où construire son rêve d'écrivaine. A force de ténacité et d'endurance, sur fond de montée du nazisme et de guerre imminente, Tove s'ouvre à sa nouvelle existence, connaît ses premières expériences amoureuses et se fait publier.
J'ai aimé retrouver le style vif, très authentique, de l'autrice qui parvient à nous communiquer, une fois reconnue lorsqu'elle écrit ces lignes, sa soif de réussir, ce besoin viscéral, tenace, malgré les embuches, d'atteindre son but et s'échapper de sa condition. Un plongeon déterminant dans son futur parcours qui annonce la suite. Evidemment suis très curieuse de le découvrir ;-)
Etre jeune est temporaire, fragile et éphémère",
Comme le dit @Kenavo, dans ce tome 2 on retrouve Tove à 14 ans qui vient de quitter l'école pour gagner sa vie. Ses débuts en tant que garde d'enfant dans une famille assez odieuse ne sont pas concluants. Elle va même accumuler les couacs peu rémunérés avant de trouver une place de sténo dactylo, pouvoir à ses 18 ans s'affranchir de la tutelle parentale et louer une chambre où construire son rêve d'écrivaine. A force de ténacité et d'endurance, sur fond de montée du nazisme et de guerre imminente, Tove s'ouvre à sa nouvelle existence, connaît ses premières expériences amoureuses et se fait publier.
J'ai aimé retrouver le style vif, très authentique, de l'autrice qui parvient à nous communiquer, une fois reconnue lorsqu'elle écrit ces lignes, sa soif de réussir, ce besoin viscéral, tenace, malgré les embuches, d'atteindre son but et s'échapper de sa condition. Un plongeon déterminant dans son futur parcours qui annonce la suite. Evidemment suis très curieuse de le découvrir ;-)
Aeriale- Messages : 11425
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