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Janet Frame

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Message par domreader Jeu 9 Fév - 10:44

Janet Frame Janet10
1924-2004

Source Wikipédia

Issue d’une famille ouvrière de cinq enfants, elle se passionne très tôt pour la littérature, qu’elle étudie, et veut devenir poète. Son entourage la pousse à choisir la carrière d’institutrice, métier qu’elle tentera contre son gré d’exercer et finira par abandonner. Profondément marquée par la mort de deux de ses sœurs par noyade à dix ans d’écart, très introvertie, elle est diagnostiquée schizophrène en 1945. Internée huit ans en hôpital psychiatrique où elle subit quelque deux cents électrochocs, notamment au Sunnyside Hospital de Christchurch, elle réussit tout de même à écrire.

Son premier recueil de nouvelles, Le Lagon et autres histoires, est publié en 1954 alors qu’elle est toujours à l’hôpital[1] . Le prix littéraire qu’elle reçoit la sauve de justesse : sa lobotomie était programmée. Libre, elle apprendra plus tard, en subissant de nouveaux examens en Angleterre, qu’elle n’a finalement jamais souffert de schizophrénie.

Encouragée par son ami l’écrivain Frank Sargeson, elle écrit alors son premier roman, Les hiboux pleurent vraiment, qui paraît en 1957 (publié une première fois en France en 1984 chez Alinéa sous le titre La Chambre close). Puis elle quitte la Nouvelle-Zélande pendant sept ans et visite l’Europe. Elle vit à Ibiza et à Londres. Le médecin qu’elle rencontre l’encourage à son tour à écrire : ce sera le très impressionnant Visages noyés, paru en 1961, roman qui précipite le lecteur au cœur de l’univers psychiatrique.

De retour en Nouvelle-Zélande en 1963, et après la rédaction de plusieurs romans dans les années 1960 et 1970, Janet Frame entreprend d'écrire son autobiographie, Un ange à ma table. Celle-ci recouvre trois volets : Ma terre mon île, Un été à Willowglen (paru pour la première fois en France sous le titre Parmi les Buissons de Matagouri) et Le Messager. En 1990, Jane Campion adaptera Un ange à ma table au cinéma, ce qui contribuera à faire découvrir son œuvre dans le monde entier.

Janet Frame, si l'on excepte plusieurs séjours en Grande-Bretagne et aux États-Unis, passe le reste de sa vie en Nouvelle-Zélande (certains disent « en recluse », tant la discrétion de celle qui a été de nombreuses fois honorée dans son pays est grande). Son œuvre compte onze romans, cinq recueils de nouvelles, un recueil de poèmes et un livre pour enfants. Son dernier ouvrage, The Carpathians, (inédit en France, comme beaucoup de ses romans) est paru en 1988.

Pressentie deux fois pour le prix Nobel de littérature, dont la dernière en 2003, Janet Frame est morte d’une leucémie à Dunedin le 29 janvier 2004.

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Message par domreader Jeu 9 Fév - 10:50

Vers L'Autre Eté
Towards Another Summer

Janet Frame Summer10


C’est le troisième écrit autobiographique que je lis de Janet Frame. Pourtant celui-ci a été tout d’abord présenté sous le nom de roman mais Janet Frame n’a jamais voulu qu’il soit publié de son vivant parce qu’elle le jugeait trop personnel. C’est donc en 1963 à titre posthume que ce ‘roman’ sera publié. Il est vrai qu’on la retrouve ici sous les traits à peine voilés de son héroïne Grace Cleave. 

Grace Cleave est ici une écrivaine néo-zélandaise qui vit à Londres de façon assez solitaire. Elle commence à ressentir les effets du mal du pays. Ce sentiment sera exacerbé alors qu’elle est invitée à passer un week-end à la campagne chez un journaliste et son épouse néo-zélandaise. Son malaise grandit au contact de ses hôtes tout au long de ces trois jours qui lui semblent interminables tant elle a du mal à communiquer de façon naturelle avec les autres. Une simple réponse à une question banale lui demande un effort colossal parce qu’elle est toute entière dans un monde intérieur poétique et introspectif qui lui donne des yeux neufs et frais mais terriblement décalés sur ce qui l’entoure. Les réminiscences de son enfance en Nouvelle Zélande remontent à la surface pendant ce week-end ainsi qu’une angoisse et un désir affectif avivé de retrouver son pays, de s’évader à tel point qu’elle se figure en oiseau migrateur.
 
Ce week-end à la campagne révèle la vulnérabilité de Grace Cleave / Janet Frame à travers un monde intérieur riche, sensible et vraiment original. C’est un écrit  dont la grâce nous touche à travers le mal-être presque palpable de cette femme. Le nom de son héroïne est assez révélateur : ‘Grace’ car l’héroïne/auteur a beaucoup de grâce dans sa vision poétique du monde et ‘Cleave’ qui veut dire fendre –car elle est partagée physiquement et moralement entre Londres et sa terre natale, mais aussi involontairement retranchée du monde extérieur par une grande fragilité mentale.

Ce n’est probablement pas par ce livre qu’il faut commencer la lecture de Janet Frame, je pense qu’il vaut mieux avoir lu Visages Noyés ou Un Ange A Ma Table au préalable. C’est un roman qui nous touche si l’on connait déjà un peu sa vie et ses blessures, sinon on risque d’être déçu et de passer à côté de cet écrivain original et magnifique.

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Message par Arabella Dim 8 Aoû - 22:24

Visages noyés


Cette auteure néo-zélandaise a connu une véritable notoriété internationale grâce à l'adaptation qu'a faite Jane Campion de son auto-biographie en trois volumes, Un ange à ma table. Dans visage noyés, un de ses premiers livres, paru pour la première fois en 1961, elle met, semble-t-il, beaucoup d'elle-même et de son expérience, dans le personnage principal, Istina Mavet.

Le livre évoque quasi exclusivement l'expérience d'internement psychiatrique d'Istina, expérience que Janet Frame a vécue, pendant une durée proche de celui évoquée dans le roman. le récit est à la première personne, et assume son subjectivité : il ne s'agit pas de décrire avec précision et d'une manière rationnelle ce qui a amené Istina à l'hôpital, mettre un diagnostic sur ses souffrances, ni d'expliquer vraiment pourquoi à un moment on la laisse sortir, encore moins de revenir vers son enfance et y chercher d'éventuelles causes de son état. Il s'agit d'évoquer les ressentis, les sentiments et réactions, au plus près de ce que vit Istina, de décrire la réalité quotidienne de l'hôpital, centrée sur les petits détails, de voir par ses yeux, en même temps qu'elle découvre et réagit. Sa vision est forcément un peu limitée, comme le sont les mouvements des malades, et l'essentiel est sa souffrance. Souffrance psychique, se manifestant par des fortes angoisses irrationnelles, mais aussi souffrances provoquées par son hospitalisation, par les conditions de vie et les traitements, et aussi par le fait d'être exposée aux souffrances des autres patients, enfin surtout patientes.

Comme Janet Frame elle-même Istina échappe de peu à une lobotomie, dont elle a vu les effets dévastateurs sur certaines autres patientes. Elle a subi un nombre important d'électrochocs, dont la perspective la terrorisait, une place importante dans le livre décrit l'angoisse profonde que ce traitement provoque chez elle. Elle décrit aussi l'abandon des patientes jugées les moins aptes à évoluer positivement, les plus folles des folles. Mais elle n'est pas manichéenne, elle dresse des tableaux de médecins qui ne sont pas des sadiques, ni des incompétents. Juste des êtres humains, débordés, avec au final des moyens limités pour aider efficacement les personnes qu'ils ont en charge, même s'ils ont le désir de le faire. C'est plutôt avec les infirmières, avec qui les malades passent beaucoup de temps que les choses sont plus compliquées. Mais elle suggère les raisons de certains comportements cruels. A l'époque métier peu reconnu, astreintes à toutes les tâches, seules avec les malades pour faire marcher toute la grande maison, elles sont débordées, et doivent se débrouiller seules. Elles n'ont sans doute pas non plus été réellement formées, autrement que sur le tas, à leurs activités auprès des malades mentaux. Et il y a la peur de la folie, la peur de ressembler, de se reconnaître, de finir un jour en tant que patiente. Reconnaître ces dernières comme des personnes à part entière, c'est réduire les distances entre le « normal » et le pathologique. le livre le suggère très finement.

Il y a aussi le tableau plein d'humanité de certaines patientes, surtout parmi les plus malades, à qui Janet Frame donne en quelque sorte la parole qu'elles ne maîtrisent pas, dit à leur place, et porte un regard tendre et respectueux. Parce qu'au final, j'ai eu la sensation que c'est cela qu'elle demande le plus, le respect et la tendresse pour ces malades, ces êtres sans espoir, et qu'en ce qui la concerne, c'est leur insuffisance dont elle a le plus souffert.

Un livre magnifique, superbement écrit, sans doute douloureux, mais aussi très touchant et lumineux dans certains passages.

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Message par Aeriale Lun 9 Aoû - 15:54

Ça paraît très lourd quand même. 

Je n’ai jamais lu Janet Frame, mais elle me dit depuis longtemps ( J’avals juste adoré La leçon de piano)
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Message par Arabella Lun 9 Aoû - 21:53

J'avais aussi peur de quelque chose de complètement plombant, mais elle trouve une distance, une manière d'évoquer ces expériences qui en font un beau moment humain, malgré tout.

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Message par Aeriale Mar 10 Aoû - 8:17

D’accord Arabella! Si je la lis, j’y penserai alors.

Je préfère découvrir une histoire non adaptée au cinéma. Merci ;-)
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