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J. M. Coetzee

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Message par Arabella Lun 20 Mar - 19:43

J. M . Coetzee (1940 - )



J. M. Coetzee Coetze11


Source Wikipédia

J. M. Coetzee (prononciation : /kʊtˈsiə/), de son nom complet John Maxwell Coetzee, est un romancier et professeur en littérature sud-africain, naturalisé australien et d'expression anglaise, né le 9 février 1940 au Cap en Afrique du Sud. Il est lauréat de nombreux prix littéraires de premier ordre dont le prix Nobel de littérature en 2003. Marquée par le thème de l'ambiguïté, la violence et la servitude, son œuvre juxtapose réalité politique et allégorie afin d'explorer les phobies et les névroses de l'individu, à la fois victime et complice d'un système corrompu qui anéantit son langage.

Coetzee naît au Cap dans une famille boer calviniste (colons afrikaners). Son père est avocat et sa mère institutrice. L'anglais est sa langue maternelle. Il suit sa scolarité dans une école anglophone. Le foyer est instable et l'auteur grandit durant l'instauration violente du régime d'apartheid4. Initialement, il ne poursuit aucun cursus universitaire dans les lettres et étudie les mathématiques à l'université du Cap. En 1960, il part pour l'Angleterre et poursuit à Londres des études de linguistique et d'informatique.

Après avoir travaillé comme programmeur pour IBM et International Computers, Coetzee nourrit des ambitions littéraires. Toutefois, il est tiraillé entre ses besoins financiers et sa passion pour les lettres et l'écriture. L'attribution d'une bourse d'étude lui permet de reprendre des études d'anglais à l'université du Texas à Austin, où il soutient une thèse de doctorat en 1969 sur les romans de Samuel Beckett. Il se voit ensuite proposer un poste à l'université de Buffalo (New York) où il enseigne jusqu'en 1971. L'année suivante, il obtient une chaire de professeur en littérature au département d'anglais de l'université du Cap. Son premier roman, Terres de crépuscule (Dusklands), y est publié en 1974. Son parcours d'écrivain est marqué par la lecture de Beckett, T.S. Eliot, William Faulkner et Vladimir Nabokov.

Coetzee s'installe en Australie en 2002 pour enseigner à l'université d'Adélaïde. Il est maintenant professeur émérite à l'université de Chicago (Illinois), aux États-Unis.

L'auteur a reçu de nombreux prix littéraires de première importance : il est le premier écrivain, et à ce jour encore le seul, avec l'Australien Peter Carey et la Britannique Hilary Mantel à obtenir deux fois le prestigieux Prix Booker, en 1983 pour Michael K, sa vie, son temps (Life and Times of Michael K) et en 1999 pour Disgrâce (Disgrace). La plus prestigieuse récompense internationale, le prix Nobel de littérature, vient couronner en 2003 une œuvre « qui, dans de multiples travestissements, expose la complicité déconcertante de l’aliénation. ».

En 1963, Coetzee avait épousé Philippa Jubber avec laquelle il a eu deux enfants : Nicolas (né en 1966) et Gisela (née en 1968). Le couple a divorcé en 19807. Son fils Nicolas est décédé, en 1989, des suites d'un accident. Le journaliste David Coetzee, son frère cadet, meurt en 2010.

Le 6 mars 2006, J.M. Coetzee obtient la nationalité australienne.

En 2008, il rejoint plusieurs auteurs de renommée mondiale dont Philip Roth, Salman Rushdie et Carlos Fuentes et trois autres lauréats du prix Nobel (Gabriel García Márquez, Nadine Gordimer et Orhan Pamuk) pour soutenir l'écrivain franco-tchèque Milan Kundera, soupçonné d'avoir dénoncé à l'ancienne police tchécoslovaque l'un de ses concitoyens, condamné à 22 ans de prison.

En 2013, il fait partie des signataires, en compagnie de nombreux écrivains dont quatre autres prix Nobel (Günter Grass, Elfriede Jelinek, Orhan Pamuk et Tomas Tranströmer), d'un manifeste contre la société de surveillance et l'espionnage des citoyens orchestré par les États.

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Message par Arabella Lun 20 Mar - 19:44

Michael K, sa vie, son temps


Une sorte de fable, d'allégorie pour dire le réel et le présent, mais en même temps l'éternel et le constant. Nous savons que nous sommes en Afrique du Sud, mais l'auteur n'insiste pas. Comme il ne nous dit pas la couleur de la peau de Michael.

Tout est suggéré en petites touches, et renvoie le lecteur à lui-même, à ce qu'il sait et imagine. Michael se place comme en dehors du temps auquel il vit, dans un rapport au monde très charnel et très essentiel, son travail qui est de travailler la terre en fait presque une sorte d'esprit primordial plus qu'un homme avec un ancrage social. Mais le monde le rattrape, ne le laisse pas vivre sa nature. La violence des hommes, l'esprit de domination, l'appropriation de la terre et du monde entier, sans aucun sanctuaire. En même temps se fait jour le refus absolu de Michael de se laisser enfermer et instrumentaliser, un refus qui ne souffre aucun compromis, viscéral, non pas pensé comme une opposition politique, construite ou argumentée. Juste une impossibilité. Comme il est impossible à un poisson de vivre en dehors de l'eau.

Un livre d'une grande richesse et densité, portée par une écriture qui refuse le pathos, sobre, dans laquelle chaque mot compte. Un auteur qui marque son lecteur.

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Message par domreader Dim 30 Juil - 14:46

L’Age de Fer
Age of Iron
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Encore un magnifique roman de Coetzee sur fond de fin d’apartheid dont je vais avoir bien du mal à parler pour lui rendre justice, en voilà le thème :

Une femme d’un certain âge, professeur d’université à la retraite, apprend qu’elle est atteinte d’un cancer généralisé et qu’elle ne tardera pas à mourir. Elle vit seule, sa fille ayant décidé de quitter le pays et de ne jamais y revenir tant que le régime qu’elle abomine serait en place.

La vieille dame doit donc affronter seule sa fin de vie mais elle tient à écrire une longue lettre à sa fille jusqu’à la fin, pour lui dire ce qu’elle pense, ce qu’elle vit et tout ce qu’elle n’a jamais eu l’occasion de lui dire. C’est cette lettre que nous livre ce roman, un écrit du quotidien, mais aussi de la réminiscence, et surtout des évènements terriblement violents qui sont en train de se produire alors que les soulèvements dans les quartiers noirs sont de plus en plus fréquents. La seule personne qui restera à ses côtés sera un SDF alcoolique qui était venu s’installer dans son jardin.

Un superbe roman sur un système en fin de vie, un cancer qui ronge un pays, en même temps qu’il ronge la vieille dame, elle-même rongée par la honte de ce système, la honte devenue cancer. Le SDF est le témoin muet et néanmoins l’ultime acteur qui fait preuve d’humanité dans un pays déliquescent, dont le système répressif ne fait plus que générer de la violence et de la haine. A l’habitude, l’écriture est précise, élégante et incisive et on ressort du livre un peu étouffé par l’ambiance de déchéance accélérée qui y règne. Un livre qui marque, et qu’on a du mal à oublier tant et si bien qu’il est difficile de passer à autre chose.

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Message par Arabella Mar 28 Mar - 23:23

Disgrâce

Septième roman de l'auteur, publié en 1999, et traduit en français en 2001, couronné par le Booker Prize, c'est l'un des plus célèbres de l'auteur. L'un de plus discuté aussi, et les réactions qu'il a provoqué ont contribué l'installation de l'auteur en Australie.

Le personnage principal du roman, David Lurie, est un universitaire de 52 ans. Sa vie est très insatisfaisante. Sur le plan professionnel, il vit une sorte de déclassement : spécialiste de littérature romantique, il se voit contraint à enseigner essentiellement la communication, domaine où il a peu de connaissances et pour lequel il n'a aucun intérêt particulier. Ses recherches sont au point mort. Il est seul, suite à deux divorces, et ancien séducteur, il n'obtient plus de succès féminins. Pire, la prostituée dont il louait régulièrement les services l'abandonne. Un peu par hasard, il jette son dévolu sur une de ses étudiantes, Mélanie, qui lui plaît beaucoup. Il joue de son ascendant pour avoir des relations sexuelles avec elle, qu'elle subit, sa passivité, son incapacité à dire non à son professeur, permet à ce dernier de rester dans le déni de ce qu'il est en train de faire. Mais Mélanie finit par porter plainte auprès de l'université. Malgré la bienveillance affichée de la commission censée statuer, David refuse de s'expliquer, refuse en réalité d'examiner sa conduite et sa responsabilité. Il doit démissionner de son emploi. Il décide de partir chez sa fille, Lucy, qui vit dans une ferme, où elle a ouvert une sorte de pension pour chiens. le père et la fille subissent une violente agression de la part de trois hommes noirs, qui violent Lucy. Cette dernière refuse de porter plainte, de dire les choses, est dans une sorte de déni, qui n'est pas sans évoquer le déni de David face à l'agression qu'il a commis sur Mélanie. Lucy refuse également de quitter sa ferme, préférant se mettre sous « la protection » de Petrus, son voisin qui travaille chez elle, et qui a probablement provoqué l'agression.

C'est un livre d'une très grande noirceur. Les relations entre les êtres semblent impossibles : elles sont basées sur les rapports de force, sur la violence et la domination. Les hommes contre les femmes, les blancs contre les noirs, les pauvres contre ceux qui ont plus de biens.... Sans oublier la violence contre les animaux. le tout dans un état en déliquescence, qui semble complètement incapable de réguler les rapports sociaux, et de protéger les individus. le personnage principal se ment à lui-même tout le long du livre, avance en aveugle, en se méconnaissant lui-même et les autres, même si une sorte d'apaisement, dans une sorte de renoncement, semble survenir à la fin du roman. Mais c'est un renoncement cruel.

C'est incontestablement une grande oeuvre, mais elle est difficile tant la situation qu'elle décrit semble sans issue, sans espoir. Tant elle pointe les limites de la nature humaine.

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Message par Aeriale Mer 29 Mar - 8:42

Son style parait bien sombre. Je n'ai jamais tenté pour cette raison, mais il faudrait...

J'ai Disgrâce quelque part qui m'attend!
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Message par Queenie Mer 29 Mar - 8:56

Ça a l'air très sombre en effet.
Les trois livres cités ici ont l'air bien différents les uns des autres.
Je n'ai aucune idée si ça me plairait ou non.

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Message par Arabella Mer 29 Mar - 21:04

Queenie a écrit:Ça a l'air très sombre en effet.
Les trois livres cités ici ont l'air bien différents les uns des autres.
Je n'ai aucune idée si ça me plairait ou non.

Il n'y a qu'à essayer pour voir...

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Message par Aeriale Jeu 30 Mar - 8:00

Arabella a écrit:
Queenie a écrit:Ça a l'air très sombre en effet.
Les trois livres cités ici ont l'air bien différents les uns des autres.
Je n'ai aucune idée si ça me plairait ou non.

Il n'y a qu'à essayer pour voir...

Allez… Je le mets en tête de ma PAL! À suivre
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Message par Queenie Jeu 30 Mar - 8:35

Arabella a écrit:
Queenie a écrit:Ça a l'air très sombre en effet.
Les trois livres cités ici ont l'air bien différents les uns des autres.
Je n'ai aucune idée si ça me plairait ou non.

Il n'y a qu'à essayer pour voir...

Tu ne me donnes pas une astuce miracle pour éviter d'allonger ma LAL !

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Message par Arabella Lun 11 Nov - 18:32

Le Polonais


Beatriz,une dame de la bonne société de Barcelone, participe à l’organisation de concerts de musique classique et dans ce cadre rencontre Witold, un pianiste polonais, invité à jouer Chopin. L’homme a une vingtaine d’années de plus qu’elle, son jeu ne la séduit pas, elle le trouve trop sec, pas assez flamboyant. La communication entre eux est un peu compliquée du fait de la méconnaissance de leurs langues respectives, l’anglais s’impose, Beatriz en parlant de celui de Witold utlise l’expression « avec sa grammaire correcte et ses expressions fautives ». Mais une fois parti, Witold reprend contact, propose une autre rencontre, laisse entendre qu’il est sous le charme de Beatriz. Qui dans un premier temps refuse énergiquement, avant finalement d’accepter et même de se lancer dans une sorte de liaison. Brève, à laquelle elle met fin. Mais elle n’en a pas fini avec Witold : la fille de ce dernier apprend à Beatriz qu’il lui a légué après sa mort une mystérieuse boîte, qu’il s’agit de récupérer, ce qui s’avère plus compliqué que prévu. Une fois en possession du legs, Beatriz découvre qu’il s’agit d’un long poème, en polonais comme il se doit, où son nom apparaît. Un étrange dialogue s’engage entre Beatriz et son amoureux disparu, au-delà de la mort et de la difficulté de communication.


C’est un livre étonnant, qui joue sur plusieurs registres, dès le départ : l’auteur s’y met en scène, débutant l’écriture de son livre. Il y une distanciation, une ironie, un second degré permanent. Nous suivons l’histoire uniquement du point de vue de Beatriz et elle ne semble pas très sympathique : une dame cinquantenaire, qui s’ennuie avec une certaine élégance, mais dont la vie semble totalement vide. On se demande bien (comme elle d’ailleurs) ce qui a pu éveiller une telle passion pour sa personne. Coetzee met en évidence cela, l’illogique, le gratuit, dans la naissance de sentiments. C’est comme si Witold avait décidé de tomber amoureux, en avait besoin, et Beatriz est juste là à ce moment là. L’incommunicabilité est mise en scène par la barrière linguistique, mais ce n’est sans doute pas la vraie raison, ils n’ont en réalité pas grand-chose à se dire. Coetzee lance un questionnement sur les sentiments que l’on éprouve, le fondement pour les éprouver, sur le manque d’échange dans la relation amoureuse.


Mais c’est surtout la dernière partie que j’ai trouvé intéressante. Witold fait quelques parallèles entre l’histoire qu’il vit avec Beatriz et celle de Chopin et Georges Sand et surtout celle de Dante et Beatrice. Le poème qu’il se met écrire à la fin de vie, au détriment de sa carrière de pianiste est dans le même style que la Divine Comédie, et évoque son amour pour Beatriz. Je me suis déjà posé la question des sentiments que Beatrice Portinari à l’égard de Dante : il l’a rencotré alors qu’elle avait neuf ans, elle a épousé un autre homme, elle est morte à vingt-quatre ans. Il ne s’est sans doute pas passé grand-chose entre eux. Mais il en fait une figure céleste, surhumaine, la dame parfaite, l’initiatrice, la sagesse incarnée. Grâce à son œuvre sa mémoire traverse les siècles. Enfin une mémoire construite par Dante, une mémoire fantasmée. On ne connaîtra jamais l’avis de Beatrice sur Dante. Un amour idéalisé, coupé du quotidien, du réel factuel, pour une femme approchée de loin, l’ignorance de ce qu’elle fut vraiment pouvant au final permettre plus facilement de créer un personnage littéraire.


Coetzee interroge le rapport de l’expérience et de la littérature, de la manière dont la seconde se nourrit de la première, tout en en la transformant, la déformant. Le créateur est au fond tout puissant, Beatrice (Beatriz) devenant un objet, que l’écrivain peut s’approprier, utiliser à sa guise, sans forcément la possibilité d’un droit de réponse. Même si la fin du livre laisse entrevoir quelque chose de plus complexe.


J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre, drôle, et bien plus profond qu’une lecture superficielle ne le laisserait penser. Mais Coetzee est un très grand écrivain et le prouve encore une fois.

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