Gonçalo M. Tavares
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Gonçalo M. Tavares
Gonçalo M.TAVARES
(Luanda, Angola, 08/1970 - )
"Après avoir étudié la physique, le sport et l’art, il est devenu professeur d’épistémologie à Lisbonne.
Depuis 2001, il ne cesse de publier (romans, recueils de poésie, essais, pièces de théâtre, contes et autres ouvrages inclassables). Il a été récompensé par de nombreux prix nationaux et internationaux dont le Prix Saramago, le Prix Ler/BCP (le plus prestigieux au Portugal), le Prix Portugal Telecom (au Brésil).
Gonçalo M. Tavares est considéré comme l’un des plus grands noms de la littérature portugaise contemporaine, recevant les éloges d’auteurs célèbres comme Eduardo Lourenço, José Saramago, Enrique Vila-Matas, Bernardo Carvalho et Alberto Manguel." nous dit le site de l'éditeur Viviane Hamy : viviane-hamy.fr/fiche-auteur.asp?A=91
Parmi ses livres inclassables et très courts : Monsieur Calvino et la promenade, Monsieur Valéry et la logique, ... avec des dessins, schémas...
Son roman Jérusalem obtient le Prix Saramago 2005. A cette occasion, Saramago a dit : "« Jerusalém é um grande livro, que pertence à grande literatura ocidental. Gonçalo M. Tavares não tem o direito de escrever tão bem apenas aos 35 anos : dá vontade de lhe bater ! »" ("« Jérusalem est un grand livre, une partie de la littérature occidentale. Gonçalo n'a pas le droit d'écrire si bien à 35 ans : ça me donne envie de le frapper !").
"Gonçalo M Tavares est, sans aucun doute, l'un des écrivains les plus importants de sa génération. Antonio Lobo Antunes", proclame un ruban jaune autour de Apprendre à Prier à l'ère de la technique.
On pourra visiter le site officiel de l'écrivain : goncalomtavares.blogspot.com
(note : les liens externes ne me sont pas encore autorisés, d'où les liens pas très beaux, sans les www).
(Luanda, Angola, 08/1970 - )
"Après avoir étudié la physique, le sport et l’art, il est devenu professeur d’épistémologie à Lisbonne.
Depuis 2001, il ne cesse de publier (romans, recueils de poésie, essais, pièces de théâtre, contes et autres ouvrages inclassables). Il a été récompensé par de nombreux prix nationaux et internationaux dont le Prix Saramago, le Prix Ler/BCP (le plus prestigieux au Portugal), le Prix Portugal Telecom (au Brésil).
Gonçalo M. Tavares est considéré comme l’un des plus grands noms de la littérature portugaise contemporaine, recevant les éloges d’auteurs célèbres comme Eduardo Lourenço, José Saramago, Enrique Vila-Matas, Bernardo Carvalho et Alberto Manguel." nous dit le site de l'éditeur Viviane Hamy : viviane-hamy.fr/fiche-auteur.asp?A=91
Parmi ses livres inclassables et très courts : Monsieur Calvino et la promenade, Monsieur Valéry et la logique, ... avec des dessins, schémas...
Son roman Jérusalem obtient le Prix Saramago 2005. A cette occasion, Saramago a dit : "« Jerusalém é um grande livro, que pertence à grande literatura ocidental. Gonçalo M. Tavares não tem o direito de escrever tão bem apenas aos 35 anos : dá vontade de lhe bater ! »" ("« Jérusalem est un grand livre, une partie de la littérature occidentale. Gonçalo n'a pas le droit d'écrire si bien à 35 ans : ça me donne envie de le frapper !").
"Gonçalo M Tavares est, sans aucun doute, l'un des écrivains les plus importants de sa génération. Antonio Lobo Antunes", proclame un ruban jaune autour de Apprendre à Prier à l'ère de la technique.
On pourra visiter le site officiel de l'écrivain : goncalomtavares.blogspot.com
(note : les liens externes ne me sont pas encore autorisés, d'où les liens pas très beaux, sans les www).
eXPie- Messages : 780
Date d'inscription : 04/12/2016
Re: Gonçalo M. Tavares
La version française, à gauche, et la version portugaise.
Matteo a perdu son emploi (Matteo perdeu o emprego, 2010). Traduit du portugais par Dominique Nédellec. Viviane Hamy. 193 pages.
Le livre est composé de ces vingt-cinq histoires, dont l'enchaînement logique est le suivant : le personnage principal de chaque histoire est un des personnages mentionnés dans l'histoire précédente. Puis, à la page 159, commencent les "Notes sur Matteo a perdu son emploi (Postface)"."L'histoire de : Aaronson, Ashley, Bauman, Boiman, Camer [...], Kesser, Klein, Koen, Levy, Matteo et Nedermeyer." (page 7).
Entre les différentes histoires, on trouve une photo de mannequin, ce qui donne un effet très étrange (une de ces photos est en couverture). On notera que la version portugaise est conforme à ce que voulait Tavares (on a toutes les photos sur la quatrième de couverture, contrairement à la version française : les éditeurs ont une certaine uniformité de collection à respecter, c'est dommage.
Les noms des personnages principaux sont juifs (ou peuvent l'être), ce qui fait référence à l'extermination pendant la Seconde Guerre Mondiale. Du simple fait d'avoir un nom qui commence par une lettre ou une autre, on peut être sauvé ou condamné à mort. L'alphabet est un "substitut mineur à l'ordre divin", il permet d'"institutionnaliser l'absurde" : c'est ce que Tavares a dit à la Librairie "Atout Livre", le 23 septembre 2016.
Tavares et Elisabeth Monteiro Rodrigues (qui assurait la traduction des paroles de Tavares), le 23 septembre 2016.
Les enfants, en classe au Portugal, se voient attribuer une place en fonction de l'alphabet. Ceux dont le nom commence par un "A" sont au premier rang... jusqu'à"Z" pour le dernier rang. Les enfants sont assis à côté de quelqu'un dont le nom commence par la même lettre qu'eux.
Le livre parle beaucoup de classements, d'ordres. Certains personnages introduisent de l'ordre, d'autres du désordre. Les notions d'ordre et de désordre relèvent finalement d'un sentiment individuel. Ainsi, un jogger, qui des années durant a couru autour d'un rond-point dans un sens, décide subitement de changer de sens ; dans une autre histoire, un colis doit être livré dans une rue à un numéro qui pose problème... Du côté de l'ordre, un enquêteur essaie de déterminer les opinions de quelqu'un à l'aide d'un questionnaire.
On trouve aussi un étrange recycleur d'ordures, des hommes qui tentent de sortir d'un labyrinthe...
Et un jeune homme, Kashine, qui écrit NON un peu partout.
Kashine introduit du désordre là où il y avait de l'ordre... ou bien, il est à l'origine d'une remise en ordre différente."Kashine, le jeune garçon de seize ans, décide en effet de faire ceci : répandre le « non » partout où il passerait. Juste ce petit mot, sans le moindre commentaire : « non ».
Sur les affiches annonçant la première d'une pièce de théâtre, Kashine, sans être vu de personne, écrivit « non ».
Sur le mur qui séparait deux propriétés, Kashine écrit « non ». [...]
Dans l'énorme recueil de lois qu'un étudiant en droit avait oublié sur la table d'un café, sur autant de pages qu'il le put, Kashine écrivit « non ». [...]
Il écrivit « non » sur le dos d'un dictionnaire des synonymes, « non » sur le dos d'un livre d'aventures, « non » sur la couverture d'un manuel de grammaire. [...]
Et par endroits ce « non » eut des effets concrets, parfois étranges et surprenants. [...]
On assista même à un divorce : quand une femme vit dans le dos de son mari, un dénommé Kessler, un énorme « NON », elle l'interpréta comme un message parfaitement clair." (pages 115-118).
Tavares a explicité (lors de la rencontre à la librairie) quel est son mode d'écriture habituel : une fois un texte écrit, il le laisse reposer parfois longtemps. Pour Matteo a perdu son emploi, lorsqu'il a relu son texte, il a ressenti la nécessité d'écrire une postface : c'est une sorte de "plaisanterie interprétative" (c'est le terme qu'il a employé), qu'il a rédigée en "essayant d'interpréter ce qu'[il] a écrit de façon fictionnelle".
C'est donc faussement sérieux... mais pas toujours.
"Ceci est important : l'alphabet comme hiérarchie, élément aléatoire qui instaure un ordre qui nous paraît sensé. Voilà un miracle." (page 183)
Matteo a perdu son emploi est un bon livre, très curieux, original.
Dernière édition par eXPie le Mar 6 Déc - 7:01, édité 1 fois
eXPie- Messages : 780
Date d'inscription : 04/12/2016
Re: Gonçalo M. Tavares
Il est dans ma PAL....Comme tant d'autres. Mais son tour viendra.
Meci eXPie.
Meci eXPie.
_________________
Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4827
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Gonçalo M. Tavares
Apprendre à prier à l'heure de la technique
Dans ce livre nous suivons l'ascension et la chute de Lenz Buchmann. Dans un premier temps, tout lui réussit, ce qui confirme la vision qu'il a du monde, valide sa pertinence. Dans un deuxième temps, par un retour du balancier, tout s'inverse d'une certaine façon et lui revient à la figure, et il finit par tour perdre, et donc la réalité en quelque sorte lui donne tort. La force devient faiblesse, le gagnant perd tout. L'absence de sentiments rend tout échange impossible.
C'est brillant, intelligent, original dans l'écriture et dans la façon de construire le livre. En même temps peut être malgré tout un peu mécanique dans ce système d'inversion, de programmation, les personnages manquent quand même un peu d'une certaine épaisseur et complexité. Mais ce n'est pas un roman psychologique, autre chose, et donc c'est quelque peu inévitable de perdre cette dimension compte tenu du parti pris de l'auteur. Qui a un talent certain. Un excellent livre.
Dans ce livre nous suivons l'ascension et la chute de Lenz Buchmann. Dans un premier temps, tout lui réussit, ce qui confirme la vision qu'il a du monde, valide sa pertinence. Dans un deuxième temps, par un retour du balancier, tout s'inverse d'une certaine façon et lui revient à la figure, et il finit par tour perdre, et donc la réalité en quelque sorte lui donne tort. La force devient faiblesse, le gagnant perd tout. L'absence de sentiments rend tout échange impossible.
C'est brillant, intelligent, original dans l'écriture et dans la façon de construire le livre. En même temps peut être malgré tout un peu mécanique dans ce système d'inversion, de programmation, les personnages manquent quand même un peu d'une certaine épaisseur et complexité. Mais ce n'est pas un roman psychologique, autre chose, et donc c'est quelque peu inévitable de perdre cette dimension compte tenu du parti pris de l'auteur. Qui a un talent certain. Un excellent livre.
Arabella- Messages : 4827
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Gonçalo M. Tavares
Jérusalem
Six personnages en errance, la nuit. Une nuit que est d'une certaine façon l'aboutissement de leur vie jusque là. Les chapitres du roman portent en titre les noms des personnages qui vont intervenir. Il y a Theodor Busbeck, psychiatre, mais surtout un homme qui s'est voué à l'étude du mal, qui veut mettre en graphiques et en prévisions les horreurs des hommes. Son ex femme, Mylia, que Theodor a fait interner, puis dont il a divorcé lorsqu'elle a été enceinte d'un autre interné. Ernst, le grand amour de Mylia, et Kaas, l'enfant de Mylia et Ernst, que Theodor s'est approprié. Et puis un autre couple, Hanna, une prostituée, et l'homme dont elle partage plus ou moins la vie, Hinnerk, un ancien militaire, qui se promène armé.
Mais c'est irracontable. Dans des brefs chapitres, dans une écriture sèche, qui va à l'essentiel, qui évacue tout pathos, Tavares s'interroge sur la nature humaine, sur la violence et la capacité à infliger la souffrance que chacun porte en soi. La violence brutale, mais aussi la violence institutionnelle, plus insidieuse mais non moins destructrice. La violence physique, comme la violence psychologique. Les inévitables rapports de force qui finissent par provoquer la violence.
Mais aussi la frontière entre la raison et la folie : la logique poussée à son extrême, aboutit dans les travaux de Busbeck à la folie et à l'absurde.
Un univers très particulier, qui peut dérouter probablement, mais une oeuvre forte, originale, qui donne énormément à penser, qui demande sans doute plus d'une lecture. J'ai été complètement happée par ce livre, qui malgré une froideur de surface, est incandescent au coeur. Un immense choc, qui me donne envie de tout connaître de l'auteur.
Six personnages en errance, la nuit. Une nuit que est d'une certaine façon l'aboutissement de leur vie jusque là. Les chapitres du roman portent en titre les noms des personnages qui vont intervenir. Il y a Theodor Busbeck, psychiatre, mais surtout un homme qui s'est voué à l'étude du mal, qui veut mettre en graphiques et en prévisions les horreurs des hommes. Son ex femme, Mylia, que Theodor a fait interner, puis dont il a divorcé lorsqu'elle a été enceinte d'un autre interné. Ernst, le grand amour de Mylia, et Kaas, l'enfant de Mylia et Ernst, que Theodor s'est approprié. Et puis un autre couple, Hanna, une prostituée, et l'homme dont elle partage plus ou moins la vie, Hinnerk, un ancien militaire, qui se promène armé.
Mais c'est irracontable. Dans des brefs chapitres, dans une écriture sèche, qui va à l'essentiel, qui évacue tout pathos, Tavares s'interroge sur la nature humaine, sur la violence et la capacité à infliger la souffrance que chacun porte en soi. La violence brutale, mais aussi la violence institutionnelle, plus insidieuse mais non moins destructrice. La violence physique, comme la violence psychologique. Les inévitables rapports de force qui finissent par provoquer la violence.
Mais aussi la frontière entre la raison et la folie : la logique poussée à son extrême, aboutit dans les travaux de Busbeck à la folie et à l'absurde.
Un univers très particulier, qui peut dérouter probablement, mais une oeuvre forte, originale, qui donne énormément à penser, qui demande sans doute plus d'une lecture. J'ai été complètement happée par ce livre, qui malgré une froideur de surface, est incandescent au coeur. Un immense choc, qui me donne envie de tout connaître de l'auteur.
Arabella- Messages : 4827
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Gonçalo M. Tavares
-Apprendre à prier à l'ère de la technique-
Une lecture exigeante mais facilitée par une construction aérée et de courts chapitres qui nous tiennent attentifs: L'histoire de Lenz Buchmann, chirurgien réputé dénué de sentiments, qui un jour décide de rentrer en politique pour asseoir son autorité et assouvir son obsession de parfaire le monde. Elevé à la dure par un père militaire, Lenz ne connait pas la faiblesse, ni la moindre écharde qui entraverait sa route. Pour lui tout est méthode, pouvoir, ordre. Tout s'acquiert par la volonté et la force conjuguées, les humains ne sont que troupeaux malléables unis par la peur et c'est justement par ce biais qu'il compte les dominer.
Lenz est donc monstrueux, aucun affect ne semble le dévier de son but. La bibliothèque héritée de son père est sa colonne vertébrale, et les livres ne sont là que pour chasser les faiblards. Pour lui Dieu est mort, la technique l'a remplacé. Il ne se soumet ni ne craint personne, seul les fous ayant leurs propres lois le fascinent, ou les clochards pour ce qu'ils ont de servile et sur lesquels il peut expérimenter ses fantaisies.
Mais peu à peu tout va basculer. Ce corps qu'il voit comme un élément de combat, à la solde de sa toute puissance, va se révolter et le prendre au piège. Je n'en dis pas plus car il y a décidément trop de choses dans ce roman-essai qui tient autant de la parabole que du constat clinique, celui d'une perversion portée à son apogée puis rattrapée cyniquement par le destin. C'est froid, sans concession, ça répugne autant que cela interpelle, mais on ne peut s'arrêter avant la chute qui remet tout en place. A lire au moins par curiosité, pour comprendre le mécanisme de ces dangereux manipulateurs qui peuvent, détachés de tout contexte sentimental, s'accaparer l'emprise d' esprits déroutés et ainsi manier les foules. Brillant!
Une lecture exigeante mais facilitée par une construction aérée et de courts chapitres qui nous tiennent attentifs: L'histoire de Lenz Buchmann, chirurgien réputé dénué de sentiments, qui un jour décide de rentrer en politique pour asseoir son autorité et assouvir son obsession de parfaire le monde. Elevé à la dure par un père militaire, Lenz ne connait pas la faiblesse, ni la moindre écharde qui entraverait sa route. Pour lui tout est méthode, pouvoir, ordre. Tout s'acquiert par la volonté et la force conjuguées, les humains ne sont que troupeaux malléables unis par la peur et c'est justement par ce biais qu'il compte les dominer.
Lenz est donc monstrueux, aucun affect ne semble le dévier de son but. La bibliothèque héritée de son père est sa colonne vertébrale, et les livres ne sont là que pour chasser les faiblards. Pour lui Dieu est mort, la technique l'a remplacé. Il ne se soumet ni ne craint personne, seul les fous ayant leurs propres lois le fascinent, ou les clochards pour ce qu'ils ont de servile et sur lesquels il peut expérimenter ses fantaisies.
Mais peu à peu tout va basculer. Ce corps qu'il voit comme un élément de combat, à la solde de sa toute puissance, va se révolter et le prendre au piège. Je n'en dis pas plus car il y a décidément trop de choses dans ce roman-essai qui tient autant de la parabole que du constat clinique, celui d'une perversion portée à son apogée puis rattrapée cyniquement par le destin. C'est froid, sans concession, ça répugne autant que cela interpelle, mais on ne peut s'arrêter avant la chute qui remet tout en place. A lire au moins par curiosité, pour comprendre le mécanisme de ces dangereux manipulateurs qui peuvent, détachés de tout contexte sentimental, s'accaparer l'emprise d' esprits déroutés et ainsi manier les foules. Brillant!
Aeriale- Messages : 11968
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Gonçalo M. Tavares
Matteo a perdu son emploi
Un homme court tous les matins autour d'un rond point. Jusqu'au jour, où, en courant dans le sens inverse à celui de la circulation, il se fait renverser et tuer par une voiture. Nous suivons ensuite l'homme qui l'a renversé, qui livre des colis, sauf que qu'il rencontre un soucis avec
celui à livrer à un certain Baumann : tous les immeubles dans sa rue portent le numéro 217...Nous passons d'un personnage à un autre, avec un mince fil conducteur qui relie à chaque fois les personnages les uns aux autres. Les personnages se suivent dans l'ordre alphabétique, et la plupart d'entre eux ont des noms à consonance juive.
Les récits auxquels donnent lieu les différents personnages se caractérisent par un certain absurde, en plus des deux premiers déjà cités, nous suivons par exemple Diamond, un homme qui s'obstine à enseigner jusqu'à la fin de l'année scolaire dans une école progressivement envahie par les ordures, Helsel qui essaie de rassembler la plus grande quantité possible de cafards dans un entrepôt etc.
Une sorte de logique de classification, de calcul, semble être un point commun entre les récits. Une logique et une classification comme viciées à la base, utilisées à des fins absurdes. Tous les personnages touchent d'une certaine façon à la folie. Est-ce que la rationalité et la mise en nombres et formules de la réalité qui pousse à cette folie, ou la folie est-elle une sorte de résistance à la rationalité devenue absurde par sa prétention de tout mettre en formules ou en chiffres ?
L'auteur donne des clés dans une postface. Qui est peut être la partie la plus ardue à lire, et au final la plus obscure. Le(s) sens du livre peuvent être déchiffrés de façons multiples et jamais complètement claires.
Gonçalo M. Tavares livre à son habitude un objet complexe, terrifiant et ludique à la fois. Très plaisant et facile à lire (enfin jusqu'à la postface) mais en même temps hermétique et dérangeant, par ses implications possibles.
Un homme court tous les matins autour d'un rond point. Jusqu'au jour, où, en courant dans le sens inverse à celui de la circulation, il se fait renverser et tuer par une voiture. Nous suivons ensuite l'homme qui l'a renversé, qui livre des colis, sauf que qu'il rencontre un soucis avec
celui à livrer à un certain Baumann : tous les immeubles dans sa rue portent le numéro 217...Nous passons d'un personnage à un autre, avec un mince fil conducteur qui relie à chaque fois les personnages les uns aux autres. Les personnages se suivent dans l'ordre alphabétique, et la plupart d'entre eux ont des noms à consonance juive.
Les récits auxquels donnent lieu les différents personnages se caractérisent par un certain absurde, en plus des deux premiers déjà cités, nous suivons par exemple Diamond, un homme qui s'obstine à enseigner jusqu'à la fin de l'année scolaire dans une école progressivement envahie par les ordures, Helsel qui essaie de rassembler la plus grande quantité possible de cafards dans un entrepôt etc.
Une sorte de logique de classification, de calcul, semble être un point commun entre les récits. Une logique et une classification comme viciées à la base, utilisées à des fins absurdes. Tous les personnages touchent d'une certaine façon à la folie. Est-ce que la rationalité et la mise en nombres et formules de la réalité qui pousse à cette folie, ou la folie est-elle une sorte de résistance à la rationalité devenue absurde par sa prétention de tout mettre en formules ou en chiffres ?
L'auteur donne des clés dans une postface. Qui est peut être la partie la plus ardue à lire, et au final la plus obscure. Le(s) sens du livre peuvent être déchiffrés de façons multiples et jamais complètement claires.
Gonçalo M. Tavares livre à son habitude un objet complexe, terrifiant et ludique à la fois. Très plaisant et facile à lire (enfin jusqu'à la postface) mais en même temps hermétique et dérangeant, par ses implications possibles.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4827
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Gonçalo M. Tavares
-Jérusalem-
Quel drôle de roman, assez inclassable et difficile à résumer. Pourtant on y suit une trame logique, la lecture est claire grâce aux chapitres très courts et classés du nom des personnages impliqués, et bien que l'auteur s'embarque dans des réflexions souvent restées brumeuses, on est malgré tout happé par la force et quelque chose de plus insidieux (l'effroi, son aspect retors) de ce texte.
Tout se passe en une nuit. Unité de temps, de lieu et d'action. Comme dans les tragédies antiques, les conditions sont réunies pour ce drame que l'on attend. Le début est d'ailleurs parlant. Un homme, Ernst, prêt à se jeter de la fenêtre, lorsqu'un coup de téléphone survient. Celui de son ex amante, Mylia, internée par son mari, Théodore Busbeck, éminent psychiatre et chercheur. Elle même est au bord du vide. Condamnée par les médecins, son appel désespéré est lancé alors qu'elle cherche une église en pleine nuit, fermée à cette heure tardive.
Tous deux ont eu un fils, Haas, enlevé très tôt par Thédore qui juge ses parents inaptes à son éducation. Lui est censé représenter non seulement le savoir, la science et donc la raison, mais aussi la morale ("Un homme qui ne cherche pas Dieu est fou" dit il) Ses travaux portent sur la recherche du Mal. Son but: établir une courbe des massacres perpétrés dans l'histoire, y trouver une régularité, en déduire une logique afin d'enrayer ce système et parvenir au bien être suprême.
Voilà pour l'essentiel. Autour, d'autres personnages gravitent et jouent avec le destin de ces acteurs principaux. Hinnerk Obst, traumatisé par la guerre et obnubilé par la violence, porte constamment une arme avec laquelle il joue. Ce fameux soir de mai, lorsqu'il sort, c'est pour rejoindre sa maitresse Hannah, la prostituée que Théodore attend, alors que Kaas réveillé en pleine nuit est parti le chercher.
Tous vont converger en un point central dont l'axe se résumerait peut-être à la violence, voulue ou subie. Mais pas que. Innocence, folie, morale, parfois bafouée, résilience, tous représentent à un moment l'un ou l'autre de ces aspects, tous en souffrent ou en jouent selon. Et c'est ce renversement des rôles qui interpelle et nous donne sans doute un semblant de réponse quant au désir de Théodore de maitriser le destin. On ne peut y arriver. Les limites du bien rejoignent celles du mal, et l'homme piégé dans sa liberté en vient à des conséquences absurdes, exactement contraires à celles qu'il combat.
C'est en gros ce que ce livre, tranchant et sec comme un coup de lame, autant que complexe, m'inspire. Je n'en ai pas saisi toutes les nuances, beaucoup ont dû m'échapper, et je comprends pourquoi interpelle-t'il tant @Arabella et plonge t'il @Domreader dans le doute. A lire à tête reposée, en y revenant, mais frustrant tant il peut laisser dans le flou. Intéressant oui, mais aussi un peu agaçant du coup. A relire?
Je voudrais que de ce travail résulte un graphique - un seul graphique qui résume, qui permette d'établir une relation entre l'horreur et le temps. Comprendre si l'horreur diminue au long des siècles ou augmente. Si elle est stable. Rends-toi compte que si je découvre que l'horreur a une certaine stabilité historique, qu'elle maintient certaines valeurs, disons, tous les cinq siècles, si je parviens à trouver une régularité, je me trouverai face à une découverte fondamentale. Je veux arriver à un graphique de ce qui s'est passé jusqu'ici - depuis que l'on a des récits historiques plus ou moins dignes de foi - dans les différents camps de concentration ou d'extermination - pas au cours de batailles, cela s'éloigne de ce que je veux faire -, pas question de conflits entre armées qui, pouvant être plus fortes ou plus faibles, doivent être tenues pour des forces, c'est-à-dire : des forces qui peuvent infliger des pertes significatives à l'autre côté. Ce que je veux étudier ce n'est pas cela, car alors on parle de combat et non d'horreur. Je veux seulement étudier les situations où l'une des parties n'avait nulle possibilité - nulle volonté même - d'infliger des pertes à l'autre partie, et où la partie forte, sans aucune justification - ou du moins sans cette grande justification qu'est la peur - a décimé la partie faible."
Quel drôle de roman, assez inclassable et difficile à résumer. Pourtant on y suit une trame logique, la lecture est claire grâce aux chapitres très courts et classés du nom des personnages impliqués, et bien que l'auteur s'embarque dans des réflexions souvent restées brumeuses, on est malgré tout happé par la force et quelque chose de plus insidieux (l'effroi, son aspect retors) de ce texte.
Tout se passe en une nuit. Unité de temps, de lieu et d'action. Comme dans les tragédies antiques, les conditions sont réunies pour ce drame que l'on attend. Le début est d'ailleurs parlant. Un homme, Ernst, prêt à se jeter de la fenêtre, lorsqu'un coup de téléphone survient. Celui de son ex amante, Mylia, internée par son mari, Théodore Busbeck, éminent psychiatre et chercheur. Elle même est au bord du vide. Condamnée par les médecins, son appel désespéré est lancé alors qu'elle cherche une église en pleine nuit, fermée à cette heure tardive.
Tous deux ont eu un fils, Haas, enlevé très tôt par Thédore qui juge ses parents inaptes à son éducation. Lui est censé représenter non seulement le savoir, la science et donc la raison, mais aussi la morale ("Un homme qui ne cherche pas Dieu est fou" dit il) Ses travaux portent sur la recherche du Mal. Son but: établir une courbe des massacres perpétrés dans l'histoire, y trouver une régularité, en déduire une logique afin d'enrayer ce système et parvenir au bien être suprême.
Voilà pour l'essentiel. Autour, d'autres personnages gravitent et jouent avec le destin de ces acteurs principaux. Hinnerk Obst, traumatisé par la guerre et obnubilé par la violence, porte constamment une arme avec laquelle il joue. Ce fameux soir de mai, lorsqu'il sort, c'est pour rejoindre sa maitresse Hannah, la prostituée que Théodore attend, alors que Kaas réveillé en pleine nuit est parti le chercher.
Tous vont converger en un point central dont l'axe se résumerait peut-être à la violence, voulue ou subie. Mais pas que. Innocence, folie, morale, parfois bafouée, résilience, tous représentent à un moment l'un ou l'autre de ces aspects, tous en souffrent ou en jouent selon. Et c'est ce renversement des rôles qui interpelle et nous donne sans doute un semblant de réponse quant au désir de Théodore de maitriser le destin. On ne peut y arriver. Les limites du bien rejoignent celles du mal, et l'homme piégé dans sa liberté en vient à des conséquences absurdes, exactement contraires à celles qu'il combat.
C'est en gros ce que ce livre, tranchant et sec comme un coup de lame, autant que complexe, m'inspire. Je n'en ai pas saisi toutes les nuances, beaucoup ont dû m'échapper, et je comprends pourquoi interpelle-t'il tant @Arabella et plonge t'il @Domreader dans le doute. A lire à tête reposée, en y revenant, mais frustrant tant il peut laisser dans le flou. Intéressant oui, mais aussi un peu agaçant du coup. A relire?
Aeriale- Messages : 11968
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Gonçalo M. Tavares
Il interroge c'est certain, plus qu'il n'apporte de certitudes. J'aime bien ces interrogations après la lecture, et un jour l'envie de le reprendre.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4827
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Gonçalo M. Tavares
Mythologies
Il est très difficile de résumer, de raconter ce livre. Il a paru en deux volumes distincts au Portugal, « La Femme sans tête et l'Homme au mauvais oeil » en 2017, puis « Cinq enfants, cinq souris » en 2018. L'édition française rassemble les deux textes, qui semblent en effet s'emboîter, certains personnages circulant de l'un à l'autre.
Le livre est composé de chapitres, décomposés en parties, très courts pour certains. C'est une sorte de mosaïque, de jeu de puzzle, de devinette. de labyrinthe peut-être, qui est présent au début du livre, ou de combinatoire, l'auteur étant semble-t-il féru de mathématiques. Des scènes, des images, des personnages, nous occupent quelque temps, jamais très longtemps, dans des situations étranges, incongrues, jamais complètement explicites. L'écriture et un certain nombre d'éléments rappelle l'univers des contes, de celui du Petit Poucet par exemple. Mais la Femme-sans-tête, pour retrouver son chemin dans le labyrinthe, sème non pas des petits cailloux, mais son sang, qui goutte de son cou, sa tête ayant été coupée. Ce sont donc des contes encore plus cruels que les contes qu'on raconte aux enfants.
Mais cet univers des contes, est croisé avec celui de l'histoire, aussi cruelle que l'univers imaginaire des contes. Là aussi les récits font remonter des réminiscence, déclenchent des associations d'idées. Il y a une ou des révolutions, on pense à la Révolution française, mais aussi la russe, il y a d'ailleurs un jeune homme appelé Moscou, la chinoise etc. Et aussi l'histoire des sciences et de la techniques, des machines, en particulier celles destinées à maîtriser les hommes, comme celle conçue pour enlever un morceau dans le crâne des hommes catalogués comme fous, activité à laquelle s'applique ce brave docteur Charcot. Certains de ces hommes ont été rendus fous par les machines, comme ceux qui ont pris le train, dont la vitesse provoque de néfastes effets. La science et l'histoire produisent aussi de récits, des mythologies, pour reprendre le titre du livre, qui obéissent aux même règles que les contes. Et il y en est de même pour la religion, semble suggérer Tavares.
Sous des apparences ludiques, par le biais d'un récit alerte, voire par moments amusant, l'auteur dresse un portrait terrifiant, d'une humanité vivant ses pires cauchemars, qu'elle produit elle-même. le plus terrifiant étant une forme de plaisir, que les personnages du livre semblent éprouver, et auquel le lecteur ne peut échapper, tant Tavares, par son écriture et la manière dont il agence ses contes, nous captive, nous entraîne, nous fait voir des visages monstrueux de l'humanité, dans un sorte de jeu, de ronde infernale, mais qu'il n'est pas possible de quitter, une fois entamée.
C'est du très grand art, quelque chose de magistral, même si terriblement inquiétant.
Il est très difficile de résumer, de raconter ce livre. Il a paru en deux volumes distincts au Portugal, « La Femme sans tête et l'Homme au mauvais oeil » en 2017, puis « Cinq enfants, cinq souris » en 2018. L'édition française rassemble les deux textes, qui semblent en effet s'emboîter, certains personnages circulant de l'un à l'autre.
Le livre est composé de chapitres, décomposés en parties, très courts pour certains. C'est une sorte de mosaïque, de jeu de puzzle, de devinette. de labyrinthe peut-être, qui est présent au début du livre, ou de combinatoire, l'auteur étant semble-t-il féru de mathématiques. Des scènes, des images, des personnages, nous occupent quelque temps, jamais très longtemps, dans des situations étranges, incongrues, jamais complètement explicites. L'écriture et un certain nombre d'éléments rappelle l'univers des contes, de celui du Petit Poucet par exemple. Mais la Femme-sans-tête, pour retrouver son chemin dans le labyrinthe, sème non pas des petits cailloux, mais son sang, qui goutte de son cou, sa tête ayant été coupée. Ce sont donc des contes encore plus cruels que les contes qu'on raconte aux enfants.
Mais cet univers des contes, est croisé avec celui de l'histoire, aussi cruelle que l'univers imaginaire des contes. Là aussi les récits font remonter des réminiscence, déclenchent des associations d'idées. Il y a une ou des révolutions, on pense à la Révolution française, mais aussi la russe, il y a d'ailleurs un jeune homme appelé Moscou, la chinoise etc. Et aussi l'histoire des sciences et de la techniques, des machines, en particulier celles destinées à maîtriser les hommes, comme celle conçue pour enlever un morceau dans le crâne des hommes catalogués comme fous, activité à laquelle s'applique ce brave docteur Charcot. Certains de ces hommes ont été rendus fous par les machines, comme ceux qui ont pris le train, dont la vitesse provoque de néfastes effets. La science et l'histoire produisent aussi de récits, des mythologies, pour reprendre le titre du livre, qui obéissent aux même règles que les contes. Et il y en est de même pour la religion, semble suggérer Tavares.
Sous des apparences ludiques, par le biais d'un récit alerte, voire par moments amusant, l'auteur dresse un portrait terrifiant, d'une humanité vivant ses pires cauchemars, qu'elle produit elle-même. le plus terrifiant étant une forme de plaisir, que les personnages du livre semblent éprouver, et auquel le lecteur ne peut échapper, tant Tavares, par son écriture et la manière dont il agence ses contes, nous captive, nous entraîne, nous fait voir des visages monstrueux de l'humanité, dans un sorte de jeu, de ronde infernale, mais qu'il n'est pas possible de quitter, une fois entamée.
C'est du très grand art, quelque chose de magistral, même si terriblement inquiétant.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4827
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Gonçalo M. Tavares
Monsieur Brecht et le succès
Il s'agit d'un autre livre se passant au Quartier, cet endroit imaginaire dans lequel Tavares place quelques écrivains défunts et imagine des récits autour de leurs personnages. Ici, nous assistons à une sorte de conférence, nous sommes dans une salle et « Bien que la salle fût pratiquement vide, monsieur Brecht commença à raconter ses histoires ».
Il s'agit de textes très courts, certains ne font que quelques lignes, parfois une page ou à peine plus. C'est assez cruel dans l'ensemble, il y a une sorte de violence institutionnelle pour utiliser une expression dans l'air du temps, mais qui résume pas trop mal ce qui nous est donné à lire.
Par exemple :
Mesures arithmétiques
Le gouvernement corrigeait les déséquilibres sociaux par un rééquilibrage numérique : aux côtés de chaque pauvre, il plaçait deux sentinelles.
On peut donc dire que les textes ont une dimension politique, ce qui nous rapproche de Brecht. Mais un côté absurde, décalé, métaphorique est toujours présent, fidèle à ce qu'écrit d'habitude Tavares. Ici c'est moins doux que chez Monsieur Valéry, mais c'est sans aucun doute intentionnel, l'auteur semble vouloir coller à quelque chose qui existe chez les auteurs qu'il prend comme personnage de son Quartier imaginaire.
Encore un excellent livre.
Il s'agit d'un autre livre se passant au Quartier, cet endroit imaginaire dans lequel Tavares place quelques écrivains défunts et imagine des récits autour de leurs personnages. Ici, nous assistons à une sorte de conférence, nous sommes dans une salle et « Bien que la salle fût pratiquement vide, monsieur Brecht commença à raconter ses histoires ».
Il s'agit de textes très courts, certains ne font que quelques lignes, parfois une page ou à peine plus. C'est assez cruel dans l'ensemble, il y a une sorte de violence institutionnelle pour utiliser une expression dans l'air du temps, mais qui résume pas trop mal ce qui nous est donné à lire.
Par exemple :
Mesures arithmétiques
Le gouvernement corrigeait les déséquilibres sociaux par un rééquilibrage numérique : aux côtés de chaque pauvre, il plaçait deux sentinelles.
On peut donc dire que les textes ont une dimension politique, ce qui nous rapproche de Brecht. Mais un côté absurde, décalé, métaphorique est toujours présent, fidèle à ce qu'écrit d'habitude Tavares. Ici c'est moins doux que chez Monsieur Valéry, mais c'est sans aucun doute intentionnel, l'auteur semble vouloir coller à quelque chose qui existe chez les auteurs qu'il prend comme personnage de son Quartier imaginaire.
Encore un excellent livre.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4827
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Gonçalo M. Tavares
Tiens.. un auteur qui demande de l’attention, assez complexe mais qui questionne et nous force à nous interroger nous mêmes.
Ce dernier thème me parle moins ceci dit, mais j’aimerais bien le relire, pour voir.
Ce dernier thème me parle moins ceci dit, mais j’aimerais bien le relire, pour voir.
Aeriale- Messages : 11968
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Gonçalo M. Tavares
L'os du milieu
D'après la quatrième de couverture, ce livre fait partie d'un cycle, celui du Royaume, dont l'auteur a livré 4 opus, il y a un certain temps déjà et que l'on pensait achevé. Tavares qui un auteur très cérébral, range ses livres dans des sortes de cycles, même s'il n'y a pas de personnages, de lieux ou de situations qui reviennent. Ce qui caractérise le cycle du Royaume, est une grande noirceur, une grande violence et peut-être aussi un cadre urbain déshumanisé.
Cet opus n'échappe pas à cette description. Nous suivons successivement quatre personnages dont les chemins se croisent, trois hommes et une femme. Entre Kahnnak l'assassin violeur, Vassliss Rânia le boucher, Dr Albert Mulder voyeur pédophile et Maria Llurbai, la femme, qui semble être la victime (mais l'est-elle vraiment) nous sommes devant une brochette de personnages troubles, solitaires, pour lesquels le mot bonheur ne semble avoir aucun sens. La ville les a avalé et ils y traînent leur vacuité douloureuse et auto-destructrice.
Même si nous sommes dans le même univers que dans les autres tomes du cycle du Royaume, celui-ci manque à mon sens d'une forme de dépassement des individus dans une vision plus large, dans une dynamique plus globale. Ici nous avons à faire à des pauvres gens, qui ne comprennent pas ce qui les meut. Ils agissent presque par des sortes de réflexes, mais les conditionnements qui auraient pu les expliquer manquent. C'est au final assez terrifiant, même si les métaphores, les aphorismes, comme souvent chez Tavares, font souvent mouche et font gamberger le lecteur pour leur donner du sens. Je n'ai pas pu m'empêcher de trouver quelque chose de presque gratuit à tout cette accumulation de noirceur et suis restée un peu sur le bord du chemin, pour la première fois avec cet auteur. Ce n'était peut-être pas le bon moment.
D'après la quatrième de couverture, ce livre fait partie d'un cycle, celui du Royaume, dont l'auteur a livré 4 opus, il y a un certain temps déjà et que l'on pensait achevé. Tavares qui un auteur très cérébral, range ses livres dans des sortes de cycles, même s'il n'y a pas de personnages, de lieux ou de situations qui reviennent. Ce qui caractérise le cycle du Royaume, est une grande noirceur, une grande violence et peut-être aussi un cadre urbain déshumanisé.
Cet opus n'échappe pas à cette description. Nous suivons successivement quatre personnages dont les chemins se croisent, trois hommes et une femme. Entre Kahnnak l'assassin violeur, Vassliss Rânia le boucher, Dr Albert Mulder voyeur pédophile et Maria Llurbai, la femme, qui semble être la victime (mais l'est-elle vraiment) nous sommes devant une brochette de personnages troubles, solitaires, pour lesquels le mot bonheur ne semble avoir aucun sens. La ville les a avalé et ils y traînent leur vacuité douloureuse et auto-destructrice.
Même si nous sommes dans le même univers que dans les autres tomes du cycle du Royaume, celui-ci manque à mon sens d'une forme de dépassement des individus dans une vision plus large, dans une dynamique plus globale. Ici nous avons à faire à des pauvres gens, qui ne comprennent pas ce qui les meut. Ils agissent presque par des sortes de réflexes, mais les conditionnements qui auraient pu les expliquer manquent. C'est au final assez terrifiant, même si les métaphores, les aphorismes, comme souvent chez Tavares, font souvent mouche et font gamberger le lecteur pour leur donner du sens. Je n'ai pas pu m'empêcher de trouver quelque chose de presque gratuit à tout cette accumulation de noirceur et suis restée un peu sur le bord du chemin, pour la première fois avec cet auteur. Ce n'était peut-être pas le bon moment.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4827
Date d'inscription : 29/11/2016
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