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Ariana Harwicz

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Message par Queenie Dim 1 Mar - 14:17

Ariana Harwicz
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Ariana Harwicz est née à Buenos Aires en 1977. Après des études de cinéma et de dramaturgie en Argentine puis de littérature comparée à la Sorbonne, elle choisit définitivement la France comme pays d’adoption, et réside aujourd’hui près de Sancerre. Elle est l’auteure de pièces de théâtre et de quatre romans qui l’ont révélée dans le monde entier comme le nouveau prodige de la jeune littérature argentine. Publié dans une quinzaine de pays et sélectionné pour l’International Booker Prize en 2018, Crève, mon amour est son premier roman traduit en France.

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Message par Queenie Dim 1 Mar - 15:03

Crève, mon amour
(Ed. Seuil. Trad. Isabelle Gugnon)

Ariana Harwicz 14249710

Dans un coin de campagne perdu, une jeune femme lutte contre ses démons : l’ennui des jours, le tourment des nuits, le sentiment d’aliénation – à soi-même et au monde –, les pulsions de désir et de violence qui sans cesse l’assaillent et viennent peu à peu fissurer le tableau d’une vie domestique en apparence sans histoires. On la trouve instable, ingérable ; on l’appelle l’étrangère ; l’hystérique ; la folle. Et de fait, la folie est là, tapie dans les ombres du quotidien, prête à fondre à tout moment sur cette femme brûlant de liberté mais corsetée par les rôles contradictoires que la société des hommes et le carcan de la famille entendent lui faire jouer – celui d’épouse dévouée, de mère attentionnée, mais aussi celui de sorcière et de putain, éternellement jetée en pâture à la vindicte autant qu’à la concupiscence.

Monologue plein de rage et de rire noir, torrent de verbe dont le flot poétique et brutal, traversé de visions fulgurantes, brise toutes les idoles et met à mal toutes les conceptions figées dans lesquelles notre monde patriarcal s’échine à enfermer les femmes, Crève, mon amour est un roman d’une insolence radicale et incorruptible. Qu’elle heurte jusqu’à l’insoutenable ou qu’elle séduise jusqu’à l’envoûtement, cette nouvelle voix puissante ne pourra en tout cas laisser personne indifférent.

Au temps vous dire que c'était vraiment dur à lire. Être dans la tête de cette femme, étouffée, épuisée, en colère, avec de rares moments de répit. Un rapport à la nature qui pourrait être salvateur, mais qui ne suffit pas dans un monde où il faut toujours revenir au rôle qu'on lui impose, duquel elle ne parvient pas à sortir.

Troublant, dérangeant, violent. Lire ce livre c'est ne pas savoir où on est et où on va. C'est être parfois plongée dans des scènes d'un quotidien bien réel, palpable, et étouffantes pour la narratrice, à des moments délirants, à la violence contenue et fantasmée.

L'écriture est complexe, dense, à suivre (ou se perdre) les pensées d'une femme qui ne supporte plus son existence, de femme, d'épouse, de mère...

Extrait :
Je me suis allongée sur l'herbe au milieu des arbres abattus et le soleil brûlant contre ma paume m'a donné l'impression de tenir un couteau avec lequel me saigner d'un coup sec à la jugulaire. Derrière moi dans le décor d'une maison à la fois délabrée et accueillante j'entendais les vois de mon fils et de mon mari. Tous les deux à poil. Tous les deux en train de barboter dans la piscine en plastique bleu remplie d'une eau à trente-cinq degrés. C'était un dimanche, la veille d'un jour férié. J'étais à quelques pas d'eux, cachée dans les broussailles. Je les épiais. Comment une femme faible et malade comme moi qui rêve d'avoir un couteau à la main pouvait être la mère et la femme de ces deux individus ? Qu'allais-je faire ? Je me suis cachée en m'enfonçant plus profondément dans la terre. Je ne le tuerais pas. J'ai laissé tomber le couteau. Suis allée étendre le linge comme si de rien n'était. J'ai soigneusement disposé sur le fil les chaussettes de mon bébé et de mon homme. Les slips et les chemises. Je me suis vue comme une bonne péquenaude ignare qui pend le linge et s'essuie les mains sur sa jupe avant d'entrer dans la cuisine. Ils n'ont rien remarqué. L'opération longe a été un succès. Je suis retournée m'allonger entre les troncs.

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