Chahdortt Djavann
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Chahdortt Djavann

Chahdortt Djavann est née en 1967 en Iran et vit depuis 1993 à Paris où elle a étudié l'anthropologie. Elle est romancière et essayiste de langue française, et de nationalité française.
Le père de Chahdortt Djavann était un grand féodal d’Azerbaïdjan. Il fut emprisonné et tous ses biens furent confisqués. Il a élevé sa fille « dans l'amour des livres et la détestation des mollahs ». Après la Révolution islamiste iranienne, elle est forcée d'arrêter de lire de grands auteurs français pour étudier le Coran et elle est voilée de force. En juin 1980, alors qu'elle a 13 ans, elle est incarcérée trois semaines pour avoir manifesté contre le régime. Elle est tabassée et a deux côtes cassées. Elle arrive en France en 1993 sans être francophone. Elle fait l’auto-apprentissage du français (en étudiant les manuels de Lagarde et Michard, en lisant d’un bout à l’autre le Robert et les œuvres de André Gide, de Maupassant, de Camus, de Gide, de Romain Gary). Le français est la septième langue qu'elle pratique, elle fait des petits boulots, une tentative de suicide, puis commence des études universitaires en psychologie et en anthropologie.
Oeuvres:
Je viens d’ailleurs
Bas les voiles !
Que pense Allah de l’Europe ?
Autoportrait de l’autre
Comment peut-on être français ?
A mon corps défendant,
La Muette
Ne négociez pas avec le régime iranien
Je ne suis pas celle que je suis, éd. Flammarion
La Dernière Séance
Big Daddy
Les putes voilées n'iront jamais au paradis !
Comment lutter efficacement contre l'idéologie islamique
Pia- Messages : 106
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 55
Localisation : Utrecht
Re: Chahdortt Djavann
Comment peut-on être Français?
Elle (quand je dis « elle » je parle de Roxane) a des mots très durs sur son pays. On peut comprendre quand on lit ce qui lui arrive. Il y a peu de nostalgie, même si, la solitude qu’elle ressent à Paris la rapproche de ce qu’elle connait comme faisant partie d’elle-même, de son identité, qu’elle ne pourra jamais changée. Elle dit d’ailleurs qu’à Paris elle est Iranienne, alors qu’en Iran, elle était elle-même sans se poser de questions. Mais elle rejette l’Iran, pour sa tyrannie vis-à-vis des femmes, pour son contrôle permanent sur elles, pour le manque de liberté, pour la violence des hommes, pour l’ignorance dans laquelle la population est maintenue. Son personnage de Roxane est plus jeune qu’elle, elle est née plus tard, mais en ayant lu sa biographie, je me dis qu’elle parle un peu d’elle-même. Les études, les petits boulots, la tentative de suicide. Le père, qui est celui qui va la sauver en lui permettant de partir à Paris. Dans la vie de Djavann, le père s’est révolté contre le régime des Mollahs, il aimait lire et avait été un personnage influent. Dans le bouquin on retrouve ces composantes.
Quand Roxane arrive à Paris, elle est comme beaucoup d’étrangers qui ont idéalisé le pays dans lequel ils vont habiter. Sauf que pour elle, il y a une couche supplémentaire. Elle n’a jamais été nulle part quand elle était petite, sa vie se passait entre les quatre murs de sa maison, entourée d’une famille nombreuse qui ne s’apercevait pas de sa présence. Elle trouvait son échappatoire dans la lecture. Activité que sa famille réprouvait silencieusement. Devenue femme, elle ne pouvait ni voyager, ni se déplacer sans la présence d’un homme. Les gardiens de la morale Islamique veillaient et surveillaient. Sauf que ces « gardiens » n’avaient pas de moralité, étaient ignorants et profitaient de la situation. Ce qui amène Roxane a fuir son Pays.
Les premiers temps, elle vit comme dans un rêve. La misère qui règne en Iran, le manque de tout, la font s’extasier dans les rayons des supermarchés. Elle se balade dans les rues de Paris, goute à la liberté de s’asseoir toute seule à la terrasse d’un café pour commander un verre de vin. Puis la réalité la rattrape. Elle se heurte à la mentalité des Français si différente de la sienne. Elle se dit que les Française respire la liberté de la naissance à la vie adulte. Elle ne sait pas quoi faire de cette liberté qu’elle ne connait pas, elle ne sait pas comment réagir. Les gens autour d’elle, fortement individualistes, continuent à vivre en parallèle et elle se sent seule. Pourtant elle finit par s’en sortir. Les petits boulots, les études. Elle fait tout pour maitriser le Français. Elle recopie, elle récite des heures entières, elle lit, un dictionnaire sous la main, elle l’emmène d’ailleurs partout avec elle pour chercher un mot immédiatement. Mais la solitude reste et elle ne se sent pas assez proche de qui que ce soit pour parler de ses combats intérieurs. Alors elle écrit à Montesquieu des lettres qu’elle envoie aux quatre coins de Paris. Lettres qui lui reviennent non lues naturellement. Mais ça l’aide à voir plus clair, à exprimer ses colères et ses doutes. Un jour elle est arrêtée par la police pour avoir roulé en vélo en sens contraire. Elle n’a pas sa carte de séjour sur elle et se retrouve dans une cellule. Son passé lui revient brutalement et elle perd les pédales.
Elle écrit bien Chahdortt Djavann. Ce qui est une performance quand on sait qu’elle est arrivé en France il y a un peu plus de dix ans. Elle a beaucoup d’humour. C’est une militante, une révoltée qui ne fera pas de compromis. C’est une femme éprise de liberté, un caractère fort qui déjà enfant avait le courage de ses convictions.
Elle (quand je dis « elle » je parle de Roxane) a des mots très durs sur son pays. On peut comprendre quand on lit ce qui lui arrive. Il y a peu de nostalgie, même si, la solitude qu’elle ressent à Paris la rapproche de ce qu’elle connait comme faisant partie d’elle-même, de son identité, qu’elle ne pourra jamais changée. Elle dit d’ailleurs qu’à Paris elle est Iranienne, alors qu’en Iran, elle était elle-même sans se poser de questions. Mais elle rejette l’Iran, pour sa tyrannie vis-à-vis des femmes, pour son contrôle permanent sur elles, pour le manque de liberté, pour la violence des hommes, pour l’ignorance dans laquelle la population est maintenue. Son personnage de Roxane est plus jeune qu’elle, elle est née plus tard, mais en ayant lu sa biographie, je me dis qu’elle parle un peu d’elle-même. Les études, les petits boulots, la tentative de suicide. Le père, qui est celui qui va la sauver en lui permettant de partir à Paris. Dans la vie de Djavann, le père s’est révolté contre le régime des Mollahs, il aimait lire et avait été un personnage influent. Dans le bouquin on retrouve ces composantes.
Quand Roxane arrive à Paris, elle est comme beaucoup d’étrangers qui ont idéalisé le pays dans lequel ils vont habiter. Sauf que pour elle, il y a une couche supplémentaire. Elle n’a jamais été nulle part quand elle était petite, sa vie se passait entre les quatre murs de sa maison, entourée d’une famille nombreuse qui ne s’apercevait pas de sa présence. Elle trouvait son échappatoire dans la lecture. Activité que sa famille réprouvait silencieusement. Devenue femme, elle ne pouvait ni voyager, ni se déplacer sans la présence d’un homme. Les gardiens de la morale Islamique veillaient et surveillaient. Sauf que ces « gardiens » n’avaient pas de moralité, étaient ignorants et profitaient de la situation. Ce qui amène Roxane a fuir son Pays.
Les premiers temps, elle vit comme dans un rêve. La misère qui règne en Iran, le manque de tout, la font s’extasier dans les rayons des supermarchés. Elle se balade dans les rues de Paris, goute à la liberté de s’asseoir toute seule à la terrasse d’un café pour commander un verre de vin. Puis la réalité la rattrape. Elle se heurte à la mentalité des Français si différente de la sienne. Elle se dit que les Française respire la liberté de la naissance à la vie adulte. Elle ne sait pas quoi faire de cette liberté qu’elle ne connait pas, elle ne sait pas comment réagir. Les gens autour d’elle, fortement individualistes, continuent à vivre en parallèle et elle se sent seule. Pourtant elle finit par s’en sortir. Les petits boulots, les études. Elle fait tout pour maitriser le Français. Elle recopie, elle récite des heures entières, elle lit, un dictionnaire sous la main, elle l’emmène d’ailleurs partout avec elle pour chercher un mot immédiatement. Mais la solitude reste et elle ne se sent pas assez proche de qui que ce soit pour parler de ses combats intérieurs. Alors elle écrit à Montesquieu des lettres qu’elle envoie aux quatre coins de Paris. Lettres qui lui reviennent non lues naturellement. Mais ça l’aide à voir plus clair, à exprimer ses colères et ses doutes. Un jour elle est arrêtée par la police pour avoir roulé en vélo en sens contraire. Elle n’a pas sa carte de séjour sur elle et se retrouve dans une cellule. Son passé lui revient brutalement et elle perd les pédales.
Elle écrit bien Chahdortt Djavann. Ce qui est une performance quand on sait qu’elle est arrivé en France il y a un peu plus de dix ans. Elle a beaucoup d’humour. C’est une militante, une révoltée qui ne fera pas de compromis. C’est une femme éprise de liberté, un caractère fort qui déjà enfant avait le courage de ses convictions.
Pia- Messages : 106
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 55
Localisation : Utrecht
Re: Chahdortt Djavann
merci Pia de ton commentaire.
J'avais beaucoup aimé Je ne suis pas celle que je suis; du coup, je remets le livre dont tu parles dans mes priorités!
J'avais beaucoup aimé Je ne suis pas celle que je suis; du coup, je remets le livre dont tu parles dans mes priorités!
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Luciole- Messages : 1000
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 47
Localisation : France - Pays de la Loire
Re: Chahdortt Djavann
Pia a écrit:Elle écrit bien Chahdortt Djavann. Ce qui est une performance quand on sait qu’elle est arrivé en France il y a un peu plus de dix ans. Elle a beaucoup d’humour. C’est une militante, une révoltée qui ne fera pas de compromis. C’est une femme éprise de liberté, un caractère fort qui déjà enfant avait le courage de ses convictions.
C'est tout à fait vrai, je l'avais rencontrée lors de la présentation de La muette, à ma librairie (Il y a donc un moment) et elle m'avait paru très engagée, très fidèle à ses convictions aussi dans sa vie réelle. Une femme entière et passionnée, avec une forte personnalité.
Cela se ressent dans son écriture, à qui certains peuvent trouver un manque de nuance. Mais j'aime bien ce type de femme.
Il faudra que je retrouve mon commentaire, au moins pour mieux me remémorer le roman!
Aeriale- Messages : 10768
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Chahdortt Djavann
oui c'est vrai elle ne mâche pas ses mots et comme tu dis certains lui reproche son manque de nuances. Elle semble très attachée à sa liberté, ce que je peux comprendre. J'imagine que son père a été son exemple. Je suis impressionnée par ce qu'elle a réussi depuis qu'elle est arrivée en France. En ne connaissant pas la langue....Incroyable.
Pia- Messages : 106
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 55
Localisation : Utrecht
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