Richard Krawiec

Paria





Ancien maire d’une petite ville américaine, Stewart Rome se rappelle le sordide fait divers qui a bouleversé sa vie alors qu’il n’était encore qu'un gamin timide et empoté. En 1967, on retrouvait Masha, la fille dont il était fou amoureux, sauvagement agressée dans le sous-sol de son lycée. Un adolescent noir échouait rapidement en prison. Était-il coupable ? De quoi se souvient réellement Stewart, narrateur trouble et manipulateur ?

Paria parle de l’adolescence, de ses émotions incandescentes et des choix draconiens qu’elle implique. Loin du flower power et des luttes sociales que l’on associe ordinairement aux années 1960, c’est une autre Amérique qui se dévoile : celle de la famille ouvrière, du racisme, de l’addiction, qui punit les femmes tentées de s’émanciper. Une société minée par la peur, qui se nourrit de ses parias pour tâcher de survivre.


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L'auteur a fait le choix de quelques quelques courts chapitres qui entrecoupent le récit, dans lesquels Stewart s'adresse au lecteur, et se livre à une analyse presque sociologique de ce qui contribue à la construction de la violence qui va déferler dans ce « fait-divers », mais aussi des mécaniques aboutissant à l'exclusion, au racisme.
Mais principalement, nous allons le suivre enfant puis adolescent, au plus près de son quotidien, la famille qui dysfonctionne, le père violent, la mère résignée, les amitiés d'enfant et leurs trahisons, les mauvais chemins pris à l'adolescence avec tous ses questionnements et les souvent mauvaises réponses...
J'ai été scotché par ce roman, que j'ai dévoré d'une traite, impossible de le lâcher. Quelle puissance, quelle originalité dans le choix narratif de placer Stewart en narrateur. Jusqu'au bout, alors que la tension monte de page en page (on sait évidemment que le drame va se produire puisqu'il est annoncé dès le premier chapitre), par la voix de Stewart, tout va être passé en revue, décortiqué, mais arriverons-nous pour autant à la vérité ? Quelle vérité ?...
Ce roman, c'est un choc, c'est assurément violent, noir mais tellement beau malgré tout.

Un coup de cœur pour un livre coup de poing.

J’avais raté ce fil, merci pour cette présentation @Nightingale.

Tu as l’air emballé et je peux comprendre, vu ce sujet très fort et hélas toujours actuel. 

A retenir!

Ah oui, il a l'air top !

Vulnérables



Lorsque Madame Pike rentre du travail, elle trouve devant chez elle une estafette de police. Guidés par son mari, deux agents sont en train de constater les dégâts perpétrés dans la maison familiale. Cambriolée. Saccagée. Souillée. Le vieux couple est sous le choc. Leur fille, enceinte de neuf mois, demande à son grand frère Billy de leur venir en aide.
Quadragénaire à la vie en miettes qui n’a pas vu ses parents depuis plusieurs années, Billy revient donc en ville. Sans trop savoir pourquoi. Lui, l’ancien délinquant qui a braqué tant de maisons, se retrouve à devoir veiller sur son père et sa mère, traumatisés. Et à retourner dans la ville qui l’a vu basculer.
Partant de cette simple histoire de cambriolage, Richard Krawiec met le doigt où ça fait mal, et décompose méticuleusement les secrets troubles et les terreurs enfouies d’une famille moyenne américaine. Une plongée dans les entrailles sombres d’un pays renfermé sur lui-même, gangrené par la paranoïa et rongé par le malaise.

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Billy est un homme à la dérive, dont l'existence a été jalonnée de combines, braquages, cambriolages, de violence bien sûr. Il a déjà connu la prison. Il ne tient pas ses boulots, ses petites amies le fuient...
Le voilà contraint de revenir dans la ville qui l'a vu grandir, dans la ville qui l'a vu partir à la dérive bien des années plus tôt. Revenir chez ses parents avec qui la relation est ambivalente, eux se demandent sans cesse ce qu'ils ont raté avec Billy, ne comprennent pas sa vie. En même temps, il y a quelquechose de touchant, réellement tendre dans leur relation.
Ce retour, c'est pour Billy une sorte de double quête : une mission, et peut-être la recherche d'une forme de rédemption.
Ces quelques jours seront pour lui l'occasion de revenir sur son passé et son enfance (à ce sujet, un passage en particulier est vraiment glauque). Avec d'autres flashbacks sur sa vie, on comprend avec quoi Billy s'est construit, d'où lui vient cette violence dont il ne peut se départir.
Toutefois, je n'ai pas senti de voyeurisme dans la façon dont l'auteur amène tout ça. J'ai été touché par cet homme parfois très immature, irréfléchi, prisonnier d'un rôle que la société - et sa famille - lui ont assigné et dont il ne sait s'affranchir, mais aussi en quête de tendresse... qu'il trouvera peut-être au travers d'une nouvelle relation inattendue ?
Un scénario implacable, une histoire humaine forte ; encore un roman puissant.

Écrit à la fin des années 80, il semble que ce roman soit resté inédit, même aux États-Unis. L'auteur explique dans la préface les nombreux refus des éditeurs à l'époque.

Vulnérables, éditions Tusitala

Encore un thème fort, il donne bien envie cet auteur.

Il fallait le dénicher celui ci.Je n’en ai jamais entendu parler. Merci en tout cas, ça me dirait bien..

Je note ce nom et ces romans !