Akira Mizubayashi
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Akira Mizubayashi
Né le 5 Août 1951, Akira Mizubayashi est un écrivain japonais, d'expression japonaise et française. Il est également traducteur.
Après avoir étudié au Japon, il est venu en France en 1973 pour y suivre d'abord une formation de professeur de français (langue étrangère) puis il revient en 1979 en tant qu'élève à l'Ecole Normale Supérieure de Paris et fait une thèse sur Rousseau.
Il vit désormais à Tokyo, où il enseigne le français.
Source Babelio.
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"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" Jules Renard
Liseron- Messages : 4265
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Re: Akira Mizubayashi
Ame brisée
Un beau roman pour tous les amateurs de musique.
1938, Tokyo. Rei, 11 ans, assiste caché dans un placard, à l'arrestation en pleine répétition de son père violoniste.
Son tort ? Jouer avec trois autres musiciens chinois, alors que le Japon est en guerre contre la Chine. Il est déclaré traître à sa patrie et l'enfant ne le reverra plus.
Comment survivre à une telle perte, d'autant plus que le jeune garçon est déjà orphelin de sa mère ?
Il reste heureusement à Rei, le violon brisé de son père, qu'un des militaires, resté en arrière du groupe, lui remet après l'avoir découvert terrorisé dans sa cachette et lui avoir laissé la vie sauve.
Bien des années plus tard nous retrouvons Rei en France, sous un autre nom : Philippe, un ami de son père, l'a recueilli. Je n'en dirai pas beaucoup plus, mais devenu luthier, il va faire une rencontre décisive, qui lui permettra de renouer avec son passé, d'apprendre ce qui est arrivé à son père et de pouvoir enfin faire son deuil.
J'ai bien aimé ce livre, très bien écrit, sensible et baigné de musique, celle de Schubert et de Bach en particulier. Les personnages sont très attachants, certains ont des personnalités lumineuses, pleines d'humanité. Les pages consacrées à la lutherie et à l'archèterie sont intéressantes et évoquent bien la passion que ces artisans vouent à leur métier.
Dans son roman, Akira Mizubayashi crie son horreur des nationalismes exacerbés et des guerres meurtrières et livre un vibrant plaidoyer pour l'amour, l'amitié et la musique, qui transcendent (ou devraient transcender) les frontières.
Un récit, à la fois blanc et noir, avec une lumière au bout du tunnel.
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Liseron- Messages : 4265
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Re: Akira Mizubayashi
Tu confirmes tout le bien que j'en avais entendu ! Que de tentations, c'est sans fin.
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'La littérature est une maladie textuellement transmissible, que l'on contracte en général pendant l'enfance'. Jane Yolen.
domreader- Messages : 3574
Date d'inscription : 02/12/2016
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Re: Akira Mizubayashi
Une langue venue d'ailleurs
Dans ce livre, publié pour la première fois en 2010, Akira Mizubayashi raconte son rapport à la langue et aussi la culture française. C’est la lecture d’un texte d’Arimasa Mori qui est le déclencheur de son envie de se tourner vers le français, langue qu’il commencera à apprendre à 19 ans seulement, à l’université. Il aura ensuite l’opportunité d’obtenir une bourse de la France pour partir deux ans à Montpellier, dans une formation de professeur de français langue étrangère, puis après un retour au Japon, de revenir pour trois années encore à l’Ecole Normale Supérieure, avant de s’engager dans une carrière universitaire dans son pays, en temps que professeur et chercheur en français. C’est tout ce parcours, les difficultés de l’apprentissage, les barrières culturelles qui font que malgré toute la maîtrise il reste toujours quelque chose d’impénétrable dans une langue apprise à l’âge adulte, et malgré tout l’accomplissement de soi que lui a permis son choix de se consacrer à une langue étrangère. Il rend un hommage vibrant à son père, qui lui a permis par sa rigueur, mais aussi son ouverture d’esprit, de pouvoir s’engager dans le chemin qui lui convenait. Cette déclaration d’amour à langue française n’est pas passé inaperçue : le livre a été couronné par l’Académie française et par le prix de Rayonnement de la langue et de la littérature françaises.
C’est un livre très sympathique, bien écrit, même si certaines tournures ont un côté un peu précieux, voire suranné. Le plus intéressant pour moi, est la façon dont l’auteur parle de ses difficultés pour s’approprier certains aspects de la langue liées aux mentalités et à la culture de la vie quotidienne. Il ne suffit pas d’étudier, là il s’agit du vécu, et malgré toute la passion, on ne rattrape pas l’expérience de l’enfance et de l’adolescence. Il a presque plus de facilité à entrer dans Rousseau, dans des textes et mentalités éloignés dans le temps que dans la mentalité contemporaine. L’écartèlement entre deux cultures et surtout entre deux langues est aussi bien rendu.
Par moment j’ai trouvé quand même le livre un peu verbeux, et un peu trop appuyé. Par exemple toute la partie sur la manière de savoir quelle langue et à quel moment il utilise avec sa chienne, qu’il pense être devenue bilingue, m’a parue un peu forcée.
Cela me donne quand même l’envie de découvrir maintenant ses romans.
Dans ce livre, publié pour la première fois en 2010, Akira Mizubayashi raconte son rapport à la langue et aussi la culture française. C’est la lecture d’un texte d’Arimasa Mori qui est le déclencheur de son envie de se tourner vers le français, langue qu’il commencera à apprendre à 19 ans seulement, à l’université. Il aura ensuite l’opportunité d’obtenir une bourse de la France pour partir deux ans à Montpellier, dans une formation de professeur de français langue étrangère, puis après un retour au Japon, de revenir pour trois années encore à l’Ecole Normale Supérieure, avant de s’engager dans une carrière universitaire dans son pays, en temps que professeur et chercheur en français. C’est tout ce parcours, les difficultés de l’apprentissage, les barrières culturelles qui font que malgré toute la maîtrise il reste toujours quelque chose d’impénétrable dans une langue apprise à l’âge adulte, et malgré tout l’accomplissement de soi que lui a permis son choix de se consacrer à une langue étrangère. Il rend un hommage vibrant à son père, qui lui a permis par sa rigueur, mais aussi son ouverture d’esprit, de pouvoir s’engager dans le chemin qui lui convenait. Cette déclaration d’amour à langue française n’est pas passé inaperçue : le livre a été couronné par l’Académie française et par le prix de Rayonnement de la langue et de la littérature françaises.
C’est un livre très sympathique, bien écrit, même si certaines tournures ont un côté un peu précieux, voire suranné. Le plus intéressant pour moi, est la façon dont l’auteur parle de ses difficultés pour s’approprier certains aspects de la langue liées aux mentalités et à la culture de la vie quotidienne. Il ne suffit pas d’étudier, là il s’agit du vécu, et malgré toute la passion, on ne rattrape pas l’expérience de l’enfance et de l’adolescence. Il a presque plus de facilité à entrer dans Rousseau, dans des textes et mentalités éloignés dans le temps que dans la mentalité contemporaine. L’écartèlement entre deux cultures et surtout entre deux langues est aussi bien rendu.
Par moment j’ai trouvé quand même le livre un peu verbeux, et un peu trop appuyé. Par exemple toute la partie sur la manière de savoir quelle langue et à quel moment il utilise avec sa chienne, qu’il pense être devenue bilingue, m’a parue un peu forcée.
Cela me donne quand même l’envie de découvrir maintenant ses romans.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4799
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Akira Mizubayashi
On sent bien dans Ame brisée son intérêt pour les langues (à un moment il fait des comparaisons entre la langue japonaise et la langue française) et son amour des chiens !
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Liseron- Messages : 4265
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
Re: Akira Mizubayashi
En ce qui concerne les chiens, j'ai vu qu'il avait reçu le prix 30 millions d'amis .
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4799
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Akira Mizubayashi
Arabella a écrit:En ce qui concerne les chiens, j'ai vu qu'il avait reçu le prix 30 millions d'amis .
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“Il n’y a point de génie sans un grain de folie.” Aristote
Luciole- Messages : 1046
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 48
Localisation : France - Pays de la Loire
Re: Akira Mizubayashi
Dans les eaux profondes
Le bain japonais
Comme mentionné sur le fil des lectures, en voici le livre que j’ai lu de Akira Mizubayashi. Jamais fait de commentaire mais je l’ai repris et me suis bien rappelée de cette lecture.Présentation de l’éditeur
Sur le bain japonais. Il est au Japon un savoir-vivre raffiné, poétique, qui rend possible la rencontre de l'autre dans un cadre intime et bienveillant.
L'espace de la salle de bains, espace souvent anodin, ou exigu en Europe, est au Japon un lieu privilégié où le thème de l'intimité familiale ou amicale se manifeste mieux qu'ailleurs. Le bain japonais est un élément de civilisation, au même titre que la cérémonie de thé, les haïkus ou la voie des fleurs.
Si le bain est d'abord associé aux yeux d'un occidental à l'idée de propreté, il est au Japon un savoir-vivre raffiné, poétique, qui rend possible la rencontre de l'autre dans un cadre intime et bienveillant.
Comme Tanizaki, dans son Éloge de l'ombre, Akira nous livre dans cette évocation des eaux profondes, le secret d'un coeur japonais mais aussi la vigilance critique d'un homme de son temps dans un pays en crise.
Mais je sais aussi pourquoi je n’ai jamais parlé de cette plongée dans les eaux profondes. Comme le dit la présentation de l’éditeur, la différence entre l’Europe et le Japon pour traiter ce volet du bain est si énorme, difficile d’en dire plus.
Dans tous les romans d’auteurs japonais que j’ai lu, je pense dans 80 % de ceux-là, il y a la mention du bain. Ainsi je savais déjà qu’ils ont une toute autre relation avec ce moment dans l’eau que les Européens, p.ex.
Akira Mizubayashi en fait vraiment le tour. Ces souvenirs, les us et coutumes, on partage des moments dans et en dehors de l’eau avec lui. Mais il sait aussi emporter son lecteur dans d’autres domaines
pourquoi Clint Eastwood et son film Gran Torino se retrouvent dans ce livre, faut le lire
Il y a des années que j’avais lu Une langue venue d’ailleurs du même auteur. Ce retour vers lui pour ces eaux profondes était un bon choix.
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Life is a lot like Jazz
Best when you improvise
George Gershwin
Re: Akira Mizubayashi
Âme Brisée
Akira Mizubayashi
Je ne refait pas le résumé du livre qui a déjà été écrit plus haut.
J’ai vraiment bien aimé cette histoire d’enfance interrompue, celle du petit Rei qui voit son père violoniste disparaître pour toujours aux mains de la soldatesque japonaise et son magnifique violon piétiné par les mêmes soldats.
Un beau récit de reconstruction à travers l’art de la lutherie et de la musique qui traverse tout le roman. Une aventure humaine prenante et au final un joli roman.
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domreader- Messages : 3574
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Ile de France
Re: Akira Mizubayashi
Âme brisée
Tout a été dit déjà par @Liseron et @domreader.
J'ai retrouvé cette écriture douce et sensible de pas mal d'auteurs japonais (même si je ne prétends pas avoir une longue expérience).
De même, ici au travers de la musique, on retrouve aussi toute les questions de transmissions, d'héritages, et ces vies qui s'entrecroisent, avec en toile en fond les différents conflits et meurtrissures ancrées dans la mémoire des Japonais.
J'ai suivi avec passion ce cheminement par le biais de personnages qui n'étaient pas destinés à se (re)trouver.
Récemment sorti en poche, une occasion de ne pas passer à côté de ce très beau roman. Je ne vois pas comment on pourrait ne pas l'aimer. Il se dévore d'une traite.
Tout a été dit déjà par @Liseron et @domreader.
J'ai retrouvé cette écriture douce et sensible de pas mal d'auteurs japonais (même si je ne prétends pas avoir une longue expérience).
De même, ici au travers de la musique, on retrouve aussi toute les questions de transmissions, d'héritages, et ces vies qui s'entrecroisent, avec en toile en fond les différents conflits et meurtrissures ancrées dans la mémoire des Japonais.
J'ai suivi avec passion ce cheminement par le biais de personnages qui n'étaient pas destinés à se (re)trouver.
Récemment sorti en poche, une occasion de ne pas passer à côté de ce très beau roman. Je ne vois pas comment on pourrait ne pas l'aimer. Il se dévore d'une traite.
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Lire nuit gravement à la bêtise !
Nightingale- Messages : 2771
Date d'inscription : 09/12/2017
Age : 55
Localisation : Sur le bord de la marge
Re: Akira Mizubayashi
Contente que tu l’aies aimé !
Je l’ai proposé à mon club de lecture et tous les retours sont très positifs
Je l’ai proposé à mon club de lecture et tous les retours sont très positifs
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"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" Jules Renard
Liseron- Messages : 4265
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
Re: Akira Mizubayashi
Oui, pour l’instant il fait aussi l’unanimité autour de moi. J’y viendrai peut être un jour... Pas de suite!
Aeriale- Messages : 11830
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Akira Mizubayashi
Ame brisée
Le roman s'appuie sur une sorte de scène primitive, vécue par un jeune garçon à Tokyo en 1938. Les événements tragiques vont aboutir à la mort de son père et à la destruction du violon de ce dernier. Rei, le petit garçon, sera recueilli par un ami français de son père, Philippe, qui l'amènera en France, où celui qui va devenir Jacques, va faire sa vie. Sans oublier sa première existence : l'amour de la musique de son père l'a marqué à tout jamais et il va devenir un facteur de violons reconnu, avec comme obsession l'idée de redonner vie au violon brisé de son père. La rencontre avec une jeune violoniste japonaise va lui permettre de recoller les morceaux de sa vie cassée par les violences de l'histoire et des hommes.
L'objet du roman est tout à fait intéressant, surtout pour quelqu'un de passionné de musique comme moi. L'idée du pont entre les cultures, entre le Japon et la France et au-delà entre l'Orient et l'Occident est aussi stimulante, Akira Mizubayashi étant en quelque sorte la personne idéale pour cela, car Japonais de naissance, il a choisi le français pour écrire et construire son oeuvre. Néanmoins, je ne suis pas complètement convaincue par ce roman, un peu trop démonstratif à mon sens. Et il tire un peu trop sur la corde de l'émotion, le contexte est évidemment tragique, la figure du petit garçon touchante forcément, mais l'auteur rajoute encore dans le pathétique, avec de nombreux détails, n'hésite pas à créer des rencontres peu probables mais qui amènent un surcroît de scènes touchantes, dont certaines peu vraisemblables. Au final, ce qui m'aura le plus intéressé ce sont les pages consacrées au métier de luthier, au travail artisanal, à la petite ville de Mirecourt, le centre historique de la lutherie française.
Mais au vu des critiques enthousiastes ici ou ailleurs, c'est peut-être juste un livre qui ne correspond pas à ma sensibilité et il a indéniablement de grandes qualités, dont une écriture soignée ainsi qu'une construction rigoureuse.
Le roman s'appuie sur une sorte de scène primitive, vécue par un jeune garçon à Tokyo en 1938. Les événements tragiques vont aboutir à la mort de son père et à la destruction du violon de ce dernier. Rei, le petit garçon, sera recueilli par un ami français de son père, Philippe, qui l'amènera en France, où celui qui va devenir Jacques, va faire sa vie. Sans oublier sa première existence : l'amour de la musique de son père l'a marqué à tout jamais et il va devenir un facteur de violons reconnu, avec comme obsession l'idée de redonner vie au violon brisé de son père. La rencontre avec une jeune violoniste japonaise va lui permettre de recoller les morceaux de sa vie cassée par les violences de l'histoire et des hommes.
L'objet du roman est tout à fait intéressant, surtout pour quelqu'un de passionné de musique comme moi. L'idée du pont entre les cultures, entre le Japon et la France et au-delà entre l'Orient et l'Occident est aussi stimulante, Akira Mizubayashi étant en quelque sorte la personne idéale pour cela, car Japonais de naissance, il a choisi le français pour écrire et construire son oeuvre. Néanmoins, je ne suis pas complètement convaincue par ce roman, un peu trop démonstratif à mon sens. Et il tire un peu trop sur la corde de l'émotion, le contexte est évidemment tragique, la figure du petit garçon touchante forcément, mais l'auteur rajoute encore dans le pathétique, avec de nombreux détails, n'hésite pas à créer des rencontres peu probables mais qui amènent un surcroît de scènes touchantes, dont certaines peu vraisemblables. Au final, ce qui m'aura le plus intéressé ce sont les pages consacrées au métier de luthier, au travail artisanal, à la petite ville de Mirecourt, le centre historique de la lutherie française.
Mais au vu des critiques enthousiastes ici ou ailleurs, c'est peut-être juste un livre qui ne correspond pas à ma sensibilité et il a indéniablement de grandes qualités, dont une écriture soignée ainsi qu'une construction rigoureuse.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4799
Date d'inscription : 29/11/2016
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