Yu Xiuhua
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Yu Xiuhua

Yu Xiuhua élève des lapins. Elle a arrêté l'école au collège, est lourdement handicapée et elle est aujourd'hui la poétesse chinoise la plus célèbre au monde.
Fille unique de deux parents ouvriers agricoles, son destin était tout tracé : émigrer vers la ville pour devenir ouvrière à l'usine de Iphones de Foxconn.
Mais elle publie un jour sur son blog un court poème qui fait le buzz et signe avec un prestigieux éditeur.
Elle a aujourd'hui publié quatre recueils, tous des best-sellers.
Source : Editeur

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Best when you improvise
George Gershwin
Re: Yu Xiuhua

La femme sur le toit
D’abord la couverture… ensuite l’envie de découvrir cette poétesse…Présentation de l’éditeur
J'ai saisi avec force la chance de vivre une fois et cette chance unique je la chante, je la danse dit Yu Xiuhua dans un de ses poèmes car elle est toujours comme un oiseau sur un fil, prête à s'envoler, ou à tomber.
Chaque jour elle doit décider de vivre, de voir le jour se lever. Pour elle la beauté, la lumière du monde ne sont pas donnés mais à faire naître, jour après jour. Sa vie est si précaire, alors il lui faut faire preuve de volonté, de sauvagerie parfois. Écoutons sa voix au cœur battant témoigner du bonheur de s'être posée ici, moineau tenant le bleu du ciel dans son bec.
Dès le début j’ai adhéré, j’aime bien sa façon de créer des poèmes.
Je vais poster de temps en temps un de ses textes sur ce fil.
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George Gershwin
Re: Yu Xiuhua
je pense qu’il faut commencer avec l’amour
Je t’aime
chaque jour se cramponner, puiser l’eau, faire à manger, prendre en leur temps les
remèdes
s’exposer à la lumière quand
brille le soleil
sécher une peau d’orange
boire e alternant les feuilles à
infuser
chrysanthème, jasmin, rose, citron
leur beauté semble conduire vers
le printemps
c’est pourquoi je tasse encore et
encore
la neige dans mon cœur
parce qu’elle est trop pure, trop
proche du renouveau
dans la cour balayée, je lis ton
poème
notre condition humaine
incertaine comme un moineau
qui, furtif, vient de passer
tandis que brille la lumière
je ne suis pas douée pour les grands chagrins
si je t’envoyais un livre, ce ne serait
pas un recueil de poèmes
mais des pages qui te parleraient
des plantes, des céréales
pour te révéler la différence entre
le grain et l’ivraie
te montrer du printemps
l’ardente frayeur dans l’ivraie

l’art de Lauren Matsumoto ne se fait non seulement très bien en couverture, mais je trouve que les poèmes s’associent merveilleusement avec les images
Je t’aime
chaque jour se cramponner, puiser l’eau, faire à manger, prendre en leur temps les
remèdes
s’exposer à la lumière quand
brille le soleil
sécher une peau d’orange
boire e alternant les feuilles à
infuser
chrysanthème, jasmin, rose, citron
leur beauté semble conduire vers
le printemps
c’est pourquoi je tasse encore et
encore
la neige dans mon cœur
parce qu’elle est trop pure, trop
proche du renouveau
dans la cour balayée, je lis ton
poème
notre condition humaine
incertaine comme un moineau
qui, furtif, vient de passer
tandis que brille la lumière
je ne suis pas douée pour les grands chagrins
si je t’envoyais un livre, ce ne serait
pas un recueil de poèmes
mais des pages qui te parleraient
des plantes, des céréales
pour te révéler la différence entre
le grain et l’ivraie
te montrer du printemps
l’ardente frayeur dans l’ivraie

l’art de Lauren Matsumoto ne se fait non seulement très bien en couverture, mais je trouve que les poèmes s’associent merveilleusement avec les images
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George Gershwin
Re: Yu Xiuhua
J'aime bien ce poème.
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Et, du monde indistinct des rêves, là où se terrent les secrets mystiques, une réponse surgit.
Queenie- Messages : 6604
Date d'inscription : 29/11/2016
Localisation : *CabanCouette*
Re: Yu Xiuhua
Le lit du fleuve
l‘eau a donc tant baissé, sans
souci du nombre de poissons ou
de fleurs tombées
si bien que du fleuve se discerne le
lit, et l’automne est là
hier j’ai vu grand-mère, décharnée,
la peau distendue
étirable
elle m’a ouvert une porte, m’a détaillé le paysage
il y a en elle une vis endormie, un
navire de bois
aux itinéraires oubliés
elle dit que chaque tourbillon
la dépose au même endroit
à la tombée du jour, elle aime aller près du fleuve
contempler dans le vent toutes
ces choses crevassées
ou rendues à leur état primitif
le fleuve tari dont on n’a plus à imaginer la source, la limpidité
d’origine ou les eaux
troubles
elle aime enfoncer les pieds dans
ces lézardes, laisser la vase les recouvrir
et longtemps ne plus pouvoir s’en
extraire
comme une chose tombée à terre,
s’enracinant

Lauren Matsumoto, Low Tide, N°3
l‘eau a donc tant baissé, sans
souci du nombre de poissons ou
de fleurs tombées
si bien que du fleuve se discerne le
lit, et l’automne est là
hier j’ai vu grand-mère, décharnée,
la peau distendue
étirable
elle m’a ouvert une porte, m’a détaillé le paysage
il y a en elle une vis endormie, un
navire de bois
aux itinéraires oubliés
elle dit que chaque tourbillon
la dépose au même endroit
à la tombée du jour, elle aime aller près du fleuve
contempler dans le vent toutes
ces choses crevassées
ou rendues à leur état primitif
le fleuve tari dont on n’a plus à imaginer la source, la limpidité
d’origine ou les eaux
troubles
elle aime enfoncer les pieds dans
ces lézardes, laisser la vase les recouvrir
et longtemps ne plus pouvoir s’en
extraire
comme une chose tombée à terre,
s’enracinant

Lauren Matsumoto, Low Tide, N°3
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