Joris-Karl Huysmans
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Joris-Karl Huysmans
En 1876, Huysmans publie son premier roman, d'inspiration ouvertement naturaliste, Marthe, histoire d'une fille, qui a pour thème la vie et les déboires d’une jeune parisienne contrainte par une société cupide et sans scrupules à aller jusqu'à se prostituer pour survivre. Craignant la censure qui sévit alors en France, Huysmans fit d’abord éditer ce roman à Bruxelles.
Huysmans appartient au petit groupe des jeunes écrivains reçus par Zola dans sa villa de Médan. Il y fréquente Guy de Maupassant, Léon Hennique, Henry Céard et Paul Alexis avec lesquels il collabore, en 1880, à la publication, sous l’égide de Zola, du recueil collectif de nouvelles naturalistes intitulé Les Soirées de Médan, dans lequel il insère Sac au dos, un récit ironique et antipatriotique de son expérience de civil mobilisé durant la Guerre de 1870.
En Ménage, roman publié l’année suivante, et surtout À vau-l'eau, une longue nouvelle parue en 1882, peignent les existences ternes et sans saveur d’anti-héros usés par « cette vie moderne atroce », et dont les idées noires sont imbibées des préceptes pessimistes de Schopenhauer. Huysmans développe dans ses romans une « philosophie existentielle de la vie »
Après avoir lu À rebours (voir la critique dans le post ci-dessous) l’écrivain catholique Barbey d’Aurevilly avait prédit que Huysmans aurait un jour à choisir entre « la bouche d’un pistolet ou les pieds de la croix ».
Après le livre noir Là-Bas, qui raconte la vie de Gilles de Rais et ses horreurs, Huysmans envisage d’écrire un livre blanc, qui explorerait l’univers de la mystique chrétienne, à travers une forme littéraire totalement inédite qu’il baptise le « naturalisme spiritualiste». Ce roman, intitulé En route (1895), retrace les étapes successives de la lente et douloureuse conversion de son auteur à la religion catholique.
Dans La Cathédrale, un roman très documenté que Huysmans publie en 1898, il étudie la symbolique chrétienne dans le cadre à la fois majestueux et romanesque de la cathédrale de Chartres.
Après s'être retiré dans plusieurs monastères (La Salette, Igny, Solesmes, Saint-Wandrille…), Huysmans quitte Paris en 1899 pour s’installer dans le petit village de Ligugé, près de Poitiers dans la Vienne, où il s’est fait bâtir une demeure à proximité de l’abbaye bénédictine Saint-Martin. Là, il partage la vie quotidienne des moines et se prépare à devenir oblat. Mais en 1901, la loi sur les associations vient dissoudre la communauté de Saint-Martin, poussant les moines à l’exil et obligeant Huysmans à rejoindre Paris. Après avoir publié une hagiographie consacrée à la mystique chrétienne sainte Lydwine de Schiedam (1901), Huysmans racontera son expérience de la vie monastique dans L'Oblat (1903).
À travers les trois romans qu’il publia consécutivement à sa conversion (En route, La Cathédrale, L’Oblat), Huysmans annonce le grand mouvement de conversions littéraires que vont connaître les Lettres françaises au début du xxe siècle avec des auteurs comme Paul Bourget, Charles Péguy, Ferdinand Brunetière, Paul Claudel, Léon Bloy ou encore François Mauriac.
Invité- Invité
Re: Joris-Karl Huysmans
A rebours
Ce roman est absolument somptueux dans le style. Il se déguste. Si vous n'êtes pas un peu esthète, amoureux des belles phrases, je vous conseille de passer votre chemin. Le titre fait référence au naturalisme, l'auteur étant ami de Zola, il a en effet participé aux soirée du Médan avec Maupassant et d'autres. Dans le naturalisme, le personnage est le fruit d'un milieu social, mais ici il se positionne en réaction au milieu, par rejet, à rebours. On suit donc le long enfermement d'un aristocrate fin de race qui déteste Paris. Tout le roman, il ne sortira quasiment jamais de chez lui sur les années que dureront son exil. Je dis exil mais pour un parisien la banlieue est le bout du monde. Ce fut quelques rares passages dénotant d'un humour à froid vraiment jubilatoire qui me font supposer que tout le roman est une ironie malgré son très grand sérieux. Le personnage, Des Esseintes, est un érudit borné, incapable de changer de lectures, qui a des goûts très arrêtés, dont il se lasse quand même, et son érudition est parfois farfelue pour le moins. Il est capable d'écrire trente pages sur le symbolisme des fleurs, des couleurs et des pierres précieuses, il peut, en associant un alcool à un son, rejouer des orchestrations avec son goût, toutes les activités les plus futiles y passent avec un sérieux déconcertant. Cette futilité esthétique est la bannière du dandysme. En lisant la dernière page, j'ai compris. La fin renversant le roman, il ne reste que l'élégance. Je lirais sûrement d'autres romans de lui, sûrement ceux de sa conversion.
Ce roman est absolument somptueux dans le style. Il se déguste. Si vous n'êtes pas un peu esthète, amoureux des belles phrases, je vous conseille de passer votre chemin. Le titre fait référence au naturalisme, l'auteur étant ami de Zola, il a en effet participé aux soirée du Médan avec Maupassant et d'autres. Dans le naturalisme, le personnage est le fruit d'un milieu social, mais ici il se positionne en réaction au milieu, par rejet, à rebours. On suit donc le long enfermement d'un aristocrate fin de race qui déteste Paris. Tout le roman, il ne sortira quasiment jamais de chez lui sur les années que dureront son exil. Je dis exil mais pour un parisien la banlieue est le bout du monde. Ce fut quelques rares passages dénotant d'un humour à froid vraiment jubilatoire qui me font supposer que tout le roman est une ironie malgré son très grand sérieux. Le personnage, Des Esseintes, est un érudit borné, incapable de changer de lectures, qui a des goûts très arrêtés, dont il se lasse quand même, et son érudition est parfois farfelue pour le moins. Il est capable d'écrire trente pages sur le symbolisme des fleurs, des couleurs et des pierres précieuses, il peut, en associant un alcool à un son, rejouer des orchestrations avec son goût, toutes les activités les plus futiles y passent avec un sérieux déconcertant. Cette futilité esthétique est la bannière du dandysme. En lisant la dernière page, j'ai compris. La fin renversant le roman, il ne reste que l'élégance. Je lirais sûrement d'autres romans de lui, sûrement ceux de sa conversion.
Invité- Invité
Re: Joris-Karl Huysmans
J'ai toujours été intriguée par Huysmans, connaissant son nom, le voyant comme flotter parmi les classiques mais sans jamais vraiment savoir ce qu'il écrivait.
J'ai une petit piste avec ton avis sur À rebours, et je le range donc dans les lectures envisageables (le résumé de Marthe m'attire aussi).
Mais pour les bondieuseries, je crois que ça ne passera pas trop avec moi.
J'ai une petit piste avec ton avis sur À rebours, et je le range donc dans les lectures envisageables (le résumé de Marthe m'attire aussi).
Mais pour les bondieuseries, je crois que ça ne passera pas trop avec moi.
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Et, du monde indistinct des rêves, là où se terrent les secrets mystiques, une réponse surgit.
Queenie- Messages : 7109
Date d'inscription : 29/11/2016
Localisation : Stable.
Re: Joris-Karl Huysmans
J'adore A rebours, roman (enfin si on veut) unique, dans une esthétique si particulière. Décadent, chargé, sans récit.... mais je le trouve génial. Cela passe ou cela casse, on adore ou cela tombe des mains. Mais j'aime bien la littérature des extrêmes.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4799
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Joris-Karl Huysmans
Je viens de finir Les Nouvelles de Huysmans, qui comme son nom l'indique est un recueil. C'est typique dans la forme mais ça raconte quelque chose (contrairement à À Rebours). Pour moi, la meilleure porte d'entrée dans l'univers de Huysmans. Je me suis régalé.
Invité- Invité
Re: Joris-Karl Huysmans
Croquant a écrit: Pour moi, la meilleure porte d'entrée dans l'univers de Huysmans. Je me suis régalé.
Je n’ai jamais tenté Huysmans, Il m’impressionne assez, mais la curiosité est bien là. Peut être un moyen de le découvrir?
Ce que dit plus haut @Arabella intrigue. J’aime aussi la littérature des extrêmes...mais comment savoir sans essayer ?!
Aeriale- Messages : 11812
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Joris-Karl Huysmans
Je me suis offert le volume de la Pléiade qui lui est consacré et je vais déguster lentement. Ce que dit Croquant sur les nouvelles m'intrigue.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4799
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Joris-Karl Huysmans
Je profite de vouloir lire un autre Huysmans pour ranimer le fil. Je ne me suis pas encore décidé.
@Arabella je n'avais pas vu ton achat, tu en es satisfaite ?
@Queenie c'est clair que Marthe est assez typique de la littérature de l'époque. Entre Nana, Un cœur simple, Une vie, etc, il y a une sorte de mode pour la femme suppliciée.
@Aeriale personne ne peut savoir. Je n'aime pas l'idée qu'un livre se mérite comme on voit sur certains sites, je trouve ça manipulatoire en tout cas il faut le lire "au bon moment" et il n'est pas pour tous les goûts
Voici un petit lien pour ceux que ça intéresse
https://www.radiofrance.fr/franceculture/huysmans-trois-romans-a-lire-2423350
@Arabella je n'avais pas vu ton achat, tu en es satisfaite ?
@Queenie c'est clair que Marthe est assez typique de la littérature de l'époque. Entre Nana, Un cœur simple, Une vie, etc, il y a une sorte de mode pour la femme suppliciée.
@Aeriale personne ne peut savoir. Je n'aime pas l'idée qu'un livre se mérite comme on voit sur certains sites, je trouve ça manipulatoire en tout cas il faut le lire "au bon moment" et il n'est pas pour tous les goûts
Voici un petit lien pour ceux que ça intéresse
https://www.radiofrance.fr/franceculture/huysmans-trois-romans-a-lire-2423350
Invité- Invité
Re: Joris-Karl Huysmans
@Croquant, je vais consulter ce lien, mais oui, c’est bête de se méfier d’un auteur sans l’avoir tenté au moins une fois.
A rebours semble ressortir de vos commentaires, je le mets de côté quelque part dans ma tête en espérant qu’il n’y a pas trop de bondieuseries comme dit @Queenie. C’est ce qui m’a vraiment pesé dans le dernier roman de Aharon Appelfeld. « La stupeur »
A rebours semble ressortir de vos commentaires, je le mets de côté quelque part dans ma tête en espérant qu’il n’y a pas trop de bondieuseries comme dit @Queenie. C’est ce qui m’a vraiment pesé dans le dernier roman de Aharon Appelfeld. « La stupeur »
Aeriale- Messages : 11812
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: Joris-Karl Huysmans
Oui, @Croquant c'est un très beau volume avec un excellent appareil critique.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4799
Date d'inscription : 29/11/2016
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