Lance Weller

Les marches de l'Amérique
Editions Gallmeister - Totem (2019)
Trad. François Happe

Milieu XIXe, les États-Unis sont encore une contrée sauvage, rude, où les blancs américains s'installent, où les indiens tentent de garder leurs bouts de territoires, où les frontières sont impalpables.
Dans ce monde violent et aride, nous allons découvrir surtout trois personnages, différents, solitaires, cabossés par l'existence, dont les destins vont être liés.
Flora, la mulâtre magnifique, intelligente, cultivée - esclave sexuelle depuis la plus tendre enfance.
Pigsmeat, le bon bougre, celui qui aurait pu cultiver sa terre, avec femme et enfants, se retrouve veuf, traumatisé par les horreurs de la guerre, de la barbarie sanglante.
Tom Hawkins, l'étrange, mystérieux, et très bel homme. Celui qui parle peu, est soumis à des migraines terrifiantes, un brin philosophe et se découvre un talent inné pour le meurtre - mais ne pratiquant celui-ci qu'en cas de légitime défense.

Lance Weller décrit un pays chaud, souvent désertique, où les quelques habitations s'agglomèrent en un village ou une petite ville de fortune, où règnent la suspicion, la faim, la crasse, les maladies et la mort.
Dans ce cadre de western noir, l'auteur fait surgir une luminosité presque apaisante. Les personnages principaux - et quelques-uns qu'ils rencontrent - sont beaux, il y a des moments où leur humanité touche à la poésie, des instants hors du temps et de l'inéluctable violence. Une beauté fragile et pourtant immense, camouflée derrière des apparences dures et meurtrières.
À l'image de Flora, Tom et Pigsmeat, parce qu'il s'agit de survie, du monde dans lequel ils vivent, peuvent semer les cadavres et s'en retourner sans remords, tout en s'arrêtant devant la beauté d'un ciel étoilé, ou questionner la fatalité.

Les Marches de l'Amérique, c'est la description d'un monde se construisant sur les ruines des villages saccagés, les trophées sanguinolents des grands bandits, d'où peut émerger la beauté d'une humanité aimante, bienveillante et contemplative.

Ton commentaire donne vraiment envie de découvrir le bonhomme et le livre bien sûr.

Clairement oui, ça donne très envie!

En te lisant j’imaginais déjà l’atmosphère, les paysages et même certains personnages. On le verrait bien en film...

Et voilà ! C'est noté.