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Rumena Bužarovska

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Rumena Bužarovska Empty Rumena Bužarovska

Message par Aeriale Dim 27 Nov - 19:08

Rumena Bužarovska Tzolz121


Née en 1981 à Skopje, Rumena Bužarovska appartient à la nouvelle génération d’écrivains macédoniens.

Elle enseigne la littérature américaine à la Faculté de philologie de Skopje. Elle est l’auteure de quatre recueils de nouvelles: Griffonnages (Čkrtki, éd. Ili-Ili, 2007), Dent de sagesse (Osmica, éd. Blesok, 2010), Mon mari (Mojot maž, éd. Blesok 2014, 2ème édition : Ili-Ili, 2015), Je vais nulle part (Ne odam nikade, ed. Ili Ili, 2018) ainsi que d’une étude sur l’humour dans la littérature américaine et macédonienne à travers le prisme de la nouvelle (éd. Blesok, 2012).

Elle est traduite en anglais, en allemand, en serbe, en croate, en bulgare, en slovène, en italien, en albana
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Message par Aeriale Dim 27 Nov - 19:18

-Mon cher mari-


Rumena Bužarovska Oip_410


Un soi-disant poète qui ne jure que par sa prose moquée en douce, un machiste trompé allègrement par sa femme, un gynéco obsédé par le sexe de ses patientes qui ne peint que des croutes... Onze courtes nouvelles où la suffisance des uns masque une vacuité abyssale face à laquelle leurs moitiés se jouent avec délectation et souvent perfidie. Petite échappée dans l'univers féroce (et souvent sans filtre) de la vie à deux revue et corrigée par cette auteure macédonienne que je découvre.

Mais si les hommes sont le plus souvent menteurs, infidèles et alcooliques,  les femmes n'en sont pas moins fourbes, cyniques, usant de leurs armes à double tranchant comme le montre avec malice la couverture. Un clin d'oeil pour nous prendre à témoin, mesurer l'abime qui peut se cacher derrière la relation conjugale, la lutte d'égos qui souvent prend le pas sur l'amour véritable. 

Personne n'est épargné et si le mariage se révèle parfois un piège, chacun se défend comme il peut. On sent les années de soumission derrière, ce besoin de revanche et la façon ironique volontiers provocante de l'auteure qui tire ici à boulets rouges sur cette institution. C'est traité brut de décoffrage, avec parfois une pointe de sadisme et des excès burlesques qui font rire ou hurler d'horreur, mais c'est efficace. Un petite bombe à ne pas prendre au sérieux, mais diablement culottée.  

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Message par kenavo Lun 28 Nov - 7:08

ah, la voilà... merci pour ce fil...
je la garde sur ma liste, mais je ne crois pas que je vais franchir le pas très vite Wink

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Message par Arabella Lun 29 Jan - 22:53

Mon cher mari

Il s'agit d'un recueil de 11 nouvelles, d'une auteure macédonienne ; soit dit en passant c'est sans doute la première fois que je lis de la littérature de la Macédoine du nord.

Au centre de ce récit, le couple, la famille, tout cela vu du côté féminin. L'illustration sur la couverture pourrait laisser penser à quelque chose de léger, d'humoristique, de plein d'entrain. Mais s'il y a un certain humour dans ces textes c'est plutôt de l'humour noir. Car ces textes sont très sombres, donnent une image pas très réjouissante de la vie à deux, de la vie de famille en général. Les femmes sont infériorisées, niées en tant que personnes à part entière. Il s'agit surtout de donner naissance aux enfants et servir son mari. Beaucoup ne travaillent pas, sont des épouses et mères à plein temps. Les récits se déroulent dans des familles citadines, plutôt aisées, les personnages n'ont pas à proprement parlé de problèmes matériels, mais malgré cette situation privilégiée, les choses ne se passent pas très bien, et cela malgré de belles apparences. Quelque chose dérape à un moment ou un autre, faisant parfois verser le récit dans l'absurde.

C'est peut-être le dernier texte, le 8 mars, qui donne une sorte de clé à tous ces récits. Lors d'une fête donnée à l'occasion du 8 mars (le jour fêtant les femmes) le personnage principal et un de ses collègues, tentent de persuader une jeune femme qui travaille avec eux de tout ce qu'elle rate en étant pas encore mariée et nantie d'enfants, jusqu'au point de la faire éclater de colère. Les arguments sont passe-partout, d'une immense banalité, remplis de stéréotypes et de clichés. Et c'est peut-être avoir suivi tous ces clichés et stéréotypes sans se poser des questions qui plombe les personnages des nouvelles. Ils ont fait ce qu'on attendait d'eux, sans à aucun moment se demander pourquoi, et de quoi ils auraient vraiment eu envie. Ils se raccrochent à une vie terne et malsaine, sans tenter autre chose, sans jamais être sincère. Une vie de mensonge et de déni, avec le vernis de la réussite, qui les poussent vers l'alcool, l'adultère, la dépression, voire une forme de folie, qu'ils tentent de camoufler sous des oripeaux désirables socialement.

Ce n'est pas un livre optimiste, mais l'auteur a une belle plume, crée des personnages crédibles, narre des récits habiles, dont on ne devine pas l'issue avant la fin. Une découverte intéressante.

_________________
Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
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