[One Shot]Un auteur, une BD

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[BD] Dans la chambre du cœur se cache un éléphant, Marco Galli

Dans la chambre du cœur se cache un éléphant, Marco Galli (2016)



Alors.
KDO d'anniversaire.
(J'ai des amies qui s'entêtent un petit peu à m'offrir des BD chelous. Souvent moches. Je les soupçonne de piocher leurs conseils dans des magazines de bobos intellos, voir dans Télérama, ou d'avoir trouvé un libraire complètement azimuté. En tout cas, ça fait l'expérience.
Je me demande si je ne vais pas finir par leur filer le contact de Kenavo qui me donne un million d'envies et qui pourrait les orienter...)

Bref.
Histoire d'un écrivain, Almo Brasil, en panne d'inspiration. Entre l'ennui et la frustration, il traîne. Et réponds sur un profil étrange d'une fille mystérieuse, qui en réponse lui envoie l'image d'une carte postale de Balhore. Alors. Bon. Tiens. Notre petit écrivain fumeur prend ses cliques et ses claques et y va.
Balhore, petite île du Sud. Entourée d'une eau rouge aux propriétés psychédéliques.
Il erre dans les jolies petites rues, puis petit à petit fait connaissance avec quelques locaux qui lui font goûter la vraie ville.
Un brin sensuel, un brin psyché, un brin rock n roll, un brin philosophique... Almo en quête de lui va être déboussolé.

Le thème et le ton ça va.
Un air de Las Vegas Parano. Et tout ce bazar de beatnik en mal de sensations.
(Dans les références de 4e de couv, l'éditeur cite Burroughs et Moebius. Dans Télérama (et ouais...), Pratt, Tardi, Munoz et Igort)
J'aime bien.
Même si, parfois, ça part un peu dans n'importe quoi, et que la fin a l'air juste d'être bâclée puissance 3000. A croire que Galli s'est barré à Balhore, qu'il a bouclé vite fait son histoire parce qu'il ne savait pas comment la terminer.

Mais surtout, Ze Bémol, c'est le dessin.
Couverture sympa, titre cool. Le piège.

Après c'est ça :

Et moi, là... j'ai l'impression que le type il fait des pâtés vite fait avec son feutre.
J'aime pas !
Je râle, je soupire, à chaque page.

Puis le coquin me fait des trucs pareils :

Et je me dis. Ah. Il a trouvé la couleur. Des traits plus fins. Où il a l'air de prendre plus de trois secondes pour dessiner un visage. Le début en fait, c'était une blague, c'était pour voir si on avait quelque chose dans le bide.
Mais non.
Il recommence avec ses grabouilles que j'aime pas.

Puis il fait aussi des trucs comme ça


Et là j'ai juste envie de lui crier : Mais BORDEL, pourquoi tu fais du caca moche quand tu peux faire des trucs comme ça ? Marco ? Hé ! Marco... Quoi... Aller.

Mais il ne m'écoute pas.
Son récit continue.
Et moi, je soupire et râle. Et tourne les pages, avec de temps en temps une respiration quand il m'offre des planches qui me plaisent.

Du coup.
C'était chaotique entre lui et moi.

-Le cahier bleu-André Juilliard (1996) (suivi d'Après la pluie)



J'ai été attirée par la couverture: une femme perdue dans ses pensées fumant une cigarette, avec ce cahier bleu à ses pieds. L'histoire est pourtant banale. Trois personnages principaux: Armand, Louise, Victor. Le premier tombe sous le charme de la seconde en l'apercevant au travers de sa fenêtre alors que le métro est immobilisé. Il sonne chez elle, une courte aventure s'en suit, interrompue par la rencontre avec le troisième protagoniste, le beau Victor, rencontré par hasard à un concert.



La deuxième partie nous révèle la version réelle de la rencontre fortuite-Louise Victor, qu'il détaille dans ce fameux cahier bleu, son livre de bord, qui n'est pas exactement celle que l'on croit.





La troisième partie (Après la pluie) reprend ces mêmes personnages au travers d'un autre récit, et y ajoute un quatrième. Abel, tombé sur une photo prise par Victor sur laquelle il reconnait un de ses amis en compagnie d'une femme. Son enquête pour le retrouver nous apprendra ce qu'il est advenu d'Armand.







En fait l'originalité, s'il y en a une, est que chacun raconte sa version suivant les différents chapitres. Ceci dit l'intrigue globale est assez mince. On se promène dans Paris et en Italie, le graphisme est génial et ça se lit sans déplaisir mais au final, le récit bascule dans un thriller pas toujours très clair qui ne m'a pas spécialement convaincue.

Un moment agréable grâce aux planches, surtout. Je vais voir ce qu'il a fait d'autre car il a eu plusieurs prix avec celui-ci (Meilleur album à Angoulême. Prix Spécial du Jury au festival de Sierre, 1er Prix du Festival de Charleroi)

Wild West - I. Calamity Jane (ed. Dupuis, 2020)
Thierry Gloris, scénario - Jacques Lamontagne, dessins et couleurs.

Une magnifique BD, efficace, sur l'origine de Calamity Jane. Enfin, ça commence, elle est déjà adulte, elle s'appelle Martha Cannary, elle est bonne dans un saloon-bordel.
Histoire linéaire.
Une BD vraiment classique dans sa construction et le déroulé de l'histoire.
Mais ça fonctionne. Parce que les dessins sont très beaux, parce qu'on sent bien l'ambiance rude, violente, crasse. Parce que le personnage de Calamity Jane est passionnant, cette femme qui un jour a dit STOP

Ca a l'air magnifique !!!  j'avais lu les lettres de Calamity Jane à sa fille. C'était intéressant, anecdotique, touchant.

Queenie a écrit:Wild West - I. Calamity Jane (ed. Dupuis, 2020)

très beau graphisme… mais j'ai déjà "vécu" la vie de Calamity aux côtés de Christian Perrissin

kenavo a écrit:

Queenie a écrit:Wild West - I. Calamity Jane (ed. Dupuis, 2020)

très beau graphisme… mais j'ai déjà "vécu" la vie de Calamity aux côtés de Christian Perrissin

Je pense que celle de Perrissin est plus complète. Car, a priori, la série entamée avec Calamity Jane ne comportera que deux tomes sur elle, pour ensuite s'intéresser à d'autres figures du "Wild West".

Sanderson & Sack
Éditions Komics Initiative (janvier 2022)

Le 11 septembre 2001, les tours du World Trade Center sont détruites lors d'une attaque terroriste. Au Mexique, une famille voit le flash info. Le père de famille est parti il y a quelques années aux États-Unis, espérant gagner assez d'argent pour aider les siens. Il travaillait comme cuisinier dans le fameux restaurant d'une des tours : le Windows on the World.
Travailleur clandestin, personne ne se préoccupe de savoir s'il est en vie ou non. Son existence n'apparaît nulle part, encore moins dans le recensement des personnes travaillant dans la tour. Balthazar fait parti des invisibles, ceux qui travaillent dans l'ombre, les sans papier, clandestins, qui font parti des rouages d'une grande machine ingrate.

Les dessins sont classiques, dans le genre indé comics. Dans l'organisation des cases, dans l'histoire linéaire.

Intéressante plongée dans les coulisses du rêve américain, même si l'on apprend rien au fond de la situation des clandestins.
Un retournement final qui mène à des réflexions sur le sacrifice de soi.