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Voltaire

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Message par Arabella Mar 3 Jan - 22:09

Voltaire (1694 - 1178)




Voltaire Voltai10


Source Vikidia

Voltaire (de son vrai nom : François Marie Arouet) est un philosophe, un écrivain et un auteur dramatique français du siècle des Lumières (XVIIIe siècle), né le 21 novembre 1694 à Paris et mort le 30 mai 1778, dans la même ville.

Il diffuse ses idées philosophiques à travers des poèmes, des contes (Candide, Micromégas, L'Ingénu, Zadig), des essais historiques (Le Siècle de Louis XIV), des pièces de théâtre ou encore son Dictionnaire philosophique.

Issu de la bourgeoisie parisienne, il est formé par des jésuites qui lui donnent un enseignement solide et il prend goût à la littérature et à la poésie. Ses débuts littéraires correspondent au commencement de ses démêlés avec le pouvoir : des écrits satiriques contre le Régent lui valent un an d'emprisonnement à la Bastille en 1717. À sa sortie, il prend le pseudonyme de Voltaire pour publier sa première tragédie, Œdipe en 1718, suivie du poème épique La Henriade (1723). Sur le point d'être à nouveau emprisonné après une altercation avec un noble, il s'exile trois ans en Angleterre, dont il vante l'esprit de liberté dans les Lettres philosophiques (1734). De retour en France, cet ouvrage est condamné par le Parlement, qui y voit une critique contre le gouvernement français, et Voltaire doit s'éloigner de Paris pour échapper à la prison.

Pendant quinze ans à partir de 1734, Voltaire vit au château de Cirey chez son amie Madame du Châtelet, une mathématicienne et une philosophe avec laquelle il a une longue liaison. Durant cette période, il s'intéresse aux sciences et participe aux expériences scientifiques de Madame du Châtelet ; il lit beaucoup et notamment les nouvelles publications de ses confrères ; il écrit des essais, des poèmes, des pièces de théâtre, etc., et échange des lettres avec des correspondants variés, dont le roi Frédéric II de Prusse auquel il rend visite plusieurs fois. En 1746, Voltaire est élu à l'Académie française.

Après la mort de Madame du Châtelet, il accepte l'invitation du roi de Prusse de s'installer à sa Cour et arrive en 1750 à Berlin. Très bien accueilli, il est nommé chambellan et conseille le roi (qui a l'ambition d'être aussi un écrivain) dans ses activités littéraires. Frédéric II a créé à Berlin une Académie, où Voltaire retrouve des hommes de lettres et des scientifiques français. Mais les relations entre le roi et Voltaire se dégradent peu à peu et, lorsque Voltaire publie sans l'accord du roi une brochure dans laquelle il se moque d'un autre académicien, Frédéric II se fâche et Voltaire quitte la Prusse en 1753.

En France, le pouvoir royal n'autorise pas Voltaire à habiter à Paris, il s'installe donc aux Délices à Genève, puis au château de Ferney près de la frontière franco-suisse, où il va rester pendant vingt ans ; il vit quasiment en ménage avec sa nièce, Madame Denis. Dans les années 1760, il parvient à obtenir la réhabilitation de plusieurs innocents condamnés et exécutés à tort (affaires Calas, Sirven et La Barre) ; toutes ces personnes ont été victimes de l'intolérance religieuse, appelée L'Infâme par Voltaire. Le pouvoir continue d'interdire certains de ses livres (comme le Dictionnaire philosophique, publié en 1764). Voltaire est reconnu comme une personnalité importante, de nombreux admirateurs lui rendent visite dans son château de Ferney. Il écrit quelques articles pour l'Encyclopédie de Diderot et D'Alembert, travaille sur ses pièces de théâtre (il en dirige la mise en scène par correspondance, pour les comédiens de la Comédie Française) et continue à publier des ouvrages. En 1778, malade et âgé (il a 83 ans), il est autorisé à se rendre à Paris pour la représentation de sa dernière pièce, Irène ; il y est reçu triomphalement quelques semaines seulement avant sa mort.

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Message par Arabella Mar 3 Jan - 22:47

Oedipe


C'est la première pièce de théâtre de Voltaire, créé alors qu'il avait à peine 24 ans, et c'est l'oeuvre qui lança vraiment sa carrière littéraire. Elle a eu un très grand succès et le Régent, bon prince, alors que certains ont considéré que la pièce contenait des attaques contre sa personne, attribue une pension à Voltaire.

Le choix du sujet est ambitieux de la part d'un jeune auteur (mais l'ambition est souvent ce qui caractérise les jeunes auteurs), Sophocle et Corneille ont donné des pièces sur ce sujet, et donc Voltaire se mesure d'emblée à de grands maîtres, et dans une série de Lettres, critique ses illustres prédécesseurs, et en particulier Sophocle, à qui il reproche la pauvreté de son sujet, le manque d'action en un mot.

Nous voilà prévenus. Voltaire agrémente sa pièce d'une intrigue amoureuse entre Jocaste et Philoctète, venu à Thèbes après la mort d'Hercule. Cela semble un peu inutile et rappelle que le XVIIIe siècle est aussi le siècle du rococo, de la surcharge, qui fait peut être le lien entre le dépouillement du classicisme et les excès et le paroxysme du romantisme.

Voltaire fut le grand dramaturge du XVIIIe siècle, joué, admiré, considéré comme incomparable. Et cette partie de son oeuvre est aujourd'hui celle qui suscite le plus de réserves, elle est peu jouée. Trop au goût de son époque, elle n'a peut être pas pu dépasser celle-ci et toucher suffisamment à l'universel. En tous les cas, cet Oedipe.

L'écriture de Voltaire est incontestablement belle, et il maîtrise fort bien le vers, surtout compte tenu de son âge. Mais ses personnages sont un peu factices, et le tout manque à mon sens de puissance dramatique. Il n'y a pas assez d'affrontements réels entre les personnages, sauf peut être la scène entre Oedipe et Philoctète, et encore là, alors que Voltaire a introduit cette intrigue amoureuse avec Jocaste, la scène ne joue pas dessus, alors qu'une rivalité, une jalousie entre les deux hommes aurait parue logique dans le contexte.

L'expression des sentiments des personnages principaux du drame semble un peu trop polie, mesurée, convenue aussi. Cela manque de fureur, de sang, de larmes. C'est à la fois chargé (intrigue) et froid et mesuré dans l'expression d'une situation pourtant horrifique.

Le XVIIIe siècle n'est décidément pas un grand siècle pour le théâtre, enfin en tous les cas pas pour la tragédie. Un certain Marivaux lui apportant un véritable génie, mais dans un tout autre registre, très éloigné.

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Message par Invité Mer 4 Jan - 15:51

C'est vrai que cet OEdipe n'est pas indispensable, même si comme tu le dis il y a du talent dans la versification. 
Zaïre est peut-être sa meilleure tragédie.

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Message par Arabella Mer 4 Jan - 18:29

Je verrais cela par la suite, c'est pas mal de les lire dans l'ordre, comme cela on observe ou pas une progression.

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Message par Arabella Sam 7 Jan - 20:28

Zaïre

Après l'Antiquité, Voltaire s'attaque au Moyen-Age, nous sommes à Jérusalem, conquise par les Musulmans au XIIIe siècle. Si le personnage de Saint Louis, cité dans la pièce, est vraiment historique, il n'en est pas de même pour la plupart des protagonistes de la pièce : Orosmane (soudan de Jérusalem, Nérestan, Zaïre...) sont issus de l'imagination de l'auteur de Candide. Une intrigue amoureuse est au premier plan. Zaïre, d'origine chrétienne, a été élevée comme captive par Orosmane. Qui veut l'épouser. Nérestan, un chevalier français vient racheter des captifs chrétiens, dont Zaïre, qu'Orosmane refuse de rendre, comme Lusignan, dernier roi chrétien de Jérusalem. Zaïre est amoureuse d'Orosmane, mais il se révèle qu'elle est fille de Lusignan et soeur de Nérestan. Elle est placée devant un dilemme, alors qu'Orosmane est dévoré de jalousie vis à vis de Nérestan.

La pièce connut un grand succès, et reste une des oeuvres dramatiques de Voltaire parmi les plus connues.

J'ai eu un peu de mal avec toutes les invraisemblances historiques de la pièce, ce côté couleur locale datée forcément. La façon dont chaque époque se représente les époques révolues vieillit souvent très mal.

A part cette restriction, la pièce est incontestablement plus réussie qu'Oedipe. L'histoire est plus simple dans son déroulé, sans ornementations trop exagérées, les personnages ont une cohérence chacun dans son genre. Il y a vraiment de beaux vers par moments. On trouve une vision de la religion assez intéressante, qui même si c'est de façon implicite, montre à quel point il ne s'agit pas réellement d'un choix, mais d'une question de lieu, de milieu de naissance, de valeurs dominantes dans une société. Les oppositions que les religions provoquent semblent bien artificielles et menant à des tragédies qui n'ont pas lieu d'être. On retrouve donc le Voltaire philosophe que l'on connaît d'ailleurs. J'ai du mal à m'expliquer la réputation de tragédie chrétienne attribuée à la pièce, qui transmet une vision bien plus subtile que cette dénomination ne le laisserait supposer.

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Message par Arabella Sam 7 Jan - 20:51

Mahomet

Une des pièces de Voltaire dont on continue à connaître au moins le titre. Censurée à son époque par Crébillon père (ce qui entraîna une grand inimité entre les deux auteurs), elle a eu une réputation sulfureuse à son époque, qu'elle n'a pas perdue de nos jours, à cause de son sujet, que le titre complet de la pièce met bien en lumière : Le Fanatisme ou Mahomet le Prophète.

Une pièce réellement plus philosophique que dramatique, dans laquelle Voltaire s'attaque à la religion d'une façon assez directe. Même s'il prend comme personnage Mahomet, ce qui devait lui permettre de contourner la censure, qui toutefois ne se laissa pas abuser. Un Mahomet, qui comme les personnages de Zaïre, ne sert que de nom à Voltaire, qui  ne s'est pas soucié d'en savoir plus sur le personnage que quelques noms donnant couleur locale.

Ce qui importe à Voltaire, c'est montrer que la religion est un outil de manipulation, de prise de pouvoir, d'une domination des esprits, qui permet d'asseoir la maîtrise sur les foules bien plus fortement que par la seule force. Les "envoyés de Dieu" sont des hommes, et agissent en tant que tels, les "miracles" sont des artifices. La pièce donne à penser que levier de la religion est un levier puissant, que la seule raison est souvent impuissante à convaincre et à provoquer l'adhésion. Au-delà de la religion, la pièce est aussi une réflexion sur le pouvoir politique, sur la façon de gouverner, un chef aurait intérêt à s'appuyer sur sur l'irrationnel, sur l'affectif, sur une idéologie religieuse ou autre qui provoque une identification à un groupe, qui définit comme ennemis ceux qui n'en font pas parti et fait perdre tout sens critique.

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Message par Arabella Dim 8 Jan - 21:42

Mérope

Retour à la Grèce, un sujet traité par Euripide dans une pièce perdue, plusieurs fois repris en Europe, dont par Maffei, pièce jouée à Paris par la troupe italienne. Mérope, veuve de Cresphontès, a vu mourir son mari et ses deux fils ainés. Le dernier, Egisthe, a été mis à l'abri par Narbas au loin. Le peuple est prêt à élire un nouveau roi, Polyphonte. Ce dernier veut épouser Mérope pour asseoir ses droits au trône. Mais celle-ci s'y refuse, et veut faire couronner son fils. Egisthe, ignorant son origine, vient dans la ville. Il est accusé d'avoir tué un homme, une armure fait croire à sa mère que le mort était son fils.

Cela a l'air compliqué peut-être mais la pièce est très fluide, et l'action relativement simple, même si quelques péripéties l'agrémentent. Peut être la pièce de Voltaire la plus proche d'une esthétique classique. J'y ai trouvé, par le sujet et les personnages, un certain nombre de points communs avec Andromaque, cette femme sommée d'épouser un homme qu'elle n'aime pas pour sauver son fils. C'est assez étrange, en particulier après Mahomet, de lire une pièce à ce point dépourvue d'arrière fond philosophique. Peut-être un petit fond politique avec le personnage de Polyphonte, le tyran prêt à tout pour s'approprier et garder le pouvoir, à manipuler, à mentir, et à utiliser les gens.

Mais dans son genre, je la trouve vraiment réussie, dans la construction (dépourvue de toute intrigue amoureuse) et dans la versification. Même si de toute évidence, ce genre est devenu au XVIIIe siècle moins évident, moins nécessaire, les questionnements et les préoccupations des écrivains et du public s'étant déplacés ailleurs, et ce type de tragédie ayant par conséquence un côté convenu, un peu morceau de bravoure.

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Message par Arabella Dim 8 Jan - 21:57

Nanine

Voltaire n'a pas seulement commis des tragédies, mais aussi des comédies, dont cette Nanine, que l'on peut qualifier sans doute de "comédie larmoyante". Richardson  et ses romans sentimentaux ont eu un succès fou en leur temps, et une grande influence que l'on retrouve ici. Cette pièce de Voltaire a eu un énorme succès en son temps, elle a par exemple été jouée lors de la translation des cendres de Voltaire au Panthéon en 1791.

La jeune, belle et vertueuse Nanine, a séduit le comte son maître, mais il a promis le mariage à la marquise, qui est tout sauf douce et charmante. Saura-t-il vaincre ses préjugés et épouser une fille de paysan pauvre ?

Il est très difficile de comprendre comment cette pièce a pu avoir tant de succès et émouvoir les spectateurs. Tout paraît daté, invraisemblable, un peu ridicule. Les personnages semblent totalement artificiels.

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Message par Arabella Dim 8 Jan - 22:10

La femme qui a raison

Une petite comédie, écrite semble-t-il à plusieurs mains, et destinée non pas à la Comédie Française, mais à un théâtre privé, celui du roi Stanislas à Lunéville. Ce genre de représentations permettaient d'avantage de liberté, autorisait quelques licences. Le but étant de divertir, de faire rire, passer un agréable moment.

La pièce est relativement alerte, même si l'argument est assez mince. Pendant la longue l'absence du père, la famille a pris des habitude de vivre dans un certain confort et liberté. Le fils et la fille veulent se marier à leur guise, la mère les approuve au fond. Ils convoleront à la veille du retour du père, avec ceux qu'ils ont choisis, et non pas les élus du père. Qui au final n'aura qu'à faire contre mauvaise fortune bon coeur, et qui recevra au passage une leçon sur l'inanité d'un excès d'économie.

Sans être inoubliable et indispensable, une pièce plutôt plaisante, qui montre que Voltaire était aussi capable d'amuser la compagnie par des oeuvres de divertissement.

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Message par Arabella Mar 21 Juil - 20:47

La café ou l'Ecossaise


D'abord publiée en 1760, la pièce est finalement représentée à la Comédie Française en juillet de le même année avec quelques modifications. Il faut dire, qu'au-delà de l'intrigue de cette comédie, anodine et sentimentale, Voltaire s'attaque à un homme qu'il déteste, un certain Fréron, critique, qui dénigre systématiquement les hommes des lumières. Il n'est pas le seul : un certain Palissot s'est permis d'écrire une pièce “Les philosphes” qui ridiculisait les encyclopédistes, et qui a été jouée à la Comédie Française par ordre des autorités, contre un premier avis négatif des acteurs du comité de lecture.

Voltaire s'appuie sur le précédent de cette pièce pour faire jouer à son tour sa satire d'un des plus virulents adversaires de lui-même et de ses amis, sa bête noire, Fréron. Il va juste faire quelques modifications à la pièce publiée, ainsi le personnage appelé Frélon devient Wasp (frêlon en anglais). Voltaire s'amuse à ne pas reconnaître la paternité de cette oeuvre, il l'attribue à un certain M. Hume, un écossais parent du fameux philosophe, et fait précéder l'ouvrage par une sorte d'introduction du supposé traducteur de la pièce, qu'il dénomme Jérôme Carré (l'un des pseudonyme utilisé par Voltaire à l'occasion) dans lequel il s'étonne de l'identification de Fréron avec Wasp (Frélon), avec une certaine mauvaise foi et un indéniable humour. Il ne faut surtout pas se dispenser de lire les différents avertissements, préfaces et autres morceaux qui précèdent la pièce, la plupart de la main De Voltaire, parce que c'est assez délectable, c'est probablement bien plus drôle que la pièce elle-même, car nous ne pouvons pas vraiment rire du sieur Frélon, qui pour nous aujourd'hui est un parfait inconnu. le canevas de la pièce De Voltaire s'inspire de Goldoni, qui a écrit en en 1750 une pièce sous le titre le café (La bottega del caffé).

Nous sommes à Londres, dans un café, qui est en réalité ce que nous appellerions plus une auberge, puisque l'établissement loue des chambres. le patron, Fabrice, est un brave homme avec le coeur sur la main. Il n'a pour l'instant qu'une seule locataire, une jeune fille, Lindane, qu'il essaie de l'aider, voyant qu'elle semble avoir des soucis, entre autre d'argent. Nous découvrirons peu à peu qu'elle est la fille d'un noble écossais en fuite, condamné à mort pour trahison, à cause de la perfidie d'un lord anglais. Comme il se doit, elle est tombée amoureuse du fils du lord félon, décédé entre temps, et il lui rend visite dans le café de Fabrice. le jeune homme, qui a appris la vérité sur Lindane par sa servante, essaie de faire gracier le père en secret. Il est contrarié par son ancienne fiancée, lady Alton, qui complote avec l'infâme plumitif Frélon, qui a ses quartier dans le café, prêt à tout pour gagner un peu d'argent, en particulier mettre sa plume au service de celui qui paie le mieux, mais ne répugnant pas à l'espionnage, à la dénonciation, pour gagner de l'argent et pour satisfaire sa hargne. Mais de bien entendu, tout se terminera bien, le père de Lindane se trouvant aussi, par un hasard accommodant dans le café du titre, les retrouvailles et mariage peuvent avoir lieu. Au grand dépit de l'infâme Frélon, qui verra malgré lui la joie des autres.

La pièce semble avoir eu l'effet escompté par Voltaire et Fréron, ainsi que son épouse, présents à la première n'auraient vraiment pas appréciés le tableau plus que chargé de l'homme de plume. La pièce semble avoir eu du succès et avoir été jouée devant une salle remplie un nombre important de représentations. Elle a continué sa carrière en province, et eu l'honneur d'avoir été adaptée par les Comédiens italiens en vers, et avoir connu des parodies à l'Opéra comique et au théâtre de la foire. Elle est bien oubliée aujourd'hui, ce qui est compréhensible compte tenu de son objectif principal, de s'attaquer à un ennemi De Voltaire, complètement oublié de nos jours. Elle est une illustration de la lutte acharnée qui s'est livrée sur le plan des idées dans la France du XVIIIe siècle, bataille qui ne répugnait pas aux coups bas et attaques personnelles.

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Message par Arabella Sam 13 Avr - 21:47

Candide

Candide ou l'optimisme est l'un des textes les plus célèbres De Voltaire, toujours très étudié, en particulier dans le secondaire. le texte a été publié pour la première fois en 1759 à Genève, une version augmentée est parue en 1761. L'ouvrage est donné comme une traduction de l'allemand, l'original aurait été écrit par un certain docteur Ralph, sans que cela ait semblé tromper qui que ce soit.

La visée philosophique apparaît dès le titre : l'optimisme était en effet à l'époque un terme philosophique. Il se réfère à l'idée d'un optimum, ce qui arrive est ce qui peut arriver de mieux. Cette vision de l'existence s'inspire de la philosophie de Leibnitz, et tout particulièrement son Théodicée, dans lequel il tente de résoudre le problème de l'existence du mal, en admettant l'existence d'un Dieu bon et tout puissant. Il en arrive à la conclusion que le monde que nous connaissons est le meilleur possible. C'est une conception que Voltaire va attaquer dans son conte, en simplifiant beaucoup la pensée de Leibnitz. Il va mettre la théorie à l'épreuve des faits, pour conclure apparemment à son insuffisance.

Le personnage principal, Candide, est un bâtard, ce qui le met d'emblée en dehors de la société. Il coule toutefois des jours heureux dans le château de son oncle le baron en Westphalie. Il y reçoit l'éducation de Pangloss, précepteur et philosophe qui professe l'opinion que notre monde est le meilleur des mondes possibles, ce à quoi adhère pleinement et avec enthousiasme son élève. Mais Candide est chassé de ce paradis, car son oncle le surprend en train d'embrasser sa cousine, Cunégonde. Il va aller de vicissitude en vicissitude, être enrôlé de force, maltraité, mis en prison etc. Et surtout, il va assister au tremblement de terre de Lisbonne, pendant lequel des dizaines de milliers de personnes sont mortes. Après la violence de la nature, il va constater la violence des hommes : des autodafés se multiplient, il pense y lasser la vie, et croit voir la mort de Pangloss qu'il a retrouvé. Il fuit en Amérique avec Cunégonde, qu'il va perdre en route. Il découvrira Eldorado, mais le quittera pour tenter de retrouver sa bien-aimée. Tous les personnages finiront par se retrouver en Turquie, où Candide, revenu de l'enseignement philosophique qui lui a été donné, prône « qu'il faut cultiver son jardin ».

C'est donc un récit d'apprentissage : Candide devra confronter les leçons de son maître à l'expérience du monde, ce qui remettra complètement en cause sa vision des choses. le récit, comme en général chez Voltaire, est rapide, léger, l'auteur passe d'une péripétie à une autre sans s'appesantir. Il n'y a ni analyses psychologiques, ni digressions. Malgré cette légèreté apparente, Candide va d'horreur en horreur : la guerre et ses cruauté, les persécutions religieuses, la malhonnêteté, la violence. le summum étant le tremblement de terre dévastateur, mal qui ne rend pas les hommes meilleurs, car ils s'empressent d'aller condamner et brûler leurs congénères. Toutes ces expériences qu'il traversent ne sont pas vraiment compatibles avec l'idée que le monde tel qu'il est est le meilleur des mondes possibles : il serait même difficile d'en imaginer un qui soit pire. Comme dans Zadig, le héros est confronté au scandale du mal qui sévit dans le monde, et à la question de savoir comment trouver sa place et être heureux dans tout cet immense gâchis.

La réponse que semble donner Voltaire (il faut cultiver son jardin) a été diversement interprétée. Certains y ont vu un repli sur soi, d'autant plus que Voltaire à l'époque de la parution de Candide s'était réfugié en Suisse, où il coulait des jours confortables de propriétaire terrien. Mais on peut aussi, d'une manière plus optimiste, si je puis dire, y voir l'idée que chacun à son niveau peut transformer le monde par son travail, par son action, même si ces derniers peuvent paraître modestes et peu spectaculaires. Plutôt que de donner des explications théoriques brillantes, mais qui ne servent au final à pas grand-chose dans la vraie vie, autant consacrer ses jours à un labeur à sa mesure, qui permet de donner un certain confort à soi-même, à ses proches, voire à d'autres personnes, et à transformer le monde en quelque chose d'un tout petit peu meilleur.

La vision très caricaturale de la philosophie de Leibnitz n'est pas non plus forcément à prendre au premier degré : c'est la vision de Pangloss, personnage de prétendu philosophe ridicule. Sa manière d'exprimer la satisfaction devant le vie qu'il mène au château du baron en Westphalie (« le meilleur des châteaux possibles ») peut s'interpréter comme une approbation du monde existant, sans surtout vouloir questionner ni remettre en cause quoi que ce soit, dans une manière de conformisme béat. Voltaire semble poser,qu'à l'inverse, il faut questionner ce qui existe, ne pas accepter trop facilement les choses telles qu'elles sont, mais garder une force d'indignation et de refus de l'inacceptable, sinon rien ne changera jamais. Mais au-delà, il faut aussi essayer de construire, aussi modestement que ce soit.

Relire Voltaire est toujours une bonne idée.

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Message par Arabella Sam 13 Avr - 21:48

Zadig

Une première version de ce texte a paru en 1747 à Amsterdam sous le titre de Memnon, histoire orientale. Une version remaniée est ensuite publiée l'année suivante à Paris, sous son titre définitif cette fois : Zadig ou la destinée. Elle est maintenant souvent publiée avec en appendice deux chapitres supplémentaires qui n'ont pas été intégrés dans la version canonique.

Ce texte est en général qualifié de conte philosophique, sans qu'il soit forcément facile de définir ce genre narratif. D'une manière plus large, Voltaire a opposé deux sortes de « fables » dans l'Ingénu : les fables des philosophes et celles des imposteurs. Les fables des philosophes ont l'ambition de dire le vrai, de détruire (on dirait sans doute aujourd'hui de déconstruire) les préjugés, sous un habillage plaisant (d'où fable) qui rend la leçon agréable et digeste. Les fables des imposteurs, à l'opposé, ont pour but d'asservir, de légitimer des pouvoirs dont les fondements sont contestables. On peut faire le lien avec la thèse des Trois Imposteurs, dont l'origine plonge dans le moyen-âge, mais qui a connu une vogue importante au XVIIIe siècle. Les trois Imposteurs en question étant les trois fondateurs des religions monothéistes, Moïse, Jésus et Mahomet, considérés comme abusant de la crédulité des hommes et prenant l'ascendant sur eux au moyen de la religion. Un traité des trois imposteurs paraît au début du XVIIIe siècle et il est largement diffusé, même s'il est impossible de savoir qui en est l'auteur (il s'agit sans doute d'un montage de textes divers). Voltaire va le combattre dans l'Épître à l'auteur du livre des Trois Imposteurs (1769), où figure la phrase célèbre : «  Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer ». Il s'oppose donc à la perspective d'un monde sans Dieu, même s'il a écrit en en 1739 le Fanatisme ou Mohamet le Prophète, pièce dans laquelle il démonte les mécanismes d'emprise utilisés par des personnages se servant de religion pour instaurer une domination sur les peuples, d'autant plus efficace et pernicieuse qu'elle est utilisée par des manipulateurs sans scrupules, des imposteurs.


Ces contes philosophiques sont actuellement les textes les plus lus et étudiés De Voltaire, qui n'y accordait qu'une importance secondaire, comme d'ailleurs les lecteurs de son époque, qui voyaient dans des genres plus nobles, comme le théâtre, l'expression la plus manifeste du génie de l'auteur.

Le texte est composé de XIX chapitres, relativement indépendants les uns des autres, pouvant presque être lus en eux-mêmes comme des petits récits, dont on peut tirer une morale, analyser en tant que tels. Cela rappelle la structure des Mille et une nuits, recueil très en vogue à l'époque, et dont Voltaire s'inspire tout au moins en surface, en utilisant les codes, clichés, vocabulaire, imaginaire. le récit se déroule dans un Orient de convention, impossible à situer à un moment précis de l'histoire. Nous commençons le voyage à Bagdad, et au fur et à mesure des aventures de Zadig, nous le suivons dans des pérégrinations qui vont le mener entre autre en Egype et en Arabie, avant de finir son périple, qui est une sorte de voyage initiatique ou d'apprentissage, là où il a débuté.

Zadig est un personnage vertueux, un sage, un philosophe. Il a tout pour être heureux, mais au contraire de ce que pourrait laisser penser de si bonnes dispositions, des malheurs sans fin semblent s'abattre sur lui, et certains le sont du fait justement de ses qualités. Les événements l'obligent à voyager, et en découvrant le monde, il découvre que le mal est présent partout, qu'il triomphe la plupart du temps du bien, et que toutes les vertus et bonnes dispositions ne semblent guère suffire pour le faire reculer. Souvent même elles paraissent même donner le résultat inverse, et produire des effets négatifs sur la marche du monde. Zadig va de déception en déception, manque de peu d'être exécuté, devient esclave, perd la femme qu'il aime et qui l'aime. Il finira par rencontrer un ange, qui lui parlera de destin, de l'ignorance des hommes, qui ne peuvent comprendre que quelque chose qui leur paraît un mal permet d'éviter un mal plus grand. Un destin heureux finit par échoir à notre héros, comme dans tout conte qui se respecte.

Voltaire semble poursuivre plusieurs objectifs dans son texte. Dans certains passage, nous sommes devant un texte militant qui poursuit les visées émancipatrices des Lumières. Par exemple lorsqu'il dénonce la coutume de brûler les veuves des défunts, ou qu'il critique les pratiques judiciaires qui visent à dépouiller les justiciables plus qu'à rendre la justice. Il le fait avec tout l'esprit et le mordant qui l'ont rendu célèbre, la fameuse ironie voltairienne. Mais il pose aussi une question plus philosophique, qui est celle de l'homme confronté au mal, et la possibilité d'être heureux dans un monde qui visiblement ne se porte pas bien : être un esprit éclairé ne suffit pas. Une sorte de sagesse émerge, inconfortable, à construire en permanence face aux événements : une certitude théorique, tirée des livres, donnée une fois pour toutes est inutile.

La rencontre avec l'ange ne résout pas la question : Zadig finit l'échange par un « mais » auquel il n'y aura pas de réponse. Il ne lui reste plus qu'à se prosterner et à adorer ce qu'il ne comprend pas. L'auteur paraît lui-même à moitié convaincu par l'idée d'une destinée dont le sens échappe à l'homme et qui pourrait expliquer que le mal que l'on observe peut au final se transformer en bien, ou tout au moins dans un moindre mal. Comme pour son personnage, dont les aventures connaissent au final une fin heureuse. Trop heureuse sans doute : la description du bonheur final de Zadig est tellement outrée, qu'il est difficile d'y voir autre chose qu'une dernière ironie.

Mais en même temps, Voltaire semble laisser entendre, que peut-être en effet, nous ne comprenons pas tout et qu'un mal apparent peut aboutir à quelque chose de positif. Et surtout, que cela vaut peut-être mieux de le croire, que de ne croire en rien, ce qui peut mener au désespoir, à l'inaction, à la démission, voire à l'abandon de tout principe et de toute morale. Nous en revenons en quelque sorte au fameux «  Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer ». A condition que certains ne l'utilisent pas pour asservir et manipuler leurs congénères.

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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella
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